Rappel des bannis
56 pages
Français

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Rappel des bannis , livre ebook

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Description

Nos proscriptions peuvent se diviser en quatre classes :La première se compose des hommes qui, effrayés de la présence des cours prévôtales et de l’absence de la responsabilité ministérielle, ou bannis en vertu d’ordres écrits, ou d’insinuations verbales, ont cru devoir chercher à l’étranger la paix et l’hospitalité. Nous ne nous occuperons pas de cette classe de procrits ; le retour aux principes constitutionnels et l’expiration des lois d’exception sur la liberté individuelle leur permettent de revoir leurs foyers.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346116768
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Louis-Saturnin Brissot-Thivars
Rappel des bannis
PRÉFACE
LE discours de M. Lainé, en faveur des réfugiés espagnols, a produit en France et à l’étranger la plus vive sensation. Les modiques secours que l’esprit de parti disputait à l’infortune ont été votés à l’unanimité. L’honneur national a été satisfait, et la France n’a pas vu sans plaisir qu’un ministre eût défendu les droits de l’humanité devant la chambre des députés de 1815.
J’ai cru qu’il ne serait pas hors de propos de rappeler ici les paroles de M. Lainé. Si les Espagnols ont trouvé chez nous des secours et l’hospitalité, laisserons-nous nos frères malheureux sans espérance et sans patrie ?
« Dans la séance du 1 er mars, M. Clausel de Coussergues ayant attaqué de nouveau l’article du budget relatif aux réfugiés espagnols, M. Lainé improvisa un discours qui produisit la sensation la plus profonde, et dont la chambre ordonna l’impression. Le subside fut voté à l’unanimité.
La question qui vient de s’agiter, dit M. Lainé, est supérieure à tous les calculs de finance. Il ne s’agit pas de savoir à quel parti, à quelle faction les réfugiés espagnols et autres ont appartenu ; il ne s’agit pas d’examiner comment ils ont été attirés sur notre territoire. Cette question tient à la piété, à la miséricorde publique, dégagée de toute autre considération ; elle touche au caractère national, car je n’emploierai pas un mot plus beau, l’honneur, Je me borne au caractère national, parce qu’il est commun à toutes les nations, qui toujours se sont fait un devoir et un plaisir de donner l’hospitalité au malheur, sans chercher si le malheur même la méritait.
On demande s’il existe entre la France et les autres nations un traité qui oblige notre gouvernement à venir au secours de ces mal« heureux. Il est inutile de le rechercher, car il existe un traité antérieur à tous ceux qu’on trouve écrits dans les chartes de la diplomatie. Gravé au fond du coeur de l’homme, ce traité fut respecté dans tous les temps, par toutes les nations civilisées. Il inspira toujours à toutes les pensées de donner des secours aux malheureux, proscrits et expatriés.
Je ne rechercherai pas si d’honorables proscrits ont reçu l’hospitalité plus ou moins secourable sur le continent que chez de généreux insulaires. Si dans quelque pays le gouvernement n’est pas venu au secours des proscrits, il est peut-être vrai de dire que les particuliers en ont donné un noble exemple. Sans remonter aux temps anciens, ou à d’autres époques de notre histoire, nous trouvons que dans le flux et le reflux de nos discordes civiles, des émigrés de toutes sortes se sont vus favorablement accueillis, et même après les désastres de nos colonies, sur le continent américain. Partout et en Espagne aussi les proscrits ont reçu, soit des gouvernemens, soit des particuliers des secours que la France donne aujourd’hui à des réfugiés.
Pénétrés de ce sentiment, vous ne rechercherez pas les causes de leur émigration ; vous n’examinerez pas à quelle classe ils appartiennent. Est-il besoin de savoir s’ils sont Egyptiens, Portugais, Espagnols ? Ce sont des hommes ; ils sont malheureux et expatriés, et vous savez qu’il leur est interdit de toucher le sol natal.
Il ne s’agit pas d’ailleurs, Messieurs, de savoir si on votera pour ces réfugiés de nouveaux secours. Vous avez à délibérer si on leur conservera ceux que la France leur donne depuis plusieurs années, et leur a continués depuis la restauration. Les leur retirer aujourd’hui ne serait ni noble ni juste.
Un membre des députés de 1814, qui est encore aujourd’hui un de nos honorables collégues, fit la proposition d’accorder aux réfugiés espagnols de plus amples secours. Cette proposition fut accueillie avec faveur. La session finit avant que ce vœu se transformât en résolution, et la chambre approuva que des regrets publics en fussent exprimés.
Sans doute il est douloureux d’entendre dire que la France n’offre que la misère à des familles françaises, long-temps séparées de son sein. Que d’autres recherchent si plusieurs de ces familles ne retrouvent pas auprès du trône, et dans l’illustration même de leurs malheurs, quelques nobles compensations. C’est à leur égard surtout que je dois prononcer le mot d’honneur, qui se refuse à retirer des secours accordés. Proscrites si longtemps en terres étrangères, ces familles connaissent l’ineffable douleur d’y avoir trop long-temps séjourné, et sauront encore mieux que l’opulence compâtir à des maux semblables. Je suis sur qu’elles ne voudront pas que la terre de France se change, pour ces réfugiés, en véritable cimetière.
On vous propose de déporter une partie de ces réfugiés ; mais quand. on pourrait indiquer un lieu de déportation, les frais n’en seraient-ils ! pas plus considérables que les secours qu’on veut leur enlever ? Quant aux autres, dénués de tous moyens, où voudriez-vous qu’ils allassent volontairement ? Les ports de leur patrie leur sont fermés ; et en les condamnant au désespoir, ce serait les placer entre nos cours prévôtales et des tribunaux plus terribles, que je ne veux pas nommer, de peur de réveiller des haines et des outrages.
La politique, à défaut d’humanité, conseillerait donc de ne pas leur ravir les moyens de soutenir leur existence. Je dis l’existence, car en voyant figurer ce pacifique article au budget de la guerre, vous êtes convaincus que le ministre ne prodiguera pas, pour le luxe des étrangers, des fonds, que la bonté du roi et la générosité publique lui confient pour alléger le malheur.
Il serait triste de croire que les gouvernemens ; étrangers aux passions qui proscrivent et multiplient les réfugiés, ne viennent pas au secours des victimes. Il ne m’appartient pas de compulser les budgets des autres états ; mais je sais que ce n’est pas la première fois que de tels articles parent les budgets des rois de France. Dans un compte mémorable, imprimé en 1788 par ce ministre français qui le premier donna. aux finances cette publicité dont on se montre aujourd’hui de toutes parts si curieux, on voit figurer des secours donnés à deux espèces de réfugiés, dont l’une, sous une monarchie, semble ne pas mériter un égal intérêt.
Ne nous attristons pas aujourd’hui, malgré notre détresse, de voir placé dans le budget un fonds pour la générosité qui aide le malheur. Outre le bien qu’on éprouve par ces actes de bienfaisance, peut-être jetons-nous entre des peuples, qui ont réciproquement à se pardonner, des semences de réconciliation.
Un sentiment plus doux encore s’oppose à la radiation d’un article maintenu par l’humanité ; les rois, qu’on a justement comparés à des pères de famille, quelquefois irrités comme eux, ferment l’entrée de leur pays à des enfans égarés. Au fond du cœur, ils ne sont pas fâchés que des voisins ou des parens aient recueilli ces fugitifs pour les leur rendre au jour de la miséricorde. Le temps, Messieurs, le plus inexorable des souverains, a aussi son droit de grâce, et c’est lui qui inspire souvent aux rois le noble usage qu’ils font de ce beau droit de la souveraineté.
Un mouvement unanime d’adhésion éclate au moment où l’orateur profère ces dernières paroles. »
 ( Extrait du Moniteur du 1 er mars. )
INTRODUCTION
UNE catastrophe, qui n’a point d’exemple dans les fastes de l’histoire, a troublé les destinées promises à la France, a ramené parmi nous la guerre et son lugubre cortège.
Napoléon s’était éloigné de nos bords, emportant les malédictions des mères et des épouses. Les r

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