Un été brûlé
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Un été brûlé , livre ebook

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Description


Début juillet, en Bretagne, années soixante.


Les examens du baccalauréat viennent de se terminer et la chaleur de l’été est là, pleine de promesses pour Anaïs la brune, Hortense la rousse et leur ami Ivan. Ces trois-là découvrent les plaisirs de l’existence d’une façon particulière et ne se quittent plus.



Pour le meilleur.


Désœuvrés, comme peuvent l’être les jeunes dans ces périodes de la vie, mais à la recherche de sensations, ils traînent chez l’un ou chez l’autre, font l’amour, se promènent... Jusqu’au jour où ils se mettent en tête de visiter un manoir, apparemment inoccupé. Fortuitement, ils y découvrent du matériel photographique et des photos montrant des notables de leur petite ville prenant des poses suggestives, en tenue légère...


Assurément, de quoi semer le trouble.



Pour le pire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 octobre 2018
Nombre de lectures 38
EAN13 9782374536200
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Début juillet, en Bretagne, années soixante.
Les examens du baccalauréat viennent de se terminer et la chaleur de l’été est là, pleine de promesses pour Anaïs la brune, Hortense la rousse et leur ami Ivan. Ces trois-là découvrent les plaisirs de l’existence d’une façon particulière et ne se quittent plus.
Pour le meilleur.
Désœuvrés, comme peuvent l’être les jeunes dans ces périodes de la vie, mais à la recherche de sensations, ils traînent chez l’un ou chez l’autre, font l’amour, se promènent… Jusqu’au jour où ils se mettent en tête de visiter un manoir, apparemment inoccupé. Fortuitement, ils y découvrent du matériel photographique et des photos montrant des notables de leur petite ville prenant des poses suggestives, en tenue légère…
Assurément, de quoi semer le trouble.
Pour le pire.


***


Après avoir écrit des ouvrages d’histoire locale et des contes bretons, Serge Le Gall s’est tourné vers le roman policier. Dans ses polars historiques, il met en scène Samuel Pinkerton, détective espiègle et malin. Dans ses polars contemporains, il fait la part belle au commissaire divisionnaire Landowski, un grand flic solitaire et perspicace. Délaissant parfois ses deux enquêteurs fétiches, il vous entraîne aussi dans des histoires à vous créer des montées d’adrénaline. Suspense garanti !
UN ÉTÉ BRÛLÉ
Serge Le Gall
Les Éditions du 38
Des filles en maillot de bain se devinaient au fond des jardins clos, derrière les murs de pierres sèches ou les haies de troènes. Pierre Pelot L’été en pente douce Fleuve Noir, 1981
Prologue
Est-ce que je préférais l’une à l’autre ? Je ne crois pas. L’une était douceur et soupirs à faire mourir. L’autre était fureur contenue et élans sensuels compulsifs.
Le prénom de la brune c’était Anaïs. La rousse s’appelait Hortense. Je les aimais et la réciproque était délicieusement vraie.
Pourquoi donc aurais-je dû choisir ? Chacun de nous trois y trouvait son compte.
C’était l’été du bac et le monde allait s’offrir à nous. On avait le bonheur en ligne d’horizon. On nous donnait deux mois de vacances pour changer de peau. Changer de monde.
Mais peut-être qu’on ne voulait pas devenir des adultes.
Pas encore, pas comme ça, pas ici.
On voulait découvrir des choses. Essayer en toute impunité. Tutoyer l’extrême et ne rien regretter. Et puis rentrer sagement dans le rang.
On a laissé nos envies nous submerger.
Pour le meilleur.
Pour le pire.
C’est selon.
1
Vous connaissez certainement ces après-midi d’été, où l’air traversé d’insectes fébriles devient tout à coup plus épais, où l’espace limpide vire imperceptiblement au trouble en enrobant insidieusement les choses et les gens. Comme si le moment décidait de s’affranchir du temps présent pour créer une ambiance hors du monde. Une sorte de parenthèse affectueuse.
Probablement que cet épisode de ma vie a réellement été la plus belle de ces parenthèses. Quelque chose d’extraordinaire, de très fort, de sensuel à l’extrême. Un moment situé ailleurs, hors du temps, pour vivre intensément. Une bonne louche de plaisir, une belle tranche d’amour, le tout enveloppé d’un voile d’insouciance. Peut-être d’aveuglement. Il aurait été dommage de s’en priver. Même si…
J’ai laissé notre histoire se construire.
Comme un château de cartes.
Avec la même force. Avec la même fragilité.
Et c’est ainsi que tout a commencé.
2
Il n’y a pas de bruit. Peut-être celui d’un train qui passe au loin, ou, plus près, la respiration poussive d’un tracteur cahotant dans les ornières bien creuses du chemin défoncé. Il est arrivé ici. Il vient de là-bas. Il repartira par là. Ce n’est pas un son proche. Juste une musique de fond dans un spectacle bucolique, parfois ponctuée par l’aboiement intempestif d’un chien dérangé pendant sa sieste.
Les couleurs, elles, sont fatiguées par le soleil qui dégrade leur éclat. La pluie, la vraie, celle qui mouille en profondeur, ne viendra pas avant des semaines. Ou alors un orage, de ceux qui creusent des rigoles, détrempent les chemisiers et renvoient les animaux à l’abri des sous-pentes poussiéreuses ou des halliers bien touffus.
La nature transpire. Comme les hommes. Comme les femmes aussi. Avec cette différence d’odeur si subtile qu’elle embaume les corbeilles d’argent. Il est de ces senteurs féminines qui sont autant de rêves éveillés. Cette délicieuse humidité recueillie sur la peau du cou par une langue agile et qui vous dévoile tout sur la femme qui s’exhale. De ces choses incompréhensibles qui doivent absolument rester secrètes. Pour la magie et pour le rêve. Pour l’envie. Et le désir aussi.
La brise elle-même fait la sieste à l’abri des murets mangés de lierre et les jeunes filles en fleurs ont cessé de rire pour ne plus rêver qu’à des désirs indiscrets.
C’est le moment de jauger les garçons, de leur attribuer des notes, de faire des choix avant d’espérer de l’un ou de l’autre une étreinte furtive à l’abri des romarins. Se serrer un peu fort pour sentir vibrer le corps de cet inconnu.
La belle attend. Au moins un baiser. Sur la bouche et avec la langue. En lui dirigeant lentement la main vers ce qu’elle a de précieux. Pour qu’il découvre sans blesser. Ils sont si gauches à cet âge. Ils ne comprennent rien aux femmes. Leur préoccupation est ailleurs. Ils ne savent pas trop comment s’y prendre, mais ils veulent pénétrer, absolument. Et tout de suite. Prendre son temps, différer, reporter à demain, ces expressions n’entrent pas dans le vocabulaire de ces lycéens, qui planchaient sur Proust il n’y a pas si longtemps.
Du côté de la demoiselle, on voudrait, et on fera tout pour cela, mais on craint un peu d’être trop timide, de passer pour une ingénue. De décevoir. Et d’être déçue. D’avoir mal aussi. On veut bien s’ouvrir, l’aider au besoin à s’introduire, le sentir s’y glisser puis le laisser s’exprimer. Être surprise, emportée parfois, envahie même.
De ces jeunes hommes, l’un ou l’autre sera tout à l’heure un peu plus sec, plus dur aussi pour s’abandonner sous les pommiers dans des farandoles horizontales où les membres inférieurs se mêleront astucieusement comme dans un jeu de construction. Il y aura quelques glissements discrets, mais maladroits sur le corps de ces jeunes filles, des tâtonnements naturels pour découvrir, caresser, sentir, s’approprier. Elles sont prêtes à s’ouvrir à la vie. Plus peut-être. Mais pas à n’importe quel prix.
Pour l’instant, il n’y a encore que des robes espiègles qui se retroussent délicatement et des bretelles de caraco qui ne soutiennent plus rien quand les gestes naturels brassent de l’air. Un téton qui se hisse vers la couture comme pour profiter du soleil et la propriétaire qui n’en prend pas ombrage. La compétition ne lui fait pas peur à son âge. Sur un mouvement de reptation, une cuisse se dévoile jusqu’à l’aine où glisse le bord de la culotte puis se referme pudiquement sur le trésor si convoité. L’attente est aussi plaisir.
Il y a ces moments incroyables de la volupté émergente pour des corps impatients, de l’envie contenue parce que l’expérience n’est pas encore acquise et que le passage du gué reste une plongée sublime vers un monde inconnu.
Probablement que l’on se jauge, qu’on active des stratégies de rapprochement afin de se placer au mieux pour devenir incontournable. Les garçons espèrent gagner quand les filles hésitent encore à rendre les armes. La victoire comme la défaite n’est qu’une illusion. Il n’y a que l’histoire à le savoir.

C’est ainsi que les choses ont commencé.
En arrivant dans le pré où le groupe d’élèves se retrouvait depuis ces jours séparant les épreuves écrites des résultats, j’ai vu immédiatement qu’Anaïs et Hortense manquaient à l’appel. Elles n’étaient pas là, n’étaient pas venues ou avaient déjà déserté. Je n’allais pas afficher ostensiblement mon intérêt pour elles, au risque de décevoir cette brune qui était là ou encore cette blonde. Je les avais accompagnées, l’une au cinéma et l’autre à la kermesse. L’une qui veillait sur son trésor et l’autre qui l’offrait si facilement.
J’ai donc rebroussé chemin comme un fantassin cherchant son régiment passé sur l’autre rive sans faire étalage de sa retraite peu glorieuse. J’avais déjà fait des choix : celui d’abandonner les seins accueillants de la brune exigeante, comme celui de délaisser la bouche si gourmande de la blonde un peu folle. L’une et l’autre étaient à posséder sans gloire. Il y a parfois une échelle des valeurs dans le désir. À dix-huit ans, il faut qu’il soit fort, dérangeant, sublimé parce que c’est bien cette puissance-là qui emporte tout. Qui produit le véritable plaisir. Surtout quand on croit naïvement qu’on a le choix. Il n’est pas certain qu’on retrouve cette plénitude des années plus tard. Pour le choix, on avisera.
J’ai franchi le ruisseau au gué de pierres que nous avions fabriqué si laborieusement au printemps et j’ai remonté le pré en direction de la maison. Après une pente accentuée, le terrain basculait à l’horizontale. Alors, la grande villa apparaissait dans son écrin de verdure pigmenté de nuages floraux et odorants.
Un eucalyptus géant portait ombrage et servait de refuge à des couples de pigeons énormes qui se baladaient sur la pelouse en traînant leur bedaine de sénateur. Puis des buissons fleuris composés d’espèces différentes. Des fuchsias, des bégonias, des pervenches et bien d’autres espèces dont le nom chantait sans que je puisse les citer aujourd’hui.
Il y avait surtout des hortensias magnifiques qui bordaient l’escalier menant à la terrasse. Hors saison, on avait enfoui de l’ardoise pilée au pied de certains arbustes pour renforcer le bleu faiblissant de leurs fleurs plates alors que les roses, plus bombées, s’épanouissaient naturellement.
En terrasse, on avait manifestement pris un rafraîchissement puisque deux verres encore humides encadraient une bouteille de jus de fruits. L’un des fauteuils semblait avoir été bousculé comme si la personne assise là s’était brusquement levée pour disparaître dans la maison. Froissée, émue ou tr

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