Ernest
121 pages
Français

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Description

Thriller Horrifique - 230 pages


Des années que les autres manipulent son corps à leur guise. Ernest n’a quasiment aucun souvenir de sa propre existence, mais maintenant qu’il est réveillé, il a bien l’intention de connaître les détails des actes fomentés par les habitants de son esprit.


Aidé par « les autres », il va dérouler le film de sa vie tout en expérimentant le présent.


Qui a vraiment buté les vieux ?


Qu’est-il arrivé à la Réjane ?


Et l’Émile... pourquoi qu’on le mange pas, l’Émile ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782379613609
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ernest

Gab Stael
Gab Stael






Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-360-9
Photo de couverture : Nomad Soul
Avant-propos


J’ai écrit ce roman, car j’estimais ne pas en avoir terminé avec Ernest. Pendant de longs mois, il a continué à me hanter, comme pour s’assurer d’un semblant de réalité. J’ai donc décidé de remonter le fil d’Ariane à ses côtés.
Ernest n’est en rien une suite, si vous avez lu Human Food, vous savez. L’intrigue se déroule avant sa rencontre avec Burke et Barbara. Ne vous attendez pas à une enquête du même genre, cela n’aurait aucun sens. Je vous propose de marcher sur ses traces, c’est tout.
Cet ouvrage est un accès à son quotidien, à son vécu, à ses pensées, mais également à celles des personnages qui l’ont façonné. Vous allez écouter ses voix intérieures et, peut-être, prendre conscience du rôle qu’elles jouent vraiment dans l’existence d’Ernest.
Il paraît que le meilleur moyen de connaître quelqu’un n’est pas de se fier à ses actes, mais d’enfiler ses bottes.
Alors, bon voyage dans la folie,
Gab.
Partie 1


« Tout comme les taupes, certains souvenirs sont hémophiles. »
Anonyme.
1

Souvenirs


Tapi dans l’ombre, Ernest est allongé sur le ventre, une oreille collée sur le vieux plancher du grenier. La morve au nez, il écoute ses parents s’écharper.
— Tu es bon qu’à semer des graines pourries ! Tu m’toucheras pas c’soir, l’tordu !
— Spèce de salope ! Viens me le dire en face !
Ce soir, son père est rentré avec les yeux vitreux, l’air mauvais et l’haleine parfumée au whisky. Ernest redoute qu’une fois encore, tout s’achève au cimetière. Son petit corps tremble de terreur, il a comme un tambourin endiablé en guise de palpitant dont les battements résonnent contre ses tympans.
— Tu as qu’à aller t’faire sucer l’gland vérolé par une chèvre, moi, y’est hors de question que j’la regarde, Ducon !
Les portes claquent. Les murs essuient la vaisselle. Le mobilier, en bon spectateur, offre des projectiles décoratifs que maman balance sur papa en guise de bouclier. Hurlements rauques et stridents embrassent un florilège d’insultes. L’ensemble se balade de droite à gauche et de gauche à droite dans l’espace à la manière d’une danseuse étoile. Ernest a une scène à l’esprit ; souvenir d’un panneau publicitaire sur lequel une princesse en tutu se trémousse avec un yaourt dans les mains. Appétissante dans sa robe immaculée, aussi onctueuse que le contenu du précieux pot de crème dessert qu’elle lève au ciel tel un trésor. On se rassure comme on peut. Malheureusement pour lui, la belle étoile s’évapore tout à coup de son esprit pour laisser place au physique ingrat du paternel.
— Ernesttttttttttt, ta mère ne veut pas que j’la baise !
Il a les bras fichés sur les hanches, sa langue de serpent caresse d’agacement un râtelier bruni par la nicotine, l’alcool et le manque d’hygiène. Dans son regard vitreux, Ernest lit un scénario terrifiant qui le force à se reconnecter illico à la réalité.
— Ernesttt ! D’où que tu t’planques encore, spèce de trouillard !
Au rez-de-chaussée, son géniteur braille son prénom en boucle, le traque dans toute la maison comme une bête, cavale de la grange à la cave à moins que ce ne soit de la salle de bain à la cabane à outils. « Ernest ! Ta mère pique une crise d’hystérie, bon sang, viens m’aider ! » « Ernest, ramène ta fraise, sinon je vais encore être obligé de l’assommer ! »
Pas folle, la guêpe ! Ernest préfère rester dans sa cachette. Quand l’Hector distribue des marrons, il cherche toujours à se placer en victime. Si jamais il se montre, Ernest sait très bien ce qui va arriver. Y’a belle lurette qu’il l’a compris ! Descendre en temps de crise, c’est finir avec des bleus sur tout le corps, l’esprit confus avec la vision trouble, si la chance passe par là. Pour rien au monde, Ernest ne souhaite répondre à l’appel. Certains des membres de sa famille l’ont fait, ils ont disparu depuis.
L’Hector l’affirme : la vieille est cintrée. Pourtant, c’est la seule à le protéger. La seule à savoir où il se terre quand les choses dégénèrent. Elle lui a indiqué cette planque, l’autre jour, en rentrant de l’enterrement d’Émile. « Ne reste pas là, il va te tuer ! » qu’elle avait décrété . « Grimpe au grenier ! Il te croit peureux, il ne t’y cherchera pas ! »
Elle avait eu raison. Même si le vieux avait littéralement pété un câble ce soir-là et frappé tout ce qui se trouvait à portée de main, il s’était contenté de se tenir au bas de l’échelle sans jamais poser un pied dessus. « Les monstres sont parfois terrorisés par leurs souvenirs », qu’elle lui avait expliqué. « Je veux que tu viennes ici quand il rentrera en titubant. »
Ernest applique cette consigne à la lettre et ça lui réussit plutôt bien. Roulé en boule dans son refuge, il songe souvent aux autres. À l’Émile en particulier, car c’est un peu à cause de lui s’il doit passer des nuits entières à frissonner dans ce grenier pourri. Papa ne s’en prenait jamais à lui avant ça, mais depuis que son frère a choisi de se planter entre le canon d’un fusil et un sanglier, les choses ont changé.
2

2015


— Bon sang, Ernest ! Bouge ta graisse de ce fauteuil, on a du pain sur la planche ! ordonne Rodolphe.
— Comme quoi ? Tuer papa et maman ? C’est déjà fait, j’te signale !
— Écoute, on ne t’a pas sorti de ce merdier pour que tu passes tes journées devant la télé. Refile-moi le contrôle, bordel !
— Certainement pas ! Je l’ai, je le garde ! Des années que vous vous servez de mon corps pour exister !
— Espèce d’ingrat ! Si on n’avait pas été là, tu serais devenu un légume. Regarde-toi !
Ernest est prostré dans son canapé depuis des semaines. Il passe ses journées devant des feuilletons américains en ruminant sa colère. Les Autres ont saboté les freins de l’auto sans qu’il soit au courant. Méritaient-ils vraiment de crever maintenant, après toutes ces années sans l’avoir rossé ? Hector s’était calmé, aucun coup à son encontre depuis qu’il s’était cassé une guibolle en glissant sur une flaque d’huile dans le cabanon à outils. Ernest avait quoi, onze ans ? Ce vieux schnock avait fini par capter qu’un descendant en vie assurerait l’aide et la survie. Lors de sa convalescence, il avait appris à Ernest à chasser, tirer, dépecer une bête, à s’occuper du gîte pour attirer les randonneurs. Si le fils savait comment ramener du fric à la maison, son paternel pouvait cuver son vin et sa mère délirer pénarde face à son miroir aux alouettes. Pour une raison obscure, elle s’était mise à poser devant la glace quand il avait neuf ou dix ans. Elle prétendait apercevoir des gens qui voulaient l’attraper à l’intérieur ; elle occupait ses journées à les en dissuader. Elle entendait des voix ? À la bonne heure ! Ernest aussi, et pas qu’une seule d’ailleurs. La preuve, les Autres le faisaient royalement tourner en bourrique en le coinçant dans des rêves-souvenirs abominables pour prendre le contrôle du véhicule (de son corps) . Maman lui avait montré la planque au grenier, appris à éviter les raclées du géniteur. Allumée du cigare ? Peut-être. Mais pas mégère pour un sou.
— Pas mégère pour un sou ? Mais mon pauvre Ernest, tu refuses la vérité, se lamente Giselle.
— Elle m’a aidé durant des mois et supporté les coups de poing à ma place sans jamais dire où je me cachais ! En guise de remerciements, elle est morte à côté de lui !
— Tu ne te souviens vraiment de rien du tout ? s’inquiète Rodolphe.
— De quoi je devrais me souvenir ?
— À force de vouloir le protéger, nous en avons fait un amnésique, s’étrangle Giselle.
— Et l’école ? Tu te rappelles l’école quand même, se rassure Rodolphe .
— Juste qu’on me surnommait Frisch le débile et Frisch l’obèse. Madame Martin m’envoyait au fond de la classe, car les vieux ne répondaient jamais à ses mots. Elle pensait que je ne les donnais pas. Je me souviens de quelques camarades, des récréations où j’en voyais des vertes et des pas mûres, des heures de colle récoltées parce que je n’apprenais pas mes leçons, celles dont Marlon devait s’occuper par exemple.
— Marlon ! s’offusque Giselle.
— Il est con comme un manche à balai parce que Simon et moi sommes allés en classe pour lui ! Ouvre les yeux, sœurette ! Il a cinquante piges et il ne sait ni lire ni écrire , rétorque l’incriminé.
— Hé oh, ça va ! Tu sais ce qu’il te dit, le balai ? J’ai oublié toute ma vie à cause de vous !
— Je me souviens la nuit, je me levais pour pisser à ta place afin d’éviter à maman de s’indigner devant les draps ou de patauger dedans durant plusieurs jours quand elle était en « crise majeure », confie Simon, l’érudit de la bande . Tu étais présent dans les moments que l’on considérait tranquilles… du moins, à ma connaissance. Il ne m’étonnerait pas d’apprendre qu’il en fut autrement pour certains de tes serviteurs…
— Oh, hé, ça va, le complotiste ! Mets-la en veilleuse ! On n’a pas vraiment besoin qu’Ernest croie qu’on a fichu sa vie en l’air, tempête Rodolphe. On a fait ce qu’on pouvait pour lui faciliter l’existence. C’était bien le but de notre venue dans sa cervelle, nan ?
— Arrêtez de vous disputer, c’est infernal ! Montrez-moi tout ce que j’ignore. Je veux tout savoir.
— Avant ça, dis-moi au moins que tu te rappelles quand je suis arrivé dans ta tête, demande Rodolphe.
3

Des Flash-back


Il se souvient du corps de son frère, fraîchement embaumé pour ses funérailles. L’Émile porte son dernier costume du dimanche. «  Un ange endormi  », dit le prêtre en larmoyant. «  Un bon petit gars  » affirme une voisine entre deux quintes de toux. Le paternel fait semblant de sangloter sur la dépouille du frangin, alors qu’il se féliciterait devant celle du sanglier, chanceux de s’être carapaté.
— Pourquoi on ne le mange pas, l’Émile ?
Sa question de gamin perturbé résonne dans toute l’église. Elle est accueillie comme un attentat. Tous les membres de l’assemblée convergent dans sa direction.

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