Charlotte aux prunes
96 pages
Français

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Description

Épuisée par vingt-cinq ans de jonglage entre vie de couple, famille et boulot, Charlotte, la cinquantaine assumée, décide de quitter Paris et les siens pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Sans rompre complètement les ponts avec Romain, son mari resté à Paris, elle s’installe, seule et sur un coup de tête, au Bourguet, un petit village du Gers.


La rénovation de sa nouvelle demeure et son petit chaton occupent cette néorurale, amatrice de bons crus, autant que ses dossiers en télétravail. Mais encore plus que le reste, ce sont les rivalités des habitants du village qui rythment son quotidien. Et à Bourguet, il y a de quoi faire !


Nouant elle aussi amitiés comme inimitiés, Charlotte se fait une joie d’observer ce petit monde lors des vendanges à l’ancienne et de la fête du vin. Mais quand l’acariâtre Jeanne s’effondre après avoir bu un verre de rosé, les choses se corsent. Tout semble accuser David, son jeune mari volage.


Pourtant quelque chose chiffonne Charlotte dans cette affaire. Et malgré les remontrances de la Gendarmerie, elle décide d’enquêter.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2022
Nombre de lectures 7
EAN13 9782374539256
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Épuisée par vingt-cinq ans de jonglage entre vie de couple, famille et boulot, Charlotte, la cinquantaine assumée, décide de quitter Paris et les siens pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Sans rompre complètement les ponts avec Romain, son mari resté à Paris, elle s’installe, seule et sur un coup de tête, au Bourguet, un petit village du Gers.
La rénovation de sa nouvelle demeure et son petit chaton occupent cette néorurale, amatrice de bons crus, autant que ses dossiers en télétravail. Mais encore plus que le reste, ce sont les rivalités des habitants du village qui rythment son quotidien. Et à Bourguet, il y a de quoi faire !
Nouant elle aussi amitiés comme inimitiés, Charlotte se fait une joie d’observer ce petit monde lors des vendanges à l’ancienne et de la fête du vin. Mais quand l’acariâtre Jeanne s’effondre après avoir bu un verre de rosé, les choses se corsent. Tout semble accuser David, son jeune mari volage.
Pourtant quelque chose chiffonne Charlotte dans cette affaire. Et malgré les remontrances de la Gendarmerie, elle décide d’enquêter.
 
Ce roman est une fiction. Toutes les situations et les personnages sont purements fictifs, les lieux et l’intrigue ne relèvent que de l’imagination de l’autrice.
 
C’est lors de vacances d’été près de Montréal-du-Gers que Jane Tomsen , autrice franco-allemande, est tombée amoureuse des paysages aux douces courbes du Gers, et qu’elle y a planté le décor de sa nouvelle série, Enquêtes gasconnes : une quinqua franco-allemande, fraîchement débarquée de Paris, y mène l’enquête.
Une série de cosy mystery pleine d’humour, d’action, avec une bonne touche de sororité, ce qui ne gâche rien.
CHARLOTTE AUX PRUNES
Tartines et vin rosé - 1
Jane Tomsen
38 rue du polar
Laurence,
en souvenir d’une soirée entre copines
dans ton petit écrin gersois.
1 Coco
Madame Dabadie, Corinne, Coco pour les copines – et elle est persuadée que nous allons le devenir très vite, puisque c’est déjà sa seconde visite – se tient sur mon perron, ses cheveux grisonnants emprisonnés dans un petit catogan bien serré sur la nuque, le teint hâlé des jardiniers, un grand sourire collé aux lèvres et un plateau débordant de cookies dans les bras.
Mon troisième de la semaine et tous les voisins ne sont pas encore venus étancher leur curiosité. Cette installation dans la campagne gersoise va me valoir quelques kilos de plus !
Contrairement aux visiteurs précédents, des néoruraux en télétravail comme ma pomme, Coco est du coin. Elle a quelques années de plus que moi, mais elle a l’allant de ces femmes toujours en mouvement qui ont élevé une grande famille, aujourd’hui dispersée aux quatre coins du monde, tout en menant une carrière tambour battant dans l’aéronautique. Après avoir enterré ses parents trois ans plus tôt et s’être débarrassée de son mec sitôt les enfants sortis du nid, elle a largué son boulot et Toulouse pour revenir s’installer dans la maison familiale, et profiter, enfin seule, d’une préretraite bien méritée.
— Salut Charlotte, alors tu as pu joindre l’électricien   ?
Dois-je aussi lui révéler mon diminutif, peu commun en France et qui fait – faisait – sourire nos amis dans mon ancienne vie ? « Lotte ? Tu veux dire, comme le poisson ? ». Et moi d’expliquer les origines germaniques de ce surnom étrange… surtout qu’ici, ils me le prononceraient à la gasconne, j’en frémis. Est-ce une obligation sociale, un code entre voisines, histoire de sceller les amitiés fraîchement écloses ? Vais-je devoir écrire les aventures de Coco et Lotte ? Quelle horreur ! Je passe. On verra plus tard. En attendant de faire un pas vers le stade deux de notre nouvelle intimité, je soupire à fendre les âmes les plus endurcies. Dans ce petit coin de campagne, rien ne semble plus compliqué que de convaincre des artisans de se déplacer. Sur le fond, je dois bien m’avouer séduite par la lenteur des choses et le plaisir de prendre le soleil sur la terrasse plutôt que de courir travailler. Mais quand j’ai besoin d’un ouvrier, c’est nettement moins romantique !
Cependant, cet état de fait auquel je ne peux de toute façon rien changer ne m’empêche pas de saisir le plateau de cookies encore chauds et de faire entrer Coco dans ma cuisine. Elle jette un regard désolé sur les pots de peinture qui s’entassent dans un coin avec les rouleaux de jonc de mer.
— C’est pas gagné, hein ? s’inquiète-t-elle. Tu sais, moi aussi au début j’étais un peu dépassée par les travaux.
Je peine à croire que cette force de la nature à l’accent du Sud-ouest puisse être dépassée par quoi que ce soit, mais si elle le dit, je ne vais pas la contredire.
— Thé ? demandé-je par pure forme tout en mettant l’eau à bouillir sur le vieux fourneau à bois hérité de mes prédécesseurs, un couple « aussi ancien que le village » d’après Coco qui n’a pas peur des exagérations. Ce couple, de tricentenaires donc, avait décidé de passer l’arme à gauche deux ans avant, comme un seul homme et en toute discrétion, par un petit matin d’hiver. L’indivision avait fait le reste et, par la magie des disputes familiales, je m’étais emparée de cette merveille de maison pour une bouchée de pain, OK, une grosse bouchée qui avait englouti toutes mes économies, mais tout de même une misère pour laquelle, à Paris, je n’aurais même pas pu acquérir une chambre de bonne !
Coco s’installe sur une des chaises qui entourent la grande table de bois brut que j’ai enfin fini de poncer. Elle fait tourner dans ses mains brunies par les travaux du jardin une tasse portant fièrement l’inscription Beste Mama der Welt 1 . Son sourcil droit se lève comme toujours lorsqu’elle réfléchit.
— Un souvenir de vacances ?
— Un cadeau de ma sœur… il y a bien longtemps. Quand les enfants étaient petits.
— En allemand ? s’étonne mon invitée.
— Oui, je viens de Forêt-Noire. Enfin, avant Paris bien sûr.
— Je me disais aussi, avec un nom pareil ! Charlotte Kling-Delamarche…
Elle étire Delamarche aussi longtemps qu’elle le peut. C’est évident, elle attend une explication. Plus même, une histoire. Je m’incline, après tout pourquoi pas. Me raconter m’aidera peut-être à y voir plus clair, moi aussi.
Je lui sers une grande tasse de thé, je lui propose un sucre qu’elle refuse poliment, préférant prendre un cookie. Un de ceux qu’elle a apportés. Elle ignore superbement les deux autres assiettes qui trônent sur le buffet et que ses « grandes amies » Judith et Liliane m’ont offertes cette semaine.
Je touille mon thé pour faire fondre le sucre. Coco grignote son biscuit. Patiente, elle sait qu’elle finira par m’avoir. Une abeille curieuse s’invite dans la cuisine, puis repart par la fenêtre grande ouverte vers mon parterre de lavande. Le suspense est à son comble.
— Je suis allemande, mais j’ai fait mes études en France.
— Tu n’as pas la moindre bribe d’accent ! s’enthousiasme-t-elle.
Je brûle de lui dire qu’elle en revanche en a pour nous deux, mais je m’abstiens. Je ne veux pas la vexer. D’autant que j’aime l’écouter parler. Son accent, c’est comme si le soleil entrait dans la maison.
— Delamarche, c’est mon mari.
— Ton ex ?
— Non, mon mari, Romain. Nous ne sommes pas séparés…
Elle me jette un regard incrédule. Je ne suis certes ici que depuis une semaine, mais je suis venue souvent depuis que j’ai signé le contrat il y a quatre mois et je suis toujours seule. Je tente d’expliquer :
— Nous… nous faisons une pause. Mes enfants sont grands. Nous avons choisi des voies différentes. Je…
— Tu n’en pouvais plus ? s’exclame-t-elle avec un enthousiasme déroutant.
Elle est moins apitoyée que complice.
— Ah, je te comprends, hein, poursuit-elle, moi j’ai craqué aussi. On a beau les aimer, ils sont difficiles à supporter.
— Oui, je crois que ça résume bien la situation. J’avais besoin d’être seule. De savoir qui je suis en dehors de mon rôle de mère et d’épouse. J’avais l’impression de me mettre entre parenthèses depuis des années pour m’occuper d’eux. Enfin bref, il est à Paris, je suis ici. Mais nous sommes toujours mariés.
Elle enregistre cette information surprenante, prend une gorgée de thé, engloutit un nouveau cookie et décide d’en rester là. Pour l’instant.
— Et tu télétravailles ? demande-t-elle en lorgnant à travers la porte, vers la grande pièce à vivre où s’entassent mes dossiers sur un bureau minuscule.
Il faudrait vraiment que j’achète quelques meubles !
— Oui, je travaille pour plusieurs maisons d’édition, je traduis, je corrige, c’est selon. Mais je peux bosser d’où je veux, pas besoin d’être au bureau avec internet pour communiquer avec les auteurs, la prod, tout ça. Et puis j’ai une visioconférence de temps en temps avec les éditeurs.
— Tu es payée pour lire des bouquins en quelque sorte ?
Je reconnais le mélange d’incrédulité et d’envie dans ses yeux, comme souvent chez les gens à qui je tente d’expliquer que oui, lectrice est un vrai métier. Je n’essaie même plus de me justifier. J’enfourne juste un cookie en marmonnant :
— Oui, en quelque sorte.
Je regarde la vieille pendule qui trône au-dessus du buffet. Je l’ai trouvée au grenier et après l’avoir dépoussiérée, elle est repartie avec son énergie d’antan.
— Ouh la la, le temps passe vite en ta compagnie, Coco ! J’ai une visioconférence et je…
— Pas de problème, je file. Il faut que je m’occupe de Loulou. Je ne veux pas qu’il aille me terroriser tous les chats du village !
Elle se dirige vers la porte puis soudain se retourne et me tend une carte de visite.
 
Szyszka
– Travaux en tous genres –
Montréal-du-Gers.
 
— Appelle-les de ma part. Le père Szyszka et ses fils, ils font tout. Plomberie, électricité, peinture… tout ce que tu veux. Et, ne le répète pas, mais ils bossent bien mieux que le gars du coin.
2 Les travaux
Je regarde le jeune Apollon réparer l’éclairage de la terrasse, en position instable sur deux chaises. Si j’étais à sa place, je me rétamerais en moins de deux, mais je suis littéralement fascinée par son sens de l’équilibre. On dirait un danseur classique su

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