D’urbex  et de fantômes
131 pages
Français

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D’urbex et de fantômes , livre ebook

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Description

L’exploration d’une maison abandonnée qui tourne à la catastrophe... Un amour parfait, un couple solide, mis à mal par la folie... Un crime atroce, perdu dans l’oubli... Ava et Shoshana parviendront-elles à vaincre ces vieux fantômes ? Ensemble ?
Sans y perdre la raison ? Entrez au cœur d’un double huis clos angoissant, entre notre époque et une sombre histoire vieille de soixante-dix ans. Entrez donc au pensionnat de la Substantion et frissonnez de terreur...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 avril 2021
Nombre de lectures 3
EAN13 9781716089084
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D’urbex
et de fantômes
 
 
MARCIA GARY

Copyright © 2021
Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
 
Tous droits réservés.
ISBN : 9798707686177
 
 
DÉDICACE
 
 
À Salomé,
À Boris.
TABLE DES MATIÈRES
 
TABLE DES MATIÈRES
DÉFINITION
1 - SESSION D’ URBEX
2 - AVA, SHOSHANA ET LILI
3 - ÉPILOGUE
NOTE DE L’AUTEURE
BIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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DÉFINITION
 
L’exploration urbaine, en abrégé urbex (de l’anglais urban exploration ), est une activité consistant à visiter des lieux construits et abandonnés par l’homme.
1 - SESSION D’ URBEX
Quelque part dans le quartier de Substantion, Castelnau-le-Lez, 12 septembre 2018
 
Ava marchait en tête, comme à son habitude. Elle avait tendance à toujours vouloir afficher ce côté courageux, aventurier à la limite de l’arrogance et de l’imprudence. Sa voiture, une Toyota bleu marine, était garée plus bas sur la route, le reste du trajet pour rejoindre la propriété se faisant à travers les herbes hautes à moitié couchées sur un chemin caillouteux. Shoshana faisait des petits pas derrière elle, l’invectivant à avancer moins vite, qu’elles n’étaient pas pressées, que la maison se tenait là depuis bientôt un siècle et qu’elle n’allait pas disparaître d’ici les cinq prochaines minutes.
— Oui, répondit Ava en courant presque désormais, mais je suis tellement impatiente de la voir ! Denali nous a dit qu’elle était vraiment spéciale, je veux savoir pourquoi !
— Ce n’est qu’une simple habitation… Stop ! hurla soudain Shoshana en marquant l’arrêt.
Ava se retourna d’un coup d’un seul, inquiète de découvrir son amie au sol ou peut-être blessée.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
Shoshana posait ses deux mains sur ses genoux, hors d’haleine, en regardant Ava par en dessous.
— Il y a que je suis essoufflée, tu files comme une voleuse depuis la route en bas, et le chemin grimpe sacrément. Alors je ne bouge plus tant que je n’ai pas reçu d’encouragement. Une petite motivation, quoi, tu vois ce dont je veux parler…
Ava partit d’un grand éclat de rire et se précipita vers Shoshana. Elle attrapa les bras de celle-ci, puis s’en entoura de façon surjouée. Leurs deux visages se retrouvèrent face à face : celui de Shoshana recouvert de fines gouttelettes de sueur, les pommettes roses comme des pivoines, et Ava avec son sourire resplendissant, une lueur de malice au fond des yeux.
— Ce que tu ne ferais pas pour gratter un bisou, toi !
Les deux femmes s’embrassèrent, avec l’habitude d’un couple vivant son amour depuis plus de dix ans et la fougue d’une passion jamais entachée par le temps. Enlacées ainsi, au milieu des champs silencieux et sauvages, elles semblaient sans âge, sans époque, comme deux âmes dressées là par hasard. Il aurait bien pu y avoir la guerre autour d’elles qu’elles n’en auraient eu cure.
Sauf qu’elles n’étaient pas là par hasard. Cet endroit, elles l’avaient cherché, étudié. Cette sortie avait été prévue et organisée dans la plus grande discrétion, depuis de longues semaines.
— Alors bébé, reprit enfin Ava après avoir décollé ses lèvres de la bouche de sa femme, on va la visiter cette ruine étrange ou pas ?
Cette fois-ci, parce qu’elle avait pu récupérer son souffle malgré ce baiser en apnée et qu’elle aimait jouer avec Ava, parce qu’elle aussi était impatiente de découvrir cette maison, ce fut Shoshana qui partit en courant sur les traces à moitié effacées par le temps de ce chemin oublié.
— La première arrivée là-bas a gagné !
Les deux femmes riaient comme deux adolescentes qu’elles n’étaient plus depuis bien des années. Filant à travers champs, elles sautaient pour éviter les ronces en travers de leur passage, se pliaient en deux en passant sous les branches effondrées des arbres centenaires.
Soudain, elles furent devant la bâtisse. Leur ami graffeur Denali leur avait parlé d’une maison du siècle dernier, à l’abandon au centre d’un champ entouré d’une forêt lugubre. Il leur avait indiqué quel quartier de la ville rejoindre, dans une commune à la périphérie de Montpellier. Il leur avait expliqué quel chemin goudronné («   Le chemin du Mas du Diable   ! Vous vous rendez compte du nom   ?   ») suivre en voiture avant de se garer au milieu de la voie, puisque de toute façon, il n’y avait plus rien au bout de cette rue. Il avait évoqué le petit sentier se perdant dans les herbes hautes, grimpant jusqu’à la maison abandonnée. Lui-même n’avait pas mis un pied à l’intérieur : « Pas de surface pour faire un beau graff ! » avait-il prétexté. Mais les filles l’avaient bien senti lorsqu’il leur en avait parlé, ce n’était là qu’une excuse. Il avait eu peur, tout simplement. Il arrive parfois que certaines demeures vous effraient sans raison, voilà tout. Et les deux femmes, fascinées depuis toujours par ces vieilles bâtisses abandonnées pleines d’histoire et de trésors, y avaient vu une occasion de programmer une session d’ urbex prometteuse.
— Comment font ces graffeurs pour dénicher des merveilles oubliées de tous ? Jamais on ne l’aurait trouvée toutes seules celle-là !
— Comment font-ils ? Et bien ils passent des heures entières à marcher au hasard, à errer à travers la ville et la campagne. Nous, nous avons un boulot à la place, un travail qui occupe nos journées et nous coince dans un bureau, voilà tout ! se moqua gentiment Shoshana.
— Coincée dans un bureau, parle pour toi ! railla Ava en donnant un léger coup de coude à sa chérie.
Il était vrai qu’Ava ne restait guère enfermée, toujours à couvrir un évènement sportif en extérieur ou chez des particuliers, armée de son matériel de shooting et de son bagou légendaire. En tant que photographe indépendante, elle avait le choix de ses contrats et, hormis les nombreux clichés de mariages et de grossesse, la base de ses revenus et ce qui rapportait le plus en somme, elle n’était guère cloîtrée dans un bureau. Ou le soir uniquement, lors de ses retouches et du tri de ses tirages du jour, dans l’intimité de leur salon chaleureux et cosy. Shoshana, elle, passait beaucoup plus de temps à plancher sur le contenu d’un article dans les locaux du journal qui l’employait, les yeux rivés sur son écran d’ordinateur et le dos courbé sur les touches de son clavier. Shoshana la solitaire, avec sa femme comme seule famille, trop de travail pour avoir des amis, excepté Denali. Casanière, studieuse, une beauté discrète et totalement dévouée à sa rebelle de compagne.
Ava fit quelques pas vers l’immense maison face à elles. Le domaine se terminait effectivement un peu plus haut sur une forêt dense, sombre, à l’odeur d’humus ressentie même depuis l’autre côté du terrain. La masure imposante, sans aucune fioriture ou décoration inutiles, donnait vraiment une drôle d’impression. Un sentiment d’angoisse écrasante en émanait, qui fit vite retomber le sourire joyeux de Shoshana.
— Je comprends pourquoi Denali n’est pas entré là-dedans, fit-elle à voix basse, comme si elle avait peur de réveiller quelques lugubres locataires.
— Tu dis ? la héla Ava quelques mètres plus en avant.
— Je dis que je comprends pourquoi aucun graffeur n’est venu s’amuser dans cette ruine, elle file des frissons !
Shoshana rejoignit sa compagne et, comme pour se rassurer, glissa sa main dans la sienne. Ava regardait le bâtiment avec des yeux écarquillés, luisants d’une curiosité dévorante.
La maison, massive, d’un bloc en forme de carré parfait, voyait l’essentiel de ses hautes fenêtres obstruées par des briques brutes. Elle devait dater des années début 1900, 1920 peut-être bien, mais sa toiture semblait intacte et ses murs bien résistants.
— Elle est impeccable, murmura Ava pour elle-même.
— Impeccable ? Si tu exclus les ouvertures condamnées et le lierre mangeant la moitié de la façade, alors OK, j’avoue qu’elle paraît être solide.
De vieux volets verts partiellement envahis de mousse fermaient les quatre fenêtres dégagées. Le toit en ardoise se perçait de quatre conduits de cheminée dressés vers ce ciel de septembre sans nuages. Les murs, sûrement blancs auparavant, se recouvraient désormais de moisissures de plus en plus présentes au fur et à mesure que l’on baissait le regard. Un escalier d’une dizaine de marches menait vers la porte principale : un panneau de bois marron plein, troué seulement d’une serrure d’apparence désuète. Au rez-de-chaussée, comme s’enfonçant sous terre, se distinguait une sorte de cave avec des fenêtres rectangulaires obturées par de larges barreaux de fer rouillé. Le tout donnait une impression de forteresse gardée close pour quiconque essaierait d’y faire pénétrer un peu de lumière.
Tandis que Shoshana était parcourue d’un frisson, Ava s’élança vers le perron de l’entrée :
— On y va bébé ? On entre ?
La jeune femme acquiesça malgré elle, ne se trouvant plus du tout l’âme d’une aventurière face à ce monobloc glauque et silencieux. Mais Ava ne reculerait pas devant l’aspect rebutant de la maison, alors elle prit sur elle et emboîta le pas de sa compagne.
L’épais panneau craqua sous les coups d’épaules d’Ava pour finalement s’entrouvrir dans un fracas sourd et angoissant. L’odeur parvenant aux narines des exploratrices se composait d’un mélange de champignons, d’animaux morts et d’une senteur de vieux cuir, vieux bois et vieux fer, le tout corrodé depuis des dizaines d’années sans jamais avoir séché ou ne serait-ce que vu un rayon de soleil purifiant. Le noir n’était pas total à l’intérieur, quelques traits de lumière passaient à travers les volets, semblait-il ; mais avant d’entrer, Ava et Shoshana saisirent leurs sacs à dos pour en sortir le matériel nécessaire.
Elles s’équipaient toujours de façon très précautionneuse : grosses lampes torches avec piles neuves, smartphones à la batterie chargée au maximum, trousse de secours pour parer à la moindre égratignure. Également, des bombes lacrymogènes pour se protéger d’éventuels squatteurs parfois agressifs, car peu enclins à

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