L auberge dans la lande
49 pages
Français

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Description

Pierre Lissier désireux de passer les fêtes de fin d’année chez sa tante, profite d’un retour de mission pour amener avec lui son patron, le commissaire BENOIT.


Pierre retrouve son cousin, Yvon, avec lequel ils partent se promener sur la côte, malgré le mauvais temps.


Le soir venu, BENOIT s’inquiétant pour les deux hommes, brave l’obscurité et la tempête pour se lancer à leur recherche.


Il découvre bientôt Yvon, traînant Pierre, évanoui... Ils se sont épuisés à tenter de ramener le corps d’un individu qu’ils ont trouvé, lors de leur balade, à moitié mort, le crâne défoncé...


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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070032145
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES DU COMMISSAIRE BENOIT
- 11 -

L’AUBERGE DANS LA LANDE

de
Robert et Jean GRIMEY
I
 
— Quel sale temps ! Je suis navrée, monsieur le commissaire, qu'il ne fasse pas meilleur pendant les quelques jours que vous passez chez nous !
— Eh bien ! je serai quitte pour revenir vous voir cet été. Pierre a tellement insisté pour que nous nous arrêtions ici avant de regagner Paris que je n'ai pu lui refuser cette joie. Mais j'avoue que la mer en plein hiver n'offre pour moi aucun intérêt.
— Et pourtant, vous voyez, mon neveu a voulu que mon fils lui fasse faire le tour du pays malgré la pluie et le froid. Ces enfants n'ont peur de rien.
— Ils ont raison ; j'étais comme eux à leur âge. Et c'est justement parce que je ne suis plus capable de pareilles folies que je m'aperçois que j'ai vieilli !
Ce disant, Benoit tendit avec volupté les mains vers le grand feu de bois. Au-dehors, la tempête faisait rage. La petite maison de M me  L'Hermoncourt, située non loin du rivage, était assaillie par le vent. Ce vent furieux qui crachait des paquets de pluie et d'embruns aux carreaux bombés de la fenêtre, se faisait parfois insidieux et plaintif et, se glissant sous la porte de l'entrée, hurlait dans le couloir son lamentable cri.
— J'espère qu'ils ne vont pas tarder maintenant, sinon je vais commencer à m'inquiéter. Dans une heure, il fera nuit, ce ne ferait pas prudent de s'attarder par ce temps-là ! Mais je connais Yvon, il va, il va, sans se préoccuper du retour et quand il s'aperçoit qu'il faut rentrer, il est souvent bien tard.
— Je ne pense pas qu'il y ait du danger...
— Avec lui, monsieur le commissaire, je ne suis jamais tranquille. Mon fils est un bon petit garçon, mais beaucoup trop intrépide. Son plus grand plaisir, quand il fait tempête, est d'aller se promener sur la côte sauvage. Je sais bien qu'il n'y est jamais seul, le spectacle est tellement beau qu'il attire toujours deux ou trois hommes du village, malgré le risque.
— La mer doit être déchaînée.
— Oui, et un accident est vite arrivé... Voyez-vous, je suis une vieille bonne femme continuellement prête à me faire du souci.
Honteuse d'avoir ainsi montré son anxiété, M me  L'Hermoncourt reprit sa dentelle. Cette vieille Bretonne était la tante de Pierre Lissier, le secrétaire du commissaire Benoit. Une enquête avait amené les deux hommes dans le Finistère. Rapidement, Benoit avait mis fin aux agissements d'un triste individu qu'il poursuivait depuis quelque temps. Voyant qu'on reprenait le chemin du retour, Pierre insista auprès de son patron pour faire un détour et passer les fêtes de Noël dans sa famille. Il se réjouissait de revenir à Saint-Pierre-Quiberon où il avait passé tant de bons jours de vacances étant enfant. La tante avait reçu les voyageurs avec une joie réelle et, depuis leur arrivée, faisait l'impossible pour leur rendre agréable leur court séjour chez elle.
Un coup de vent plus fort brisa l'attache d'un volet. Le panneau de bois se mit à battre violemment contre la fenêtre.
