Dans la peau d un autre
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Dans la peau d'un autre , livre ebook

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Description

Les détectives Ned BURKE et Romain FAREL ont embauché un nouveau secrétaire en la personne de Alfred Landon, un homme ayant purgé deux ans de prison pour détournement de fonds et à qui Ned BURKE veut offrir une deuxième chance.


Pendant l’une de leurs absences professionnelles, Boris Tchiaguine, un ex-délégué du gouvernement russe, vient les solliciter à la suite du cambriolage de sa villa qu’il pense être l’œuvre de ses anciens confrères ou d’opposants revanchards.


Alfred Landon, voyant là une occasion de se remplir les poches, décide de se faire passer pour Romain FAREL et accepte de prêter main-forte à son « client »...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782373479959
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BURKE & FAREL
DANS LA PEAU D’UN AUTRE
Roman policier

H.-R. WOESTYN
CHAPITRE PREMIER
UN ÉMULE DE VIDOCQ
 
Tous les grands hommes ont leurs petites manies, un rien sans doute, absolument inexplicable, mais qui est leur côté faible.
Or, malgré qu'il n'eût jamais posé au grand homme, Ned Burke avait su s'acquérir la réputation, solidement établie – frisant de près la notoriété – d'être l'un des plus habiles limiers de la police privée.
Partant, comme il était devenu fameux dans son genre, il n'était point exempt de ces petites manies propres aux gens célèbres, et parmi celles-ci il en était une, surtout, particulièrement caractéristique de son tempérament.
Ned Burke ne souffrait pas la contradiction et croyait pertinemment en avoir le droit, quand son idée, son opinion, sa décision étaient une fois bien arrêtées.
C'était là, du reste, le seul point sur lequel il s'élevait parfois quelque divergence de vues entre lui et son ami Romain Farel, le seul élève qu'il eût jamais formé à son école.
Ce matin-là, entre autres, les deux détectives étaient, entre eux, d'un avis diamétralement opposé, au sujet d'Alfred Landon.
Il s'agissait, en l'espèce, d'un nouveau garçon de bureau que, quelques jours auparavant, Ned Burke s'était entêté à engager, en remplacement d'un autre qui leur avait fait défaut, cloué, pour de longues semaines probablement, sur un lit d'hôpital, à la suite d'un accident survenu dans la rue.
— J'avoue, fit Romain Farel, ne pas comprendre ce qui a bien pu vous pousser à prendre ce garçon chez nous.
« Les renseignements que nous avons obtenus sur Alfred Landon sont plus que déplorables et vous reconnaîtrez bien avec moi que la présence, dans nos bureaux, d'un homme qui a purgé deux ans de prison pour détournement de fonds chez un banquier, n'est pas tout à fait indiquée.
— Laissez-moi vous dire, mon cher ami, releva vivement Ned Burke, que sur ce point-là mon opinion est toute faite. Entre un banquier et notre homme, le plus voleur n'est peut-être pas celui qu'on pense, l'homme j'entends. Et les journaux tous les jours vous apportent la preuve de la scrupuleuse honnêteté des banquiers.
« Par conséquent, tout cela n'est qu'une affaire d'appréciation.
— Évidemment, répondit évasivement le jeune détective.
— Cet homme, reprit Burke, a payé sa dette à la société, après tout, pour un moment d'égarement...
« Il a droit à l'existence.
« Pourquoi lui interdire systématiquement de gagner honnêtement son pain ?
« De quel droit l'empêcher de se réhabiliter par une conduite exemplaire ?
« Voyez-vous, mon cher, il ne faut pas montrer tant d'intransigeance dans la vie.
— D'accord, mais pourquoi ferions-nous, plutôt que d'autres, œuvre de relèvement social des condamnés de droit commun ?
« Nous sommes des policiers privés et je crois bien que nous n'inspirerions guère confiance à nos clients s'ils savaient que nous employons à notre service des repris de justice.
— Landon est un garçon fort convenable, bien élevé, d'une tenue très soignée, et en qui je défie quiconque de deviner un ancien pensionnaire de Fresnes.
« J'ajouterai aussi qu'Alfred, par son séjour même parmi le gibier de potence, peut nous être de quelque utilité dans nos chasses à l'homme.
— J'en doute.
— Oubliez-vous donc que le fameux Vidocq, après avoir traîné le boulet au bagne de Toulon, finit par devenir l'un des as – que dis-je ! l'un des chefs même de la police ?
— Je crois que nous attendrons longtemps avant de voir Landon devenir chef de la Sûreté ! railla Farel.
— Il ne faut jamais jurer de rien, ami Romain.
« Qui vous dit que ce garçon n'a pas des aptitudes spéciales pour faire un bon limier de police.
Le jeune détective se redressa vivement, rouge d'une indignation qu'il ne cherchait même pas à dissimuler.
— Eh ! quoi, se récria-t-il, voudriez-vous, par hasard, nous l'adjoindre dans les affaires que nous sommes appelés à éclaircir ou à poursuivre ?
« Ah ! non... Ce serait vraiment par trop fort et du coup je donnerais ma démission, quel que puisse être l'attachement que j'ai pour vous, Ned.
— Ouais ! vous tirez là des conclusions qui ne riment à rien, mon bon ami.
« J'ai parlé des aptitudes que pouvait avoir Landon à faire un bon policier.
« C'est tout.
« Le garçon est intelligent, vous ne me contesterez pas cela, n'est-ce pas ?
— Non, certes.
— Et vous êtes-vous jamais occupé de savoir à quoi il passait son temps, ici à côté, dans l'antichambre où il attend nos visiteurs ?
— Ma foi...
— Non, n'est-ce pas ? Eh bien si, en son absence, vous aviez, comme moi, ouvert le tiroir de sa table-bureau, vous auriez pu y voir traîner un bouquin relatant les exploits du célèbre Sherlock Holmes.
« Niez donc, après cela, qu'il cherche à s'instruire en étudiant les curieuses méthodes de déductions du détective fameux, créé de toutes pièces par Conan Doyle !
— Pourquoi ne méditerait-il pas plutôt quelque mauvais coup, à la manière des malandrins que votre Sherlock Holmes poursuit avec acharnement ?...
Burke réfléchit un instant, puis déclara :
— Les deux théories sont défendables, évidemment...
« Ce qui ne m'empêchera pas de dire que vous avez à l'endroit de Landon des idées préconçues...
— Et moi de prétendre que, faisant table rase de ce que vous considérez des préjugés, vous poursuivez une idée fixe, très discutable, à mon avis...
— L'avenir nous le prouvera, Farel...
— En effet, l'avenir nous le prouvera et je souhaite que nous n'ayons pas à regretter, un jour, d'avoir engagé les services d'Alfred Landon...
Ces discussions, toujours faites sur un ton de bonne compagnie, ne s'envenimaient jamais au point de dépasser les limites permises.
Mais les deux antagonistes demeuraient, chacun sur ses positions, sans plus se convaincre que se faire de mutuelles concessions.
Ils laissaient au hasard ou à la suite des événements le soin de leur rendre, à l'un ou à l'autre, pleine et entière justice.
Et si, comme a dit le poète : Le combat cessait faute de combattants, entre eux la discussion s'arrêtait, faute d'arguments.
Ned et Romain s'étaient assis, chacun de son côté, aux deux extrémités de la large table qui leur servait de bureau. Le premier suivait des yeux les volutes de fumée bleuâtre du cigare qu'il venait d'allumer, tandis que le second se prenait à feuilleter les pièces d'un dossier ouvert devant lui, quand un coup discret frappé à la porte les fit se retourner tous deux.
— Ah ! c'est vous, Alfred, fit Burke en voyant entrer le garçon de bureau.
— J'apporte le courrier, répondit celui-ci en déposant quelques plis sur la table.
L'homme était bien tel que l'avait dépeint le vieux détective américain.
Très correctement vêtu, sans recherche pourtant, de taille moyenne plutôt élancée, ayant bonne allure et ne laissant nullement soupçonner qu'il pût avoir quelque tache dans son passé.
Il avait à peine dépassé la trentaine, et l'ensemble de sa personne était certainement sympathique au premier abord.
À l'examiner de plus près, toutefois, on remarquait quelques rides, caractéristiques de veilles prolongées et dessinant nettement la patte-d'oie aux tempes.
Le front large était quelque peu dégarni, pouvant aussi bien dénoter de rudes travaux de la tête que les ravages d'une passion dominante.
Les joueurs souvent ont ce masque fort accentué...
Son histoire était simple et l'aventure qui l'avait amené devant les tribunaux, d'une banalité bien commune de nos jours où l'honnêteté, la probité ne semblent plus être qu'un mythe.
La banque Spielmann et Greiber, où Alfred Landon était employé en qualité de comptable, était un de ces nombreux établissements financiers qui avaient surgi depuis la guerre sur le pavé parisien comme champignons dans les bois après une pluie d'été.
Des opérations hardies, des coups de Bourse téméraires et une spéculation effrénée sur

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