Dix jours de sursis
79 pages
Français

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Description

Jack DESLY est monté dans le rapide Dieppe-Paris afin de surveiller M. Rameson, un riche propriétaire de mines de diamants d’Afrique du Sud venu dans la capitale française pour vendre une merveilleuse collection de pierres précieuses à un joaillier de la place Vendôme.


Arrivé gare Saint-Lazare, Rameson ne quitte pas son compartiment. Il est retrouvé inconscient par un employé.


Jack DESLY, comprenant que l’homme est mort, se prétend médecin pour approcher le corps et le fouiller dans l’espoir de récupérer les gemmes... en vain.


Le surlendemain, le gentleman cambrioleur reçoit la visite de son ennemi juré, l’inspecteur Arthème Ladon, qui l’a reconnu dans la description donnée du soi-disant docteur.


Jack DESLY lui révèle alors qu’il est persuadé que Rameson a été empoisonné et se fait fort de lui ramener l’assassin sous dix jours ou, s’il n’y parvient pas, à se livrer à lui au terme de cette échéance...

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Informations

Publié par
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EAN13 9791070038741
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 20 -

Dix jours de sursis
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
DANS LE TRAIN DE DIEPPE
 
C'est à Rouen — Rive Droite — que Jack Desly monta dans le train qui venait de la Gare Maritime de Dieppe, se dirigeant sur Paris. Après une brève inspection des compartiments, il parut se décider et s'installa en face d'une jolie jeune femme aux cheveux acajou et aux yeux d'un vert pailleté d'or.
Il y avait encore deux autres voyageurs, des Anglais. Ils s'étaient embarqués à Londres — comme la jeune femme, du reste — par ce service classique, via Newhaven-Dieppe.
Ils suivirent d'un regard amusé le manège de l'élégant jeune homme qui paraissait vouloir chercher à lier connaissance avec la personne qui répandait un suave parfum, et ne purent s'empêcher de penser, en leur for intérieur que ces « Frenchmen » étaient inimitables dans ce genre de stratégie.
En effet, une demi-heure ne s'était pas écoulée que la jeune femme et Jack conversaient aimablement, à la faveur d'un gant tombé et ramassé aussitôt par Desly.
Cette mise en scène ayant réussi, Jack, certain à présent qu'on ne songerait jamais que l'inconnue n'était autre que son amie et collaboratrice Gladys Smith, changea insensiblement la nature de leurs propos, se mit à deviser à mi-voix comme s'il débitait des galanteries, et l'informa de ce qui lui tenait à cœur.
— Il ne se doute de rien, j'espère ? murmura-t-il.
— Je ne le pense pas. Il s'est installé à Dieppe, dans le compartiment du fond... Il est seul...
— Je l'ai vu en passant... Un homme grisonnant, au teint assez coloré.
— Oui, c'est bien cela.
— Parfait, Gladys, ma chérie...
— Prends garde, Jack... Tu risques d'éveiller la curiosité de nos voisins. Sois plus cérémonieux...
Il sourit et acquiesça d'un signe de tête. Puis, se levant et s'excusant, il passa dans le couloir pour fumer une cigarette.
Tout en déambulant d'un air distrait, il s'en fut jeter un coup d'œil sur le personnage que Gladys lui avait indiqué. Celui-ci, en entendant le bruit de pas, regarda d'un air défiant et, instinctivement, boutonna son pardessus.
On était au début d'avril et la journée était belle, ce qui ne justifiait nullement ce geste, mais Jack fut ravi de le surprendre.
Gentleman-cambrioleur et maître-escroc, il était sur la piste d'une excellente affaire. Gladys avait été précieuse, comme toujours. Installée à Londres, sur les instructions de Jack, pour une dizaine de jours, elle avait pu, sans attirer l'attention, se renseigner exactement, non seulement sur la prochaine arrivée à Southampton du paquebot Royal-Castle de la ligne du Cap, mais aussi s'assurer de la présence à bord de Mr Jack Rameson, dont les journaux avaient annoncé l'arrivée prochaine.
Mr Rameson était un riche propriétaire de mines de diamants d'Afrique du Sud et des indiscrétions assuraient qu'il apportait avec lui une merveilleuse collection de pierres précieuses.
Ces gemmes étaient destinées à être soumises à une grande maison de Paris. Gladys, à partir du moment où avait paru Mr Rameson, ne l'avait pas lâché jusqu'à son embarquement pour la France.
Son rôle allait se terminer.
Maintenant, c'était Jack Desly qui entrait en scène. Il filerait le négociant jusqu'à la capitale et comptait s'approprier le butin, le soir même, dans l'hôtel où descendrait l'étranger.
Inutile de s'installer dans le compartiment de Rameson. Cela ne servirait qu'à le faire reconnaître plus tard, à Paris. L'homme devait se tenir, évidemment, sur ses gardes. C'est également pourquoi Jack n'avait pas cherché à lier connaissance.
— Il a les diamants sur lui, se dit Jack. Son mouvement instinctif de boutonnage le prouve...
Un contrôleur apparut, quémandant les billets de sa voix monotone et correcte. Il pénétra dans le compartiment de M. Rameson, s'acquitta de sa tâche, puis continua à vérifier les tickets des autres voyageurs.