— Ma Doué ! Ce maudit vent va bien finir par me casser toutes mes vitres.
— Attendez, dit Benoit, je vais fermer les volets.
L'opération ne se fit pas sans mal. Le commissaire était trempé. Il s'approcha du feu pour se faire sécher.
— Je crois bien qu'il fait encore plus mauvais que tout à l'heure ! J'espère qu'il n'y a pas de pêcheurs en mer...
— Oh ! non, pas par ce temps-là, et puis beaucoup croient qu'il est funeste de sortir la nuit du 25 décembre.
— Tiens, pourquoi donc ?
— Oh ! des histoires...
De la tête, elle désigna une direction. Benoit se souvint d'avoir vu, dans un champ, juste derrière la maison, plusieurs rangées de pierres levées.
— Des histoires à cause des menhirs...
Elle dit cela avec un petit rire dédaigneux, comme pour se moquer. Mais le commissaire comprit parfaitement qu'elle ne se moquait pas. Évidemment, devant ce monsieur de Paris, il ne fallait pas avoir l'air de croire à toutes ces superstitions ridicules, et pourtant...
Benoit n'avait même pas envie de sourire en entendant évoquer le pouvoir néfaste de ces pierres sacrées. Il savait trop quelle respectueuse frayeur suggérait aux habitants, ce voisinage. N'avait-il pas constaté la même crainte partout où il avait rencontré de semblables monuments, en Crimée, dans l'Inde ou même au Japon ?
— Il doit faire nuit, maintenant, pensa-t-il, nos deux jeunes gens devraient bien rentrer.
Il se garda de communiquer sa réflexion à M me  L'Hermoncourt. Elle maniait son crochet avec dextérité et ne semblait plus se préoccuper de l'heure. Mais alors qu'il mettait une bûche dans le feu qui baissait, il vit que la vieille dame marmonnait une prière.
Soudain, le commissaire comprit qu'il était lui-même angoissé. Il essaya en vain de se rappeler à quel moment cela avait commencé. Ce malaise désagréable s'était insinué en lui, comme le vent sous la porte. Et maintenant, comme la plainte qu'on entendait dans le couloir, l'angoisse fouillait en lui comme une vrille.
— Allons, c'est stupide, il n'est rien arrivé !
Pourquoi, pour qui craint-il ? Lissier a retrouvé en arrivant ici Yvon L'Hermoncourt qui, lui aussi est venu passer les vacances de Noël. Du même âge que Pierre, il fait ses études à Brest pour devenir officier de marine. Il n'a qu'un rêve, courir les mers. Tant pis si la vieille maman reste seule à égrener son invisible chapelet, l'appel est trop fort, il partira. Que peut bien faire à ce grand garçon une tempête sur la côte sauvage, à lui qui veut admirer le déchaînement des eaux de tous les Océans ! Mais Pierre ne ressemble pas à son cousin. Il est brave, certes, puisqu'il accompagne Benoit dans toutes ses périlleuses missions et qu'il se jette bien souvent tête baissée au-devant du danger, mais il est né et il a vécu à Paris. C'est un gamin de la ville qui ne connaît pas les traquenards d'une mer furieuse.
— Et je ne peux même pas aller à leur rencontre, maugréa le commissaire ; c'est la première fois que je viens dans ce pays et j'ai à peine mis les pieds dehors. Où irais-je les chercher ?
Il s'arrêta d'aller et de venir comme il le faisait depuis un bon moment déjà.
— Comme je me suis attaché à ce gosse ! pensa-t-il.
Et c'était fatal. Benoit, par scrupule, ne s'était jamais marié. Il lui semblait que son métier lui interdisait de prendre femme. Appelé à toujours voyager, il était rarement deux semaines de suite à la même place. Son fauteuil dans l'avion, sa couchette dans le train, sa cabine dans le bateau, voilà quelles étaient ses maisons successives. Et maintenant que les années avaient passé, il sentait des regrets. Non pas des regrets de n'avoir pas un foyer auquel une femme l'attendrait, plus grisonnante à chaque voyage, mais le regret amer, cuisant parfois, de n'avoir pas d'enfant.
Et voilà que Lissier, peu à peu, avait pris la place de ce fil...

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