L homme aux yeux brillants
45 pages
Français

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L'homme aux yeux brillants , livre ebook

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Description

Il y a de cela dix-huit mois, quelque peu surmené par mes travaux littéraires, je me rendais à Cannes faire une cure de repos et de soleil.


J’avais pris, à Paris, le rapide de nuit, et je partageais mon compartiment avec un inconnu.


Durant le trajet, j’eus une vision terrifiante, une face, blafarde comme un halo lunaire écrasée à la glace du couloir !... Et ces yeux !... Ô, des yeux ! Ces pupilles félines ardemment dilatées dans la pénombre, l’emplissant toute de leur vert, et froid, et magnétique rayonnement !... Ces yeux ! Ces yeux !...


Était-ce un cauchemar ? J’aurais pu m’en persuader si, quelques jours plus tard, je n’avais revu « l’homme aux yeux brillants » s’enfuir de la chambre d’hôtel de mon partenaire de voyage...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070030066
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVANT-PROPOS



Maxime AUDOUIN , de son véritable nom Léon Eugène DELACROIX, est né à Saint-Michel-en-l'Herm en 1858 et décédé à Pouliguen en 1925.
D'abord enseignant, puis principal de collège à Fougères, en Ille-et-Vilaine, c'est dans cette paroisse qu'il se passionne pour l'écriture à travers la tenue d'une chronique, « Le Pourciau du père Michel, paysannerie », dans la gazette locale.
Probablement desservi par une homographie lourde à assumer (comment percer en tant qu'auteur quand on a pour homonyme un grand peintre tout juste décédé ?), Eugène DELACROIX, fils d'un marin, Aristide Sextius Victor DELACROIX, choisit de prendre pour pseudonyme le patronyme de sa mère, Marie Victoire AUDOUIN.
Il devient ensuite directeur de « Le Goéland », « Le journal des plages de l'Ouest », puis rédacteur-chef de l'hebdomadaire « La Mouette », tous deux ancrés à Le Pouliguen, commune où Maxime AUDOUIN vécut une partie de sa vie, y fut adjoint au maire, et dans laquelle il mourut le 22 décembre 1925 des suites d'une grave maladie.
C'est dire si Maxime AUDOUIN était imprégné jusque dans sa plume par sa région et sa ville, d'autant qu'il avait épousé Marie Ursule Marguerite LE BRETON, pouliguennaise de naissance.
Néanmoins l'inverse est tout aussi vrai puisque Maxime AUDOUIN est reconnu pour sa participation au rayonnement artistique de la Vendée et de Le Pouliguen au point qu'une rue de la commune emprunte fièrement son cryptonyme.
Si désormais il est difficile de trouver plus amples informations sur l'homme, celui-ci laissa, malgré tout, derrière lui, une importante production composée de centaines de contes et nouvelles et de plusieurs romans dont la plupart furent publiés dans la presse sous forme de feuilletons avant d'être traduits, notamment pour les lecteurs espagnols, ou livrés, tels que, aux Québécois…
Son premier livre paru date de 1889, « Jean… », un recueil de contes.
Puis, en 1890, c'est le roman « Le divorce de Roger » dont l'intrigue se déroule quasi exclusivement à Le Pouliguen.
Dans les ouvrages suivants, qu'il s'agisse de récits policiers, fantastiques, d'aventures… l'action se situe bien souvent dans le Bas-Poitou, et il n'est pas rare que les personnages en soient des enseignants, journalistes ou écrivains.
Cependant, si ces écrits sont riches en renseignements sur la contrée chère au cœur de l'artiste, ils le sont tout autant sur l'individu.
On y apprend que Maxime AUDOUIN possédait la pleine maîtrise de la langue française, ce qui n'a rien d'étonnant de la part d'un instituteur de l'époque, et qu'il était surtout doué d'un sens aigu de la narration, de l'art de l'observation de ses contemporains, mais, avant tout, qu'il savait parfaitement captiver l'attention du lecteur en lui proposant des histoires à la fois merveilleuses, mystérieuses ou exaltantes tout en les ancrant dans la terre ferme à travers des racines familières à tous, permettant ainsi à son lectorat de s'immerger d'autant mieux dans le récit qu'il se sentait immédiatement concerné par les évènements, les lieux ou les protagonistes.
Or, la meilleure façon, aujourd'hui, de découvrir l'auteur, est encore de se plonger dans l'un de ses textes, ce à quoi OXYMORON Éditions vous invite maintenant...
K.
L'HOMME AUX YEUX BRILLANTS
Roman policier
I
Le mystère de l'hôtel Scott
 
Il y a de cela dix-huit mois, quelque peu surmené par mes travaux littéraires, je me rendais à Cannes faire une cure de repos et de soleil.
J'avais pris à Paris le rapide de nuit, et je partageais mon compartiment avec un inconnu.
Allongés sur nos banquettes respectives, stores baissés sauf celui de la porte du couloir, lampe en veilleuse, nous dormions.
Il pouvait être entre une et deux heures du matin, quand une angoisse de cauchemar me tira de mon sommeil.
Alors !...
Dormais-je encore ?... Était-ce le cauchemar qui continuait ?...
Là, devant !... cette face, blafarde comme un halo lunaire, que je devinais plutôt que je ne la distinguais, épieuse, écrasée à la glace du couloir !... Et ces yeux !... ô, des yeux ! ces pupilles félines ardemment dilatées dans la pénombre, l'emplissant toute de leur vert, et froid, et magnétique rayonnement !... Ces yeux ! ces yeux !... Comment rendre leur l'éclat insoutenable, et la fixité cruelle, fascinatrice, diabolique, de ce regard chargé d'une mortelle haine, double pointe de flèche empoisonnée dardée sur le calme visage de l'inconnu qui reposait sans défiance à mes côtés !...
Le mystérieux espion devait jouir de la faculté de nyctalopie des chats, car, à mon premier mouvement pour secouer le charme d'horreur, qui un espace de temps inappréciable m'avait tenu médusé, brusquement la terrifiante vision s'abolit, me laissant sous l'oppression d'une hantise hallucinante, qui m'étreint encore la gorge, chaque fois que j'évoque ce souvenir...
En vain essayai-je de me rendormir. Ce me fut impossible. J'avais, toujours présente, l'obsession de ces deux trous de lumière vrillant les ténèbres...
À la fin, agacé, énervé, je sortis dans le couloir fumer des cigarettes. Mais j'eus beau parcourir le train de bout en bout, passant par les soufflets de voiture en voiture, avec le secret espoir de me heurter — qui sait ? — à l'être fantastique qui venait de poser à ma curiosité cette irritante énigme — du fourgon de tête au fourgon de queue, rideaux tirés, portes closes, tout dormait ou semblait dormir...
Et pourtant « l'Homme aux yeux brillants » — pour lui donner un nom — n'avait pu s'évader du convoi, lancé à quatre-vingts kilomètres à l'heure, sans arrêt depuis son étrange manifestation...
Déçu, je réintégrai mon compartiment, et, le jour venu, j'étudiai à la dérobée mon compagnon de route, sur la tête de qui désormais je me figurais sentir peser quelque effroyable fatalité.
C'était un personnage approchant de la cinquantaine, de haute mine, que, le lendemain, j'appris être le marquis Armand de Landéan, chef de la branche aînée d'une vieille famille bretonne — un colosse qui eût endossé avec aisance le lourd harnois de guerre de ses ancêtres, les rudes compagnons de bataille de Duguesclin.
L'incident de la nuit m'avait inspiré à son endroit un certain intérêt. Un moment, j'hésitai si, pour lui suggérer de se tenir sur ses gardes, je ne l'aviserai point de la menace dirigée contre lui. Mais comment eût-il accueilli ma communication ? D'ailleurs, je le jugeais de taille à se défendre — et, en définitive, ce n'étaient pas là mes affaires.
Combien je devais regretter mon égoïste réserve !
À l'arrivée en gare de Cannes, le valet de chambre qui avait accompli le trajet dans une autre voiture, vint prendre les bagages de main de son maître, pour les porter à l'omnibus automobile de l'hôtel Scott.
Le choix du marquis dictait le mien. Je montai donc avec lui, décidé à suivre l'aventure, si cher qu'il m'en dût coûter, au sens pécuniaire du mot.
L' hôtel Scott , en effet, se classe entre les premiers parmi ces imposants « palaces » qui s'échelonnent, au long de la Riviera, rivalisant entre eux de somptuosité pour se disputer la clientèle des richissimes hivernants. Le luxe des chambres, des salons, des jardins, des serres, y est véritablement impressionnant — et le luxe se paye.
Mais aussi, là comme ailleurs, il cote son homme.
Pour le prix relativement modique de trois louis par jour, je savourais la satisfaction de vanité d'occuper mon coin dans ce caravansérail à usage de millionnaires.
Puis, le hasard avait voulu que les fenêtres de l'appartement du marquis s'ouvrissent juste au-dessous de la mienne — deux étages plus bas...
Enfin, quotidiennement, au dîner, où la tenue de soirée est de rigueur, du bout de table où je m'étais intentionnellement placé, et d'où, sous les feux des lustres, se développait devant moi en enfilade la double rangée des habits noirs ou des smokings alternants avec les blanches épaules chargées de bijoux princiers, j'avais tout loisir de m'attacher à interroger ces visages mondains, à y démêler sous leur correction surveillée tel profil révélateur, comme sous le sourire menteur des yeux tel éclat involontaire, tel fugitif reflet, qui me dénoncerait la face blême coll

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