L'homme suspect , livre ebook

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Dans les embouteillages parisiens, Jack DESLY remarque, à l’arrière d’un autobus, une demoiselle aux yeux verts et cheveux d’acajou lui rappelant sa douce Gladys.


L’inconnue est plongée dans la lecture d’une lettre dont l’enveloppe, par le caprice du destin et d’un courant d’air, s’envole pour atterrir sur le siège de sa voiture.


Plus tard, tandis qu’il conte l’aventure à sa tendre compagne, celle-ci s’amuse d’une autre coïncidence : dans les offres d’emploi du journal, elle vient de parcourir l’annonce de quelqu’un qui recherche, pour un rôle dans un film, une jeune femme ayant les mêmes caractéristiques physiques qu’elle.


Pour Jack DESLY, il ne fait nul doute qu’il s’agit là d’une arnaque pour attirer quelques naïves.


Son instinct lui souffle rapidement que la passagère qu’il a croisée s’apprête à tomber dans ce piège et décide, grâce à l’adresse inscrite sur l’enveloppe, de se rendre chez elle pour la prévenir du danger.


Mais quand Jack DESLY arrive à son domicile, celle-ci s’est subitement volatilisée...

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EAN13

9791070038185

Langue

Français

- 19 -

L'homme suspect
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
UNE ENVELOPPE, AU VENT...
 
