L affaire Marville
72 pages
Français

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Description

Auteur à succès de romans policiers en manque d’inspiration, Alex Charmois, touché par le syndrome de la page blanche, rend visite à son ami, le commissaire Paul MACHARD, dans l’espoir qu’il lui donne du grain à moudre...


Tandis qu’il est en sa compagnie, le téléphone sonne : un nouveau meurtre l’appelle. Noirtel, célèbre pour ses collaborations avec le grand écrivain Marville, a été retrouvé chez lui le crâne fracassé.


MACHARD invite Charmois à venir avec lui sur la scène de crime. Après tout, il navigue dans le même milieu littéraire que la victime et pourrait lui être utile.


Une rapide enquête met en avant deux éléments : Noirtel est mort entre 18 h et 19 h ; Marville est aperçu entrant dans l’immeuble vers 17 h 55. Le plumitif a ensuite disparu précipitamment emportant avec lui une forte somme.


Malgré l’évidence, Alex Charmois peine à croire en la culpabilité de son collègue ; MACHARD, également, mais pour des raisons différentes...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070035122
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MACHARD

L'AFFAIRE MARVILLE
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
UN SPÉCIALISTE DE L'ASSASSINAT

Alex Charmois alluma avec amour une vieille pipe dont le fourneau calciné attestait les indéniables qualités, puis il laissa son regard batifoler avec les volutes de fumée grise qui s'étiraient au-dessus de sa tête comme autant de petits monstres informes et éphémères.
La préparation d'un meurtre est chose plus délicate qu'on ne pense généralement. Un détail négligé, un oubli en apparence minime, une erreur de quatre sous, et voilà le bel édifice par terre !
Mais Alex Charmois, qui n'en était pas à son coup d'essai, savait tout le prix qu'il convenait d'attacher à la mise en train d'une telle besogne, aussi sollicitait-il en ce moment le secours d'une imagination dont, malgré les efforts qu'il exigeait fréquemment d'elle, il était encore en droit d'attendre beaucoup.
Comment tuerait-il, cette fois ?
Le revolver ? Non. Trop usé. Et puis c'est l'arme classique du crime passionnel. Or, le meurtre projeté n'appartenait pas à cette catégorie de faits divers mondains. En outre, c'était la balle d'un automatique 6,35 qui avait envoyé dans l'autre monde le professeur Barson, le maître du diamant synthétique. Alex Charmois ne tenait pas à ce qu'on l'accusât de se répéter.
Le poignard ? Impossible. C'était à coups de stylet qu'il avait assassiné la rentière de la rue de Lyon et le marchand de poissons rouges du quai de la Tournelle.
Le poison ? Et l'affaire du Luxor, donc ? Le public n'avait pas oublié que le commodore – alias Jo Broeckel – avait rendu à Dieu son âme de receleur après avoir absorbé un cocktail à l'arsenic.
La strangulation ? Il n'y fallait pas songer. La mort de la petite Lilian Janet, cette jolie girl des Folies Bergère qui égayait les nuits d'un industriel fastueux, était encore imprimée dans toutes les mémoires. Qui ne se souvenait des émouvantes photos publiées par la presse et qui offraient au public avide de sensations malsaines l'image de la gracieuse gorge de Lilian, un lacet noir la meurtrissant douloureusement ?
Alex continua d'évoquer les moyens par lesquels en peut se débarrasser de son semblable. Il constata avec ennui qu'il les avait tous employés.
Dame ! il s'apprêtait à réaliser son vingt-deuxième meurtre !
Vingt-deux meurtres exécutés de façons différentes et, chaque fois, avec un brio indiscutable et d'ailleurs indiscuté.
« Plus la civilisation fait de progrès, plus le crime devient ingénieux et, en même temps, plus il devient difficile et périlleux de faire périr volontairement un être humain ».
Fort juste, cette constatation pessimiste d'un fabricant d'histoires macabres. Il est vrai qu'un autre de ses confrères a déclaré :
« Il est heureux que s'il n'y a jusqu'ici qu'un seul moyen de venir au monde, il existe une infinité de moyens d'en sortir ».
Fort juste également, quoique, à l'usage, quantité de procédés s'avèrent peu pratiques, inopérants, compromettants, voire dangereux pour l'exécutant.
Alex Charmois soupira, considéra un instant le clavier de sa machine à écrire, puis la feuille qu'il y avait glissée une demi-heure plus tôt et dont la virginité s'affirmait toujours aussi totale.
En trente minutes, il n'avait pas réussi à écrire une ligne. Il s'était contenté de rêvasser et d'attendre que son imagination se manifestât.
« Ça ne vient pas, grogna-t-il, l'inspiration chôme. »
Il leva les yeux sur une photographie posée sur un coin de son bureau et sourit, en lisant à voix haute la mention qu'un éditeur avisé avait fait imprimer au bas de milliers de photos semblables destinées à inonder les librairies :
« Alex Charmois, le jeune et célèbre auteur de vos romans policiers préférés. »
Le romancier, qui ne paraissait même pas ses trente-cinq ans, s'empara de son portrait et le brandit avec indignation.
Tu rigoles, Alex, hein ? Tu rigoles parce que je suis en panne, que nous sommes le 3 et que le 31 je dois livrer un roman qui n'est pas commencé… Il n'y a pas de quoi rire. Je dirai plutôt qu'il est pénible de…
Il n'acheva pas, abattit violemment son poing sur la table.
Nom d'un chien ! si les lecteurs soupçonnaient le mal qu'un meurtrier soucieux de sa réputation doit se donner pour assassiner avec élégance et originalité, sans doute leur pitié irait-elle non à la victime, mais à l'auteur du crime. La victime ! Elle est favorisée, celle-là, elle n'a qu'à se laisser faire !
Alex Charmois, imperturbable, conclut en rallumant sa pipe :
Décidément, malgré mes vingt-deux meurtres, je n'ai pas l'âme d'un criminel. Tout bien pesé, c'est heureux pour moi et pour mes contemporains, il y a assez de crapules sur la machine ronde.
Il arracha la feuille blanche de sa machine, en fit une boulette, visa un buste de César qui trônait sur sa bibliothèque, le manqua, atteignit un sous-verre qui dégringola et se brisa. Jurant comme un hérétique, il se précipita à genoux pour dégager des débris de verre le portrait d'une délicieuse jeune fille blonde, aux yeux pleins de tendre malice.
Françoise, mon amour, je te demande pardon, c'est ce brave Jules que je visais, mais tu connais ma maladresse.
Françoise riait, gentiment énigmatique, et Alex effleura la photo d'un rapide baiser afin d'obtenir son absolution.
Maintenant, fit-il, filons chez le marchand d'idées, j'ai bien besoin de ses services.
Le « marchand d'idées » auquel il venait d'être ainsi fait allusion s'appelait Paul Machard ; il était commissaire à la Première Brigade Mobile – Brigade spéciale – et vouait au romancier, qui le lui rendait bien, une solide amitié renforcée par la perspective du prochain mariage de sa nièce avec le jeune homme.
Quand Alex Charmois pénétra dans le bureau de son ami, au fond d'un couloir tout en vitres poussiéreuses du 36 du quai des Orfèvres, il fut accueilli par un ironique :
Je vous salue, monsieur Edgar Wallace !
C'était une plaisanterie traditionnelle à laquelle l'Edgar Wallace en second répondait invariablement :
Bonjour, monsieur Sherlock Holmes !
Mon cher Alex, reprit Machard, je devine le but de votre visite : vous êtes à court d'idées.
L'autre mentit avec effronterie.
C'est faux ! Mon nouveau roman est presque terminé.
Alors, racontez.
Euh !... C'est-à-dire… En définitive…
Le policier enchaîna :
En définitive, il vous manque quelques éléments : le sujet, les personnages et même le titre. Est-ce cela ?
Ce que vous pouvez être perspicace, Sherlock ! Eh oui ! je nage. Mon imagination a débrayé, je voudrais vous y voir, vous.
Grand merci ! J'ai assez des forfaits des autres à éclaircir. S'il me fallait inventer…
Voyons, commissaire, un peu de cœur. Ayez pitié du futur époux de votre charmante nièce, aidez-le à maintenir intacte sa brillante réputation.
Pauvre Françoise ! soupira Machard. Écoutez, Alexandre…
Alexandre ! Il avait dit Alexandre ! Le jeune homme abhorrait son prénom, dont il avait fait Alex dans l'espoir que ses amis l'oublieraient.
Oh ! lança-t-il plaintivement, pourquoi faut-il que vous me rappeliez que des parents fantaisistes m'ont affublé d'un prénom aussi ridicule ?
Mon père s'appelle bien Agénor ! Écoutez, Alex, voici une recette de roman policier : vous prenez un millionnaire américain, portugais ou moldo valaque, un Chinois, cruel et mystérieux, comme il se doit, une fillette innocente, mais belle à damner un saint, une femme fatale aussi méchante que brune, un garçon à la carrure d'athlète qui méprise le danger avec d'autant plus de fougue qu'il est amoureux de la fillette innocente. Le Chinois cruel et mystérieux s'empare du millionnaire américain, portugais ou moldo valaque, que la femme fatale, méchante et brune tient sous son charme…
Machard, ce n'est pas chic, vous vous payez ma tête.
Pas du tout. N'avez-vous pas lu les aventures de Nick Carter, lorsque vous étiez enfant ? Et n'allez pas contester le succès de ces histoires puériles, certes, mais bougrement vivantes pourtant, puisque les gosses d'aujourd'hui trouvent à cette lecture autant de plaisir que vous et moi à douze ans.
Minute, honorable contradicteur ! Je n'écris pas p

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