L affaire des deux Z
53 pages
Français

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Description

L’affaire des deux Z, sans l’intervention du placide A. B. C. Mine, un policier devenu rentier et qui a pour manie de fourrer son nez un peu partout, n’aurait jamais défrayé les chroniques.


Pourtant, que deux négociants fortunés, l’un nommé Zaradjian, le second, Zogrominos, meurent, d’un arrêt cardiaque, le même soir, dans la même rue, avait déjà de quoi éveiller les suspicions.


Mais quand A. B. C. Mine apprend que chaque victime avait été dépouillée, l’un d’un portefeuille contenant une grosse somme d’argent, l’autre de bijoux, le hasard ne pouvait plus être invoqué pour expliquer ces vols consécutifs aux décès.


Et puisque hasard il n’y avait, A. B. C. Mine devait désormais résoudre un double homicide. Pour cela, il lui fallait découvrir comment les meurtres avaient été commis et par qui ?...


L’affaire des deux Z réservait encore beaucoup de surprises... surtout pour A. B. C. Mine.

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Informations

Publié par
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EAN13 9791070037362
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A. B. C. MINE

L'AFFAIRE DES DEUX Z
Récit policier

Maurice LAMBERT
PROLOGUE

Ce qui m'étonne, remarqua mon ami A. B. C. Mine, c'est le manque d'ingéniosité de la plupart des assassins… Ah ! on peut dire que ces messieurs – et ces dames, le crime n'est pas une besogne strictement masculine – n'améliorent guère leurs méthodes. Revolver, poignard, mort-aux-rats, par-ci, par-là la strangulation… Ils n'ont pas l'air de se douter qu'il existe quantité d'autres moyens de se débarrasser de son prochain, des moyens infiniment plus pratiques et moins dangereux… Tenez, dans « l'affaire des deux Z »…
J'écoute, A. B. C.
Oh ! ne prenez pas votre air condescendant ! Vous êtes trop content de les écouter, mes histoires, pour les raconter à vos lecteurs.
Et M. Mine repoussa son verre vide avec ostentation. Car M. Mine déteste les verres vides !
I
DEUX MORTS SUBITES
 
Une silhouette frileuse se dessina dans l'encadrement d'une fenêtre hâtivement ouverte. Des volets claquèrent, en même temps que s'évanouissait le jet de lumière crue une seconde projeté sur la chaussée noire et luisante de pluie. L'agent Lornois avait eu le temps d'apercevoir le décor douillet d'une salle à manger, des gens autour d'une table chargée de tasses, un carafon ventru.
— Les veinards ! murmura-t-il avec mélancolie, en frémissant sous sa pèlerine transpercée.
Quelqu'un le frôla sans deviner sa présence, car l'ombre d'une porte cochère noyait les contours de son épaisse personne.
En cette soirée de novembre, la rue Richer était déserte. De temps en temps, quelques passants pressés, une voiture qui ralentissait en longeant la tranchée dans laquelle les hommes du gaz travaillaient depuis plusieurs jours et dont Lornois assurait la surveillance. Pourquoi, puisqu'elle était vide d'outils et que de nombreux feux rouges la signalaient à l'attention des automobilistes distraits ?
Le son grêle d'un timbre de pendule parvint jusqu'à l'agent qui compta dix coups à mi-voix.
… Au même instant, M. Ephraïm Zaradjian, qui lisait un journal turc dans son appartement du boulevard Haussmann, tendit la main vers le verre de fine posé sur le somptueux poste de radio qui fonctionnait en sourdine.
Au quatrième top, il sera exactement…
D'un bond, M. Zaradjian fut debout.
— Dix heures ! Et mon type qui m'a fixé rendez-vous à dix heures et quart !
Il avala sa fine d'une lampée, rafla au vol son pardessus, son chapeau et se rua hors de chez lui.
… Au quatrième top…
Rue Blanche, au domicile de M. Georges Zogrominos, l'inconscient speaker de l'horloge parlante troubla un doux tête-à-tête. Son intervention permit à la jolie Germaine Leblond de se libérer d'une étreinte que son compagnon appréciait plus qu'elle.
— Chéri, dix heures. N'oublie pas que tu dois rencontrer ton bonhomme dans une heure.
Zogrominos attira la jeune femme à lui, zézaya en un français approximatif :
— Mon amour s'intéresse à mes affaires, maintenant ?
— À nos affaires, corrigea Germaine avec une moue mutine qu'elle savait fort séduisante.
Elle se blottit dans les bras de l'homme, baissa les paupières pour ne pas voir les lèvres visqueuses qui guettaient les siennes.
— C'est entendu, reprit Zogrominos, si je réussis, tu auras ton manteau de vison. Et tu le choisiras toi-même parmi les plus beaux. Contente ?
L'agent Lornois, Ephraïm Zaradjian, Georges Zogrominos : trois personnages qui s'ignoraient et que rien ne semblait devoir réunir. Pourtant, 48 heures plus tard, la presse d'information publierait côte à côte trois photographies qui seraient les leurs. Et ces trois inconnus deviendraient célèbres. Célébrité éphémère autant qu'imprévue, d'ailleurs.
 
* * *
 
À dix heures vingt, la pluie cessa et Lornois, las de patauger sous son porche, se mit à faire les cent pas le long de la tranchée. Pour se distraire, il examina un cabriolet arrêté près du trottoir, à l'endroit où les travaux prenaient fin. Une belle voiture, aux lignes nettes et souples. Oui, mais aux feux éteints ! Le représentant de l'autorité l'emporta sur l'amateur et l'agent se pencha dans l'intention de noter l'identité du délinquant. Il ne s'attendait pas à trouver ce dernier tranquillement assis à son volant.
— Monsieur, et vos lanternes ?
L'autre ne répondit pas. Lornois passa alors un bras par la portière dont la vitre était à demi baissée. Il posa la main sur l'épaule de l'automobiliste.
— Monsieur ! Eh bien, monsieur !
Immobile et silencieux, l'interpellé regardait fixement devant lui. L'agent le secoua par acquit de conscience, car il avait bien compris qu'il s'adressait à un mort.
Un pharmacien se préparait à fermer boutique, à une trentaine de mètres de là. Lornois l'appela.
— Crise cardiaque. Il vient de mourir.
Deux minutes plus tard, un car de police secours stoppait près du cabriolet. Un médecin requis par le brigadier de l'équipe ne put que répéter :
— Crise cardiaque. Mort instantanée.
Puis on fouilla le malheureux. Il s'agissait d'Ephraïm Zaradjian, 46 ans, antiquaire, domicilié 17 boulevard Haussmann. On chargea le corps sur une civière qu'on glissa sans douceur dans le car, un agent se mit au volant du cabriolet et Lornois se retrouva seul avec ses pensées dans la pénombre humide.
Quand, vers onze heures, le pharmacien qui finissait d'accrocher ses volets vit l'agent accourir à nouveau vers lui, il lui lança, goguenard :
— Encore un cadavre ?
Il plaisantait, bien sûr, et pourtant c'était vrai qu'il y avait encore un cadavre. Son sourire se transforma en une grimace incrédule.
— C'est incompréhensible, bafouillait Lornois, on dirait que celui-ci est mort de la même façon. Venez vite !
Il tirait son interlocuteur par la manche, l'entraînait vers une conduite intérieure à moitié engagée...

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