Saint Dominique, fondateur des Prêcheurs - D après les documents de son siècle
57 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Saint Dominique, fondateur des Prêcheurs - D'après les documents de son siècle , livre ebook

-

57 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Dans une des vallées de la Vieille-Castille, où le Duéro roule ses eaux rapides et tourbillonnantes, entre Aranda et Osma, le voyageur rencontre un petit village qui conserve encore une tour de guerre et les débris ruinés d’une antique habitation seigneuriale. C’est Calaruega, avec ses souvenirs de la noble et illustre famille des Gusman. Jeanne d’Aza, la sainte épouse de Félix de Gusman, y mit au monde, l’an 1170, son troisième fils, celui qui devait être la gloire de sa race et le chef d’une nouvelle phalange dans les milices de Jésus-Christ.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782346111848
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Saint Dominique et saint François. (P. 95.)
Abbé Pradier
Saint Dominique, fondateur des Prêcheurs
D'après les documents de son siècle
I
Dans une des vallées de la Vieille-Castille, où le Duéro roule ses eaux rapides et tourbillonnantes, entre Aranda et Osma, le voyageur rencontre un petit village qui conserve encore une tour de guerre et les débris ruinés d’une antique habitation seigneuriale. C’est Calaruega, avec ses souvenirs de la noble et illustre famille des Gusman. Jeanne d’Aza, la sainte épouse de Félix de Gusman, y mit au monde, l’an 1170, son troisième fils, celui qui devait être la gloire de sa race et le chef d’une nouvelle phalange dans les milices de Jésus-Christ.
Heureuse mère, que le Ciel avait déjà instruite de ses merveilleux desseins sur cet enfant ! Avant de lui donner le jour elle se recommandait par les prières d’une neuvaine à saint Dominique de Silos, autrefois abbé d’un monastère de ce nom, dans le voisinage de Calaruega. Le septième jour de ces ferventes invocations, le saint lui apparut : « Celui qui doit naître de vous, lui dit-il, sera, par sa sainteté et sa doctrine, la lumière du monde et la consolation de toute l’Église. » A la même époque, la pieuse châtelaine vit en songe le fruit de sa maternité sous la forme d’un chien tenant dans sa gueule une torche enflammée (symbole de vigilance et de zèle), et s’échappant de son sein pour embraser toute la terre.
En reconnaissance de cette merveilleuse intervention de l’abbé de Silos, le fils de Gusman reçut au baptême le nom de Dominique 1 .
Bientôt un autre signe manifesta la grandeur future du nouveau-né : la noble dame qui l’avait tenu sur les fonts vit une étoile nimbant sa tête d’une auréole dont le vif éclat se répandait par toute la terre.
Ce n’est pas seulement pour perpétuer ce souvenir que les artistes, à l’exemple d’Angelico de Fiesole, ont coutume de représenter notre saint le front illuminé d’une étoile brillante ; leur pinceau rappelle ainsi qu’une certaine splendeur, selon la remarque des historiens, jaillissait habituellement du visage de Dominique, et attirait à lui les cœurs de tous ceux qui le contemplaient.
On raconte aussi qu’un peu plus tard une ruchée d’abeilles voltigea quelque temps autour du petit Dominique, et tenta de s’établir dans sa bouche, comme les païens le rapportent de Pindare et de Platon, et les écrivains ecclésiastiques du grand docteur saint Ambroise. C’est peut-être par allusion à ce fait qu’un vieil auteur a dit de notre héros que ses lèvres semblaient distiller un miel très pur 2 .
Dès sa plus tendre enfance Dominique répondit à ces présages d’éminente sainteté. « Il ne fut point nourri d’un lait étranger ; sa mère ne permit pas qu’un autre sang que le sien coulât dans ses veines ; elle le garda sur un sein où il ne pouvait puiser qu’une nourriture chaste, et sur des lèvres où il ne pouvait entendre qu’une parole vraie. Tout au plus, dans ce commerce maternel, avait-il à redouter la mollesse involontaire de ses langes, et cette abondance de soins que la tendresse la plus chrétienne ne sait pas toujours contenir. Mais la grâce qui était en lui se révolta de bonne heure contre ce joug. Dès qu’il put remuer ses membres de lui-même, il sortait en secret de son berceau et se couchait par terre. On eût dit qu’il connaissait déjà la misère des hommes, la différence de leur sort ici-bas ; et que, prévenu d’amour pour eux, il souffrait d’avoir un lit meilleur que le dernier d’entre ses frères ; ou bien qu’initié aux secrets du berceau de Jésus-Christ, il voulait se faire une couche semblable à la sienne. On ne sait rien de plus des six premières années de sa vie 3 . »
Lorsqu’il fut en âge d’étudier, ses parents le confièrent à son oncle, archiprêtre de Gumiel d’Izan. Ainsi, avant que le monde l’eût touché, les leçons de l’Église formèrent son cœur encore tendre à une discipline salutaire, et il arriva que, posé sur ce fondement solide, il croissait en âge et en esprit, s’élevant chaque jour, par un heureux progrès, à une plus haute vertu 4 .
