Angel Rock
55 pages
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Angel Rock , livre ebook

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Description


Idylle noire entre Johnny, rocker à la gueule d’ange, et Jeanne qui n’a plus d’ouïe...


« Johnny honnissait les ploucs, la morne plaine, les sommets, himalayens ou non, il carburait aux gaz d’échappement, à la dioxine, sa condition de citadin le bottait, J. H. aimait la foule, l’agitation, les troquets. Un rat des villes. Le revers de la médaille était que le smog et le tabac rongeaient ses éponges, que le shit lui noyait les neurones, il nourrissait un décapode et pas une crevette : le crabe. Johnny avait l’embarras du choix, une chimio, l’asile, la désintox, des semaines plus tôt il aurait pris le package, mais aujourd’hui... Il attira le cendrier, broya son pétard... »



Deux héros bien campés – une voix et une oreille non réceptive – sont conviés sous la plume « rockeuse » de Vitiello à poursuivre un noir destin. Une novela qui résonne comme un blues désespéré...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2016
Nombre de lectures 5
EAN13 9791023404678
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bernard Vitiello

Angel Rock
Novella

Collection Noire sœur
À Poupie, l’amour toujours dont je suis loup.
À mon jumeau, acta est fabula.
PROLOGUE



Il n’avait qu’une passion, la rock music. Il allait en avoir deux, le rock et l’amour, YEEES ! Sauf que les décibels et la romance à trois balles, ça cartonne mou, et que les bastos mettraient dans le foin : l’heureuse élue était sourde comme un pot, muette comme une tombe, l’élue était étanche de naissance, bah bah bah ! Comble du comble, « Y’a rock et rock... Moi, c’est le heavy metal, la trash » grinçait-il. Vous me direz, à cheval donné on ne regarde pas les dents , encore moins la bouche, et je zappe les oreilles. Mais bon, avouez...
Une chose faisait patte de mouche dans le C.V. de Johnny H. (au civil Jean Hulot, 19 piges, no future ) : il était glabre, tragiquement glabre, les joues, le buste, les gambettes, tout cela courait après l’ombre des prémices d’un poil. Il avait beau se déguiser en tatouages, il avait beau péter (plus haut que son cul, donc), roter à fendre l’âme, déquiller des caisses de bières, pour ses potes il restait Angel , et pas un ange noir... Selon la foutue patte de mouche, Johnny exhibait un « joli minois » où flottaient « d’adorables boucles blondes », les érudits auraient parlé d’éphèbe, de sacré nom de Dieu de giton, l’Éternel est retors. Résultat, Angel était aussi Tête d’Or et là, Dieu qui tire les ficelles torchait bête et méchant un fichu premier degré : petit Jean vagissait le prélude dans une maternité de la Croix-Rousse, un « gone », un vrai, le kid de Lyon city.

L’histoire que je vais vous narrer, ô lamentables voyeurs de mes burnes, cette histoire démarre, devinez ? Au parc de... la Tête d’Or, gagné ! Chaque protagoniste, le moindre détail, la plus furtive pensée, il n’y a pas un dé à coudre de fausseté, pas un chouïa de mensonge, pas une lichette d’inventé, promis. Juste un ridicule grain de sable, une poussière, et les rouages de la machine avaient grippé...
I VERTIGO
1 JOHNNY AND JEANNE


Samedi 13 septembre, 9 h 16.

Il ne pleuvait pas, il ne faisait pas soleil non plus, le ciel avait un teint laiteux de nonne. Des lambeaux de brume léchaient les trottoirs bleuissants, les façades semblaient frappées d’asthénie, le Rhône tapait la crise d’angoisse.
Johnny avait longé les Brotteaux, descendu le boulevard des Belges. À présent, il coulait ses fesses entre les grilles du parc. Il n’y était pas retourné depuis sa communion solennelle, clichés de rigueur et offrandes bateaux, la montre, la gourmette, un stylo, une chaîne avec le crucifié bavant sous les épines. Alors pourquoi aujourd’hui ? Nul n’aurait su le dire, pas même lui.
Angel se souvenait d’un lac aux rives ombragées, d’une volée de cygnes trompetants, toutefois il n’avait pas l’âme bucolique, pas un brin. L’observateur attentif aurait pu déceler la discrète, très discrète et subtile série de messages subliminaux, comme les hures fermées des badauds, ou les relents évadés de l’encéphale de Johnny... Il glissait doucettement dans la déprime. Le bilan était : 19 ans, 7 mois et des broquilles, la vigueur de l’âge sans les bénéfices, Angel avait arraché aux forceps un bac techno, foiré une année blanche d’I.U.T., et basta.
« Ton avenir, tu y songes ? grasseyait le paternel, un prof de maths au cordeau.
Sincèrement ?
Sincèrement.
NON. Ou plutôt si.
Je t’écoute, fils.
J’ai besoin d’une période sabbatique.
Ah... Je suppute que tu as tes raisons ?
Travailler la guitare. Réfléchir. J’suis passé à côté d’un tas de trucs, p’pa.
Un tas de trucs ... »
Gaullistes pratiquants en 68, inconsolables depuis, ses vieux cognaient du front contre les murs, ceux des lamentations ; la dernière porte à gauche ouvrait sur une chambre de glandu, un squat par défaut punaisé de posters. Eux, auraient déplacé des montagnes, il alignait les cailloux, leurs pierres d’achoppement étaient des parpaings.
Point numéro 2, Lio, une rouquine rouge teinture, l’avait expédié en Chronopost , direction le bureau des objets perdus. Les nuits de pleine lune, on ramassait J. H. au buvard, ni l’alcool ni le shit ne le tenaient d’équerre. L’angelot battait bel et bien de l’aile, mais il l’ignorait, bombant le torse.

Jusqu’ici, tout roulait conforme, un copier-coller, une espèce de double carbone des images gravées sur la galette de cire... Le lac n’avait pas bougé d’une ridule, les cygnes étaient les cygnes, comprenez des tronches à claques. Fagoté cuir en haut, simili en bas, Johnny flânait, les écouteurs vissés profond et ses oreilles viraient choux-fleurs : le iPod nano crachait Antisocial , la reprise saignante de Trust by Anthrax. Il stoppa, se posa sur un banc, ôta les écouteurs, fouilla les poches de son blouson. L’air était saturé d’humidité, un déluge de rayons cendrés éclaboussait l’herbe ; Johnny extirpa une feuille de JOB , saupoudra de tabac. Il lichait le bord gommé quand la brume libéra une apparition , et je pèse le terme...
Elle filait dans un coupe-vent fuchsia ; vu des cuisses, le Back Beauty charbon était une seconde peau ; les semelles des Asics roses et gris effleuraient la terre, elle volait comme un guerrier massaï. L’analogie s’arrêtait là : Johnny bichait pour les rousses, et le Destin lui en cloquait une pas toc, pas teinturée.
La fille était déjà loin, J. H. béait toujours, le JOB pendillait au bout de sa langue, des déchets de tabac constellaient le blouson.
Enfin il secoua ses boucles dorées. La première idée fut un « Puuutain... » étouffé, les synapses de Johnny twistaient des pinceaux. La suivante irradia le plexus : « ... ? » Traduction : « Et maintenant ? » Il n’y aurait pas de troisième idée.


Johnny rehanta la Tête d’Or le mardi, réitéra le jeudi, macache oualou... Il avait omis que les autres peut-être bossaient. Ça lui grimpa au bulbe le vendredi, et le lendemain 8 h 35 il campait sur son banc. Ô mes frères qui dansez nus, ô mes sœurs éclusant cul sec, oyez le miracle : de nano que nenni, non plus que de cuir ni de simili, Johnny ressuscitait veston tweed, pantalon velours, et il suait des mots croisés force 6 !
Le soleil avait des velléités, nos feignasses de cygnes piquaient du bec sous leurs plumes. Deux minutes n’étaient pas tombées qu’elle hacha les diagonales de lumière... Il déglutit ; la trash, les tatouages, les caisses de bières, tout ce bazar gravitait aux confins d’une quelconque galaxie, Angel redevenait le zombie d’avant les putes et l’acné, un gosse fragile serré dans son slip. Elle surgissait, disparaissait, resurgissait, etc., il était cloué, paralysé. Mais m’sieur Destin avait touché le turf, l’ami Destin allait se montrer d’une rare munificence...
Il y eut le pfffouuu ! des jambes, un murmure de chacune des fibres du Back Beauty ; l’éternuement vint ensuite, et la séquence de la fille en rade dénichant un K leenex ; l’ultime perception fut un bruit aigu, il pensa : « Quel est ce tintement ? » Un éclair lui zébra le cerveau, baissant le nez au sol Angel avait la réponse, avec la réponse, la solution à son problème.
Il partit comme une fusée.
La fille pliait consciencieusement le Kleenex , elle était de dos et J. H. accroupi ; il grippa l’anneau, bêlant :
« Mademoiseeelle... »
Rien.
Il se releva, toussa.
Des queues Marie !
Il darda l’index, tapota une épaule, elle sauta aux branches, virevolta, Angel tendit sa paume :
« Votre clé, votre clé de voiture... »
La fille papillonna des cils, ses yeux émeraude pailletés de violet avaient la transparence de l’eau vive ; Angel lui donnait, combien ? 21, 22, pas moins, guère plus, elle était épatante !
Elle happa la clé, joignit les mains, salua du buste. L’ange se demandait si c’était du lard ou du cochon lorsque la fille exhuma un carnet, une mine. Il la vit crayonner : Merci ! Puis : Je suis sourde et muette. « Et meeerde... » couina-t-il. Elle lâcha un sourire amusé, ajoutant : Mais je sais lire sur les lèvres.
« Put... Euh, super ! »
Déconcerté, Angel se balançait d’un pied sur l’autre ; durant une pause qui s’avéra douloureuse, la rousse phosphora : « Il est craquant, ce p’tit con. Remue-toi le popotin, ma vieille

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