Cocktail au thallium
38 pages
Français

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Description

Hélène d’Aubigny épouse Mérinchal, s’écroule soudainement lors d’une réception. Son cœur a lâché !


Le commissaire Odilon QUENTIN, chargé d’interroger les témoins présents au moment du fait, est intrigué par la vie « peu ordinaire » du couple de riches industriels, chacun ayant une aventure adultérine affichée.


L’héritage laissé par la défunte laisse imaginer un crime, mais les suspects profitant de ce décès sont nombreux : la maîtresse du mari espérant des épousailles ; le greluchon de celle-ci courant après l’argent ; le frère de la morte qui hérite de ses biens ; l’époux qui aura toute autorité dans l’entreprise familiale ; la bonne qui est mère d’un garçon de huit mois dont le père est son employeur...


Beaucoup de prétendants au rôle de meurtrier, mais un seul problème : l’homicide n’est pas avéré faute de résultats d’autopsie concluants !


Malgré tout, Odilon QUENTIN se fait fort de débusquer le coupable et de le faire payer à tout prix...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782373472806
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 28 *
COCKTAIL AU THALLIUM
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Le commissaire Odilon Quentin arpentait son cabinet du Quai des Orfèvres comme un lion en cage, en suant à grosses gouttes. Pourtant, il avait retiré son veston qui pendait, étalé sur le dossier d'une chai se.
Le débraillé de sa tenue rendait le gros policier p lus massif encore, et de temps en temps, d'un geste rageur, il passait son i ndex boudiné dans l'échancrure de son col, comme s'il voulait débarra sser son cou de taureau du carcan qui l'étouffait.
L'inspecteur Chenu assistait lui aussi à l'interrog atoire, debout dans un coin du bureau, sans intervenir, en se demandant comment se terminerait cette séance éreintante qui durait déjà depuis près de hu it heures, sans interruption.
C'était à ne pas croire ; cependant, les chiffres n e mentent pas : l'huissier avait introduit Antoinette Beltey à deux heures pré cises, et il était maintenant dix heures moins cinq. Du soir évidemment...
Dehors, la pluie crépitait sur les carreaux ; et to ut à l'heure, lorsque le commissaire avait entrouvert la fenêtre pour dissip er les traînées de fumée qui flottaient dans l'atmosphère comme des nappes de br ouillard, une bouffée d'air froid et humide avait envahi la pièce, y apportant une odeur fugitive d'automne et de chrysanthèmes fanés, peut-être pour rappeler qu'on était le 2 novembre ; la fête des Morts...
À ce moment-là, Antoinette Beltey avait tressailli ; un long frisson l'avait secouée, de la tête aux pieds, et Quentin avait cru qu'il tenait enfin la victoire, que son interlocutrice allait s'effondrer, avouer l e meurtre de sa patronne... Mais non, elle avait froid, tout simplement. Et sur un g este du commissaire, Chenu avait baissé la vitre de la guillotine.
Depuis, la femme de chambre de la morte n'avait plu s bougé ; elle restait toute droite sur sa chaise, figée dans une immobili té de statue, mais on la devinait tendue comme une corde de violon prête à s auter. Elle était plus que jolie ; adorablement belle. Un visage de madone de la Renaissance sur le buste d'une Aphrodite sculptée par Praxitèle...
Quentin avait tout essayé : la chansonnette, la men ace, la persuasion ; tour à tour, il s'était montré paternel, brutal, bon enfant... Rien à faire.
Pourtant, Antoinette parlait ! Elle parlait même tr op ; lorsqu'il s'agissait des autres tout au moins. Comme à plaisir, elle embroui llait les situations les plus simples, donnant l'impression de vouloir éparpiller les soupçons.
Par contre, aussitôt qu'elle était personnellement mise en cause, elle rentrait
dans sa coquille, opposant un mutisme farouche aux questions directes ou insidieuses. C'était d'autant plus décourageant que le gros policier connaissait son métier ; il en avait épuisé toutes les ficelles . En pure perte d'ailleurs.
La femme bougea : elle s'empara du sac posé devant elle, sur la tablette du bureau ; et elle en retira un mouchoir dont elle se tamponna les paupières, avec infiniment de lassitude. Pourtant, elle n'avait pas pleuré. Jouait-elle la comédie ?... Désirait-elle afficher des attitudes d e vierge martyre ?...
Le commissaire lui accorda quelques instants de rép it, et s'approchant de son collaborateur il échangea avec lui quelques phr ases courtes, dans un murmure à peine perceptible, sur le mode désabusé :
— Le malheur c'est que je ne possède aucune certitu de. Les experts émettent des hypothèses. Leur rapport est alambiqué en diable. Les conclusions reposent sur des suppositions :« Si l'on devait considérer le décès comme suspect, peut-être y aurait-il lieu d'envisager l'e mploi de sels métalliques »...
— C'est vague...
— Encore pis : inconsistant ! Au surplus, on m'a re mis le dossier à titre d'information. Le parquet hésite à ordonner l'ouver ture d'une instruction officielle !
— De toute manière, votre responsabilité n'est pas engagée.
— Évidemment... Mais j'ai l'intuition qu'on a assas siné Hélène d'Aubigny, épouse de Léon Mérinchal. Et la femme de chambre me cache quelque chose. Je veux savoir quoi !
— Elle a du cran !
— Mieux que du cran, de l'héroïsme. Tu as prévenu C harron ?
— Il attend dans l'antichambre. Il prendra la clien te en filature aussitôt qu'elle sortira de votre cabinet.
Le gros policier hocha la tête :
— Bien... grommela-t-il, le front barré d'une ride d'obstination. En attendant, je vais reprendre l'affaire à zéro, on verra bien !
Et il alla reprendre sa place en face de cette jeun e femme de trente ans, qui lui tenait tête courageusement, comme un « dur » ; et il recommença depuis le début, sans énervement, têtu, avec la lourdeur d'un tank.
— Vous êtes en service chez les Mérinchal depuis 19 52 à titre de femme de chambre ; vous connaissez donc le genre d'existence que mènent vos patrons. Or, dans vos déclarations, je relève une évidente c ontradiction.
« D'une part, vous prétendez qu'une entente parfaite régnait dans le ménage
de vos employeurs ; de l'autre, vous reconnaissez q ue Madame, née Hélène d'Aubigny, avait un amant, et que de son côt é, Léon Mérinchal entretenait une maîtresse !
— Je maintiens mon affirmation : Monsieur et Madame s'entendaient fort bien ; l'un et l'autre savaient à quoi s'en tenir e t je ne les ai jamais entendus s'adresser le moindre reproche. Ils se laissaient u ne liberté complète, du point de vue sentimental.
— Comment expliquez-vous cette extraordinaire compl aisance ?
— À cause de la réciprocité qu'elle devait fataleme nt entraîner ; ou encore en raison de la situation sociale des deux époux ; matérielle aussi. N'oubliez pas qu'ils sont tous deux administrateurs d'une même so ciété : la« Métallurgique de la Meuse »mari elle. À ce sujet, Madame m'a confié un jour qu'avec son détenait plus de la moitié des actions. Les intérêt s du couple restaient donc indissolublement liés.
— Admettons... Vous prétendez également que Mérinch al avait mal placé son affection.
— En effet, son amie Suzanne Rivel le trompe odieus ement avec un greluchon, nommé Philippe Jarnage ; un propre à rie n, soit dit entre parenthèses !
— Votre patron vous honorait de ses...
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