O civilisation
256 pages
Français

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O civilisation , livre ebook

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256 pages
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Description

Le désert recèle un trésor caché : son histoire, c'est-à-dire celle des espérances fragiles mais tenaces de ses habitants au file des âges. Un vieux conteur épris de tous les déserts, a choisi de rappeler les péripéties d'une épopée, celle de la civilisation aussi vite défaite qu'établie dans un territoire immense bordant l'Atlantique et qui s'étend entre les monts tourmentés du Maghreb et les deux grands fleuves de l'Afrique occidentale.. Les héroïnes et les héros de ces diverses épopées furent nombreux.Ce roman suggère la fragilité des grandes entreprises et il offre aussi surtout l'occasion à son auteur de rappeler tous les liens l'attachant à l'islam et ses hérauts dont il peut habiter l'âme et le monde de la chrétienté dont il se revendique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 15
EAN13 9782296480407
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ô Civilisation !
Pierre L AFRANCE


Ô Civilisation !

Roman historique


(Entrecoupé d’anecdotes et de réflexions)
© L’H ARMATTAN , 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55704-8
EAN : 978229655704-8

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A ma femme, Marina
A VANT-PROPOS
Dans ce récit, s’entrecroisent un roman et des anecdotes.
Le roman s’étend sur près d’un millénaire et ses personnages comptent parmi les plus célèbres de ceux qui furent partie prenante d’une commune histoire, celle d’un vaste désert riverain de l’Atlantique.
Les anecdotes qui relatent des expériences contemporaines émaillent le récit au gré de la fantaisie de l’auteur. C’est ainsi que l’on oscille entre le passé parfois lointain et le présent immédiat. Naturellement, le passé finit par s’approcher du présent, comme il en a vocation, en sorte que la fin du récit ne relève plus du roman mais de la relation d’expériences personnelles et des réflexions qu’elles inspirent.
D’un bout à l’autre, une permanence reste perceptible par-delà les siècles traversés : la civilisation est une œuvre exaltante, toujours guettée par l’échec et le plus souvent à recommencer. Le rocher de Sisyphe apparaît donc comme un défi à l’histoire.
Même si les personnages du roman et l’auteur lui-même, à l’occasion de ses propres expériences, donnent libre cours à leurs réflexions, l’ouvrage ne prétend pas enseigner mais son ambition est surtout de conter. Dès lors, les événements décrits dans le roman sont en grande partie imaginés et ne sauraient être considérés comme fidèles à l’Histoire. Au demeurant, les historiens ont une difficulté notoire à s’accorder sur les dates.
Néanmoins, les personnages et les principales péripéties de leur existence ont été conçus après lecture d’ouvrages écrits par d’authentiques chercheurs tandis que les anecdotes pèchent fatalement par le caractère inconsciemment reconstruit de tout témoignage spontané et sincère.

La transcription des mots arabes essaie de répondre à l’orthographe phonétique de la langue française pour faciliter la lecture. Dans la bouche des locuteurs arabophones, les règles de la grammaire arabe ont été prises, autant que possible, en considération.
Enfin, il convient de rappeler, pour plus de clarté, que le récit commence autour de l’année 1070 et s’achève avec le départ de l’auteur de Mauritanie en 1991.

Pierre Lafrance
Clairvaux-les-Lacs, août 2011
L ES A LMORAVIDES
Tel est le désert.
Un Coran qui n’est qu’une règle de jeu
en change le sable en Empire

Saint-Exupéry, Terre des hommes,
éditions Gallimard, 1929
Abou Bakr ibn Oumar
Prêtant l’oreille au moindre bruit venant à percer les sifflements du vent de sable, Abou Bakr Ibn Omar avançait à l’amble. Dispersés autour de lui, mais prêts à se rassembler d’un bond là où naîtrait une menace, ses hommes étaient sans doute encore plus vigilants que lui. Protégé par le niqab , chaque œil scrutait les alentours pendant que, sous le voile de visage, le litham , chaque nez humait attentivement l’air du désert.
On était au milieu des années 240 de l’Hégire et au début des années 1070 de l’ère chrétienne.
Approchant certains affleurements rocheux qu’il apercevait à peine mais connaissait parfaitement, il sut qu’il pourrait être attaqué. Un tremblement imperceptible dans l’encolure de son chameau lui fit comprendre que sa monture flairait une présence insolite. Aussitôt, il leva son grand bouclier et amorça une charge à la lance. Des flèches sifflèrent. Il en sut d’instinct le trajet et s’en protégea d’un geste sec. Son bouclier en reçut trois et il vacilla presque sous le choc.
Entendant d’autres flèches siffler qui manquaient leur but, il leva prestement une main pour ordonner la contre-attaque. Il vit ses compagnons s’élancer dans trois directions dont la sienne. L’ennemi embusqué était donc triple. Il ne fallait pas lui laisser le temps de viser. Le corps ployé en avant et la lance pointée, il fit courir sa bête aussi vite qu’elle le pouvait.
Avant même d’avoir atteint les rochers, il perçut un bruit de galopade et, bientôt, des hennissements : ceux qui voulaient sa mort étaient venus à cheval et repartaient de même.
La troupe tenta de les poursuivre ; on banda vite les arcs et on tira mais l’ennemi s’échappait au grand galop ; il devenait futile de vouloir l’atteindre.
« Voici un bel accueil », dit le chef en poursuivant sa route. On distinguait au loin un groupe de tentes de cuir sombre. Il fit signe à ses hommes de continuer : l’embuscade n’était pas une déclaration de guerre mais sans doute un avertissement dangereux, maladroit.
Bientôt, les quarante guerriers lemtouna, conduits par Abou Bakr ibn Oumar, le chef suprême de tous les Mourabitiune, ceux que l’historiographie européenne nommera « Almoravides », se postèrent à proximité du campement tandis que leurs chameaux s’agenouillaient. D’une tente, sortit le chef de la confédération tribale des Massoufa avec lequel un rendez-vous avait été pris par émissaires interposés.
Abou Bakr releva sa visière et baissa son voile par courtoisie. Son hôte s’inclina profondément. Tous deux entourés chacun de quelques conseillers prirent place sous la tente d’apparat.
Se remémorant les paroles de Abdallah ibn Yacine, son défunt mentor, le visiteur affirma avec toute l’autorité dont il était capable : « Il n’y a pas entre nous alliance mais union. Dans ce désert, nous sommes un royaume en mouvement dont le seul seigneur est Dieu ; si vos tribus ne veulent plus de ma direction qu’elles me trouvent un remplaçant ».
L’hôte parut interloqué.
Pourquoi ces paroles ? Ô, Prince ! Nos liens sont plus solides que jamais. Grâce à eux, les caravanes traversent sans danger tous les déserts jusqu’au grand Nil des royaumes noirs. Nous avons la même foi, les mêmes dogmes et les mêmes intérêts. Jamais tu n’as trahi notre confiance. Je voulais justement te parler de tous ceux que j’ai ralliés à la bonne loi et qui sont unis à nous. Que veux-tu dire par ces paroles de méfiance ? »
Abou Bakr sortit alors d’un sac de cuir les flèches qu’il avait arrachées à son bouclier.
Voici ce qui a failli me tuer à moins d’une heure de ton campement.
Mais qui a tiré ?
La stupéfaction du chef des Massoufa ne semblait pas feinte. Abou Bakr en prit acte.
Ils étaient à cheval et se sont enfuis ventre à terre vers le couchant.
Pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ? Je devine qui ils sont. Ils appartiennent sans doute à un clan rebelle et mécréant des G’dala. Laisse-moi donner des ordres pour les retrouver.
Il n’eut pas à parler longtemps. Ses conseillers comprirent à demi-mot et sortirent prestement pour organiser les recherches.
Es-tu sûr que ces gens n’ont pas de partisans à Azougui ? Je n’ai pas oublié le sort de mon frère Yahya vainqueur de tous les mécréants mais tué par des G’dala se croyant musulmans et se disant en révolte.
Dieu seul connaît toutes les noirceurs de l’homme. C’est toi-même qui l’as dit. A mon avis, ces gens ont peu de partisans. Crois-moi, ils finiront par se soumettre ou alors ils devront m’assassiner.

Satisfait de ces paroles, Abou Bakr hocha la tête, puis longuement, minutieusement, comme pour éprouver la fidélité des Massoufa, il fit énumérer par son hôte les clans récemment ralliés, les gages donnés, puis il s’entretint des fractions encore dissidentes, des raisons de leur méfiance et, enfin, des meilleurs moyens de les gagner à la cause commune.
Avant de quitter les lieux, Abou Bakr entendit une estafette essoufflée expliquer qui avait organisé l’embuscade et pourquoi. Il réfléchit et fixa les conditions auxquelles il pourrait accepter la soumission des coupables.
L’heure de la prière approchait. Abou Bakr préféra éviter de la faire en compagnie du chef des Massoufa. Il pensait devoir montrer ainsi que sa méfiance n’était pas entièrement dissipée. En outre, le temp

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