Illusoires vérités
115 pages
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Illusoires vérités , livre ebook

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Description

Et si, réellement, le monde dans lequel vous pensiez vivre n'était pas tel que vous le concevez ?Quand un data scientist, antihéros de la folie ordinaire, découvre grâce à l'intelligence artificielle que la philosophie recèle une vérité illusoire, une vérité quotidienne que chacun considère pourtant souvent comme une évidence, sa raison en est grandement ébranlée. Illusoires vérités est un thriller philosophico-scientifique qui vous plongera dans les affres de l'incertitude.
Il est des questions que la philosophie ne devrait jamais déterrer, serez-vous prêts à accepter de voir votre monde différemment ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 février 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782379799297
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Christophe Coudé
Illusoires vérités
ISBN numérique 9782379799297
ISBN papier 9782379799280
© janvier 2023
Christophe Coudé


Chapitre 1
Maximilien Kerouët marchait sans but le long de la Seine. Il errait plus qu’il ne se promenait réellement, mais comment pouvait-il en être autrement ? Le monde venait de s’effondrer et lui seul semblait en mesurer toutes les conséquences. Le monde, un mot désormais bien vide de sens, une gangue cachant un mensonge. Illusion, tromperie, aveuglement volontaire ou même simplement erreur de compréhension, la liste des leurres pouvait s’étendre à l’infini. Max commençait fortement à regretter l’aboutissement de ses recherches. Depuis la fin de ses tests, son esprit était devenu la proie du chaos. Et pourtant, il les avait multipliés. Un autre puis un autre puis un autre, toujours dans le vain espoir qu’au moins une fois ses théories seraient invalidées. Il avait beau revoir toute la littérature écrite sur le sujet, encore et encore, les mathématiques confirmaient désespérément son intuition.
À première vue, le monde paraissait pourtant si limpide, si immédiat. Le plus souvent, le quai de la Tournelle suffisait, le temps d’une promenade, à dissiper ses problèmes. Pour quelques instants, il appartenait au monde des bouquinistes, cherchant dans les coffres remplis de livres, un trésor qui éveillerait en lui la curiosité, le plaisir de lire. L’ombrage printanier, presque estival, des arbres finissait de le peindre comme un personnage d’un tableau impressionniste. Voilà ce qu’il était devenu, quelques touches de peinture au bout d’un pinceau, un simple morceau de bois soutenu par quelques fils. Certes, ses travaux lui avaient ouvert les yeux sur sa véritable condition, mais cela ne le renseignait pas pour autant sur qui, ou quoi, tirait les ficelles. Aristote, saint Augustin, Maïmonide. Et maintenant Laplace, Hobbes, Everett… Max ne pouvait plus avancer d’un pas sans tomber sur un auteur qu’il avait lu lors de ses recherches. Était-ce une simple coïncidence ? On s’interroge souvent sur certaines concomitances incroyables quand deux choses identiques arrivent exactement au même moment. Par exemple, lire un mot dans un livre ou un magazine à l’instant même où celui-ci est prononcé à la télévision. La coïncidence est extraordinaire. Mais c’est sans penser aux innombrables cas où les mots diffèrent sans pour autant attirer l’attention. Bien comprendre la notion de hasard et les mathématiques s’y afférant était la tâche qui lui avait causé le plus de difficultés lors de ses recherches.
Perdu dans ses pensées, Max ne vit pas la femme qui feuilletait un ancien numéro du magazine Fortune et la heurta avec rudesse. Le choc la fit chanceler, mais elle parvint à se maintenir. Elle lui lança immédiatement un regard de reproche. Elle allait même commencer à l’invectiver quand Max vit son regard se muer lentement en étonnement et ses traits s’adoucir. La jeune femme se signa, bégaya des excuses et jeta maladroitement son Fortune dans le coffre vert wagon du bouquiniste avant de s’éloigner à grands pas, non sans lui lancer de temps en temps un coup d’œil. Max en resta interdit. Bousculer quelqu’un sans s’excuser n’entrait pas dans ses habitudes, mais là, le scénario ne collait pas. Surtout, il ne parvenait pas à déterminer la nature des émotions qui venaient de défiler sur le visage de la jeune femme. Peur, déférence, piété ? L’avait-elle pris pour Dieu ? se demanda-t-il en riant. Pourtant, cette idée s’était déjà insinuée dans son esprit, mais il l’avait immédiatement repoussée, il ne devait pas croire à une telle possibilité sans risquer de verser dans la schizophrénie. Et puis finalement, pourquoi pas ? Ses travaux démontraient clairement qu’on ne pouvait pas escamoter cette hypothèse. Il devait faire quelque chose sinon il allait être submergé et dépassé.
Max reprit maladroitement sa route, veillant à ne plus heurter quiconque. Malgré tout, un nuage de pensées continua à brouiller sa vision et la succession des coffres installés sur le parapet défila comme autant de taches verdâtres dans un monde en accéléré. Sans s’en apercevoir, il commençait à presser le pas, évoluant au milieu d’un couloir aux bords opaques qui s’orientait au gré de sa marche. Max dut se forcer à s’arrêter près du muret. De l’autre côté de la Seine, Notre-Dame siégeait tel un sphinx, ses deux tours montant la garde. Un passage entre le Créateur et la création ? Pourquoi pas après tout ! Pourquoi avait-il pleuré devant Notre-Dame en feu alors qu’il se pensait agnostique ? Était-il lui-même ce créateur, n’était-il qu’une création infime ? Une chose était sûre, ses travaux risquaient de perturber beaucoup de monde. Un couple passa près de lui. Ils durent sans doute se demander pourquoi cet homme d’âge moyen pleurait sans bruit en regardant la cathédrale. Max reprit sa route et se dirigea vers le RER. La bouche du métro Saint-Michel s’ouvrait toute grande dans le sol, engloutissant chaque jour des milliers de passagers. Il s’y engouffra à son tour, laissant à la surface ses interrogations le temps de quelques marches et couloirs. La rame apparut alors qu’il débouchait sur le quai. Pour une fois, la chance était avec lui.
Il profitait généralement du parcours pour lire un roman, mais cette fois-ci sa concentration n’était pas suffisante pour lui permettre de relier chaque ligne. Au bout de cinq minutes, l’intrigue du livre s’estompa, remplacée par les lignes de code de son propre programme informatique et de ses algorithmes mathématiques. Il les avait tellement vérifiées qu’il connaissait pratiquement chaque variable par cœur. Il rangea son livre dans son porte-document et releva les yeux pour se distraire en observant les gens, ces mêmes gens qui, pour l’instant, avaient tous le regard braqué sur lui.
Il n’était que peu sujet à la paranoïa, seulement lors de certaines périodes où lui-même avait des doutes et sa confiance en lui au plus bas. Pourtant, il était bien actuellement l’objet de toutes les attentions. Dans ces instants, il savait très bien que ces troubles n’étaient que pure imagination, des hallucinations auditives en général. Évidemment, il était facile de s’assurer de la véracité d’un regard, mais qu’en était-il d’une parole, d’un son entendu et définitivement perdu ? Demander à la personne de répéter ses dernières paroles ? Elle allait bien sûr nier pour peu qu’elle acceptât de répéter. En ce moment, Max sentait la curiosité de chacun de ces voyageurs le piquer comme autant de minuscules fléchettes au curare, le paralysant progressivement. Avait-il crié sans s’en apercevoir, plongé dans ses pensées ? Le ronronnement et les grincements de la rame semblaient entretenir ce décor figé, comme si Max était lui-même un de ces voyageurs qui le regardaient. Il tenta de fixer quelques personnes en retour, mais aucune ne baissa les yeux. Il pouvait lire sur leur visage ce qui ressemblait à de la curiosité, mais également autre chose qu’il n’arrivait pas à définir. Le train arriva à une station et nombre de voyageurs se levèrent non sans discrètement continuer à l’observer. La rame s’arrêta et les portes s’ouvrirent. Il vit une vieille femme vêtue de noir amorcer un début de génuflexion et se signer. Elle fut aussitôt engloutie par le flux de voyageur entrant. Pourtant, il la revit au moment où le train redémarrait, elle se tenait immobile sur le quai, les yeux fixés sur lui alors que le train s’éloignait. Max n’eut pas le courage de détourner le regard de la vitre. Le train était sorti de l’agglomération et le paysage lui procura un prétexte à ne pas vérifier que les nouveaux passagers avaient également tourné la tête vers lui.
Max ne s’était pas rendu compte qu’il s’était endormi. La force de l’habitude l’avait heureusement réveillé juste avant que le train ne s’arrêtât à sa station, une gare perdue au milieu de nulle part. Le comportement étrange des voyageurs lui revint, mais il ne chercha pas à savoir s’il avait rêvé. Il se leva en regardant par terre, évitant de croiser le moindre regard. Le parcours jusqu’aux portes ne fut pas des plus aisés, mais il y parvint finalement quand celles-ci s’ouvrirent. Il sortit et attendit sur le quai que le train redémarre en feignant de chercher quelque chose dans son porte-document. L’entreprise dont il était salarié, l’IAFate Engineering, avait ses locaux à quinze minutes de marche, quasiment à travers champs. Max préférait se déplacer en train pour éviter les embouteillages. Cela lui permettait aussi de se procurer quelques plages de lecture non négligeables afin de s’évader de temps à autre de la routine. Un temps qui semblait révolu. Reprenant sa technique d’évitement, Max prit l’escalier qui menait à la sortie de la gare en se soustrayant à tout contact visuel non nécessaire et se retrouva vite sur le chemin de terre qui conduisait à son travail. Par temps de pluie, on pouvait s’y embourber facilement. Or, il pleuvait souvent dans le coin. Le chemin traçait une ligne droite et séparait deux champs de blé dont les épis se mouvaient en vagues dorées sous la caresse du vent. Le trajet pouvait s’avérer difficile quand trop de poussières de sol et de blé tourbillonnaient. Max cueillit un épi dont il enleva les grains les uns après les autres. La manœuvre n’avait en soi pas grand intérêt, mais la concentration nécessaire à cette tâche avait temporairement vidé son esprit de toutes les pensées qui menaçaient de le faire exploser. Le terrain, légèrement en pente sur la fin du trajet, descendait brusquement après l’orée du champ. En se retournant, Max avait l’impression de voir des champs d’or infinis parcourant le ciel parfaitement bleu de ce mois de juin. Max arriva au bord de la cuvette. Les bâtiments blancs de l’IAFate réfléchissant les rayons du soleil le forcèrent à chercher une zone sombre où regarder. Ses yeux bleus avaient fini par s’habituer à la lueur tamisée de son bureau et de son écran, et ce surplus de luminosité le gê

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