Candidate
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Description

Brillante étudiante en sciences politiques, Laure Meziani est l’assistante personnelle de Pierre de Morangles, le candidat aux élections législatives du Nouveau Parti du Centre. La fascination qu’elle lui voue est sans bornes, et, lorsqu’il semble enfin la remarquer, elle profite de ces heures volées sans penser au lendemain. Mais après leur première nuit, elle ne s’attendait pas à se réveiller à côté d’un cadavre !


Pas plus qu’elle ne s’attendait à plonger dans l’envers du décor qui accompagne cette mort aussitôt transformée en événement médiatique. La campagne ne doit pas s’interrompre, et ce qu’il faut désormais au NPC, c’est surprendre... Quelle plus habile surprise qu’un nouveau visage, que personne ne connaît, que personne n’attend : celui de Laure ?


Alix de Morangles, charismatique veuve de Pierre et avocate renommée, a décidé de faire de la jeune femme la nouvelle candidate du parti, modelant son image, s’appuyant sur son ambition pour camoufler sa naïveté et son manque d’expérience.


Première surprise, Laure sera conquise par ce défi : grimper les échelons, acquérir du pouvoir. Mais elle n’est pas si naïve ; elle sait qu’elle va devoir se battre pour se faire une place dans un cercle très fermé... et surtout pour y rester. Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 février 2022
Nombre de lectures 16
EAN13 9782374539195
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Brillante étudiante en sciences politiques, Laure Meziani est l’assistante personnelle de Pierre de Morangles, le candidat aux élections législatives du Nouveau Parti du Centre. La fascination qu’elle lui voue est sans bornes, et, lorsqu’il semble enfin la remarquer, elle profite de ces heures volées sans penser au lendemain. Mais après leur première nuit, elle ne s’attendait pas à se réveiller à côté d’un cadavre !
Pas plus qu’elle ne s’attendait à plonger dans l’envers du décor qui accompagne cette mort aussitôt transformée en événement médiatique. La campagne ne doit pas s’interrompre, et ce qu’il faut désormais au NPC, c’est surprendre… Quelle plus habile surprise qu’un nouveau visage, que personne ne connaît, que personne n’attend : celui de Laure ?
Alix de Morangles, charismatique veuve de Pierre et avocate renommée, a décidé de faire de la jeune femme la nouvelle candidate du parti, modelant son image, s’appuyant sur son ambition pour camoufler sa naïveté et son manque d’expérience.
Première surprise, Laure sera conquise par ce défi : grimper les échelons, acquérir du pouvoir. Mais elle n’est pas si naïve ; elle sait qu’elle va devoir se battre pour se faire une place dans un cercle très fermé… et surtout pour y rester. Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?
 
