L empreinte fatale
61 pages
Français

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Description

Les fameux policiers de la Sûreté de Paris, FLORAC et LA GLU, sont conviés, par le juge d’instruction de Marseille, dans la cité phocéenne pour enquêter sur une série de braquages et cambriolages menés avec brio sans laisser la moindre trace.


Persuadé que les méfaits ne sont pas l’œuvre de la pègre locale, du fait du raffinement avec lequel ils sont perpétrés, le duo se déguise afin d’infiltrer les bars de la Cannebière, espérant entendre quelques éléments pouvant les mettre sur une piste.


Au café du Globe, les yeux exercés des enquêteurs repèrent les agissements d’un couple d’escrocs plumant un pigeon au poker et décident de les suivre séparément. Mais la filature se révèle infructueuse dans tous les cas face à l’ingéniosité et à la vigilance des deux personnes. Décidément, un bien étrange comportement pour de simples filous...




Marcel Vigier nous livre une performance assez rarement égalée, voire même, tentée, dans le monde du roman policier.



Rarement tentée : nous proposer dans le détail et par le menu, la façon de procéder d’une bande de voleurs sophistiqués puis, ensuite, non moins dans le détail, le cheminement de pensée du policier chargé d’arrêter ces malfaiteurs.



Encore plus rarement tentée : parvenir à captiver le lecteur avec une telle énumération et un tel étirement de processus de cambriolages.



