Crime au théâtre
51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le commissaire BENOIT a bien besoin de se changer les idées et de ne plus penser aux crimes et aux assassins qui composent son lot quotidien.


Il assiste à la dernière représentation d’une pièce de théâtre dont le premier rôle est tenu par son acteur préféré, Lucien Guyon.


À la fin d’une magnifique et retentissante scène de colère, Lucien Guyon s’écroule, épuisé, dans un fauteuil et se saisit d’un verre d’eau pour se remettre de l’émotion.


Mais, après avoir bu, le comédien grimace, tente de se relever, retombe et demeure le regard fixe et la bouche ouverte.


Le rideau se baisse, le spectacle est terminé. Lucien Guyon est mort empoisonné...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070031728
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES DU COMMISSAIRE BENOIT
- 8 -

CRIME AU THÉÂTRE

de
Robert et Jean GRIMEY
I
 
La salle était comble. Pour la six cent treizième fois, le grand acteur Lucien Guyon jouait « La Belle au Cœur Dormant » et le directeur interrompait la carrière triomphante de cette pièce à cause d'un engagement cinématographique de son principal interprète. La santé précaire de celui-ci ne lui permettait pas de monter sur scène après une journée éreintante passée dans un studio.
Le commissaire Benoit qui professait une grande admiration pour le célèbre comédien avait tenu à l'applaudir dans sa dernière création. Ses longs voyages à l'étranger ne lui avaient pas encore permis de se rendre au théâtre, aussi avait-il loué deux places pour ce soir-là. Il avait emmené son secrétaire, Pierre Lissier, que toutes les manifestations de la vie et de l'art passionnaient.
Ils étaient placés au troisième rang des fauteuils d'orchestre.
En dépit de son titre de conte de fées, la pièce était moderne. Le rideau venait de se baisser sur la fin du premier acte et six rappels avaient salué le talent exceptionnel de Lucien Guyon.
Il paraissait très las et chaque fois que le public enthousiasmé le forçait à revenir sur le plateau, il s'appuyait sur le dossier d'une chaise et restait là, immobile, sans avoir même la force de s'incliner pour remercier.
Enfin, malgré les applaudissements nourris, le rideau ne se releva plus. Le brouhaha de l'entracte emplit la salle.
Comme il n'y avait pas de changement de décor, les trois coups furent frappés et le deuxième acte commença.
Lucien Guyon interprétait une scène magnifique dans laquelle il se donnait tout entier. Il était tour à tour tendre, douloureux et brutal. Une grande colère l'emportait sur les dernières répliques et finalement il s'écroulait sur un fauteuil, épuisé.
Toute la salle applaudit longuement.
Après cette scène, la pièce voulait que Guyon bût un verre d'eau. Il était préparé à l'avance sur un plateau. Violette Diana, sa partenaire, le lui tendit.
Tout Paris savait que ce verre contenait un médicament qui donnait au comédien malade la force de jouer la fin de l'acte.
Il but.
Il fit, ce soir-là, une horrible grimace et bégaya quelques mots inintelligibles. Il essaya de se lever, fit un pénible effort et retomba, les yeux fixes, la bouche ouverte.
Inquiète, Violette Diana se précipita vers lui. Elle saisit le verre, le regarda et le jeta sur le plancher où il se brisa.
On baissa le rideau.
Après quelques secondes d'attente, le régisseur vint faire une annonce : « Monsieur Lucien Guyon, souffrant d'un malaise, la représentation était interrompue. »
Les spectateurs avaient été témoins de la violence du mal. Ils ne protestèrent pas. Ils savaient que ce n'était pas un mensonge. Aussi se retirèrent-ils en silence.
— Quel dommage ! murmurait Lissier. J'aurais tant voulu connaître la fin.
— J'ai bien peur, petit, que tu n'aies jamais l'occasion de la connaître. Va chercher nos pardessus au vestiaire.
Lissier revint bientôt. Il avait l'art de se faufiler dans la cohue et de se faire servir le premier sans que ses voisins protestent.
— Patron, dois-je appeler un taxi ?
— Non. Viens avec moi. Nous allons faire un petit tour dans la coulisse.
Ils se renseignèrent près d'une ouvreuse qui leur indiqua le chemin pour passer sur le plateau.
Quand ils arrivèrent, il y avait beaucoup de monde sur la scène. Étaient présents : les interprètes de la pièce, le directeur, le régisseur, les machinistes et les habilleuses. Tous étaient affolés.
Dans son fauteuil, Lucien Guyon avait gardé la même pose horrifiée.
Il était mort.
 
