Inacceptable

Stéphanie Gauthier

Description

Philippe Langevin, animateur réputé d’une émission télé de journalisme d’enquête, marié et père de deux jumelles. Joseph Secco, psychiatre respecté, également marié et père de deux enfants. Leurs familles sont soudées par une profonde amitié de longue date. La vie coule paisiblement pour elles jusqu’au jour où Joseph est assassiné violemment dans son bureau. Aucun suspect, aucun mobile. Trente-huit heures plus tard, Philippe est retrouvé pendu sur son lieu de travail. Suicide inexplicable. Leurs épouses, Laure et Sabine, doivent vivre un deuil d’autant plus cruel qu’elles sont confrontées à des faits troublants concernant leurs maris. Et au milieu de ce mystère, Amandine, jeune assistante de Philippe dont il est le mentor, enquête sur un étrange groupe de thérapie. Se pourrait-il que la mort des deux amis soit liée ? Les investigations d’Amandine ont-elles à voir avec ce drame ?
Elle avait senti son monde s’écrouler à l’annonce de sa mort. La culpabilité l’avait assaillie. Parce qu’elle n’avait rien vu venir, parce qu’elle s’était éloignée de lui, parce qu’elle n’avait pas su bien le comprendre. Bref, elle n’avait pas su le rendre heureux. Laure avait presque porté la responsabilité de son suicide sur ses frêles épaules. Mais maintenant, elle se rendait compte que la vérité se situait bien au-delà de ça. Bien au-delà de sa petite personne. Elle pensait mal connaître Philippe, mais en vérité, elle ne le connaissait pas du tout. Et il l’avait abandonnée lâchement en emportant ses secrets avec lui.

Sujets

• Detective
• Mystery
• Fiction

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 11 février 2020
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782764439722
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

De la même auteure
Le Moule , Québec Amérique, coll. Tous Continents, 2018.
Une fille trop curieuse , Triptyque, 2015.
L’Effet domino , Éditions de Mortagne, 2009.



Projet dirigé par Sabrina Raymond, éditrice

Conception graphique : Nicolas Ménard et Nathalie Caron
Mise en pages : Marylène Plante-Germain
Révision linguistique : Julie Therrien
Photographie en couverture  : Alexey Fedorenko / shutterstock.com
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Inacceptable/Stéphanie Gauthier.
Noms : Gauthier, Stéphanie, auteur.
Collections : Tous continents.
Description : Mention de collection : Tous continents
Identifiants : Canadiana 20190034556 | ISBN 9782764439708
Classification : LCC PS8613.A973 I53 2020 | CDD C843/.6 – dc23
ISBN 978-2-7644-3971-5 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3972-2 (ePub)

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2020

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2020.
quebec-amerique.com



Prononcées à voix haute, certaines paroles sont susceptibles de révéler des secrets d’une intensité que nous serions peut-être incapables d’assumer.
Albert Espinosa Puig
Le milieu social n’est qu’un monde d’apparences.
Marie-Claire Blais

PARTIE I
Laure et Sabine

1
Lundi 14 juin, 13 h 22
L’atmosphère était lourde au salon funéraire. Dehors, il faisait une chaleur torride, l’indice humidex atteignant les 35 °C. L’air conditionné fonctionnait à plein régime. Laure grelottait dans sa petite robe noire sans manches. Les frissons qui parcouraient son corps n’étaient pas seulement dus à la climatisation, mais surtout à la tension nerveuse qui l’habitait. La salle était pleine à craquer. Chaque visiteur venait lui présenter ses condoléances avec une sincère affliction. Bien qu’inconsolable, Laure ne pleura pas. La tristesse, la rage et la culpabilité se disputaient dans sa chair. Comment avait- il pu faire ça ? C’était insensé ! Philippe, son mari, le père de ses enfants, l’avait laissée tomber de la pire façon qui soit. Il s’était pendu sans même lui laisser un mot, une explication. Laure lui en voulait autant qu’elle se blâmait elle- même. Parce qu’elle n’avait rien vu venir. Aucun signe annonciateur qu’elle aurait pu, qu’elle aurait dû détecter. Son médecin lui avait prescrit un puissant sédatif. Laure n’était pas du genre à se défoncer avec les médicaments, elle préférait affronter les choses en toute lucidité. Toutefois, ce matin, elle avait avalé un comprimé et demi. Un calmant valait mieux que de s’effondrer en larmes devant tout le monde.
Tous étaient sous le choc. Personne ne comprenait, mais peu osaient lui poser la question. Pourquoi Philippe avait- il fait ça ? Était- il dépressif ? En plus du chagrin, le malaise se lisait sur les visages. En particulier lorsqu’ils posaient leurs yeux sur les deux fillettes du couple. Devant elles, on faisait attention, on ne parlait qu’à demi- mot. Les jumelles de huit ans savaient que leur père s’était donné la mort, mais elles ignoraient de quelle façon. Laure leur avait épargné cet horrible détail. Un jour, ses filles sauraient. Mais maintenant, elle n’avait pas le courage de leur expliquer ce qu’elle- même ne comprenait pas.
La mort de Philippe avait fait les manchettes. Comment un journaliste réputé, animateur d’une émission de journalisme d’enquête, père de famille et heureux en ménage avait- il pu mettre fin à ses jours ? Il n’avait que quarante- deux ans, était en parfaite santé, et avait la vie devant lui. Laure avait passé une semaine épouvantable. Le téléphone n’avait pas dérougi. Les stations de radio, de télévision et la presse écrite réclamaient une entrevue exclusive avec la veuve pour tenter de comprendre l’inexplicable. Laure avait refusé toutes les demandes et tenté du mieux qu’elle pouvait de consoler ses filles. En attendant, les jumelles étaient entourées de leur grand- mère maternelle. Laure présumait que sa mère, dotée d’un fort caractère, était d’un meilleur réconfort auprès d’Emma et de Joëlle.
Les confrères de travail du défunt discutaient en petit conciliabule à l’autre bout de la pièce. De temps à autre, certains lui décochaient des regards compatissants. Ils lui avaient offert leurs condoléances, mais leurs commentaires n’allaient pas au- delà de « c’est épouvantable, quelle tragédie ! ». Peut- être savaient- ils des informations qu’elle ignorait. Philippe était journaliste d’enquête. Il travaillait sur des dossiers chauds. À la maison, c’était un homme éminemment secret. Ses collègues le connaissaient probablement mieux qu’elle. Du moins, ils voyaient les autres facettes de sa personnalité. Une jeune journaliste – Laure avait oublié son nom – croisa son regard. Son visage exprimait une profonde désolation. C’est elle qui avait découvert le corps. Car Philippe s’était pendu à son travail, dans son bureau. La jeune femme fixait Laure avec insistance, semblant avide de lui parler, mais sans oser s’approcher. Elle savait peut- être quelque chose. Laure eut envie de le lui demander. Elle fit un geste vers elle, mais au même moment, son amie Sabine arriva, les yeux gorgés d’eau. Ses lèvres tremblaient, incapables de prononcer un mot. Les deux amies se jetèrent dans les bras l’une de l’autre. Laure soupçonnait que Sabine pleurait davantage sur son propre sort que sur le sien. Mais qu’importe, elle seule pouvait la comprendre mieux que quiconque. Sabine aussi venait d’enterrer son mari.
— Merci d’être venue, je sais que ce n’est pas facile pour toi.
— C’est un vrai cauchemar !
Sabine essuya ses yeux.
— Je suis désolée de ne pas t’avoir appelée cette semaine, mais depuis que Jo est mort…
— Je comprends.
Deux semaines plus tôt, on avait retrouvé son mari Joseph, étendu sur le sol de son cabinet, la tête fracassée par un objet contondant – une plaque honorifique reçue plusieurs années auparavant, à titre de psychiatre émérite. Un meurtre dans son cas, mais toujours pas élucidé, car aucun suspect, aucun témoin. Seule une paire de lunettes soleil, dont on ignorait le propriétaire, avait été oubliée dans la pièce. Il n’y avait pas eu vol, excepté la disparition de son carnet de rendez- vous. Sabine était persuadée qu’il s’agissait d’un patient. Selon elle, seul un fou furieux en proie à une psychose pouvait commettre une telle chose.
— Philippe n’a vraiment laissé aucune note ?
— Non ! Et je ne comprends toujours pas, Sabine ! Pourquoi a- t- il fait ça ?
Les yeux de Sabine passèrent de la tristesse à la suspicion.
— Tu penses que ça n’a aucun rapport avec la mort de Joseph ?
— Philippe l’adorait. Mais je ne pense pas que…
Laure s’arrêta. Elle aussi avait jonglé avec cette hypothèse, mais elle ne tenait pas la route. Philippe ne se serait pas suicidé parce que son meilleur ami était mort. Évidemment, son meurtre l’avait fortement ébranlé. Toutefois, Philippe était un homme rationnel et peu sentimental. Il aimait Laure et ses filles, et malgré toute l’affection qu’il portait à son ami, il n’aurait jamais mis fin à ses jours par pur chagrin. Au contraire, il était du style à monter aux barricades, à mener sa propre enquête pour découvrir l’assassin. C’était sa force, ce qui l’animait plus que tout : connaître la vérité. Ce qui rendait son suicide incompr