Enquête dans le brouillard
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Enquête dans le brouillard , livre ebook

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Description

On ne s’habitue pas à la misère ! Malgré ses nombreuses années passées à côtoyer des criminels de toutes les espèces et issus de toutes les strates de la société, le Commissaire Odilon QUENTIN n’est jamais tant morose que face à une victime du sort, de la vie et de son assassin.


Aussi, quand il doit résoudre le meurtre de « Lily la Clocharde », une poivrote rongée par l’alcool et la déchéance, poignardée dans la rue, le policier met encore plus de cœur à l’ouvrage qu’à l’ordinaire.


Si tout laisse à penser à un crime de biffin, Odilon QUENTIN va se concentrer sur le passé bien plus glorieux de la défunte pour y découvrir un tueur d’une sordidité rare.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782373473469
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 35 *
ENQUÊTE DANS LE BROUILLARD
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Le couteau était posé sur le bureau du commissaire Odilon Quentin, au Quai des Orfèvres ; un eustache flambant neuf, à manche de corne, muni d'une virole en cuivre chromé servant de cran d'arrêt ; une arme redoutable en somme, bien en main, dont la lame pointue, affûtée comme un ras oir, possédait l'éclat argenté de l'acier poli.
On rencontre des outils de ce genre un peu partout : les mariniers s'en servent à bord de leurs allèges pour trancher les f ilins récalcitrants, ou au bistrot pour se couper un quignon de pain pendant que l'écl usier s'occupe de leur bac. On en trouve également dans la poche des rôdeurs ; et à Marseille, ces machins-là interviennent fréquemment dans les règle ments de compte entre nervis.
Le gros policier maugréait tout bas en envisageant ces hypothèses contradictoires ; puis, écœuré, il repoussa « son » eustache d'un geste las ; pourtant, c'était l'unique pièce à conviction dont il disposait pour élucider la singulière affaire que lui avait transmise le Parqu et.
Il s'agissait d'un meurtre, bien sûr ; mais d'un me urtre sans mobile ! Quelles raisons obscures peut-on invoquer pour justifier l'assassinat d'une vieille femme ne possédant ni sou ni maille, et ivre morte dix-hu it heures sur vingt-quatre par surcroît ?
Ensuite, le couteau était-il réellement l'arme du c rime ? Il était permis d'en douter, car le procès-verbal d'expertise s'avérait d'une lamentable inconsistance :
« Les lésions mortelles relevées sur le corps de la femme connue sous le sobriquet de « Lily la Clocharde » ont été causé es par un instrument métallique acéré et tranchant, dont les dimensions semblent répondre à celles de la pièce 410/291 annexée à la présente. »
D'autre part, l'examen microscopique des poussières contenues dans la fente destinée à recevoir la lame avait révélé la p résence d'un débris végétal d'une feuille de poireau en état de décomposition, de particules de tabac d'origine belge, et de graisse d'armurier en abonda nce.
Ces éléments d'apparence incohérente se justifiaien t, du moins jusqu'à un certain point : l'objet avait été découvert dans un tas d'immondices où pourrissaient d'innombrables trognons de choux et d 'autres détritus de légumes – beaucoup de bateliers se procurent en fraude du t abac belge ; or, le corps avait été découvert entre Pantin et Aubervilliers, à quelques centaines de mètres du canal de l'Ourq – enfin, la graisse confirmait l'état presque neuf de l'arme.
Quant aux empreintes digitales observées sur le man che de corne, les gars de l'anthropométrie en avaient photographié une sér ie complète, remarquable de netteté : elles appartenaient à Amélie Lecomte, dite « Mélie Pomme d'Api », titulaire d'un nombre impressionnant de condamnatio ns pour ivresse publique et outrages à la police.
Ce casier judiciaire chargé joint aux empreintes co nstituait-il un indice ou une présomption de culpabilité ? C'était infiniment peu probable, car l'intéressée avait tout simplement apporté le couteau au commiss ariat, en indiquant l'endroit où elle l'avait trouvé.
Donc, en fait, Quentin disposait pour se débrouille r d'un cadavre et d'un couteau. Encore le cadavre était-il pratiquement an onyme, car, si la victime était connue de tous les clochards de la région, personne ne connaissait son identité selon l'état civil. Pour ce qui est de l'arme, on v ient de voir que son histoire ne permettait guère de lui assigner en toute certitude un rôle dans cette tragédie sordide.
Alors, comme l'enquête n'en était qu'à son début, l e commissaire décida d'éclaircir sa lanterne, et il sonna l'huissier de la section, lui ordonnant d'introduire le premier témoin.
Grand, mais exagérément voûté, l'œil larmoyant, mai s la trogne enluminée, l'homme prit place sur la chaise que lui désigna le policier. Une barbe de quinze jours lui couvrait les joues d'une ombre sale, d'un gris jaunâtre ; et un tremblement convulsif agitait ses mains posées sur ses genoux. Peur ?... Non ; alcoolisme.
Quentin connaissait le genre et il amorça son inter rogatoire en souplesse, d'une voix éraillée, comme s'il voulait se ravaler au niveau de ce client en haillons :
— Alors, vieux ?... Cigarette ?
Le déchet d'humanité accepta le tabac avec satisfac tion ; par contre, il repoussa les feuilles de papier de riz en ébauchant une grimace qui voulait être un sourire : il préférait chiquer !
— Je t'ai convoqué pour une simple mise au point, e nchaîna le commissaire. Veux-tu me dégoiser ton identité ?
— Eugène Charbonneau, né à Douai le 16 avril 1898, célibataire.
L'épave avait 59 ans... on lui en eut donné 70, au moins !
— Moyens d'existence ?
— Je turbine sec ; avec les biffins.
Au cours de la longue conférence qui suivit, Charbo nneau essaya, vainement du reste, de convaincre son interlocuteur qu'il travaillait vingt-six
heures sur vingt-quatre à raison de dix jours par s emaine ; puis il conclut, en haussant les épaules avec philosophie :
— J'ai pas toujours fait ça ; j'suis un ancien d'la Légion : j'ai combattu dans le Rif, contre Abdelkrim et ses salopards.
Et après un silence peuplé de souvenirs héroïques, il ajouta à mi-voix, comme pour s'excuser :
— Sept blessures ; Médaille Militaire.
— Je sais, fit simplement Quentin. Tu as une dizain e de citations à ton actif. Maintenant, raconte-moi dans quelles circonstances tu as découvert le cadavre.
— Ben, c'est toute une histoire ! Faut vous dire d' abord que la Clocharde avait des bontés pour moi ; or, je lui avais offert un litre ou deux dans le courant de la journée.
— Tu te souviens encore de la date ?
— Lundi dernier ; il y a quatre jours.
— Donc, le 16 ; ça va ; continue.
— Nous avions pas mal pitanché et au moment de nous séparer la Lily m'avait donné rendez-vous.
—...
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