Elle était si jolie...
147 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Elle était si jolie... , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
147 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Léna élève seule seule sa petite Ana, âgée de 6 mois.


Au milieu de la nuit, alors qu'elles dorment paisiblement, une ombre escalade la façade de leur immeuble et force la baie vitrée de leur appartement parisien.


Au réveil, la maman se dirige vers la chambre de son bébé mais voilà, le lit est vide...



Ana a été enlevée.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 54
EAN13 9782491580049
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nicolas Carteron
Elle était si jolie…
ISBN numérique : 9782491580049
Éditions Thanéot Courriel : editions.thaneot@gmail.com
Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou les reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je dédie ce roman à deux personnes extraordinaires que j’aimerai toujours, mes parents, Corinne et Jérôme Carteron.
Le temps emporte sur son aile Et le printemps et l’hirondelle, Et la vie et les jours perdus ; Tout s’en va comme la fumée, L’espérance et la renommée, Et moi qui vous ai tant aimée, Et toi qui ne t’en souviens plus ! Alfred de Musset
Chapitre Premier
Nuit noire, le moteur tourne encore pour chauffer l a voiture. Moins douze degrés dehors sans prendre en compte le vent, autant dire que c’est un coup à finir en Mister Freeze. Je me rends compte que mes vêtements ne sont pas bien épais. C’est un choix, il me fallait un maximum de flexibilité pour entreprendre ma mission. Au quatrième étage d’un immeuble, dort un bébé qui vaut un million. Je le sais parce que son père vient d’hériter d’un vignoble. Je me suis dit que c’était le moment de songer à l’ivresse d’une nouvelle vie. J’enfile mes gants et un bas sur ma tête. Mes cheveux me gênent. J’aurais dû penser à les raser. Une lampe s’allume au plafond et le rétroviseur me renvoie l’image d’un shar-peï. Impossible de me reconnaître avec ce collant. Cinq heures et demie, Paris ne s’éveille pas. Je pense que la mère du gosse est encore dans les bMorphée et avec un peu de chance, elle dort sur sa seule oreille valide. Je sais que le père n’esras de t pas là. Tous les renseignements étaient en ma possession pour bien préparer ce coup. Sur la banquette arrière se trouve mon sac à dos, accessoire indispensable. Je coupe le moteur, jns l’habitacle et je regrette de ne pas faire ce’ouvre la portière, le vent glacial s’engouffre da kidnapping en plein été. La rue est déserte, les lampadaires éclairent d’un halo des parcelles de trottoir sur lesquelles des cristaux de glace scintillent en un tapis de diamants. Les immeubles sont modernes mais pas très beaux, le quartier est triste, il fait partie de ceux que je déteste le plus dans Paris. Bras croisés et collés contre mon ventre, dos courbé, menton rentré vers ma gorge, technique que j’appelle : « position de la tortue ». Tentative désespérée de garder un peu de chaleur. Malgré ma cagoule, les moins douze me lacèrent le visage, j’ai la sensation que ma chair part en lambeaux. Deux cents mètres plus loin, un pont traverse le canal de l’Ourcq. La passerelle est condamnée en son milieu : on peut y voir des rails de chemin de fer désaffectés qui mènent à une usine abandonnée. Ces voies acheminaient probablement le charbon à une époque où l’industrialisation n’était pas que chinoise. Si je pense à ça, c’est pour éviter de penser au froid. Pas d’abri sur le pont, les vents y dansent tous en rond. Une lumière jaunâtre et blafarde longe les quais, elle est mon guide. Bientôt je serai au chaud et riche mais d’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. En dessous, l’Ourcq silencieux court entre les immeubles en une ligne grise et terne. La traversée me semble interminable alors que vingt mètres séparent un bord de l’autre. Les pieds sur l’autre rive, je me retrouve comme Sissi, faceà mon destin. Je pourrais me prendre pour Christophe Colomb avec mon allure conquérante. Un immeuble de sept étages se dresse devant moi, il a une certaine prestance, un standing incroyable. À un détail près, il est planté en plein dix-neuvième. J’appelle ce style de bâtiment : caisse de béton pour les pauvres riches. Les occupants vivent bien au-dessus de la classe moyenne mais n’ont pas assez