Nubar-Pacha devant l histoire
66 pages
Français

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Nubar-Pacha devant l'histoire , livre ebook

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Description

Naissance et éducation. — Croyance et superstition. — Prédiction récente d’une sibylle. — Rapport avec le prince Potemkine. — Charmeur de la parole. — Il échappe à la carrière militaire. Comme il se donne soixante ans accomplis et qu’il ne porte pas davantage sur son visage, il doit être né en 1824 ou 1825. De Smyrne, son berceau, il fut envoyé tout enfant en Europe. Après plusieurs années passées à Sorèze, il acheva ses études dans une école protestante de la Suisse française.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782346114290
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Aleksander Jan Joachim Holynski
Nubar-Pacha devant l'histoire
AVERTISSEMENT
Cette étude sur un homme d’État marquant est un chapitre détaché de mes Mémoires, probablement posthumes.
Il m’a semblé utile et urgent de ne pas en renvoyer la publication à une date incertaine. Utile, parce que c’est la première fois que la noble personnalité de Nubar reçoit l’hommage qu’elle mérite. Urgent, parce qu’on ne saurait trop se hâter d’opposer des faits aux calomnies odieuses et ridicules.
Parmi les contemporains célèbres aucun n’a été noirci à plaisir comme ce ministre, l’honneur et l’ornement du monde oriental — un civilisé au milieu des barbares.
En face des vice-rois d’Égypte, successeurs de Mehemet-Ali, tous amoureux de l’arbitraire, jouisseurs égoïstes, insouciants de la misère de leurs sujets, il se dresse, comme la Justice elle-même, pour leur rappeler que souveraineté oblige.
A force de persévérance, d’énergie, d’habileté, il est parvenu par la Réforme judiciaire, à donner une base solide à tous les progrès futurs de son pays d’adoption : œuvre grandiose qui fait sa gloire et qui est, en même temps, l’origine de tant de haines acharnées après lui.
Ismaïl ne peut pardonner à ce Smyrniote d’être venu aux bords du Nil saper un despotisme séculaire. Il lui attribue sa chute d’un trône où il se dorlotait dans un kef voluptueux, un dolce farniente interrompu seulement par le cliquetis des sacs d’or tombant dans ses coffres : réceptacles de la sueur et du sang des malheureux fellahs. Une bonne partie de ce trésor l’accompagne dans son exil. Il y puise à pleines mains pour soudoyer les diatribes qui pleuvent sur Nubar-Pacha, principal obstacle à une restauration désirée ardemment par certains Européens d’Alexandrie et du Caire, qui s’enrichissaient par de honteux services et des tripotages dévergondés.
Au fond du cénacle cupide s’élaborent les mensonges jetés en pâture à la presse, à l’opinion publique surprise et trompée. De ce nombre est une parole forgée, avec une infâme perfidie, pour flétrir dans les cœurs français celui qui l’aurait proférée.
Au moment où l’Allemagne se ruait, comme une horde sauvage, sur la France trahie et ensanglantée, un homme élevé en France, imbu de ses idées, pénétré d’admiration pour son génie civilisateur, se serait permis de dire : « Je trépignerai avec joie sur le corps de la France ! » Et cet homme serai Nubart Est-ce possible ?
Or jamais, au grand jamais une si horrible pensée n’est sortie de ses lèvres, ne pouvait se loger dans son cœur, ni se formuler dans son esprit. Elle jurerait avec tous ses sentiments, comme avec son langage toujours correct.
J’ai voulu remonter à la source de l’abominable imputation, et j’ai acquis la certitude qu’elle a été imaginée pour les besoins de la cause d’Ismaïl. L’avocat qui en est le forgeur sait combien les mots ont d’influence à Paris et combien une simple exclamation, attribuée à un personnage haut placé, — le sert ou lui nuit.
Celle-ci a eu beaucoup de succès. Propagée chaque jour par les partisans du père de Tewfik, elle constitue leur argument prépondérant. Ils n’en ont pas de meilleur. C’est d’après cette imposture, circulant de bouche en bouche, accréditée à la légère, que beaucoup jugent, condamnent sans appel et abhorrent le pacha, incriminé frauduleusement par d’ignobles farceurs.
