Paris
53 pages
Français

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Description

Pendant la funeste guerre que nous avons subie, il n’est pas un cœur haut placé qui, en face de nos désastres, ne se soit humilié devant la justice de Dieu, devant le châtiment, et qui ne se soit réfugié dans l’espoir d’une résurrection complète de ce peuple, un des premiers du monde assurément, s’il voulait ne suivre que ses nobles inspirations.Tous nous portions nos regards, nous tendions nos bras vers l’avenir ; nous nous étions préparés aux sacrifices que nous coûte cette paix, demandée par le monde entier.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346111428
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alphonse Nicolas Lebègue
Paris
AVANT-PROPOS
J’aime passionnément Paris ; je suis de ceux qui proclament l’impossibilité de vivre ailleurs. On séjourne dans toutes les capitales ; on admire les sites merveilleux des Alpes, ou des Pyrénées, la majesté de la mer ; on s’extasie devant les bords splendides du Rhin, ou du Danube, on parcourt délicieusement les plaines riantes de la Touraine ; on s’oublie longtemps parmi les merveilles de l’Italie ; mais à Paris seulement on existe, à Paris seulement on jouit de la plénitude de son intelligence et de ses facultés.
 
C’est par excellence la ville de l’homme d’esprit, de l’épicurien, de l’artiste, même du savant. Tout est dans Paris ; le plus grand mal et le plus grand bien ; la vertu sublime et le vice effronté. Nulle part on ne sert aussi résolument Dieu et le diable.
 
Ce sont justement ces contrastes qui rendent Paris unique dans le monde. On adore jusqu’à ses défauts, quand on s’est familiarisé avec eux, et on est bien près de les gagner ; il faut se défendre de la séduction. C’est la même faiblesse qui entraîne les femmes vers les hommes qui méritent le moins leurs sacrifices.
 
Après une profession de foi aussi complète, je ne puis être taxé de mauvais vouloir, d’injustice ou de préventions envers cette moderne Ninive, lorsque je viens crier autour de ses murs, comme Jonas :
   — Repens toi, amende-toi, car dans trois jours tu seras détruite !
 
Il en est temps encore, mais ne lasse pas la patience du ciel, la mesure est presque comble, quelques iniquités encore, elle déborde, et alors tu seras rayée du livre des nations, tu disparaîtras comme Babylone, Memphis, Thèbes aux cent portes, Palmyre la belle, et tant d’autres qui, après avoir, ainsi que toi, dominé l’univers, sont ensevelies dans un oubli profond et n’ont légué à l’avenir que leurs noms presque effacés.
 
Ma voix se fera donc entendre comme celle des prophètes au désert, je te montrerai ce que tu es et pourquoi tu as mérité la malédiction de Dieu et des hommes.
 
Dieu t’avait mis en mains un flambeau, pour éclairer la terre, tu en as fait une torche d’incendie.
 
Les hommes t’auraient suivi vers la lumière, tu les as conduits vers l’abîme.
 
Écoute donc la vérité, Ô ma ville bien-aimée ! Que tes yeux se dessillent et que. tu apprécies toi-même la décadence où tu es tombée. C’en est fait de ton pouvoir, de ton existence même. Tout se lèvera contre toi pour t’anéantir, et bientôt la poussière couvrira tes ruines, les générations futures chercheront la trace de tes splendeurs. A peine si le pâtre, dont les troupeaux paisseront l’herbe à la place où tu brillais jadis, pourra dire aux curieux épouvantés :
   — Ici fut Paris !
I
Pendant la funeste guerre que nous avons subie, il n’est pas un cœur haut placé qui, en face de nos désastres, ne se soit humilié devant la justice de Dieu, devant le châtiment, et qui ne se soit réfugié dans l’espoir d’une résurrection complète de ce peuple, un des premiers du monde assurément, s’il voulait ne suivre que ses nobles inspirations.
 
Tous nous portions nos regards, nous tendions nos bras vers l’avenir ; nous nous étions préparés aux sacrifices que nous coûte cette paix, demandée par le monde entier. Nous subissions les conséquences de la défaite, les souvenirs du passé rayonnaient sur la mauvaise fortune du présent, et la régénération future devait la racheter à nos yeux comme à ceux de la terre entière, attentive à nous contempler.
 
Nous rêvions déjà la liberté ; nous nous en montrions dignes par le travail, par la résignation, par l’amour de la patrie, nous forcerions nos ennemis mêmes à nous estimer, en nous entourant de la dignité du repentir ; Paris relèverait son front découronné, en préparant les enfants qui lui restent à la transformation.
 
Hélas ! quelle déception fut la nôtre !
 
Pourquoi nous est-elle arrivée ?
 
Par quelle route Paris a-t-il été amené à ce que nous le voyons aujourd’hui ?
 
C’est ce qu’il est nécessaire de démontrer ; il faut pour cela chercher loin derrière nous les causes primitives de notre décadence.
II
Le véritable philosophe chrétien, aimant avant tout sa patrie, appelle à son aide les leçons de l’expérience. Il n’est d’aucun parti que de celui du bonheur et de la gloire du pays, il fait abnégation de ses opinions et de ses désirs, pour consacrer ses efforts et son dévouement au bien de tous. Tel est notre but, nous tâcherons de le remplir.
 
Il regarde d’en haut et non d’en bas, sans se laisser envahir par les utopies, de quelque part qu’elles viennent. Il repousse les illusions, les mirages dangereux, aussi bien que les attaches surannées du passé, qui porteraient dans la société d’aujourd’hui le trouble et la confusion, en reculant les étapes de la liberté et de l’intelligence.
 
L’humanité reste immuable, mais les hommes changent ; mais leurs goûts, leurs habitudes, leurs besoins se modifient. Nous ne pourrions plus vivre comme vivaient nos pères, les siècles se transforment, nous prétendons qu’ils marchent. Vers quoi ? Est-ce la perfection ?
 
Avançons-nous ?
 
La postérité seule pourra nous répondre.
 
Elle se trompera probablement sur sa propre valeur ; elle ne se trompera pas sur la nôtre.
 
Malheureusement, ce jugement impartial se rendra quand nous n’y serons plus.
III
Le XVIII e siècle portait en germe tout ce qui arrive aujourd’hui.
 
Les siècles précédents avaient accumulé sur nous les éléments de discorde, qui devaient former une montagne sur la société française et l’étouffer, ou plutôt provoquer une modification complète.
 
Paris s’était peu à peu transformé ; il grandissait incessamment, et, le jour où il sortit de la cité et de l’île Notre-Dame pour mettre le pied sur la terre ferme, il eut le pressentiment de sa grandeur et de son pouvoir ; il put se dire :
   — La France m’appartiendra !
 
Bien que nos rois eussent transporté souvent ailleurs et leur cour et le siége de leur gouvernement, Paris n’en restait pas moins la capitale ; il renfermait d’abord la seule autorité qui pût lutter avec celle du souverain, le Parlement, qui tint en échec pendant si longtemps les envahissements de la couronne, et que Louis XIV seul dompta, depuis le jour où il y entra tout botté pour imposer sa volonté absolue. Dès qu’il eut cessé de vivre, le parlement reprit son droit de remontrances et son opposition.
 
Au dernier siècle, la société, parvenue à son apogée, se partageait en deux courants.
 
Plus on creuse cette époque, et plus on y trouve de contrastes, dont les uns se rattachaient au passé et dont les autres ouvraient l’avenir.
 
D’u

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