Heureux les élus
128 pages
Français

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Description

Thomas Fiera, la politique, cela n’est pas son domaine d’élection.

Quand il s’en mêle, les urnes deviennent funéraires et les bulletins, nécrologiques… Comme il a une bonne gauche et une méchante droite, sa conception du débat relève plus de la castagne que de la rhétorique et à l’heure de compter les voix il a un peu tendance à faire voter les morts.

Aussi, quand un de ses vieux potes - ex-gauchiste reconverti dans la notabilité vertueuse - lui demande de découvrir qui tente de torpiller sa campagne municipale, il accepte sans grand enthousiasme. Il va découvrir un marigot où l’on trouve plus de caïmans que de flamants roses et où la trahison est un mode de vie.

Mais dans le doute, Thomas Fiera ne s’abstient pas ; il fonce dans le tas, distribue des baffes et applique la bonne vieille méthode dite de la nitroglycérine : on secoue la bouteille et on voit ce qui se passe…

Avec Thomas Fiera, les élections, c’est pas une partie de campagne !

Suivi de 3 autres enquêtes acides de Thomas Fiera, Harcèlement, Sea, Secte and sun, Voleurs !

Informations

Publié par
Date de parution 20 janvier 2016
Nombre de lectures 297
EAN13 9782374530994
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait
La guerre est la continuation de la politique
par d’autres moyens.
Carl Von Clausewitz


La calomnie est en politique moins gênante
que la manifestation de la vérité.
Charles Péguy

C’est incroyable le nombre de femmes qui arpentent le monde de leurs jolies jambes. Pas loin de trois milliards en arrondissant à la sauvage. Si l’on n’en retient que les vraiment belles, celles qui vous tordent le cœur dès le premier regard, on doit encore avoisiner les cinq cents millions. En ne privilégiant, parmi celles-ci, que les plus futées, les esprits acérés, subtils, sensibles et cultivés, on avoisine encore les cent millions. Sur ces cent millions, combien resterait-il de femmes qui soient disposées à partager, ne serait-ce que fugitivement, la vie d’un machin bizarroïde et tourmenté comme moi ? Trois ? Cinq au mieux, si on prend en compte les suicidaires ? Et quelles probabilités pour que ces cinq kamikazes vivent en Europe ? En France ? À Paris ? À Belleville ? Dans mon immeuble ?

J’en étais là de mes cogitations à la con quand la sonnette de la porte d’entrée me ramena dans l’ici et maintenant que je persiste à appeler ma vie. Le caractère affligeant de mes perspectives amoureuses m’avait grillé quelques neurones et cela explique peut-être que je n’ai pas immédiatement reconnu Philippe Coudrier quand je le trouvai planté sur mon paillasson. Le fait qu’il ait pris trente kilos de mauvaise graisse, perdu cheveux et moustaches et troqué sa sempiternelle tenue de gaucho professionnel contre un costard cravate dut également contribuer – et pas qu’un peu – à ce que je le confonde avec un de mes clients habituels : cadre dans la débine, DRH aux abois, PDG en plein trip parano…

Je le conduisis jusqu’au petit bureau que j’avais aménagé au beau milieu de mon salon et qui, coincé entre un canapé Chesterfield ayant connu des jours meilleurs en 1923 et une bibliothèque pleine de polars et d’ouvrages consacrés à la Commune, tenait lieu d’agence Fiera.

Posant délicatement sa masse considérable sur le fauteuil visiteur qui me faisait face, il m’offrit un sourire fatigué, mais néanmoins chaleureux qui éveilla en moi un vague début de réminiscence. D’un geste du menton, il désigna les rayonnages croulant sous les bouquins fatigués.

— Je vois que tu n’as pas renoncé à tes convictions de jeune homme. Ça fait plaisir…

Le tutoiement me fit tiquer.

— On se connaît ?

Il ricana.

— J’ai changé à ce point-là ? Ne te fatigue pas à me répondre. J’ai des miroirs chez moi. Toi tu as juste vieilli, comme un arbre. Un olivier. Tu t’es endurci, tu t’es érodé, mais tu es le même. Moi j’ai changé. Je ressemble à mon père. Un gros con de bourgeois couperosé…

Il rigola. Un vrai rire cette fois. Plus jeune, plus léger.

— Tu ne me reconnais toujours pas ?

Je déteste ce genre de question débile, comme quand une femme vieillissante vous demande de deviner son âge et je bafouillai un vague n’importe quoi qu’il n’écouta pas.

— Et comme ça, tu me reconnais ?

Il se leva, monta lestement sur sa chaise et commença à haranguer une foule imaginaire :

— Camarades travailleurs, la Ligue des Jeunesses Révolutionnaires est avec vous pour vous aider à secouer vos chaînes et quand on aura fini de vous foutre dans la merde, nous retournerons passer nos diplômes pour entrer dans l’usine à Papa !

— Coudrier, m’exclamai-je. Philippe Coudrier !

Il redescendit de sa chaise et faisant le tour du bureau vint me serrer chaleureusement dans ses bras. Coudrier c’était le genre de mec à faire ça. Les étreintes viriles, les accolades de camarades, les bourrades à vous décoller la plèvre c’était son truc.

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