* * *
 
Le commissaire se nomma et fit évacuer tout ce monde en donnant l'ordre que personne ne sorte du théâtre.
Puis il s'installa dans le bureau du directeur et interrogea celui-ci.
— Qui préparait le médicament qu'absorbait votre pensionnaire au cours de la pièce ?
— C'était son habilleuse, monsieur le commissaire.
— Comment s'appelle-t-elle ?
— Yvonne Gaudoy.
— Vous la connaissez bien ?
— Très bien, monsieur le commissaire. Elle est attachée au théâtre depuis plus de vingt ans. Lorsqu'il jouait chez moi, ce qui lui arrivait souvent, Lucien Guyon ne voulait jamais d'autre habilleuse.
— C'est bien, envoyez-la-moi.
Lorsque le directeur fut sorti, Benoit s'adressa à son secrétaire :
— Mon petit Pierre, tu vas me dresser une liste de toutes les personnes présentes dans l'établissement. Demande aussi au concierge s'il connaît le nom des gens qui ont pénétré dans les coulisses ce soir. Agis discrètement surtout, ce n'est pas la peine d'affoler les nerveux que sont toujours les artistes. Dis-leur que c'est une simple formalité administrative.
On frappa à la porte. L'habilleuse entra.
— Bonjour, Madame. Vous êtes bien Yvonne Gaudoy ?
— Oui monsieur.
— Vous étiez l'habilleuse de monsieur Guyon ?
— Oui, et même qu'il m'aimait bien. Ça, je peux le dire.
— C'est vous qui lui prépariez les médicaments qu'il prenait au cours du second acte ?
— Oui monsieur.
— C'est bien vous qui lui avez préparé ce soir ?
— Mais oui. Je lui ai compté ses dix gouttes bien exactement, comme d'habitude.
— Quel est ce médicament ?
— Je n'ai pas retenu le nom, mais je peux vous montrer la fiole.
— Où est-elle ?
— Dans la loge 5, celle de monsieur Guyon.
— Où est située cette loge ?
— Au rez-de-chaussée. Il choisissait toujours celle-là, qui est loin d'être la plus belle, parce qu'il ne voulait pas monter d'escalier, à cause de son cœur.
— Où prépariez-vous le verre ?
— Dans la loge et je le remettais à Arthur, l'accessoiriste.
— Bon. Pendant que la pièce se jouait, vous ne quittiez jamais la loge ?
— Ah ! mais si, forcément. J'ai encore à m'occuper de M lle  Laure Divry.
— La jeune première ?
— Oui. Et comme elle a un changement pendant le deuxième acte et qu'elle n'a pas beaucoup de temps, il faut bien que je la prépare.
— Donc, quelqu'un pouvait s'introduire dans la loge sans que vous vous en aperceviez ?
— Dame !
— Eh bien ! Je vous remercie. J'aurai peut-être d'autres renseignements à vous demander, mais vous pouvez rentrer chez vous.
— Vous ne croyez pourtant pas que M. Guyon a été assassiné ?
— Je le crains.
— Un si brave homme ! C'est cette pauvre petite Laure qui va avoir du chagrin.
— La jeune première ?
— Oui.
— Sa maîtresse ?
— Pensez donc ! Cela n'allait plus tellement fort entre eux, mais elle l'aimait bien tout de même.
— On a dit, il y a déjà quelque temps, que Violette Diana...
— Oh ! celle-là, c'était une de ses anciennes.
— Il y avait longtemps que leur liaison était rompue ?
— Elle l'était sans l'être. M. Guyon était volage et M me  Diana est jalouse...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents