Mots et marées 02
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Mots et marées 02 , livre ebook

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Description

L'esclavage repose sur l'arbitraire. Marie-Josèphe-Angélique n'y fait pas exception. Née au Portugal, elle échoue à Montréal. En 1734, elle est accusée d'avoir mis le feu à la maison de sa maîtresse et d'avoir causé le brasier qui a rasé une quarantaine de maisons de la rue Saint-Paul. Carlos Taveira dresse un portrait réaliste des classes sociales en Nouvelle-France. Fusionnant habilement l'histoire et l'imaginaire, il raconte, dans une langue splendide, une époque mal connue. L'auteur agite la fatalité collée à la peau de l'esclave noire dont le monde intérieur fascine, car elle réussit à discipliner ses frayeurs et ses colères. Le roman raconte un pan refoulé de l'histoire du Canada, donnant la parole aux nombreuses femmes imaginaires qui, à l'intérieur de l'esclave, défient les juges. 11 provoque l'indignation. Une écriture efficace et un souffle puissant donnent une voix à une damnée de la Terre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782896994397
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TABLE DES MATIÈRES

1 - Un étrange étranger
2 - Marie-Josèphe-Angélique
3 - L’apprenti soldat du maçon
4 - Esclave, Mère et Insouise
5 - Œufs rouges, grenier sec
6 - Intrigue, fuite et violence
7 - La marée rouge
8 - Charmes, ruses et séduction
9 - Jean Morand
10 - Folies, fouets et vindicte
11 - Le tambour
12 - Tourments, guerres et blasphèmes
13 - La cachette
14 - Noirceur, apparition et espoir
15 - Une esclave arrive à Québec
16 - Feux, folies et cauchemars
17 - Maçon et chevalier
18 - Maladie, mort et passion
19 - La chevauchée
20 - Fuite, liberté et prison
21 - Fin de la chevauchée
22 - Avant l’envol des flammes
23 -La livraison
24 - Le parcours de la princesse
Postface
Bibliographie



Mots et marées
Les maux de Marie-Josèphe-Angélique


Du même auteur

Chez le même éditeur
De la racine des orages, poésie, Ottawa, 2014, 184 p.
Mots et marées, tome 1 : Pedro Da Silva, un Portugais messager du roi en Nouvelle-France, roman, Ottawa, 2014, 560 p.
La traversée des mondes , roman, Ottawa, 2011, 566 p.


Chez d’autres éditeurs
« Lusophonie en Nouvelle-France », série de cinq 5 articles, Le Courrier portugais / Correio Português, Montréal, 2013.
Mateus da Costa e os Trilhos de Megumaagee , roman, coll. « Nova Literatura », Lisbonne, Éditions Texto, 2006, 319 p.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Taveira, Carlos, 1953-, auteur
Mots et marées. Tome 2, Les maux de Marie-Josèphe-Angélique : roman / Carlos Taveira.

(Collection « Vertiges »)
Comprend des références bibliographiques.
Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-89699-437-3 (couverture souple).--ISBN 978-2-89699-438-0 (pdf).--ISBN 978-2-89699-439-7 (epub)

I. Titre. II. Titre : Maux de Marie-Josèphe-Angélique. III. Collection : Collection « Vertiges »

PS8639.A896M682 2015 C843’.6 C2015-901377-1
C2015-901378-X

Les Éditions L’Interligne
261, chemin de Montréal, bureau 310
Ottawa (Ontario) K1L 8C7
Tél. : 613 748-0850 / Téléc. : 613 748-0852
Adresse courriel : commercialisation@interligne.ca
www.interligne.ca
Distribution : Diffusion Prologue inc.

ISBN : 978-2-89699-439-7
© Carlos Taveira et Les Éditions L’Interligne
Dépôt légal : premier trimestre 2015
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits réservés pour tous pays






Aux femmes qui, au péril de leur vie,
refusent chaînes, maîtres et fouets.


Ce roman ne serait pas entre vos mains sans :

Les Éditions L’Interligne, un pilier littéraire franco-ontarien
qui me publie pour la quatrième fois
Michèle Matteau, qui l’a chaleureusement recommandé
avant de céder son siège de directrice de collection
Michel-Rémi Lafond qui l’a reçu et relu
Jacques Côté, qui l’a adopté, révisé et corrigé
avec beaucoup d’enthousiasme
Estelle de la Chevrotière Bova, qui a déployé ses talents
d’infographiste comme pour mes romans précédents
Johanne Morency, ma compagne, qui m’a guidé
et soutenu dans l’expression de la « multiplicité »
de Marie-Josèphe-Angélique.



Sentence du juge et de ses quatre conseillers.
Montréal, le 4 juin 1734.