Il y avait cinq minutes que la petite voiture de Jack Desly suivait cet autobus sur les grands Boulevards.
Hasard de la circulation. Et le jeune homme, tout en observant machinalement les occupants de la plate-forme à quelques mètres devant son capot, ne pouvait s'empêcher de se livrer à des considérations philosophiques sur la rapidité comparée des déplacements au siècle dernier et celle de nos jours, sur ces mêmes boulevards.
Évidemment, les autos allaient plus vite que les voitures à chevaux de jadis, mais, comme l'encombrement était dix fois plus grand, le résultat était encore à l'avantage d'hier.
Aussi se promit-il de virer dans la première rue transversale pour échapper au flot qui l'emprisonnait.
— Allons bon... Voilà le signal rouge, à présent...
Le moteur au ralenti, il se mit à attendre avec résignation. Devant lui, toujours le même autobus. Un receveur grognon, des gens au visage maussade, un air d'ennui répandu sur tous les visages... Non, cependant. Il y avait là-bas, dans le coin, une jeune fille, une jolie fille, même... Jack eut un sourire. Elle avait des yeux verts et des cheveux acajou. Un teint clair éblouissant. Bref, très séduisante.
Surtout pour Jack. Non pas que notre ami eût l'intention d'être infidèle à Gladys, celle qu'il aimait. Au contraire, c'était parce que l'inconnue lui rappelait à grands traits la jeune femme qui possédait son cœur qu'elle avait attiré son regard.
Elle lisait une lettre. Jack Desly admira la longueur des cils recourbés qui se baissaient sur les joues.
Sans transition, il s'occupa d'autre chose. Une rue se présentait à sa gauche. Vite. Il fallait en profiter.
Que se passa-t-il à ce moment-là ? L'autobus avait-il accéléré brusquement, ou la jeune fille avait-elle été bousculée, toujours est-il qu'elle laissa échapper de ses mains l'enveloppe qu'elle tenait au bout des doigts. Mais elle avait gardé sa lettre.
Jack ne s'était aperçu de rien, tout à sa manœuvre. Quand il se retrouva dans la rue qu'il venait d'emprunter, il aperçut sur le siège, à côté de lui, un rectangle de papier.
— Qu'est-ce que c'est que ça ?
Ça, c'était tout simplement l'enveloppe de l'inconnue, qui, par un curieux caprice du sort, avait voleté et s'était trouvée entraînée par le courant d'air produit au moment où Jack avait viré.
Elle s'était engouffrée par la portière dont la glace était abaissée.
Par un réflexe naturel, Desly stoppa et prit le papier. Il vit une adresse, se demandant durant un court instant comment cette enveloppe pouvait se trouver là, et, soudain, le tableau de la jeune fille plongée dans sa lecture lui revint en mémoire.
Avec sa remarquable faculté d'assimilation, il ne tarda pas à reconstituer ce qui avait dû se passer et eut un nouveau sourire.
— Amusant. Voilà que je connais son nom et le moyen de la retrouver. Décidément, il y a un lutin malicieux qui préside à certains faits. Car, enfin, tout indiquait qu'il n'y avait pas de raison de penser davantage à elle... Je vais taquiner Gladys avec cette petite anecdote.
Il se rendait précisément chez Gladys.
Trois jours s'étaient écoulés depuis qu'il l'avait accompagnée à la gare du Nord pour la voir partir par le rapide de Bruxelles.
Gladys se rendait comme d'habitude dans la capitale belge pour y rencontrer le correspondant de Jack afin de négocier quelques bijoux, produit d'une opération fructueuse.
Jack Desly, gentleman-cambrioleur, travaillait avec une incomparable méthode et ne commettait jamais la bévue de liquider sur place les « articles » de ce genre.
Il y avait longtemps qu'il opérait ainsi. Le trio formé par lui-même, son domestique annamite Nan-Dhuoc, et son amie Gladys Smith, était imprenable.
Le seul qui soupçonnât l'activité de Jack était l'inspecteur principal de la Sûreté, Arthéme Ladon. Mais, pas de preuves. Jamais de preuves. Pilote éprouvé, Desly connaissait à merveille tous les écueils pour éviter à sa barque le fatal naufrage.
Il atteignit les environs de la Madeleine où, dans un hôtel luxueux et discret, habitait Gladys.
La jeune femme était rentrée depuis le matin même. Il la trouva vêtue d'un délicieux pyjama de soie bleu ciel, fumant une cigarette.
Quand il apparut, elle lisait un journal, juchée sur un divan.
— Bonjour, chérie... Le voyage s'est bien passé ?
— Très bien, Jack... Comme toujours. L'argent est en banque...
— Parfait. Repos d'un mois. Le temps de préparer une nouvelle affaire... Dis donc, Gladys, tu ne trouves pas que cette vie devient terriblement monotone ? Je me fais l'effet d'un rond-de-cuir...
— Un rond-de-cuir ?... Tu plaisantes !
— Non, non, je t'assure... La besogne est tellement régulière ! Et sans risques, en somme...
— Allons, Jack, ne défie pas le sort. Tu te plains au lieu de te féliciter... Je ne demande qu'une chose. C'est que cela continue indéfiniment, ou, plutôt, jusqu'à ce que nous ayons amassé de quoi vivre, enfin, sans que j'aie à trembler chaque fois que tu pars en expédition.
Jack lui scella les lèvres d'un long baiser.
Il s'assit à côté d'elle, chercha dans sa poche son étui à cigarettes et ses doigts rencontrèrent l'enveloppe qu'il ramena au grand jour.
Gladys suivait ses mouvements. Elle le vit jeter un coup d'œil sur la suscription et remarqua une lueur malicieuse dans ses yeux.
D'un mouvement vif et mutin, elle lui subtilisa le papier.
— Qui est cette personne ? demanda-t-elle, après avoir lu tout haut : « Mademoiselle Lucienne Darbois, 45, rue Béranger, Paris. »
— Une bien jolie personne, répondit-il.
Elle leva vers lui ses beaux yeux verts interrogatifs.
— Et qui possède des cils aussi longs que les tiens, poursuivit Jack, l'air toujours aussi taquin. Elle a la même couleur de prunelles que toi, et, d'après ce que j'ai pu en juger de ce qui dépassait sous son petit chapeau, des cheveux auburn comme toi également.
— Quel est son rôle ? fit Gladys, en allumant une nouvelle cigarette et en s'adossant aux coussins.
— Aucun rôle, Gladys...
— Enfin, je veux dire, d'où la connais-tu ?
— Mais je ne la connais pas du tout !
Jack s'amusait franchement. Il ne voulut pas intriguer davantage son amie et lui narra le petit incident sans importance qui avait abouti à l'arrivée de l'enveloppe dans sa voiture.
— C'est tout de même curieux, ajouta-t-il, qu'elle ait vaguement ton type. Il n'y en a pas tellement qui possèdent justement cette peau si blanche et rose en même temps, ces cheveux mousseux comme de l'or fauve et ces yeux de topaze...
Gladys ne répondit pas. Elle paraissait suivre une pensée. Brusquement, elle articula :
— Tu ne sais pas ce que j'étais en train de lire quand tu es arrivé ?
Jack ramassa le journal et vit qu'il était plié à la page des « Petites Annonces ».
— Tu cherchais un emploi ? hasarda-t-il en riant.
— Non. Je m'intéressais surtout à la correspondance. Tu sais toi-même qu'on y glane souvent des choses utiles... Mais, après avoir achevé cette colonne, j'avais jeté un coup d'œil machinal sur les « Offres d'emploi », pour passer le temps, et... tiens, regarde plutôt...
De l'ongle carminé du pouce, elle souligna un entrefilet et le tendit à Jack. Le jeune homme marmonna, entre haut et bas :
— On demande jeune fille au teint clair, cheveux roux vénitien et yeux verts pour rôle intéressant dans un film. Aucune aptitude spéciale demandée. Physique décrit indispensable...
Desly rabattit la feuille sur ses genoux et s'exclama :
— De plus en plus drôle !...
— Oui, n'est-ce pas !... Voici une matinée où les cheveux roux et les yeux verts tiennent une place importante !
— Quelle série de coïncidences.
Gladys eut un sourire espiègle et proposa :
— Si j'écrivais ? Qu'en penses-tu ?
— Écrire ? Pour quoi faire ?
— Mais pour... Pour m'amuser... Pour savoir... Vois-tu que je devienne subitement une star ?
Ils rirent tous deux et Jack fit un geste d'acquiescement :
— Pourquoi pas, après tout ? Quoique je pense qu'il s'agit, une fois de plus, d'un attrape-nigaud ou nigaude qui...
— Merci, fit Gladys d'un air comiquement offensé.
— Inutile de remercier. Tu as compris... Il ne s'agit pas de toi. Mais l'idée est à creuser. Écris, ma petite Gladys...
Jack reprit le journal et constata :
— Il n'y a pas d'adresse...

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