Alphabet
171 pages
Français

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Description

Simon Austen tatoue sur sa peau les noms dont on l’a affublé au fil des années : boulet, tordu, menace pour les femmes, meurtrier. Condamné à la prison à perpétuité et éventuellement soumis à des thérapies novatrices visant la reprogrammation comportementale, il plonge dans un angoissant processus au cours duquel il devra accepter de voir son identité réduite en morceaux pour mieux être reconstruite de façon « acceptable ». Mais à quel point, au bout du compte, un homme peut-il réellement changer ?
Dérangeant et profondément émouvant, Alphabet est une exploration psychologique de la démarche incertaine et bien souvent terrifiante d’un homme vers la réhabilitation, ainsi qu’une réflexion saisissante sur le pouvoir des mots lus, dits et reçus.
« A pour amour, tape-t-il, mystère au bord duquel je vacille. A pour ambivalence, aussi, mot que j’ai appris ici, et A pour art, forme de communication à laquelle certains consacrent toute leur vie au détriment du reste, comme s’il s’agissait d’une religion sans Dieu (voir D). Oui, je m’A-bstiens d’aborder la question de front, car, plus que tout, A est pour Amanda, qui a vécu toute sa vie dans la même maison, Amanda qui aimait rire, manger, boire et prendre des bains de soleil dans le jardin de ses parents, se souvenait de tout ce qui lui était arrivé et désirait les choses les plus banales de la vie, l’engagement, l’intimité, des enfants, un avenir débouchant sur qui sait quoi – mais moi, Simon Austen, je l’ai tuée dans un studio meublé de New Cross Road, le 2 septembre 1979. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2016
Nombre de lectures 3
EAN13 9782764432600
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure
Romans
The Two of Us , Biblioasis, 2016.
Alphabet , Weidenfeld & Nicolson/McArthur, 2005. Réédition par Biblioasis, 2014.
The Find , McArthur & Company Publishing, 2010.
The Story of My Face , Weidenfeld & Nicolson/McArthur, 2002.
Frankie Styne and the Silver Man , Methuen Publishing, 1992.
Island Paradise , Methuen Publishing/Minerva, 1988.
The Unborn Dreams of Clara Riley , Virago Press, 1987.
Back in the First Person , Virago Press, 1986.
Recueils de nouvelles
Paradise and Elsewhere , Biblioasis, 2014.
As in Music and Other Stories , Methuen Publishing, 1990.





Projet dirigé par Myriam Caron Belzile, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Andréa Joseph [pagexpress@videotron.ca]
Révision linguistique : Isabelle Rolland et Line Nadeau
En couverture : création d’Anouk Noël, avec les images
de shutterstock.com : © SanchaiRat, © sakhorn, © rangizzz
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d'édition.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme national de traduction pour l’édition du livre, une initiative de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018 : éducation, immigration, communautés , pour nos activités de traduction.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L'an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l'art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Page, Katy [Alphabet. Français] Alphabet (Latitudes) Traduction de : Alphabet.
ISBN 978-2-7644-3197-9 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3259-4 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3260-0 (ePub)
I. Saint-Martin, Lori. II. Gagné, Paul. III. Titre. IV. Titre : Alphabet. Français. V. Collection : Latitudes (Éditions Québec Amérique).
PR6066.A325A4614 2016 823’.914 C2016-941386-1
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2016
D’après l’édition publiée en anglais sous le titre : Alphabet © 2014, Biblioasis. Première édition : Londres, Weidenfeld & Nicholson, © 2004.
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2016.
quebec-amerique.com



Pour Richard


B


1
Il n’y a même pas de chaise. La pièce est bleu-gris, éclairée par des tubes fluorescents, comme tout le reste.
« Effets personnels ? » demande l’homme derrière le comptoir. Ils ont déjà pris ses vrais habits : Simon est planté là, vêtu d’une chemise à rayures et d’un jean élimé qui glisse sans cesse sur ses hanches.
« Des objets qui risquent d’être volés ou vandalisés ? poursuit l’homme. Allez, donne-moi tout… » Il l’a répété mille fois, ce numéro, et son sens du rythme est parfait. « On va bien les emballer, tes trésors… Et les égarer à la première occasion… Ha ! ha ! Sans blague, on n’est pas responsables des objets perdus. » Il est content de lui-même, ça saute aux yeux. Sa chemise blanche luit, presque violette. Un paquet de vingt Benson bombe sa poche de poitrine. Le sommet de son crâne dégarni scintille, tandis qu’il se tapote l’aile du nez, se penche vers l’avant.
« Qu’est-ce que t’as là, alors ? Les cendres de ta maman ? les foutus joyaux de la Couronne ? Allez, grouille-toi. On n’a pas toute la journée. » Il y en a encore six autres derrière moi, songe Simon. Et qui sait quel merdier l’attend devant ? Tout bien considéré, qu’importe ce qui arrive à ses deux possessions. Au moins, il n’aura pas à veiller sur elles. Si elles se perdent, il n’y sera pour rien, quoi qu’en dise le salaud au crâne chauve. Plus vite il en aura terminé avec ces formalités, plus vite il aura le droit de s’allonger, et il serait partant pour dormir sur un lit de couteaux pendant un tremblement de terre, à condition qu’on le laisse s’étendre.
Il sourit de toutes ses dents à l’homme à la tête énorme et aux doigts boudinés ; il garde ses réflexions pour lui et dépose ses effets personnels sur le comptoir. D’abord, l’enveloppe. Une petite enveloppe mince sur laquelle ne figure que son nom, Simon Austen.
« Elle est scellée », précise-t-il. Tu veux que je te dise , lui répondent avec lenteur les yeux de l’autre, ouvrir ta cochonnerie de lettre est la dernière chose qui me fasse envie, vu qu’il s’agira, comme toi, d’un tas de…
Simon est trop abattu pour réagir. Ses yeux sont si collants qu’il entend, et sent, chaque clignement de paupières. Il a eu droit à une douche après la fouille à nu, mais l’eau était froide et il détecte encore l’odeur de sa sueur. Il fixe le comptoir – du formica avec une bordure en chêne crasseuse – et se rappelle que l’enveloppe lui avait été remise par une travailleuse sociale harassée qui, après avoir jeté un coup d’œil à son certificat de naissance, lui avait servi un discours sur l’importance de ne pas se bercer d’illusions. Ensuite, elle l’avait regardé la décacheter, déplier l’unique feuille. Elle lui avait lu les deux petites lignes qui s’y trouvaient. « Je suis désolée. C’est comme ça. J’espère sincèrement que tout ira bien pour toi. Sharon. » C’était, selon la femme, tout le contenu de la lettre. Elle lui avait alors demandé s’il voulait prendre un peu de temps pour parler de ses sentiments envers sa mère. Devant son refus, elle avait déclaré qu’il avait besoin d’aide psychologique et lui avait donné une liste de contacts longue comme le bras ; il était si furieux contre elle qu’il avait failli jeter la lettre. Au bout du compte, il avait lissé la feuille et il avait scellé de nouveau l’enveloppe, qu’il avait gardée pendant des années dans la doublure de son blouson d’aviateur… Sincèrement, tout avait plutôt foiré au maximum pour lui. S’ils y tiennent tant que ça, ces abrutis n’ont qu’à la prendre, cette foutue lettre, se dit-il. Lui, il tourne la page. Il emménage.
« Une montre, lance l’homme aux doigts boudinés.
— Une Rolex », déclare Simon. C’est faux. Il l’a achetée, avec sa première vraie paie mensuelle, à un type rencontré dans un bar. Elle retarde. Il s’est fait avoir. Alors, bon débarras. Il voyagera léger : produits de toilette, matelas, assiette, bol, tasse.
« C’est tout ? »
Il exécute un gribouillis avec son stylo. En face, le plaisantin met ses objets personnels sous scellés, puis pousse vers lui une enveloppe vide, en papier kraft, sur laquelle figurent des caractères noirs à l’aspect officiel.
« T’as droit à une lettre gratuite.
— Pour quoi faire ?
— Ce que tu veux, fiston. Tu peux même te torcher avec, si le cœur t’en dit !
— Très bien, l’ami, crache Simon. C’est une option que je vais envisager. » Il serre les poings, tout à fait réveillé à présent.
« Un petit conseil : évite de te faire remarquer », dit l’homme, satisfait, en se détournant. Simon fourre l’enveloppe dans sa poche, accepte une couverture et deux draps, qu’il glisse dans la taie d’oreiller, et avance.
L’homme qui ouvre la marche porte la moustache et celui qui la ferme a une barbe broussailleuse. Il entend le crissement de leurs chaussures, le tintement de leurs trousseaux de clés, leur respiration, la sienne. Ils franchissent deux portes, la première massive, la seconde à barreaux, puis une autre et encore une autre, s’arrêtent chaque fois pour laisser à la clé le temps de se glisser dans la serrure et de faire son œuvre, deux ouvertures, deux fermetures. Pas un mot n’est prononcé. Il se dit qu’il risque de mourir là. D’être tué. De s’en charger lui-même en commençant à se droguer. Ou, simplement, de vieillir à cet endroit… et, soudain, comme il a envie de ce dont il a été privé, de tout ce qu’il n’a pas eu, sans même savoir de quoi il s’agit ! Ce qu’il donnerait pour actionner un commutateur, se dématérialiser, réapparaître ailleurs ou sous les traits d’un autre, n’importe qui. Déjà, son cœur cherche à s’évader de sa poitrine lorsque les dernières portes révèlent la rangée

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