« Nous avons déclaré ladite Marie Joseph Angelique accusée, suffisamment atteinte et convaincue d’avoir mis le feu à la maison de la demoiselle Francheville […] Elle sera menée et conduite, par l’exécuteur de la haute justice, dans un tombereau servant à enlever les immondices […] Être attachée à un Poteau avec une chaîne de fer et brûlée vive, son corps réduit en cendres et icelles jetées au vent […] »

Archives nationales du Québec, Centre de Montréal,
Procédure criminelle contre Marie Joseph Angélique négresse, incendiaire, 1734, TL4 S1, 4136, Juridiction royale de Montréal.

Sentence du Conseil supérieur contre
Marie Joseph Angélique, négresse, pour crime d’incendie.
Ville de Québec, le 12 juin 1734.

« Le Conseil […] met lesdites appellations et sentence dont est appel, au néant […] Amendant a condamné la dite […] être pendue et étranglée tant que mort s’ensuive à une potence […] et ensuite son corps mort mis sur un [bûcher] allumé pour y être brûlé et consommé et les cendres jetées au vent […] préalablement appliquée à la question ordinaire et extraordinaire »

Archives nationales du Québec, Centre de Québec, Procédure criminelle contre Marie Joseph Angélique négresse, incendiaire, 1734, TP1, S28, P17230, Juridiction royale de Montréal, « Sentence du Conseil supérieur contre Marie Joseph Angélique, négresse, pour crime d’incendie à Montréal », juin 12, 1734, 24-26.


1
Un étrange étranger
Avril 1734. Le soleil est couché, il fait noir, le pr intemps précoce annonce la chaleur. La famille a soupé dehors, à la lumière du jour, entre la volaille qui becquetait les restants de bouffe qu’Élisabeth, la mère, vide à même le sol. François-Régis transporte un seau en cuir, énorme dans ses petites mains déjà calleuses, et l’accommode à un petit char qu’il attelle à un dogue poilu : ils s’en vont à la fontaine Champlain, le puits de la maison est en réparation. Le jeune a sept ans, a échangé sa robe d’enfant contre la culotte d’adulte, est donc prêt à aider père et mère.
Geneviève, sa sœur, est encore un bébé de deux mois ; elle pleurniche, n’aime ni l’emmaillotement serré ni le béguin enterré jusqu’aux yeux. Maman la protège de son mieux, car malgré sa robustesse et son appétit, la dernière-née la préoccupe. Nicolas, le père, ne s’attache pas trop au bébé, au cas où la brutalité de la Providence déciderait de l’enlever, comme elle l’a déjà fait avec quatre de ses enfants. Il y a des choses dans la mort auxquelles la vie ne s’habitue guère. L’autre gamine, Marie-Élisabeth, qui a hérité d’une partie du nom de sa mère, a déjà surmonté la barrière des deux ans, ce qui lui permet une espérance de survie.
La température est douce, les membres de la petite famille passent beaucoup de temps dehors, où ils cuisinent aussi. Nicolas allume sa pipe avec une braise ramassée dans le four à pain que lui-même a bâti. Sa femme essaye un repos. À la lumière d’une des lanternes, elle balance la chaise au rythme d’une berceuse. Geneviève est maintenant heureuse sur les genoux de sa maman, qu’elle dévisage. Marie-Élisabeth s’assoit sur une banquette, à côté de la chaise. Elle articule déjà des petits mots : papa, maman, tonton, donne, pain, manger, eau, poupée ; ainsi font tous les bambins depuis qu’ils existent, dans leur quête de protection et de survie. De tendresse aussi. Élisabeth le sait par instinct et elle caresse les boucles blondes qui s’échappent de la coiffe. Puis, de sa main libre, elle saisit un éventail et l’agite sur la tête d’une gamine à la fois, pour jouer. Le soleil s’en va et la nuit approche avec sa fraîcheur.
Nicolas aime le printemps et hait les excès de température. En tant qu’apprenti maçon, il a souffert, hiver comme été, entre les tourments de la chaleur et du froid, à tailler, charger, équarrir, aligner des blocs de pierre et trimballer des bacs de mortier pour les maisons qu’il a aidé à lever. De ces exercices-là, il a hérité de solides bras, charpentés à la masse et à la massette, d’un mauvais caractère que ses engagés craignent, et d’un mal de dos qui empirera au cours des hivers. Petit entrepreneur, il a trente-six ans, une famille, un métier recherché, quelque prestige et énormément d’ambition.
Il quitte la cour, suivi d’un autre chien domestique, vieux celui-ci. Sa maison est dans la Basse-Ville, au tournant de la rue du Sault-au-Matelot, dans la seigneurie du Séminaire. Il s’agit d’une maigre artère qui part de l’arrière-cour des édifices à trois étages de la place du marché, trotte vers le nord à l’ombre de la falaise du même nom de rue , et bifurque à gauche aux abords de la grève. Nicolas brimbale une lanterne qu’il dépose sur les marches de la façade de son domicile. Il contemple les feux et écoute les rires enivrés des vaisseaux ancrés dans la rade, arrivés de Louisbourg que les Anglais essa

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