Un coin du pays basque
68 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Un coin du pays basque , livre ebook

-

68 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Hendaye, le 24 Janvier 19.. C’est aujourd’hui Dimanche, il est 6 heures 1/2 du matin. Le jour commence à poindre sur le sommet des Pyrénées, dont les pentes, encore humides des pluies tombées ces derniers temps, viennent se confondre avec la terre vaseuse de la Bidassoa. On voit au loin une brume grisâtre presque transparente, que le soleil cherche à percer, pendant que les cloches de la vieille église de Fontarabie se font entendre comme des voix lointaines et fugitives.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346120369
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Albert Jannin
Un coin du pays basque
A toi que j’ai aimée et que j’aime encore, à toi qui t’en es allée la première vers l’insondable et terrible mystère, à toi dont le souvenir est doux à mon cœur comme un frais parfum de jeunesse, à toi qui jus l’ange et l’âme de la maison, la femme aimée, la tendre mère, à toi qui visitas avec moi ce coin du pays basque, à toi que je ne verrai plus, je dédie ces modestes pages !
 
ALBERT JANNIN.
INTRODUCTION
Le peuple basque à une origine très ancienne. Aucune donnée, aucun titre, aucune pièce historique n’ont pu lui assigner une date quelconque, un lieu où il aurait vécu avant de venir prendre possession de la partie sud des Pyrénées. On suppose toutefois que les Basques pourraient bien avoir, comme les Germains et les Gaulois, une origine asiatique et qu’ils seraient arrivés en Europe à la suite des Ibères.
Après l’invasion des Celtes qui forcèrent les Ibères à leur abandonner une partie des terres cultivées du Nord-Ouest de l’Espagne, ces derniers furent repoussés jusque dans les montagnes voisines du golfe de Gascogne où ils se fortifièrent et surent se défendre courageusement contre d’autres invasions de barbares venus du Nord. Plus tard, les Celtes et les Ibères finirent par se confondre et former la race Celtibérienne qui occupa toute la région située entre la chaîne des Pyrénées et de la Méditerranée.
Ce qui frappe souvent le voyageur lorsqu’il parcourt pour la première fois les villages basques, c’est la fierté naturelle des habitants. En eux tout respire l’indépendance ; le regard, la démarche et toutes les attitudes en général, annoncent l’homme libre et content de lui-même.
Il y a entre eux et les autres paysans des provinces de France une différence énorme qu’on remarque de suite, même dans les circonstances les plus ordinaires. Ils marchent la tête haute, les yeux fixés devant eux et s’inclinent rarement les premiers devant l’étranger. Leurs manières, leur façon de répondre aux questions qu’on leur pose, leur salut même, dénote chez eux un sentiment de dignité et surtout d’égalité envers la personne qui leur parle.
Les Basques, toujours isolés, vécurent indépendants dans leurs montagnes inaccessibles ; ils refusèrent de s’allier ou de s’unir aux autres peuplades de la péninsule et conservèrent, à travers les âges, la pureté de leur race. De nos jours encore, malgré le progrès et la transformation des moeurs, ils se marient entre eux et mènent le même genre de vie que leurs lointains ancêtres, dont ils ont conservé la langue fière et énergique.
Cette langue qu’on appelle Vascuence ou Euskara est en usage dans toute la province Guipuzeoa. On ne lui connaît aucune origine et c’est probablement la plus vieille des langues parlées en Espagne et peut-être en Europe.
Personne n’a pu dire jusqu’ici par quels peuples elle a été introduite autrefois et les savants qui s’en sont occupés ont dû avouer que leurs recherches n’avaient abouti à aucun résultat sérieux.
Cette langue Euskarienne, peut-être aussi vénérable que le Sanscrit, semble être venue jusqu’à nous après avoir survécu aux transformations et aux cataclysmes de l’ancien monde. Très souple, harmonieuse et sonore, brillante et nuancée, elle varie à l’infini ses nuances, suivant qu’elle exprime des sentiments d’amour, des tendresses maternelles ou des chants de victoire.
Comme beaucoup d’Espagnols, les Basques se disent tous nobles. Ils prétendent, à leur naissance, comme les princes des familles régnantes, hériter de leurs ancêtres les plus hauts titres de noblesse, sans distinction de famille, d’alliance ou de localités. Un jour, le Prince de Tingry ( 1 ) fit observer à un paysan des montagnes navarraises qui lui parlait sur un ton plus ou moins arrogant, qu’il avait affaire à un Montmorency dont la race remontait à cinq siècles.... Il eut de lui cette fière et hautaine réponse : «  Nous autres, Basques, nous ne comptons plus.  »
Cet orgueil inné chez tous les Basques ne peut être attribué qu’à l’idée qu’ils se font tous de la pureté et de l’antiquité de leur race. Ils savent par de lointaines et confuses traditions qu’ils n’ont jamais été esclaves. Ils se rappellent toujours leurs anciens droits et privilèges respectés par les rois de temps immémorial. Ils sont pénétrés de ces souvenirs et, pour eux, le titre le plus précieux est celui de basque. Fiers et orgueilleux de leur antique noblesse collective, ils méprisent la noblesse individuelle.
En effet, beaucoup de montagnards basques s’illustrèrent dans les guerres du IX e siècle contre les Maures. Ils quittaient alors leurs montagnes par bandes pour se ruer contre les armées de l’Islam. Ceux qui s’en retournaient dans leurs villages, chargés de glorieuses dépouilles et couverts de gloire, gravaient dans la pierre de leur humble maison des signes bizarres en souvenir des glorieux combats d’où ils étaient sortis vainqueurs : c’étaient leurs armoiries, leurs titres de noblesse.
Les guerres durèrent longtemps et le courage des Basques fut si grand, leurs prouesses si nombreuses que des populations entières furent anoblies et reçurent en masse le droit de porter un blason.
En 797, après une sanglante bataille où périrent 20.000 Sarrazins, on voit, en effet, Fortuno Aznar anoblir tous les Roncalais pour leur bravoure et leurs nombreux exploits.
Les Basques étaient libres, libres de toute corvée, de toute fonction servile et, malgré la féodalité, ils surent maintenir cette liberté si chère et si précieuse, Il n’en était pas de même des autres provinces de France et d’Espagne, où, les guerres une fois terminées, les serfs et les vassaux qui avaient suivi leur seigneur, par force ou par devoir, retournaient à la glèbe. Seuls, les Basques partaient combattre de leur plein gré et, les hostilités finies, ils ne demandaient rien pour compenser les pertes que leur absence avait pu causer chez eux. Et c’est pourquoi, de nos jours encore, les paysans de Batzan, les bergers de Cincovillas et du val d’Enguy, les montagnards du pays de la Soule et les métayers du Labourd, se croient aussi nobles que tous les Montmorency de France. Ils disent avec raison : «  Qu’ils sont nobles, ceux qui n’ont jamais dépendu de personne et dont les aïeux descendaient eux-mêmes d’ancêtres libres et valeureux. »
1 Gouverneur de Bayonne.
FRONTIÈRE D’ESPAGNE
Je vous dirai, montrant à votre amie La ville morte auprès de la ville endormie : « Laquelle dort le mieux ? »
Victor Hugo 1
Hendaye, le 24 Janvier 19..
 
 
C’est aujourd’hui Dimanche, il est 6 heures 1/2 du matin. Le jour commence à poindre sur le sommet des Pyrénées, dont les pentes, encore humides des pluies tombées ces derniers temps, viennent se confondre avec la terre vaseuse de la Bidassoa. On voit au loin une brume grisâtre presque transparente, que le soleil cherche à percer, pendant que les cloches de la vieille église de Fontarabie se font entendre comme des voix lointaines et fugitives.
Une musique passe sous nos fenêtres. Elle joue la marche de Sambre-et-Meuse. Les cuivres soufflent et roulent des notes crépitantes pendant que les instruments de bois tempèrent et atténuent par leur douceur les inflexions puissantes des basses et des altos :. c’est la fête du pays, la S t -Vincent, patron d’Hendaye, et de plusieurs autres villes basques.
Les musiciens, coiffés de bérets rouges, traversent les principales rues de la petite cité et vont donner des aubades aux autorités, après avoir pris force rasades au Café du Midi ou à celui de la Bidassoa.
Le coiffeur Juanito Farinas ouvre son magasin près du pont sous lequel passe le chemin de fer ; le pharmacien, qu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents