146
pages
Français
Ebooks
2014
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Ebook
2014
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Publié par
Date de parution
22 janvier 2014
Nombre de lectures
54
EAN13
9782894556788
Langue
Français
Publié par
Date de parution
22 janvier 2014
Nombre de lectures
54
EAN13
9782894556788
Langue
Français
DANS LA COLLECTION ADRÉNALINE :
Le parasite
G EORGES L AFONTAINE
Bête noire
G ILLES R OYAL
Les marionnettistes, tome 1, Bois de justice
Les marionnettistes, tome 2, Le syndrome de Richelieu
Les marionnettistes, tome 3, Table rase
Retraites à Bedford
J EAN L OUIS F LEURY
La pierre perdue de Mongolie
C HANTAL D’A VIGNON
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Guy Saint-Jean Éditeur
3440, boul. Industriel
Laval (Québec) Canada H7L 4R9
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
www.saint-jeanediteur.com
••••••••••
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Royal, Gilles, 1947-
Bête noire
ISBN 978-2-89 455-280-3
I. Titre.
PS8635.O953B47 2008 C843’.6 C2008-940727-X
PS9635.O953B47 2008
••••••••••
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion Sodec 2008
© Guy Saint-Jean Éditeur inc. 2008
Conception graphique : Christiane Séguin
Révision : Hélène Bard
Distribution et diffusion :
Amérique : Prologue
France : Dilisco S.A. / Distribution du Nouveau Monde (pour la littérature)
Belgique : La Caravelle S.A.
Suisse : Transat S.A.
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2008
ISBN : 978-2-89 455-280-3
ISBN ePub : 978-2-89 455-678-8
ISBN PDF : 978-2-89 455-677-1
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Guy Saint-Jean Éditeur est membre de
l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL)
SEPTEMBRE 2013
À mon père Jean
et à l’ami Pierre Côté,
décédés du cancer.
Les personnages et les événements
décrits dans cet ouvrage sont fictifs.
Toute ressemblance avec des personnes réelles,
vivantes ou mortes, est une pure coïncidence.
« Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l’injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère. »
P AUL É LUARD , Dit de la force et de l’amour
Prologue
I l y a toujours un moment de flottement à la fin d’un spectacle, comparable à l’instant du réveil lorsque l’on tente de ramener des fragments de rêve à la conscience, des souvenirs de formes entrevues et des échos de la nuit. La dernière chanson terminée, après les applaudissements, le temps resta suspendu dans la salle du bar Le Verre Bouteille. Comme s’il hésitait entre avance et recul rapide. Retour à l’envoûtement de cette dernière chanson qui semblait encore résonner dans la salle ? Ou saut brutal et contact avec la réalité ? Quelqu’un a pressé une touche invisible. On entendit d’abord le bruit d’une porte de frigo qui claque, puis des rires, des bribes de conversation et le tintement des verres que l’on retire du vieux lave-vaisselle. Mais tout semblait se dérouler dans un climat de torpeur, comme si le son avait de la difficulté à occuper l’espace. Jusqu’à ce que l’un des serveurs s’active sur le iPod du bar. On entendit alors Jane Birkin chanter La Javanaise . « J’avoue, j’en ai bavé, pas vous, mon amour ? Avant d’avoir eu vent de vous, mon amour. »
Ordinairement posté au bar, tout près de la caisse enregistreuse, Christian Lemieux était un habitué de l’endroit. De là, il pouvait se mêler aux conversations des employés et à celles d’un groupe de copains. Mais ce soir-là, il était exceptionnellement assis au fond de la salle, seul, tout près de la grande table de billard qui avait servi de support à la console de son. Il était entouré de nombreuses caisses noires cerclées d’acier, entassées pêle-mêle, et plusieurs fils couraient à ses pieds. Immobile, il semblait absorbé dans une profonde rêverie, mais il ne perdait rien de ce qui se passait autour de lui. Cette attitude de lézard, c’était plus qu’une déformation professionnelle chez lui. C’était son mode de vie.
Formé à la section des filatures du Service de la police de Montréal, il était rompu aux techniques de surveillance sur le terrain. Il avait développé une grande aptitude à déchiffrer les moindres signes visuels ou sonores, à capter le plus petit murmure, à saisir le plus imperceptible mouvement des lèvres. Pour deviner les astuces, les mots de passe et les codes des conversations secrètes, il avait une habileté qui confondait les experts. Il était passionné par ce travail lié aux renseignements, qui faisait de lui une sorte d’antenne humaine. Après cinq ans d’apprentissage, il était passé au service des enquêtes, où il était devenu un inspecteur aguerri et respecté. On disait de lui qu’il était capable de passer entre la peinture et le mur, sans faire la moindre cloque. Mais pourquoi avait-il délaissé cette carrière et opté pour la pratique privée, il y a plus de vingt ans déjà ?
Le détective privé observait notamment un jeune serveur, blondinet, dans la trentaine, qui toisait avec mépris la foule quittant la salle. Christian Lemieux comprenait tout ce que disait le barman, lisant sur les lèvres, même à distance. Il s’amusait à ce jeu de devinettes. Le garçon monologuait à voix basse, s’adressant indirectement à quelques consommateurs assis près des pompes à bière. Il maugréait contre les spectateurs qui n’avaient bu que des jus de fruits ou de l’eau Perrier. Il pestait contre cette foule trop dense qui l’avait empêché de circuler entre les tables et, surtout, contre la maigreur des pourboires. Lemieux gobait chaque parole comme un reptile attrape des fourmis.
Lemieux porta alors son attention vers la salle. Il était surpris par la rapidité avec laquelle les techniciens démontaient et emportaient les accessoires de scène, comme s’ils voulaient effacer toute trace du spectacle. Il aurait préféré rester dans l’ambiance magique des chansons. Tout se défaisait trop vite à son gré. Il remarqua avec quelle attention ces professionnels détachaient les micros de leur support. Ils les tenaient comme des objets précieux et les déposaient délicatement dans des boîtiers de velours, comme s’ils étaient encore chargés de paroles. « Les micros, se dit-il, sont vivants. » Christian Lemieux savait quel pouvoir ils avaient.
Il était entré au service de la police en 1976, à vingt-deux ans, à l’époque de la célèbre enquête CECO sur les activités du crime organisé montréalais. Le banditisme entrait alors en phase de mondialisation. En réponse, les enquêtes policières, notamment les opérations de filature et d’écoute électronique, connaissaient une formidable expansion au Canada et aux États-Unis. Dès ses débuts dans la police, Lemieux avait participé à de vastes opérations de surveillance. La section de l’écoute électronique poursuivait un travail de sape méthodique et constituait une banque de renseignements sur les activités mafieuses. Le milieu interlope italien était aux abois, agité par des règlements de comptes et des assassinats.
Dans ces opérations d’écoute, ce qui importait le plus était de protéger les fameux micros et les enregistreuses Nagra auxquelles ils étaient reliés. On était loin des technologies à distance, au laser et à la fibre optique. Les systèmes d’enregistrement traditionnels étaient cependant le nerf de la guerre ; ils étaient même plus importants que les hommes. Pour un policier, le danger était de voir sa couverture mise à jour, de se faire brûler, comme on dit da