Le lecteur est happé par cette succession de gestes concis et précis des protagonistes où chacun a son tout petit rôle à jouer, un rôle à la fois minime et nécessaire, qui permet à chacun d’éviter d’attirer l’attention tout en permettant au suivant de s’approcher un peu plus du but.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782373473766
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FLORAC ET LA GLU
L’EMPREINTE FATALE
Roman policier
Marcel VIGIER
*1*
AIGREFINS ET VOLEURS
Le grandcafé du Globe, sur la Cannebière, à Marseille, commençait à se remplir. Il était environ huit heures et demie du s oir.
À une extrémité de la salle se trouvaient cinq tabl es contiguës.
À la première, contre le mur, un jeune homme et une jeune femme jouaient aux cartes, en riant gaiement aux coups heureux. On les connaissait bien dans l'établissement, où ils venaient presque chaque jou r ; c'étaient M. Jean Martinetti et sa femme Emma. Lui voyageait pour une maison de lingerie et visitait régulièrement la clientèle du département et des dé partements voisins.
Un peu plus loin, à la quatrième table, une dame él égante d'une trentaine d'années feuilletait d'une main nonchalante des jou rnaux illustrés. Elle venait quelquefois aucafé du Globe, mais toujours seule. Si on avait ouvert son sac, on aurait aperçu des cartes, portant gravé le nom d e Pierrette Lucas.
Enfin, à la dernière table, c'est-à-dire contre la haute vitre, un autre couple, bavardant paisiblement : Louis Martinetti et sa fem me Suzanne. Quoique frère du précédent, on ne les avait jamais vus se parler et on en concluait qu'une brouille sérieuse les séparait. Lui aussi était voy ageur et représentait une fabrique de savons et autres articles à base d'huil e.
Neuf heures n'avaient pas encore sonné, lorsque deu x hommes entrèrent. L'un d'eux, Raoul Ligier, était un habitué, son com pagnon au contraire avait l'apparence d'un étranger.
Comme par hasard, ils s'installèrent à la troisième table, près de Pierrette ; l'étranger, invité par l'autre, s'assit sur la banq uette et voisinait ainsi avec la jeune femme.
Ils causèrent un moment, puis réclamèrent des carte s, et aussitôt, avec une sorte de fièvre, entamèrent une partie de poker.
Pierrette s'intéressa de suite au jeu et, abandonna nt ses journaux illustrés, s'installa confortablement pour voir à l'aise les c artes de son voisin.
Probablement, elle crut remarquer sur son épaule ga uche de la poussière ou quelque chose de semblable, car d'une pichenette vi goureuse, elle épousseta sa manche. Deux minutes plus tard, l'étranger comme nça nerveusement à se frotter l'œil droit. Bientôt, la douleur le gêna, e t il fut moins attentif au jeu, commettant erreur sur erreur.
En même temps, un témoin soupçonneux aurait pu rema rquer que les doigts de la jeune femme, posés naturellement sur la table , avaient parfois des
mouvements rapides. Or, Raoul Ligier semblait souve nt regarder ces menottes agitées.
Et, après avoir gagné un instant, l'étranger perdit avec une effroyable rapidité, tandis que son œil le brûlait toujours, l ui enlevant ainsi tout son sang-froid.
Aussi finit-il par se lasser et, jetant ses cartes sur la table, s'écria :
— En voilà assez pour aujourd'hui, vous me donnerez ma revanche demain. Mais j'ai bêtement mal à l'œil et je ne suis plus m oi-même.
Raoul acquiesça en riant et la partie se termina. L 'autre sortit son portefeuille, en tira trois billets de mille francs , qu'il glissa habilement dans la main de son partenaire.
Cependant, Pierrette s'était nonchalamment laissée aller contre le dossier de la banquette et lorsque l'inconnu ouvrit son por tefeuille, elle y jeta un regard suffisamment aigu pour se rendre compte qu'il était bourré de coupures bleutées.
Aussitôt, elle se désintéressa des joueurs et, se t ournant légèrement de côté, feignit de contempler la Cannebière toute viv ante de promeneurs.
Mais elle fixa intensément Louis Martinetti en même temps que sa main droite avait un geste rapide.
Louis détourna la tête et s'adressa à voix basse à sa compagne ; celle-ci sourit gentiment, comme s'ils eussent parlé de chos es insignifiantes.
Mais un moment plus tard, le couple se levait et, a près un salut courtois aux autres consommateurs, quitta le café.
Pierrette à sa table restait impassible, jouant ave c les bagues qui ornaient ses doigts fuselés.
Les deux voisins, les joueurs de poker, causèrent e ncore quelques minutes, puis l'étranger, après avoir serré la main de son p artenaire, se retira.
Il pouvait être environ dix heures, la Cannebière c ommençait à se vider, chacun rentrant chez soi, pour se préparer par une nuit de repos, à une nouvelle journée de labeur.
Louis et sa femme ne paraissaient pas aussi pressés . Non loin du café, ils s'étaient arrêtés, épiant la terrasse toute brillan te de lumière.
Lorsque l'inconnu apparut dans la clarté crue des l ampes électriques, Suzanne poussa son mari du coude et murmura :
— Le voilà !
Louis eut un signe de tête et le couple se prit par le bras, pour suivre comme
par hasard le même chemin que le joueur de poker.
Ils remontèrent ainsi, lentement, jusqu'aux allées de Meilhan qui, à cause de leur largeur et des quatre rangées d'arbres qui les ombrageaient, étaient assez obscures.
Après s'être assurée que personne ne pouvait les vo ir, la jeune femme enleva sa toque de soie, la glissa dans son sac à m ain, extirpa d'une poche un court tablier qu'elle fixa à sa taille et d'un mot, avertit son mari qu'elle était prête à agir. Transformée de cette façon, elle avait abso lument l'allure d'une de ces malheureuses qui fréquentent les quartiers interlop es.
Vivement, Louis l'attira et précautionneusement, il s traversèrent la chaussée, pour la retraverser de nouveau, un peu pl us haut. Alors ils se séparèrent après un furtif serrement de mains.
Et soudain, l'étranger se trouva en face d'une jeun e femme aguicheuse et souriante qui chercha à lui parler.
Il voulut s'écarter, mais tenace autant qu'aimable, elle le suivit, lui barrant le passage.
À cette minute, une silhouette souple se glissa der rière le promeneur récalcitrant, un casse-tête américain siffla dans l 'air et s'abattit avec un bruit mat sur sa tête.
Pourtant, il ne tomba point, la femme le retint con tre sa poitrine. De son côté, l'homme le saisissait sous les aisselles et le traî nait jusqu'au banc voisin où il le laissa choir. Puis, les mouvements habiles, il foui lla les poches, enlevant bijoux et portefeuille.
Durant cette dernière opération, Suzanne, qui s'éta it éloignée, avait repris sa toilette ancienne, de nouveau transformée en bourge oise élégante.
Son mari la rejoignit et ils partirent hâtivement d ans la direction de la gare.
En chemin, Louis remit à sa compagne les dépouilles du malheureux.
Une demi-heure plus tard, il sautait dans l'express d'Avignon et le matin du jour suivant, il visitait ses clients, faisant preu ve, comme d'ordinaire, d'une humeur joyeuse et d'une jovialité tranquille.
Suzanne, une fois seule, redescendit vers le centre et se retrouva sur la Cannebière.
En passant devant lecafé Glacier, elle jeta un coup d'œil à l'intérieur et, apercevant des amis, entra délibérément.
La main tendue, elle se dirigea vers un couple qui l'accueillit avec une joie visible et lui fit une place auprès d'eux.
Or, dans la jeune femme auprès de laquelle, gaiemen t, elle s'asseyait, on
aurait pu reconnaître Pierrette Lucas.
L'homme, par contre, n'avait pas été aperçu auGlobe, pour la simple raison qu'il arrivait de Toulon. Lui aussi était voyageur.
Tout bas, il demanda à la nouvelle arrivante :
— Et Jean, où est-il ?
— Il se trouvait en même temps que nous auGlobe, mais, comme d'habitude, naturellement, a feint de nous ignorer.
Les trois compères eurent un rire silencieux.
Puis ils regardèrent du côté de la rue. Enfin ils a perçurent un homme seul qui passait, ensuite, un couple se tenant par le bras.
Lucas paya les consommations et tous trois sortiren t, l'allure paisible et indifférente.
Mais au coin de la rue de Rome, qui se trouvait un peu plus haut, ils se butèrent à trois autres personnes qui semblaient attendre.
Tous échangèrent de cordiales poignées de main. Ces derniers n'étaient autres que Raoul Ligier, Jean Martinetti et sa femm e Emma.
En bavardant avec insouciance, comme d'honnêtes bou rgeois à la conscience tranquille, ils remontèrent la rue de Ro me. Les dames marchaient devant, les hommes venaient derrière à une courte d istance.
Souvent Raoul tirait sa montre et murmurait :
— N'allons pas trop vite, inutile d'être en avance.
Raoul était considéré comme le chef de la bande. Ay ant à Marseille un bureau d'assurances, il fréquentait dans tous les m ondes, apprenant ainsi des détails intéressants qui profitaient à la communauté.
Pourtant, tous ces individus avaient l'estime de le ur entourage, leur existence avait une apparence régulière, les hommes travaillaient, les femmes tenaient leurs maisons avec un souci de bon ordre l ouable.
Ligier était le seul célibataire et parfois il le r egrettait, un nouvel acolyte n'aurait pas été de trop. Toutefois, il hésitait à donner sa confiance au hasard, sachant combien aisément on est trahi par les femme s.
Enfin ils atteignirent une place assez bien éclairé e, mais possédant néanmoins quelques coins d'ombre.
Encore une fois, Ligier regarda l'heure et murmura :
— Nous pouvons attendre ici, il ne tardera pas à arriver...
À peine avait-il prononcé ces mots que Lucas le tou cha à l'épaule.
— Le voilà ! chuchota-t-il.
Aussitôt la bande entière fut prête à l'action ; le s femmes se remirent en marche, tenant tout le trottoir, les hommes les sui vaient, Lucas seul, armé d'un casse-tête, se trouvait un peu en arrière.
Un promeneur solitaire venait dans leur direction, marchant à pas hâtifs.
Évidemment, en apercevant ce groupe, il ne s'inquié ta pas et poursuivit sa route.
Emma et Pierrette s'écartèrent pour le laisser pass er. Néanmoins, il frôla cette dernière, qui aussitôt poussa une sourde excl amation :
— Oh ! mon sac !
Son réticule était tombé, en effet. L'étranger se r etourna pour s'excuser, s'apprêtant à ramasser le malencontreux objet.
Mais, comme la précédente victime, il ne tomba poin t, soutenu par les trois femmes réunies. Jean aussitôt le saisit aux aissell es et aida à le maintenir debout.
Pendant ce temps, Raoul, au moyen d'une clef passe-partout, avait ouvert la première porte venue.
L'inconnu y fut poussé et Ligier, prestement, fouil la dans les poches, tandis que Jean s'emparait des bijoux.
Les trois femmes, une fois débarrassées de leur far deau, avaient continué leur chemin, masquant ainsi la fin de l'opération.
Le tout avait duré à peine quelques secondes et le abandonné inanimé dans un couloir obscur.
malheureux fut
L'absence de concierge dans les maisons de Marseill e avait facilité cette tactique.
Et la bande, bavardant toujours joyeusement, passa non loin des agents, seulement l'ordre de marche différait et ils ne sem blaient plus être ensemble.
Quelques instants plus tard, ils atteignaient leur logis.
Tous habitaient le même immeuble : Jean Martinetti occupait le rez-de-chaussée ; les Lucas le premier ; Louis Martinetti le second, et enfin Raoul avait sa garçonnière au troisième.
Avant de regagner leur home respectif, ils se réuni rent chez Emma, dans le grand salon brillamment illuminé.
Chacun jeta sur la table les dépouilles des victime s et le partage eut lieu, sans discussion, avec une scrupuleuse honnêteté.
Les bijoux, enveloppés de papier...
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