Adversaire de la France ! il ne l’a jamais été, comme on se plaît à le répéter. Seulement il ne faut pas confondre la France avec ses agents diplomatiques.
Quelques-uns de ces roitelets, pleins d’outrecuidance, ont voulu donner une extension exorbitante aux capitulations, contrairement à la lettre et à l’esprit de ces mêmes capitulations, et réduire l’Égypte en une préfecture soumise aux caprices de leur omnipotence. Nubar a lutté tant qu’il a pu contre cette ingérence. N’était-ce pas son devoir, à lui, fidèle gardien d’une autonomie administrative reconnue par les traités internationaux ? Or les roitelets, gênés dans leurs empiétements, se sont irrités de cette résistance et ont réussi à inculquer à plusieurs ministres des affaires étrangères une colère alimentée, de plus, par le chauvinisme des journaux, toujours aux aguets d’une musique redondante. Et voilà comment s’est faite la réputation de Nubar, d’être systématiquement hostile à la France ! Il n’est hostile qu’aux consuls chicaneurs, arrogants, vaniteux, parfois d’une ignorance insigne avec une présomption colossale.
Il croit, comme Arabi, mais d’une façon plus intelligente, que l’Égypte, pour son administration intérieure, doit appartenir aux Égyptiens. Moins susceptible que la France, la Grande-Bretagne ne s’effarouche pas de cette prétention légitime.
M. Loève-Veimars, mon spirituel beau-frère, m’écrivait un jour de Bagdad, où il était consul général : « Nous autres Français, nous sommes comme Dieu : nous voulons faire tous les peuples à notre image ! »
Les Anglais n’ont pas cette manie. Ils respectent mieux peut-être l’homogénéité de chaque contrée où s’exerce leur influence ou leur protectorat. Ils sont moins autoritaires, moins césariens. C’est pourquoi, avec eux, Nubar n’a pas autant de querelles de ménage.
En esquissant son portrait, je me place, comme lui, au point de vue des intérêts de la nationalité arabe de l’Égypte. Ma qualité de voyageur à travers le monde, ma naturalisation américaine, l’indépendance de mon caractère, mon amour général pour l’humanité : voilà les garanties de ma bonne foi, de ma sincérité. Que ce soit la France au nom de l’expédition de Bonaparte, ou l’Angleterre à cause de la route des Indes, qui prédomine aux bords du Nil, je m’intéresse surtout à l’amélioration du sort des indigènes. Je souhaite que l’une et l’autre de ces nobles puissances, plutôt toutes deux ensemble, d’un commun accord, rendent le pays aux enfants de son sol et l’affranchissent de la suzeraineté énervante du Sultan et des tracasseries agaçantes des consuls d’Europe.
Je répudie avec dégoût la théorie qui permet aux races dites supérieures, d’asservir, d’exploiter à leur aise, d’écraser les races prétendues inférieures. Toutes les conquêtes coloniales sont des aberrations, entachées d’iniquité, plus funestes encore aux vainqueurs qu’aux vaincus. La décadence de l’Espagne le prouve suffisamment. Oubli de la fraternité humaine, abus scandaleux de la force, une telle doctrine devait être remise en honneur par l’esprit infernal de Bismarck, mais elle est en contradiction flagrante avec tous les principes de la Révolution française. Puisse l’approche du centenaire de 89 rectifier le jugement de la troisième république, entrée dans une mauvaise voie, et la ramener aux idées saines des constituants et des conventionnels, résumées par ce cri de justice : « Périssent les colonies plutôt qu’un principe ! » Il n’est que temps de se raviser. Les équipées lointaines dévorent l’argent et la jeunesse des nations, sans profit pour elles-mêmes et au détriment des populations subjuguées, qu’on massacre et qu’on démoralise sous prétexte de les christianiser. En attendant, l’ogre de Berlin, incarnation de la féodalité et de l’esclavagisme, se frotte les mains de ce que la France, l’Italie, l’Angleterre s’épuisent en sottes expéditions, et le laissent arbitre suprême du continent européen.
On m’

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