d’argent pour squatter les beaux quartiers. Rester entre soi est une façon comme une autre de se complaire dans sa médiocrité. Quoi qu’il en soit , l’édifice est bien gardé : passe magnétique, digicode, caméra de surveillance, gardien. À croire que c’est le Fort Knox du pauvre. J’ai l’impression que l’immeuble me lance un défi. Défi relevé. Objectif : Quatrième étage. Le plus difficile est de trouver la première prise parce qu’il n’y a pas de balcon au rez-de-chaussée. Une unique gouttière descend le long du m ur. C’est mon point d’ancrage. Mes gants se collent au fer et je peux sentir le froid à travers le tissu. J’inspire un coup, j’expire, le dioxyde de carbone s’envole dans un jet de vapeur, la fureur d u Dragon. Pas le moment de tout remettre en question, je dois me lancer. Mes pieds me servent d’appui, mes mains à grimper. J’y vais doucement. Je me situe sous un balcon. Le plus important en escal ade est d’avoir toujours trois prises fixes. Deux sont envisageables mais il faut avoir un bon niveau . D’une main, je saisis le balcon. De l’autre, je m’y agrippe d’un geste vif en lâchant la gouttière. Me voilà en tête à tête avec le premier étage, je pends dans le vide. Si je tombe, ça va : trois mètres. Je me déplace sur la gauche. Un pendule est la première image
qui me vient à l’esprit. La position est parfaite. Là, une question me taraude. On dit un pendule ou u ne pendule ? Faut pas que je perde de temps avec des conneries pareilles. Je me concentre. Traction. Mes bras tirent. Mon corps se soulève. Ma jambe gauche bascule et se cale sous le garde-fou. De la main gauche, je m’accroche à une barre de ce même gardien de la folie. Stabilité. Je force sur m on genou gauche pour faire levier.Lève-toi et marche.Je me redresse et saute par-dessus le surveillant des zinzins. Décidément, je suis en forme ce matin. J’imagine une voix mécanique me dire : « Premier étage ». Le store est baissé, je ne peux pas voir l’intérieu r de l’appartement. Non pas que ça m’importe mais bon, simple curiosité. Une minute de repos est nécessaire, bien que je me sente au top de mes capacités. Je ne veux pas me presser. J’attaque la partie la plus difficile car, dorénavant, la chute pourrait être fatale. Les balcons des appartements sont séparés par de fins murs. Je colle mon torse contre l’un d’eux et grimpe sur la barrière. Debout , je peux atteindre sans problème le balcon du deuxième. Je recommence le même manège que pour le premier. Là, j’ai le muret avec lequel j’ai fait « coller-serrer » pour m’aider. J’atteins le second palier beaucoup plus rapidement. « Deuxième étage ». Je suis dans une sorte de frénésie, je ne m’arrête pas et enchaîne directement vers le troisième. Je refais les mêmes gestes et en moins de temps qu’il ne faut pour dire : « ascension », j’ai atteint le troisième palier. « Troisième étage ». L’escalade et moi, c’est une longue histoire d’amou r. Là, je m’accorde une petite pause. Ici, le store est ouvert. La baie vitrée donne sur un salon plongé dans l’obscurité. Il faut quelques secondes pour que ma vue s’y habitue. Un canapé d’angle en cuir se trouve au milieu de l’espace. Une télé à tube cathodique, grosse boîte carrée, est posée sur un meuble. Les pauvres riches. Une table basse, très basse se trouve entre le canapé et le téléviseur, avec qu atre coussins autour. Ambiance africaine. Un pan de mur est couvert de bambous et à côté un tableau de New-York fait face à une imitation deL’origine du monde, de Gustave Courbet. C’est quoi cette décoration ? Valérie Damidot a dû passer par ici. Je souffle de la buée sur la vitre et dessine un gros smiley souriant. Je fais tourner l’économie, je donne un peu de travail à la femme de ménage. Oui ! Les pauvres riches se refusent à faire certaines bassesses. Je me poste face au canal de l’Ourcq, il est toujours aussi triste. La Lune scintille, unique témoin de ma mascarade. Devant moi, l’usine désaffectée n’est qu ’un amas de tôles sombres. Certains vivent faceà cela et d’autres face à Notre Dame. On ne choisit pas ses voisines. Je prends conscience qu’il fait toujours très froid. Tout ce remue-ménage m’avait donné chaud mais d’être à l’arrêt… Je sais ce qu’il me reste à faire : poursuivre la montée. Mes mouvements sont fluides. Je suis plus rapide que Spiderman. Me voici très vite au quatrième palier. La perfection n’est