Opinion d un citoyen sur la situation de la France - Et particulièrement sur les défections dans le ministère
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Opinion d'un citoyen sur la situation de la France - Et particulièrement sur les défections dans le ministère , livre ebook

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Description

LES hommes qui l’année dernière se sont séparés du Ministère ont pris pour point de départ cette proposition qu’ils ont décidée négativement :Y a-t-il en France un parti intéressé à l’usurpation ? Comme tout leur corps de doctrine est fondé sur la non existence de ce parti, il me paraît essentiel d’examiner avec soin la solidité de cette base ; car si elle était fausse, tout l’édifice s’écroulerait de lui-même, et je n’aurais plus à attaquer que ses débris.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346114016
Langue Français

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À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Honoré de Lourdoueix
Opinion d'un citoyen sur la situation de la France
Et particulièrement sur les défections dans le ministère
*
* *
AVANT-PROPOS
UNE question nouvelle dans nos mœurs constitutionnelles prit naissance l’année dernière à l’ouverture de la session. C’est celle de savoir si les fonctionnaires de l’État, appelés à la Chambre des Députés, peuvent se séparer du Ministère dans le vote de la discussion des lois.
Cette question ne semblait pas d’une grande importance dans la situation où se trouvait alors la France. Le Ministère, appuyé d’une majorité suffisante dans les deux Chambres, n’avait aucun désavantage immédiat à redouter de la défection passagère de quelques-uns de ses membres, et l’affaiblissement qui en résultait pour lui était d’ailleurs compensé à beaucoup d’égards.
Rien ne pouvait donc appeler sur cette question l’attention des citoyens étrangers à la conduite des affaires ; c’était en quelque sorte pour le Gouvernement un démêlé de famille ; des intérêts particuliers y étaient seuls engagés, et ce motif devait suffire pour éloigner de la discussion les hommes qu’elle ne concernait pas.
Cet état de choses a cessé d’exister par suite des dernières élections. La question me parait aujourd’hui d’une telle importance, que je ne balance pas à croire le salut du Gouvernement et le maintien de nos institutions compromis, si elle reste plus long-temps indécise. J’obéis donc au plus impérieux des devoirs, en publiant des réflexions qui me pressent de leur évidence, mais qui ne peuvent tenir que de l’opinion publique l’autorité et le crédit dont elles ont besoin : et telle est sur ce point la force de ma conviction, que je sacrifie à la nécessité de les mettre au jour un grand nombre de considérations qui seront senties et appréciées par tous mes lecteurs.
Plusieurs fonctionnaires dont j’admire le talent autant que je respecte leurs intentions et que j’honore leur caractère, ont fondé par leur exemple et soutenu par leurs écrits l’usage que je me crois obligé d’attaquer. D’un autre côté le Gouvernement semble, par sa conduite à leur égard, approuver les motifs qui les déterminent : j’ai donc à surmonter ici et mes propres affections, et la défaveur qui s’attache à une opinion isolée, lorsqu’elle est forcée d’être tranchante. J’ai en un mot à subir tous les inconvéniens d’une discussion où les théories sont personnifiées, où les hommes et les principes sont si étroitement liés ensemble qu’on ne peut attaquer un raisonnement sans toucher à un intérêt ; qu’on ne peut démontrer les dangers, les vices d’une doctrine sans que le blâme ne se répande sur les actions qui sont derrière. C’est la forêt enchantée du Tasse : la hache du guerrier ne peut frapper un chêne sans faire jaillir du sang de l’écorce, sans arracher un cri de douleur.
Outre ces considérations que je place sans doute au premier rang, d’autres motifs qu’aucun homme ne doit mépriser viennent encore m’arrêter dans cette lice. Je vois du côté de mes adversaires beaucoup de ces belles illusions, filles de la Vertu et de l’Espérance, et qu’on ne peut attaquer sans avoir contre soi le cœur et les vœux de ses lecteurs. J’y vois plusieurs de ces théories brillantes qui se lient aux plus nobles sentimens et aux idées les plus généreuses, et fournissent presque sans effort tous les raisonnemens qui ont cours dans le siècle. A ces spéculations heureuses, à ces idéales beautés dont le charme est si puissant chez un peuple orgueilleux et libre, je ne puis opposer que la misère et l’imperfection des hommes ; je ne puis trouver mes argumens que dans l’inflexible nécessité, dans la présence du mal parmi nous, dans la force et la durée des intérêts qu’il engendre, et dans toutes ces chaînes terrestres que des dieux jaloux ont imposées à notre intelligence. Il y a sans doute de la maladresse à attaquer l’ennemi quand on le voit maître des hauteurs ; mais le dévouement ne choisit pas son poste. Si l’amour du bien public est le premier des sentimens, c’est qu’il exige le sacrifice de tous les autres.
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CHAPITRE I er
LES hommes qui l’année dernière se sont séparés du Ministère ont pris pour point de départ cette proposition qu’ils ont décidée négativement :
Y a-t-il en France un parti intéressé à l’usurpation ?
Comme tout leur corps de doctrine est fondé sur la non existence de ce parti, il me paraît essentiel d’examiner avec soin la solidité de cette base ; car si elle était fausse, tout l’édifice s’écroulerait de lui-même, et je n’aurais plus à attaquer que ses débris.
§ I
De l’intérêt d’usurpation
Quand un homme a commis telles actions qui se trouvent caractérisées, ou de fautes, ou de délits, ou de crimes, par rapport à certaines règles de raisons publiques, à des principes de morale ou de justice, cet homme a dès-lors contre lui la raison publique, et les principes de justice qui sont les bases de toute société possible. Il a par ce fait un intérêt à dominer cette raison et ces principes ; cet intérêt existera en lui, indépendamment de sa volonté, indépendamment des circonstances extérieures qui pourront ou le favoriser ou le réduire à l’inaction.
Si ces circonstances sont telles que beaucoup d’hommes soient placés sous l’empire de cet intérêt ; s’ils trouvent dans cette similitude de position une force numérique, une puissance physique qui leur donne les moyens d’agir, ils marcheront spontanément au même but et à la même fin. Leurs moyens seront la collusion et le mensonge ; car ils se trouvent placés de fait dans la ligne opposée à la justice et à la raison publique. Leur but sera l’oppression ; car la force numérique ou physique ne pouvant changer ni la justice, ni la raison, il faudra qu’ils enchaînent la justice, pour qu’elle ne puisse les frapper ; il faudra qu’ils rendent la raison muette, pour que ses arrêts ne se fassent plus entendre ; il faudra, en un mot, qu’ils oppriment l’opinion, afin de n’avoir plus à la craindre. Pour opprimer l’opinion, il faudra qu’ils s’emparent du pouvoir, et un pouvoir qui a une telle source, un tel but et de tels moyens, est l’USURPATION.
Après cette définition générale que j’ai dû présenter dans toute la rigueur des principes, je passerai à l’application de la règle et je demanderai :
§ II
S’il existe en France des hommes qui appartiennent à l’intérêt d’usurpation ?
 
Il semble d’abord que l’événement du 20 mars pourrait répondre affirmativement à cette question ; mais on a cru éluder l’exemple, en soutenant que le 20 mars n’aurait pas eu lieu, si le gouvernement royal n’avait pas fait des fautes.
Il faut savoir ce qu’on entend par ces fautes.
Si l’on veut dire que les ministres du roi gouvernèrent de manière à ce que certains individus furent troublés par l’opinion dans les intérêts de leurs fortunes, de leur orgueil, de leur ambition, on ne fera que prouver l’existence d’un intérêt d’usurpation ; car, pour que le Gouvernement fit une faute en troublant cet intérêt il fallait que ce dernier fût puissant et redoutable ; ce qui, comme on voit, laisse bien loin la question de son existence. Mais on attaque ce raisonnement en objectant que ce ne furent pas les intérêts d’un parti, mais les intérêts nationaux qui se crurent menacés par la direction que le Gouvernement semblait imprimer à l’opinion publique ; et que le 20

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