Souvenirs de la conspiration de La Rochelle, dite des quatre Sergens
59 pages
Français

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Souvenirs de la conspiration de La Rochelle, dite des quatre Sergens , livre ebook

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Description

Comme tous les régimens d’infanterie qui reçurent d’abord le nom de légions, le 45e avait été formé, en 1816, par enrôlemens volontaires ; puis complété par le rappel des soldats licenciés en 1815, et nés dans le département d’Eure-et-Loir.Il n’entre pas dans le cadre que je me suis tracé de faire l’énumération de toutes les incapacités qui concoururent à former le corps d’officiers de ce régiment. Tous ceux qui ont servi à cette époque peuvent se rappeler la composition des états-majors des légions.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346114085
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Isidore-Simon Lefèvre
Souvenirs de la conspiration de La Rochelle, dite des quatre Sergens
Je viens aujourd’hui raconter ce que je sais d’une conspiration dont j’ai fait partie. Le procès qui en fut la suite, et l’influence qu’il exerça sur notre dernière révolution, ont été trop appréciés, pour qu’en recueillant mes souvenirs j’aie cru devoir me livrer à aucune réflexion à ce sujet.
Cette publication n’a qu’un but : celui d’expliquer comment naquit et se développa, chez quelques sous-officiers, la pensée de coopérer à une régénération vers laquelle bien des esprits étaient alors tournés.
On trouvera peut-être que beaucoup des faits que j’expose sont loin de présenter un grand intérêt politique, et que la simplicité avec laquelle je les raconte n’en rehausse guère l’importance : à cela je répondrai que je n’ai voulu relater que ce qui était exactement vrai, et dont j’avais une parfaite connaissance. Quant au style, je suis le premier à confesser toutes les imperfections qu’on voudra bien se donner la peine d’y remarquer. Je n’ai jamais ambitionné aucun succès littéraire ; mais j’ai toujours respecté la vérité.
I
Le 45 e de ligne en 1821. — le prosélptisme. — la fausse alerte.
Comme tous les régimens d’infanterie qui reçurent d’abord le nom de légions, le 45 e avait été formé, en 1816, par enrôlemens volontaires ; puis complété par le rappel des soldats licenciés en 1815, et nés dans le département d’Eure-et-Loir.
Il n’entre pas dans le cadre que je me suis tracé de faire l’énumération de toutes les incapacités qui concoururent à former le corps d’officiers de ce régiment. Tous ceux qui ont servi à cette époque peuvent se rappeler la composition des états-majors des légions. Je dois pourtant convenir que notre légion fut une des moins mal partagées, et qu’au milieu de l’essaim qui vint se percher sur l’échelle des grades, il se trouvait encore un nombre respectable d’officiers de l’Empire, qui, soit par hasard, soit volontairement, n’avaient pas repris de service pendant les Cent-Jours.
La légion quitta Chartres, où elle avait été formée, et arriva à Paris dans les premiers jours de juin ; elle continua à se recruter d’enrôlés volontaires jusqu’à la fin de décembre. Déjà, à cette époque, existaient dans ce corps de justes sujets de mécontentement, causés par l’agglomération de sous-officiers qu’on avait forcés de reprendre du service, et à qui l’on n’avait pas restitué leurs grades.
Aussi, à la suite d’une revue d’inspection, passée par le baron Crossard, aux Champs-Elysées, une scène qui éclata à la rentrée au quartier, décida le ministre à envoyer la légion à Gravelines, garnison considérée alors comme punitionnaire.
Voici, en peu de mots, ce qui donna lieu à cette mesure :
Nous étions depuis huit heures du matin sous les armes, pour passer ce qu’on appelle la revue d’honneur, c’est-à-dire celle qui termine l’inspection annuelle des généraux. Il était environ cinq heures, quand, par une pluie battante qui avait duré toute la journée, on nous ramena au quartier de la rue Saint-Jean-de-Beauvais. A peine étions-nous rangés en bataille, que le général Crossard adressa à la légion une allocution dans laquelle, après nous avoir, comme c’est l’ordinaire, félicités sur la précision de nos manœuvres et la régularité de notre tenue, il nous dit : « Que si jamais le trône des Bourbons était menacé, ce serait dans la légion d’Eure-et-Loir qu’il viendrait lui chercher des défenseurs. » Puis il termina par le cri obligé de Vive le Roi !
Soit que la pluie tombât avec trop de violence pour qu’on eût prêté attention à l’orateur intempestif, soit qu’elle eût refroidi le zèle des aboyeurs accoutumés, personne ne répondit au cri de Vive le Roi ! Ce que voyant, le colonel s’approcha du général, et lui dit :  — Pardon, Monsieur le baron, mais je crois qu’ils ne vous ont pas entendu.
Et, enflant sa voix de toute la force de ses poumons, le marquis de T....... vociféra à son tour un nouveau Vive le Roi ! qui, comme celui du général, s’éteignit isolé sous les torrents de pluie.
On fit rompre les rangs, et, le lendemain 28 décembre, la 26 e légion se dirigeait sur Gravelines.
Je ne la suivrai pas dans toutes les garnisons ; il me suffira de signaler rapidement les principales causes de désaffection qui concoururent à nous faire supposer possible la réalisation de projets inconsidérés sans doute pour ceux qui ne connaissaient pas les sentimens de l’armée.
L’incapacité du colonel, comme militaire et comme administrateur, était notoire au régiment. Pour mériter sa confiance et sa protection, il suffisait d’afficher un royalisme outré. Aussi, voyait-il de mauvais œil tous ceux qui avaient servi avant la Restauration. Chaque fois qu’il le put, il dressa et présenta des listes d’épuration toutes composées de noms d’anciens officiers.
C’est ainsi qu’en 1820, à Dieppe, dans un seul bataillon, on vit congédier à la fois quatre des meilleurs capitaines, tous braves militaires, dont le seul tort était de posséder des talens qui manquaient à notre chef.
Depuis cette époque surtout, l’esprit d’opposition commença à se former parmi les sous-officiers et les soldats.
Quand ces quatre officiers partirent, plusieurs de leurs subordonnés les accompagnèrent jusqu’à la voiture, et, sans respect pour la décision ministérielle, ils firent une amère critique de la conduite du colonel.
Jamais encore manifestation pareille n’avait eu lieu ; et c’est, je dois le dire ici, dès ce moment que, dans nos conversations intimes avec Bories, nous conçûmes la pensée d’agrandir, en le propageant, cet esprit d’opposition qui, plus tard, servit si bien à l’introduction du carbonarisme.
Comme on le pense, les mécontens exploitèrent le renvoi des quatre officiers, et les noms de Massias, de Bénard et des frères Vimont, retentirent long-temps aux oreilles des soldats du 45 e .
Lorsqu’on annonça la naissance du duc de Bordeaux, nous tentâmes de faire refuser, par les soldats de nos compagnies, la journée de solde qui devait être affectée à l’achat de Chambord. Nous échouâmes, faute de nous être entendus. Heureusement, rien ne fut découvert. Nous dûmes nous borner à répandre dans le régiment plusieurs exemplaires du pamphlet de Paul-Louis Courrier.
Ainsi que je l’ai dit plus haut, notre bataillon tenait garnison à Dieppe, et, grâce à une correspondance active, nous avions la certitude que les mêmes germes de mécontentement se développaient au Havre, parmi les sous-officiers du 1 er bataillon, avec non moins de force que dans le nôtre.
Deux faits qui, à cette époque, eurent lieu au Havre, vinrent de nouveau servir nos projets, en mettant au grand jour l’incapacité des chefs du régiment.
Il était arrivé, depuis quelques mois, pour commander le 1 er bataillon, un officier brave et instruit, M. Courtaut. Rigide observateur de la discipline, il n’avait pas tardé à apprécier l’incurie des hommes à qui il devait obéir. Aussi, renfermé dans les devoirs de son grade, il évitait, autant qu’il le pouvait, tout contact, non pas seulement avec le colonel, mais encore avec ceux des officiers dont celui-ci formait son entourage.
Un jour, le commandant sortait avec le bataillon, qu’il menait à l’exercice ; à peine fut-il rendu sur le champ de manœuvres, qu’il reçut du lieutenant-colonel l’ordre de faire exécuter un mouvement que ce derni

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