Coup fourré dans les Monts d Arrée
97 pages
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Coup fourré dans les Monts d'Arrée , livre ebook

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Description

L'un est parfois l'ennemi de l'autre. On ne peut pas aimer tout le monde !
Qui n'a jamais songé à se débarrasser d'un gêneur, d'un importun, d'un adversaire ? Ou d'un voisin ! Cette idée a effleuré bien des esprits, alimenté des fantasmes, généré des pulsions... tuées dans l'œuf par la peur, la morale, la charité. Heureusement pourrait-on dire !
Mais les acteurs de cette histoire n'ont pas eu cette pudeur. Quelques gouttes de pluie sur le visage triste d'une femme énigmatique ont suffi pour scotcher un homme à un étonnant destin.
Dans sa situation, qu'auriez-vous fait ?

De Brennilis à La Feuillée, de Botmeur à Huelgoat, au cœur des Monts d'Arrée, suivez les protagonistes de cette histoire jusqu'au feu d'artifice final.

Prenez votre dose d'adrénaline dans ce thriller rural pétri de drames, de suspense et de sensualité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 novembre 2016
Nombre de lectures 24
EAN13 9782374533650
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
L'un est parfois l'ennemi de l'autre. On ne peut pas aimer tout le monde !
Qui n'a jamais songé à se débarrasser d'un gêneur, d'un importun, d'un adversaire ? Ou d'un voisin ! Cette idée a effleuré bien des esprits, alimenté des fantasmes, généré des pulsions… tuées dans l'œuf par la peur, la morale, la charité. Heureusement pourrait-on dire !
Mais les acteurs de cette histoire n'ont pas eu cette pudeur. Quelques gouttes de pluie sur le visage triste d'une femme énigmatique ont suffi pour scotcher un homme à un étonnant destin.
Dans sa situation, qu'auriez-vous fait ?

De Brennilis à La Feuillée, de Botmeur à Huelgoat, au cœur des Monts d'Arrée, suivez les protagonistes de cette histoire jusqu'au feu d'artifice final.

Prenez votre dose d'adrénaline dans ce thriller rural pétri de drames, de suspense et de sensualité.


***


Serge LE GALL vit et écrit à Pont-Aven. Il vous a entraîné dans les tribulations du détective Samuel Pinkerton, puis il a donné ses lettres de noblesse au commissaire Landowski. Pour la première fois sans eux, il vous emmène plus loin encore sur le chemin du suspense.
Coup fourré dans les Monts d'Arrée
Serge Le Gall
38, rue du Polar Les Éditions du 38
Nous sommes tous capables de tout et n’importe quoi pourvu que les circonstances s’y prêtent, que la pression soit forte, qu’on ait de bonnes raisons d’agir et que le moment soit favorable…

Michael CONNELLY
1
Quand je l’ai vue en imper mastic immobile sous le grand arbre du virage avec une valise cabossée à la main, je me suis dit que rien ne serait plus jamais pareil.
La pluie dégoulinait des branches avec une régularité insolente comme si elle ironisait sur le thème de la belle plante à arroser. Et cette foutue pluie commençait à mouiller ses cheveux noirs qui n’allaient pas tarder à se coller sur son front comme de la filasse à wassingue 1 . Il y avait déjà des coulures humides qui descendaient des épaules de l’imper usé vers sa poitrine. On aurait dit une carte des bayous de Louisiane menant à un trésor mirifique.
Sauf qu’ici, on allait plutôt se la jouer grave.
À ses pieds, une flaque sombre se formait lentement. Ses chaussures bon marché baignaient dedans. Des brindilles de bois mort surnageaient comme des radeaux fous. Le naufrage était inscrit dans leur histoire.
Elle ne jetait même pas un œil distrait vers le sol sur lequel elle était posée comme un candélabre inutile. Elle n’avait pas idée de faire un pas de côté pour ne pas tremper ses chaussures de carton bouilli.
Elle semblait ne penser à rien. À rien d’intéressant en tout cas, une manière de coup de pied virtuel à la lune pour se foutre du temps présent.
D’où je me trouvais, je voyais qu’elle n’avait pas boutonné son imperméable et qu’il bâillait à la manière d’un rideau qu’on aurait oublié de tirer sur des turpitudes intimes. Là, ce n’était pas forcément le cas car il s’ouvrait sur une jupe droite s’arrêtant très nettement au-dessus des genoux. Ceux-ci n’étaient pas ronds et lisses comme on aurait pu le croire. Non, ils étaient plutôt anguleux, à la manière de ceux des hommes.
Sinon, la donzelle portait un chemisier blanc avec une échancrure brodée à l’ancienne. Une sorte de caraco de grand-mère fleurant à vomir la naphtaline des boules antimites. Par-dessus, elle avait enfilé un cardigan dans les tons gris souris effrayée. Pour ajouter au kitch de l’accoutrement, elle affichait une chaîne en or à mailles plates terminée par un gros camé.
Curieux contraste du costume de la bonne à tout faire masquant un corps de feu et de sang manifestement à l’étroit dans le tissu trop strict. Je ne pouvais que l’imaginer. J’aurais dû le craindre comme la peste et fuir sans jamais me retourner.
De mon poste d’observation, je voyais bien que sa poitrine arrogante tendait la pièce de coton sans avoir besoin du moindre soutien. La courbure imposée au tissu de l’imper en attestait plus sûrement qu’une litanie de mensurations objectives.
Elle ne bougeait pas d’un cil. Son visage un peu blafard n’exprimait aucune émotion. Pas la moindre. On aurait dit la peau d’une geisha sur le tard. De la nuit comme de la vie. Elle regardait devant elle, indifférente à tous les bruits, comme si ce monde imbécile n’avait aucune prise sur elle.
Elle avait soigneusement appliqué du rouge à lèvres au ton mauve qui lui mangeait la figure. Dans le fond, c’était la seule touche de couleur un peu vive au milieu de teintes résolument ternes.
Il y avait quelque chose de pas naturel dans son attitude. De la tristesse tricotée à l’ancienne et mêlée d’une étrange peur fleurant la mort violente.
Vous auriez fait comme moi.
D’abord, vous l’auriez regardée parce qu’on ne pouvait pas passer à côté d’elle sans la remarquer et, ensuite, vous vous seriez approché parce que la curiosité vient assez naturellement quand on ne comprend pas. Sans penser forcément à mal, sans réfléchir non plus aux conséquences.
Et moi, je n’ai pas réfléchi.
Je me suis avancé. Dans le fond, je ne sais même pas pourquoi, parce que je n’en avais rien à faire d’elle. D’accord, je la trouvais pathétique plantée là sous la pluie battante et probablement attirante dans son allure de pauvre fille abandonnée sous un arbre. Énigmatique aussi dans son attitude et son accoutrement. Mais de là à faire jouer les violons…
Elle s’était postée dans le virage, devant un boîtier d’alimentation électrique et à deux pas d’un candélabre. Il ne passait jamais de bus à cet endroit. Ni presque personne d’ailleurs. À part les rares habitants du village cherchant quelqu’un à qui parler pour rompre la solitude anxiogène. Et pour casser du sucre sur les absents, coupables de toutes les manières. Histoire de se forger une conscience de citoyen. C’est tellement humain…
Elle n’avait donc pas de raison valable d’attendre ainsi. À moins de courir après une pneumonie. Il ne pouvait rien se passer d’autre que ce moment désagréable d’intempéries incontrôlables. Rien ne l’obligeait non plus à rester sous la pluie alors que sa maison était là, sur sa gauche, à une centaine de mètres.
Je ne l’avais pas vue souvent, mais je l’avais bien reconnue de loin. C’était la femme de mon voisin.
Il y avait suffisamment de questions à se poser sur sa présence en ce lieu pour que je ressente l’envie d’en savoir davantage. J’étais prêt à traverser la place déserte et mouillée pour aller lui proposer mon aide dans un élan d’altruisme un peu hypocrite.
Depuis que j’étais revenu au pays, pour un temps seulement, nous n’avions pas le moindre rapport de voisinage, mais elle n’allait quand même pas me manger. Elle pouvait avoir besoin de quelque chose et je ne voyais pas pourquoi je devais m’interdire cet élan. J’avais certainement de beaux restes de mon éducation judéo-chrétienne. Je ne m’en suis jamais caché.
Peut-être aussi que je me sentais seul et que cette femme étrange avait tout à coup imprimé ma rétine endormie de son image attachante. J’ai souvent pensé à cette scène fondatrice d’un incroyable chaos et je me suis demandé comment j’avais pu être si naïf.
J’en étais encore à mes interrogations et à mon désir naissant d’intervenir quand l’intrusion de son mari a tempéré mes ardeurs. Comme un diable de sa boîte, l’autre est sorti de sa propriété au volant de son 4X4, un ancien modèle couvert de boue, sans même faire attention à un éventuel véhicule qui aurait pu descendre sur sa droite et le percuter. Il a fait hurler son moteur en passant devant moi sans se soucier de me noyer ou non sous les trombes d’eau projetées par ses pneus à grosses sculptures. Il m’a toisé sans que je puisse imaginer un instant que ce n’était que le fait du hasard de temps et de lieu. J’ai cru qu’il allait ratiboiser les massifs d’hortensias avec son bulldozer. Il a fait déraper ses roues en virant au ras de sa femme qui n’avait pas bougé d’un pouce et il a stoppé brutalement dans un bruit de ferraille martyrisée.
Il est descendu de son véhicule dans un mouvement énergique et il a marché vers elle comme un homme en colère. J’ai cru qu’il allait l’effacer à jamais de la surface de la terre. Il s’est planté devant elle, raide comme la justice. Il l’a prise par le bras en serrant très fort, à lui faire mal visiblement, et il l’a entraînée vers la voiture où il l’a fait monter sans le moindre ménagement.
L’équipage ainsi reformé est passé devant moi : lui, regardant droit devant et ricanant ; elle, figée derrière la vitre constellée de gouttes de pluie, ses grands yeux noirs posés sur moi. Comme un appel au secours.
J’ai suivi des yeux cet étrange duo le temps de voir l’homme lever la main. Il a dû frapper durement sa femme à la tête puisque celle-ci a accusé le coup comme s’il s’agissait d’un match de boxe puis le véhicule a tourné sec à droite pour disparaître aussitôt.
J’ai posé mon carton de bouteilles vides à côté du conteneur qui débordait comme d’habitude. J’ai regardé autour de moi pour constater que j’étais bien le seul témoin de cette scène étrange. La petite place était calme, mouillée, apparemment déserte. Apparemment. Puis j’ai regagné mes pénates, un peu frustré. Un peu inquiet.
J’avais bien raison.
2
J’ai remonté tranquillement le raidillon qui menait chez nous. Sans un regard pour la centrale nucléaire de Brennilis tapie dans la verdure faisant partie de mon décor habituel.
Elle est encore là cette foutue centrale. J’ai manifesté contre, au début. On a même dit que j’étais dans le coup, en août 1975, quand il y a eu deux explosions. C’est vrai, j’étais en congés. De là à allumer la mèche…
Maintenant, je ne sais pas. Et ce n’est pas mon problème. On mettra plus de temps à la rayer du paysage qu’on a mis à la construire. Démantèlement qu’ils disent. Le retour à l’herbe n’est pas pour demain. Le nouveau directeur a passé deux ans en Chine. J’ai lu ça dans le journal. Il va attaquer le béton. Je lui en souhaite…
Mes deux chiens, un épagneul breton et un bâtard chafouin, ont jappé fort en me voyant revenir. Comme d’habitude, ils me reprochaient de ne pas les

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