 
Christine Féret-Fleury , après des études de lettres et quelques années de recherches doctorales axées sur les rapports texte/musique dans l’opéra, a fait ses gammes d’éditrice avec Pierre Marchand, chez Gallimard Jeunesse. En 1996, elle publie son premier livre pour enfants, Le Petit Tamour (Flammarion), suivi en 1999 par un roman « adulte », Les vagues sont douces comme des tigres (Arléa), couronné par le prix Antigone, puis par plus de quatre-vingt-dix autres titres (Glace, un roman dystopique publié en mars 2021 chez Scrinéo, sera le centième). La Fille qui lisait dans le métro (2018, Denoël) a été traduit dans vingt-quatre pays. Lectrice boulimique, elle aime tester à l’écrit tous les genres littéraires qu’elle aime… et il y en a beaucoup. Depuis le début des années 2000, elle se consacre principalement à l’écriture, mais continue son activité d’éditrice à temps partiel, tout en animant ponctuellement des ateliers d’écriture.
CANDIDATE
Christine Féret-Fleury
38 rue du polar
1
Le drap de soie gris-bleu avait glissé sur la moquette. Laure se pencha et le tira sur les reins de son amant. La rumeur des voitures qui circulaient sur l’avenue du Président-Wilson parvenait atténuée dans le vaste appartement à peine meublé. La veille au soir, elle n’avait fait qu’entrevoir un long couloir, un angle du salon. Pierre l’avait prise par la main et l’avait conduite, sans un mot, dans la chambre. Son regard, dont elle avait appris en trois ans à connaître l’intensité, allait de ses lèvres à ses jambes pour revenir aussitôt à son visage. Il la scrutait avec une sorte d’avidité. Comme s’il ne l’avait jamais vue. Comme si elle était une étrangère, une femme croisée dans l’obscurité d’une rue déserte ou dans un bar.
Elle s’étira. Son bras gauche était engourdi. Il s’était endormi, pesant sur elle, et n’avait bougé que pour lui tourner le dos – était-ce quelques minutes plus tôt ? Ou une heure ? Elle avait perdu la notion du temps. Laure plia et déplia plusieurs fois sa main pour chasser la sensation de froid qui l’envahissait. Peu à peu, des picotements parcoururent ses doigts raidis. Avec un soupir de soulagement, elle frotta ses paumes l’une contre l’autre et roula sur le côté.
Il était beau. Vraiment beau. Les épaules larges, les hanches étroites, presque rectilignes. Une légère ligne de poils blonds ombrait la raie de ses fesses musclées. Pour un homme de son âge – quarante-neuf ans – il se maintenait dans une forme étonnante. Jogging tous les matins, salle de sport trois fois par semaine, golf le dimanche. Avec sa femme, bien sûr, avocate renommée, la reine des fairways et des greens. Blonde, une peau bronzée par le grand air, une élégance sans artifices, de petites rides au coin des yeux.
Ils avaient eu trois enfants. Faisaient-ils encore l’amour ?
Arrête. Ne pense pas à elle. Ne pense pas à ça.
Avait-elle dormi ? Quand il s’était retiré d’elle, il avait marmonné quelques mots qu’elle n’avait pas compris. Sa voix était rauque, pâteuse. Il avait empaumé son sein gauche, l’avait pressé durement. Puis sa main avait glissé le long du flanc de Laure. Elle était restée immobile, savourant une joie qui ressemblait, soudain, à une terreur d’enfant.
Et maintenant ? Va-t-il allumer la lumière, me dire de me rhabiller, de partir ? Me dire… je ne sais pas, que c’était une erreur, qu’il n’aurait jamais dû, que…
Elle n’osait pas bouger, osait à peine respirer. Elle avait pleuré, laissant des larmes silencieuses déborder de ses yeux, mouiller son cou, sans les essuyer. Surtout, ne pas rompre le charme. Profiter de ces heures volées – quand pourraient-ils à nouveau passer la nuit ensemble ? Tant que la campagne électorale qui s’annonçait durerait, il trouverait des prétextes, s’il le désirait vraiment. Mais ensuite ? Une fois revenu dans sa circonscription, vainqueur – Laure ne pouvait imaginer que ce ne soit pas le cas –, il devrait présenter à ses électeurs l’image d’une famille unie, parfaite.
C’était la règle. Elle le savait.
Elle l’acceptait.
 
Elle tendit la main vers lui, se ravisa, la retira. Non. Elle allait le laisser dormir encore quelques minutes. Le premier rendez-vous de la journée n’était qu’à 10 heures, et le rythme de la semaine aurait épuisé n’importe qui. Conférences. Réunions publiques. Inaugurations. Longues séances de travail avec l’équipe de campagne. Pierre ne savait pas déléguer. Il relisait la moindre ligne destinée à la presse, contrôlait tout, visuels, communiqués, courrier, déplacements, jusqu’aux loisirs de ses collaborateurs. Elle le revoyait, les mains posées à plat sur son bureau, penché vers Olivier, le responsable web chargé de son blog.
— On n’en a rien à foutre, mon petit Olivier, de tes bourrins. Tourner en rond dans un manège, c’est bon pour les enfants. Mes électeurs jouent au golf ou au tennis. Enfin, ceux qui comptent. Ceux qui ont du poids dans leur commune ou dans leur entreprise. Alors tu mets ta cravache au placard et tu ressors tes clubs. Compris ?
Olivier s’était incliné. Il n’avait pas le choix. Aucun d’entre eux, d’ailleurs, n’aurait osé regimber. Ils suivaient tous le grand homme, pédalant ferme pour rester dans son sillage, pour recueillir les miettes de sa réussite – et peut-être, un jour, un héritage politique.
Laure les méprisait un peu. Elle n’était pas là par ambition mais par amour, ce qui la rehaussait à ses propres yeux. Et par conviction, bien sûr. Depuis le premier jour – depuis cette conférence à l’IEP d’Aix-en-Provence, où elle était en deuxième année – elle avait tout fait pour approcher Pierre de Morangles, le numéro un du NPC, le Nouveau Parti du centre. Elle avait pris sa carte, collé des affiches, préparé des enveloppes, distribué des tracts, organisé des meetings : toutes les besognes ingrates dévolues aux militants de base. Sans jamais se plaindre. Elle avait grimpé les échelons, un à un.
Et son obstination avait fini par payer.
 
La fenêtre était restée entrouverte. Les rideaux se gonflaient un peu, retombaient en plis mous. Laure entendit le léger bourdonnement d’une mouche, puis plus rien. L’insecte s’était posé sur la joue de Pierre. Elle le chassa d’un geste.
Il s’était montré pressé, presque brutal. Leur corps-à-corps avait ressemblé à un combat, rapide et âpre. Songeuse, elle effleura ses seins, son ventre. Ce corps qu’il avait envahi – possédé. En ressentait-elle de la déception ou de la fierté ? Elle ne savait plus très bien.
La mouche était revenue. Sale bête. Sa petite trompe goulue rivée à la peau pâle, légèrement luisante. Laure frissonna de dégoût et ferma les yeux.
Comme la chambre était silencieuse ! Elle n’entendait que sa propre respiration. Le temps, autour d’eux, semblait avoir ralenti son cours. S’être arrêté. Comme dans les contes de fées. Ils allaient rester là cent ans. Ils auraient le temps d’apprivoiser leur plaisir. De se découvrir.
C’était un beau rêve. Le prolonger… Encore une poignée de secondes…
La sonnerie de son smartphone se déclencha : 8 h 30. Ils auraient juste le temps de prendre une douche et un petit-déjeuner. À regret, Laure battit des paupières, revenant à la réalité. Où était la cuisine ? Elle allait préparer du café, des toasts. Presser des oranges. Il aimait les jus de fruits frais, elle le savait. Elle savait tout, ou presque tout, sur ses préférences et ses goûts. Elle l’avait épié, scruté, si longtemps !
Pierre n’avait pas bougé. Peut-être n’avait-elle pas pris la mesure de sa fatigue, de la tension qu’il subissait. Il faudrait qu’elle en parle à Hubert, le directeur de campagne. Il n’apprécierait sans doute pas qu’elle empiète sur son domaine, mais si la santé de Pierre en dépendait ?
Elle n’avait pas envie de le tirer de son sommeil. Pourtant, il le fallait ; les minutes passaient, impitoyables. La sirène d’une voiture de police retentit au coin de la rue avant de s’éloigner. Un chien aboya. Un enfant appela : « Mamie ! Mamie ! Viens voir ! » Sa voix claire résonna étrangement entre les murs nus.
Toujours cette mouche. Laure l’aurait volontiers écrasée. Sauf qu’on ne réveille pas un homme avec lequel on a fait l’amour pour la première fois quelques heures auparavant en lui assénant une grande claque dans le dos.
Tu as peur. Allez, lance-toi, trouillarde. Touche-le.
Oui – elle avait peur. De son premier regard. De ses premiers mots. D’être soudain expulsée du cocon d’intimité hâtivement tissé, et si fragile.
Elle n’était pas idiote, elle avait entendu des rumeurs. Sur les filles qui défilaient, les attachées de presse, les stagiaires, les « assistantes personnelles » comme elle, celles qui s’accrochaient, laissaient des dizaines de messages sur le portable du candidat, devenaient insupportables. On disa

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