Jack venait de jeter le reste de sa cigarette et revint s'asseoir en face de Gladys. Les deux Anglais étaient absorbés dans une pile de journaux amoncelés près d'eux.
Le train ralentit et les roues commencèrent de tressauter sur la série de croisements de rails qui annonçaient l'arrivée toute proche.
Jack éprouva de nouveau le besoin de griller une cigarette et retourna dans le couloir. En réalité, c'était pour éviter de perdre celui qu'il surveillait.
— Il dort, constata-t-il.
La tentation lui vint à l'esprit de profiter de ce sommeil, pour...
— Non... Ce serait une sottise... Je risque de me faire prendre bêtement. Ne soyons pas trop pressés.
Les voyageurs commençaient à affluer vers l'extrémité du wagon pour gagner la sortie. M. Rameson était toujours confortablement adossé à ses coussins, la tête légèrement penchée de côté, le visage calme, les yeux fermés.
Un dernier grincement de freins et le convoi stoppa. On était en gare Saint-Lazare. Jack fut subitement embarrassé. Était-ce une feinte ingénieuse de Rameson pour laisser passer tout le monde et s'assurer que nul suspect ne s'attachait à ses pas ?... Que faire ?
Un employé apparut. Desly lui désigna le dormeur :
— Ah, s'exclama l'homme à casquette, faut le réveiller... Attendez, j'y vais...
L'employé entra, secoua M. Rameson et poussa un grognement de stupéfaction, Jack se précipita derrière lui.
En quelques secondes, il venait de comprendre.
— Il a un malaise, assura-t-il. Je... Je suis docteur... Je vais l'examiner...
Jack se pencha sur le corps affalé sur la banquette. Il savait bien que l'homme était mort !... La façon dont Rameson s'était écroulé était révélatrice. Mais il voulait gagner un peu de temps.
— Écoutez, déclara-t-il d'une voix pleine d'autorité. Il faut aller chercher une civière pour le transporter quelque part. En attendant, je reste là... Faites vite... Et ne dites rien à la ronde... Évitez un attroupement... Vous comprenez ?
— Oui, oui, bien sûr... Vous le surveillez, hein ?
À peine l'employé parti, Jack, avec une surprenante rapidité, déboutonna les vêtements de l'homme et le palpa dans tous les sens. Il serra les mâchoires. Rameson avait déjà été dévalisé !...
Situation éminemment désagréable...
Jack Desly n'avait plus rien à faire là. Mais, s'il s'éclipsait, l'employé ne manquerait pas de le conter et cela jetterait d'inutiles soupçons sur sa conduite.
Mais, s'il restait ?... Tôt ou tard, on ne manquerait pas de s'apercevoir du vol, et, automatiquement, Desly en serait soupçonné par l'inspecteur Arthème Ladon, son ennemi de toujours.
— Bah, se dit-il philosophiquement, après tout, Ladon ne se sera pas trompé, puisque j'avais bel et bien l'intention de...
L'arrivée de l'employé auquel s'était joint le médecin de la gare interrompit ses réflexions. L'homme de science salua son « cher confrère » et lui demanda des détails.
— Je crois, dit Jack sans sourciller, qu'il s'agit d'une crise cardiaque... Mais voyez vous-même...
Les symptômes que présentait le corps semblaient confirmer, à première vue, les dires de Desly. Le véritable docteur hocha la tête et acquiesça, après un rapide examen.
— C'est tout à fait exact, mon cher confrère...
— Je vous quitte donc, déclara Jack. Au plaisir de vous revoir...
— À qui ai-je le plaisir de parler ?
Aïe... Desly, qui pressentait la question, n'était pas parti assez vite. Il ne pouvait prétendre l'ignorer.
— Docteur Martin, prononça-t-il. Jean Martin...
Il sauta sur le quai et disparut. Il était furieux...
Furieux contre lui-même, contre tout le monde. Une si belle affaire qui disparaissait en fumée.
Dès le lendemain matin, les journaux relataient le décès subit de M. Jack Rameson, dans le train du service Londres-Paris.
Desly était en pyjama d'intérieur, dans son charmant petit studio à La Varenne. Assise sur le divan, Gladys en robe de chambre bleu ciel, chiffonnait le quotidien que son ami lui avait tendu.
Le domestique annamite Nan-Dhuoc, qui complétait le trio d'associés, venait de desservir le guéridon sur lequel le couple avait pris le petit déjeuner.
Il allait et venait, glissant silencieusement sur le sol, de son pas léger et feutré. Un garçon admirablement stylé.
— Tu as vu, dit finalement Gladys, qu'on ne parle nullement du vol des diamants, Jack ?
— Oui, murmura le jeune homme, j'ai vu...
— Ne crois-tu pas, poursuivit-elle, qu'après tout, Rameson pouvait les avoir expédiés par...
— Par la poste ? Non. Par un messager ? Pas davantage...
La jeune femme se pelotonna au milieu des coussins et appuya son menton sur sa main ouverte en forme de coupe.
— Je sais, Jack, que tu ne te trompes jamais... Cependant...
— Oh, jamais n'est pas le mot. Mettons que je me trompe rarement, rectifia-t-il, l'œil toujours sombre, mais ici, vois-tu, il doit y avoir quelqu'un qui m'a devancé...
— Sur quoi te bases-tu ?...
...

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