En dehors de ses heures d’étude, les exercices du saint enfant étaient ceux de son maître lui-même. Il se rendait assidûment aux offices divins, et chantait les louanges du Seigneur avec une dévotion tout angélique ; il pratiquait avec ferveur l’oraison, et y recevait déjà du Ciel de vives lumières et d’abondantes consolations.
A quinze ans, Dominique alla frapper à l’université de Palencia, la seule que possédât alors l’Espagne. Il consacra six années à l’étude des lettres et de la philosophie. Bien qu’il en pénétrât facilement les secrets, l’angélique jeune homme n’en était pas ravi, parce qu’il y cherchait en vain la sagesse éternelle, que les savants du monde ne connaissent pas et que les philosophes ne sauraient communiquer. Craignant donc de flétrir par d’inutiles travaux la fleur de son intelligence, et pour éteindre la soif qui le dévorait, il se mit à puiser aux sources profondes de la théologie. La parole divine lui parut si douce, il la reçut avec tant d’avidité, qu’il passait des nuits presque sans sommeil, donnant à l’étude le temps du repos. Cette assiduité au travail ne l’empêchait point de réserver chaque jour de longues heures à la prière, et il ne s’approchait jamais de Dieu, saint Antonin nous l’assure, sans être comme ravi hors de lui-même ou sans recevoir quelque autre grâce extraordinaire. Il jeûnait souvent, ne buvait pas de vin, et se contentait, pour son dormir, du plancher de sa chambre. Supérieur aux plaisirs de son âge, il ne recherchait que la justice ; indifférent pour les fêtes de la jeunesse, il préférait à ces réunions bruyantes et aux courses sans but le repos sacré du tabernacle ; et l’on pourrait dire de lui, comme de saint Basile et de saint Grégoire, qu’il ne fréquentait que deux rues, celle de l’église et celle des écoles. En récompense d’une vertu si rare et si précoce, Dieu inspira au pieux Gusman un esprit de sagesse et d’intelligence qui lui faisait résoudre sans peine les plus difficiles questions 5 .
Dès cette époque, son cœur compatissant palpitait d’émotion devant les misères d’autrui ; et, s’il se trouvait dans l’impuissance d’y porter remède, il en pleurait amèrement. Les biographes nous ont transmis deux traits bien touchants de son inépuisable charité. En 1191, un terrible fléau, la famine, promenait ses ravages dans l’Europe presque tout entière. Lorsqu’il désola l’Espagne, Dominique ne se contenta pas de vider sa bourse en aumônes aux malheureux. Pour les assister davantage, il vendit ses meubles, ses vêtements, et jusqu’à ses livres, ses chers livres annotés de sa main, et il répondit à ceux qui s’étonnaient de ce dernier sacrifice : « Pourrais-je étudier sur des peaux mortes, quand des hommes meurent de faim 6  ? »
Cet exemple d’un dévouement sublime remua les cœurs à Palencia ; les familles riches ouvrirent leurs greniers, leurs coffres, et les nécessiteux furent généreusement secourus.
Dominique avait tout donné, lorsqu’une femme sans ressource vint à lui, sollicitant quelque secours de sa charité pour payer le rachat de son frère captif chez les Maures. Cette dure extrémité touche l’âme de notre étudiant ; mais que faire ? il n’a plus rien ! Il n’a plus rien, mais il est libre ; à l’instant sa résolution est prise : « Consolez-vous, pauvre femme, dit-il avec l’accent de la plus tendre compassion ; je puis travailler, offrez-moi aux Maures en échange de votre fr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents