Butcher
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Butcher , livre ebook

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Description



L'as de la découpe au couteau a du travail sur le billot...


« J’étais pourtant convaincu de ne pas avoir l’ombre d’une dent contre ce mec. J’étais même absolument certain de n’avoir jamais croisé ce pauvre hère, une heure avant la fatalité de notre tête-à-tête. J’ai eu beau tripoter mon ça, mon moi et mon surmoi, pas une once de névrose n’avait entamé mon discernement. Néanmoins, avec un zèle confinant à l’hédonisme malsain, sans qu’il ait eu le temps de dire ouf, j’avais poussé une fois de plus ma lame à l’excellence. Oui, oui ! Excellence. Je pèse mes mots. »



L’écriture gouailleuse de Pascal Jahouel fait merveille pour relater le bel ouvrage d’un tueur à gages.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juin 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9791023402278
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Le tas de barbaque vautré par la grâce de l’attraction terrestre sur mes croquenots répondait au patronyme de Gaspard De Herr. Bien qu’en l’espèce, le vocablerépondrerelevât de l’imposture syntaxique. Certes le gazier s’acharnait à écarquiller grand sa gueule, mais ce n’était que posture imputable à ses velléités de braire, durant ce qui avait dû lui apparaître comme un début d’éternité. La tension artérielle et le débit expiratoire de pointe dans le rouge, il était dorénavant aux abonnés absents. L’homme en question venait d’être rattrapé par l’une de ces vacheries que la vie vous réserve parfois. Sans sourciller, avec célérité, concision et une égalité d’âme sans faille, je lui avais cisaillé le cou, d’une oreille à l’autre. De gauche à droite. Toujours... Je suis droitier. Et pas de quartier. J’étais pourtant convaincu de ne pas avoir l’ombre d’une dent contre ce mec. J’étais même absolument certain de n’avoir jamais
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croisé ce pauvre hère, une heure avant la fatalité de notre tête-à-tête. J’ai eu beau tripoter mon ça, mon moi et mon surmoi, pas une once de névrose n’avait entamé mon discernement. Néanmoins, avec un zèle confinant à l’hédonisme malsain, sans qu’il ait eu le temps de dire ouf, j’avais poussé une fois de plus ma lame à l’excellence. Oui, oui ! Excellence. Je pèse mes mots. Indéniablement, un crack du charcutage aurait trouvé matière à satisfecit dans la balafre. C’était un prodige de « coupe glacée », comme on disait dans le jargon. À tout coup, l’homme de l’art aurait louangé, pour sa méchante maestria, la limpidité et la profondeur de l’estafilade. Du cousu main. Pour autant, il n’y avait dans cette dextérité manifeste pas la plus infime prétention d’épater la galerie. Aussi regrettable soit-il, le profane n’y aurait décelé que magma sanguinolent. En tout état de cause, rien qui ne vaille plus qu’un fatras de trachée artère, de cordes vocales et d’œsophage en vrac. L’entaille bullait à gros bouillons. Béante en diable. Elle engloutissait la croix en or que ce zélote du christianisme exhibait avec
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prosélytisme. Fallait-il alors chercher derrière mon coup de surin agnostique la marque d’un quelconque dieu sanguinaire ayant guidé ma main assujettie au bistouri des sacrifices ? Pas plus. Etant donné ma condition de parpaillot devant l’éternel, les massacres sous couvert de religion ne relevaient guère de ma juridiction. Je n’étais inféodé qu’à un seul seigneur : Belzébuth. Et encore !
Une fois pour toute, il ne fallait voir, dans cette satanée taillade, que le fruit d’un marché dûment exécuté dans les règles de l’art par mézigue : Georges Gonzo, autrement qualifié « Butcher ».
C’est bien simple, je tenais le couteau automatique à cran d’arrêt comme l’éminence des armes létales. Il était devenu, au fil du temps, le prolongement de moi-même. L’âme sœur de ma cruauté. De ma morbidité. Ce foutu bout de ferraille trop mal aimé avait peut-être même pénétré le matériel génétique de mon génome. Alors, envers et contre tout, je m’acharnais à perpétuer la lignée des sicaires à rapière. À cultiver en quelque sorte
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la digne veine des Brutus, Charlotte Corday et, plus près de nous, de la « famille » de Charles Manson. Fatuité mise à part, en somme, après avoir eu maille à partir avec mon canif, Gaspard De Herr possédait à peu près autant de chances d’en réchapper que d’avoir coché les six bons numéros du Loto. Mais alléluia ! En exécrant le prosaïsme glacé d’un calibre, je lui avais ménagé la plage temporelle propice à pleinement sentir le goût de sa mort annoncée. La carcasse subclaquante de ce veau gigotait comme en proie à une crise d’épilepsie. Tout à mon affaire à nettoyer mon eustache, je m’en battais les steaks de ses soubresauts. J’ai ensuite été dénicher, sous l’évier de la cuisine, la wassingue chargée de circonscrire le flot de résiné, saturé de cholestérol, se répandant sur le parquet. Tandis que j’astiquais le sol, Gaspard De Herr s’escrimait à choper mon regard. Avec la bouche en cul de poule et les calots d’un hyperthyroïdien, il avait cet air ahuri du personnage duCriMunch. Mais pas de de lézard, j’étais un pro.…….>
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Photo couverture Carole Cœugnet
Cet ouvrage existe en version papier édité auxéditions du Horsaindans la collectionPetit Noir
____________________________ Pour consulter le catalogueNoire Sœur (Romans et nouvelles noirs) Une seule adresse :
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