approchable que par la répétition, dit-on. Toujours cette voix mécanique : « Quatrième étage, terminus tout le monde descend ». Un petit pas de danse s’impose. Un tour sur moi-même, une glissade latérale, j’attrape mon entrejambe, HIIIIIIHIIIIIIIIIIII. Je me trouve dans un tel état ! J’aurais envie de croquerle monde. La richesse est à ma portée. Comme au troisième, le store est levé, mais je le savais déjà. Je ne fais pas attention à l’intérieur. De mon sac à dos, je sors un pied de biche. Le bas de l’immeuble est bien protégé mais qu’en est-il des plqu’un pourrait cambrioler cet immeuble enortes-fenêtres ? L’architecte a-t-il pensé que que escaladant la façade ? La porte vitrée cède facilement dans un faible craquement à peine audible. La baie coulisse, tout est calme à l’intérieur de l’appartement. Plus un bruit, le silence est d’or à présent. Je referme derrière moi. La chaleur m’envahit. C’est agréable. Le sol est recouvert de moquette, un avantage. Il ne faut pas que je heurte le mobilier. Je passe un encadrement et me trouve face à une bifurcation. Si mes renseignements sont bons, à gauche se trouvent la chambre de la mère et à droite, le butin. La porte de laMadreest ouverte, je dois la fermer pe s’accélère. Paupières fermées, je me concentrour allumer ma lampe frontale. Mon rythme cardiaqu e un instant pour rester imperturbable et ne faire aucun bruit. Je m’approche à pas feutrés. Doucement. Je suis au ralenti. Le film Matrix me traverse la tête. À l’entrée de la chambre, une respiration faible et régulière est perceptible. Mon bras se tend vers la poignée. Mon cœur s’emporte à nouveau. Une boule naît au creux de mon ventre. La porte glisse lentement. La femme bouge et inspire un gros coup. Je m’arrête. J’ai peur. Ne te réveille pas. Ne te réveille pas. Ne te réveille pas. Ne te réveille pas.
La respiration retrouve son rythme de croisière. Faut pas que le paquebot se la joueConcordia. Porte close. Lampe frontale en place. Allumage.Inchino. C’est bien mieux avec de la lumière. Je rebrousse chemin et me dirige vers l’autre chambre. Un lit de bébé trône au centre. Surtout ne pas réveiller la gosse ; priorité : éteindre le baby phone. Une fois cette tâche réalisée, je me penche sur le berceau. Le butin est couché à sa place. Je ne vois pas la tête tout de suite parce qu’il dort sur le ventre. Je récupère la poche Kangourou dans mon sac à dos. J’ai suivi un entraînement intensif pour enfiler ce truc mais manifestement, les Jeux Olympiques ne sont pas pn cou. La patience me quitte, l’énervement me saisitour tout de suite. Je ne parviens pas à glisser mo , je force un peu et tout rentre dans l’ordre. Je soulève la gosse, plus légère qu’elle n’en a l’air. Je l’ai prise dans le mauvais sens. Une fois retournée, sa tête penche sur un côté, il faut la maintenir, je crois, c’est ce qu’on doit faire, non ? Même avec la lampe frontale braquée sur la trogne, la gamine dort. Je la fais glisser dans la poche comme u ne lettre à la Poste. J’ai envie de dire que je n’ai plus rien à faire ici. Je repasse par le couloir, déverrouille les quatre verrous de la porte d’entrée. La prudence et la sécurité sont importantes pour les pauvres riches :sait-on jamais, quelqu’un pourrait nous cambrioler. L’éclairage de l’étage est automatique. Deux choix s’offrent à moi : l’escalier ou l’ascenseur. Le bouton s’éclaire, un deuxième indique que nous nous rendons au rez-de-chaussée. Une musique d’ambiance fait passer le trajet plus vite mais pour moi, ça reste plus rapide que d’escalader la façade de l’immeuble. La mouflette dort toujours. J’imagine u ne voix mécanique me dire : « Rez-de-chaussée, passez par la case départ, touchez votre argent ». J’avance tranquillement, sors par l’entrée principale. La température continue sa morsure. Je me dépêche pour que la môme n’attrape pas froid, bien qu’elle soit au chaud, petit kangourou. Les quais, le pe moteur ronronne, le chauffage se met en marche.ont, les rues et la voiture sont mon itinéraire. L J’installe la gosse sur la place du passager, dans le siège auto que j’ai acheté spécialement pour elle. C’est une inauguration en quelque sorte. Elle ne qu itte pas le pays des rêves, c’est franchement impressionnant. Le véhicule démarre. Nouveau départ, nouvelle destination, à moi le million !
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents