Réfutation de l ouvrage de M. Fiévée - Ayant pour titre : Histoire de la session de 1815
36 pages
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Réfutation de l'ouvrage de M. Fiévée - Ayant pour titre : Histoire de la session de 1815 , livre ebook

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Description

LORSQU’APRÈS vingt années de divagations politiques, une nation a tellement embrouillé ses intérêts que les anciennes classifications de ces intérêts ont entièrement disparu ; lorsque les esprits, fourvoyés dans toutes les directions, s’arrêtent de lassitude et cherchent des centres pour se rallier, des bases fixes pour se rasseoir, l’apparition d’un gros volume sur l’économie politique ne peut manquer d’attirer toutes les attentions, et de solliciter les espérances.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346103744
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Honoré de Lourdoueix
Réfutation de l'ouvrage de M. Fiévée
Ayant pour titre : Histoire de la session de 1815
CHAPITRE PREMIER
Observations sur le plan qu’a suivi M. Fiévée dans son ouvrage
L ORSQU’APRÈS vingt années de divagations politiques, une nation a tellement embrouillé ses intérêts que les anciennes classifications de ces intérêts ont entièrement disparu ; lorsque les esprits, fourvoyés dans toutes les directions, s’arrêtent de lassitude et cherchent des centres pour se rallier, des bases fixes pour se rasseoir, l’apparition d’un gros volume sur l’économie politique ne peut manquer d’attirer toutes les attentions, et de solliciter les espérances. L’empressement qu’excite un tel ouvrage est encore plus vif quand l’auteur s’étant mis, par un système de conduite singulier, hors de toutes les dépendances sociales, annonce qu’il ira chercher la vérité dans ses bases positives et générales, pour descendre ensuite à ses conséquences nécessaires, et qu’il maintiendra ces conséquences quelles qu’elles soient, sans aucuns ménage-mens pour les hommes. Ainsi ce ne sont plus des déclamations qu’on va entendre ; ce ne sont plus de vaines argumentations où les haines et les passions essaient de parler aux haines et aux passions ; ce sont des applications formelles et précises, des sentences portées par les choses elles-mêmes : et l’on a d’autant plus d’espoir de trouver la lumière dans cette manière de procéder, qu’elle semble exclure tout intérêt de parti, et qu’on ne voit pas quel avantage personnel pourrait dédommager l’auteur de la peine qu’éprouve toute âme honnête à heurter tant d’opinions, à offenser tant d’amours-propres.
Telles sont les réflexions qui s’offraient à nous quand nous avons ouvert l’ouvrage de M. Fiévée ; la division méthodique des chapitres nous annonçait une marche fixe et assurée qui fortifiait notre confiance ; donner une théorie de la politique générale nous a paru, dans la confusion des idées qu’a amenée la révolution, un moyen de rectifier beaucoup d’erreurs et de faire cesser beaucoup d’incertitudes ; loin d’être choqué du style tranchant de l’auteur, nous aimions à croire que ses pensées n’avaient été fixées par lui avec ces formes sentencieuses, qu’après qu’il les avait profondément méditées, et qu’il s’était assuré de leur justesse. C’est donc avec le désir sincère de trouver quelques aperçus neufs et utiles dans cet ouvrage, que nous en avons commencé la lecture ; c’est après avoir examiné séparément et dans leur ensemble les diverses parties dont il se compose, que nous avons assis notre jugement, et sur la doctrine de l’auteur, et sur les applications qu’il en tire, et sur les intentions qu’il a eues en écrivant.
Si nous nous décidons à publier les observations que nous a suggérées cette espèce de travail ; c’est parce que cette doctrine nous a paru renfermer des erreurs d’autant plus dangereuses qu’elles tendent à abuser de la confusion des idées, pour leur faire prendre des directions fausses et opposées à l’établissement de l’esprit public. C’est donc contre ces erreurs que nous écrivons et non contre l’auteur qui les propage ; car, s’il n’est aucun homme en France pour ou contre qui M. Fiévée voulût faire un volume, nous ne voudrions pas même faire une brochure pour ou contre M. Fiévée.
Si quelque chose peut justifier les alarmes que causent à beaucoup de personnes les gouvernemens représentatifs, c’est sans doute l’apparition d’un ouvrage tel que celui de M. Fiévée.
Il est certain que ces gouvernemens, tant qu’ils ne sont point consolidés dans une société, renferment des inconvéniens graves ; et le plus grave de ces inconvéniens, est la tendance naturelle et opposée de chacun des corps dont ils se composent.
Nous disons que cette tendance est naturelle et opposée : elle est naturelle parce qu’elle tient à la nature des intérêts que ces corps représentent. Elle est opposée parce que, les hommes ne se classant que pour leurs intérêts, il n’y aurait pas de classification s’il n’y avait qu’un seul intérêt.
Or, un état composé de trois pouvoirs ne représentant que trois classes d’intérêts, toute les nuances intermédiaires ont dû se réunir par analogie aux trois unités les plus dissemblantes. Ce nombre trois nécessite un centre ; ce centre nécessite deux extrémités, et ces deux extrémités sont, l’une par rapport à l’autre les deux plus grandes dissemblances possibles. Et si l’on disait que cette dissemblance n’est pas opposition, ce serait dire que le noir n’est pas l’opposé du blanc ; remarquez bien qu’il s’agit ici de deux intérêts, de deux choses actives, et non de deux choses mortes, et que le noir marcherai sur le blanc et le blanc sur le noir, si le noir et le blanc étaient actifs.
Mais, si ces deux extrémités sont actives parce qu’elles sont opposées, le centre, par la seule raison qu’il en est le centre, est immobile. Eu descendant de cette métaphysique des gouvernemens représentatifs à ses applications, nous dirons que la démocratie et la monarchie sont deux pouvoirs opposés, et que l’aristocratie est un pouvoir immobile qui les sépare et les empêche de se combattre.
Si nous avons réussi à démontrer presque géométriquement l’opposition des deux premiers pouvoirs et l’immobilité du dernier, on concevra que dans un gouvernement représentatif bien constitué, la société a deux garanties pour une. La première se tire de l’égalité d’opposition entre les deux pouvoirs rivaux, d’où résulte un équilibre parfait ; et la seconde, de l’existence du pouvoir intermédiaire qui seul suffirait pour suppléer à cet équilibre, s’il était momentanément dérangé.
Il n’y a donc rien à redouter de cette opposition quand les bases sont sûres, parce que, tout étant calculé de part et d’autre dans sa plus grande étendue possible, on n’est pas obligé de compter sur la modération, la sagesse, ou l’habileté des hommes, pour le maintien d’un équilibre qui n’est jamais plus parfait que quand les deux partis ont mis chacun toute la somme de ses forces ; mais il n’en est pas ainsi dans un gouvernement qui s’essaie, où plusieurs choses constitutives sont encore en litige ; la modération et la sagesse des hommes sont indispensables pour régler les délimitations qui appartiennent encore aux deux pouvoirs, et il serait difficile qu’on s’entendît, si l’intérêt propre à chacun agissait dans toute sa tendance naturelle.
Cette difficulté de position deviendrait un danger pour la société, si on réussissait à égarer l’opinion de celle société, de manière à lui faire croire que l’intérêt particulier de l’un de ces pouvoirs est l’intérêt général ; ce danger ne pourrait que s’accoître encore, si, en intéressant les passions humaines dans la querelle, on glissait des haines au sein des pouvoirs contestans, ces pouvoirs deviendraient bientôt des partis, et les partis échauffés ne sont pas loin d’être des factions.
Il ne faut pas se dissimuler le véritable état des choses : la démocratie constituée est en présence de la royauté ; les intérêts en litige sont de la plus haute importance : il s’agit de savoir où s’arrêtera l’action du pouvoir sur le peuple ; la royauté veut l’administration toute entière, le peuple veut s’administrer lui-même. Ce procès est tellement grave dans ses conséquences, que, s’il é

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