L oublié de Srinagar
155 pages
Français

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Description

Mike accusa le coup mais resta néanmoins impavide. Il fixa son vis-à-vis. Les deux hommes s’observèrent quelques lourdes secondes comme des boxeurs au premier round. Ni l’un ni l’autre ne voulait lâcher le premier coup. Seulement Mike devait se rendre à l’évidence. Cette tentative d’enlèvement et l’assassinat déguisé d’une des barbouzes du Vatican changeaient la face des choses. Ses recherches intrépides sur la « légende du Christ Musulman », du « Tombeau » et de ses documents occultés à Srinagar tournaient en une confrontation mortelle entre réseaux professionnelles avec lui comme cochonnet.

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312031279
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’oublié de Srinagar
Barretto del Valle
L’oublié de Srinagar LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
En Hvmmage à :
Abdul Khazir Shoda, paternel de Bashir, ami de William Mac Intyre.
En remerciement à :
Gilbert,mvntagne irremplaçable.
© Les Éditivns du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-03127-9
Prologue
Vittorio Mauro, premier conseiller de sa Sainteté le Pape, feuilletait fébrilement les premières pages d’un épais dossier recouvert de skaï pourpre qui détonnait sur la nappe immaculée d’un guéridon sans style. Il humidifia son index alourdi d’une bague volumineuse aux commissures de ses lèvres pour mieux saisir une page récalcitrante. Le regard perçant de ses petits yeux enfoncés dans un visage lunaire erra longuement sur le document marqué d’un sceau top secret dans l’angle supérieur gauche. Comme chaque fois qu’il parcourait le manuscrit, une étrange angoisse l’enveloppait. Même s’il ne voulait pas trop y croire, ces documents pouvaient remettre en question l’histoire du christianisme. Une bombe apocalyptique à désamorcer à n’importe quel prix. Son vis-à-vis vêtu d’un trois pièces noir anthracite contemplait d’un œil morne un crucifix de métal, seule décoration murale de la minuscule pièce borgne casematée au troisième sous-sol de la villa Barberini, à un jet de pierre du Castel Gandolfo, la résidence d’été privilégiée des papes. Dans la cité du Vatican, les mauvaises langues l’appelaient « Pinoblair ». Peut-être à cause de son appendice nasal équivoque. Surnom guère flatteur mais admirablement adapté dans cette partie underground du Vatican où l’on confondait allègrement coups tordus et bénédictions. Le silence de la chambre sécurisée alourdit par le vrombissement de deux ventilateurs alignés sous un arc-boutant entretenait une sensation angoissante d’apesanteur. Les deux ecclésiastiques semblaient anormalement nerveux. Ils patientaient depuis plus d’une heure. Alberto Aquaverde, numéro un des services actions du plus petit état du monde, les avaient convoqués en urgence la nuit précédente. La clarté inopinée d’un modeste voyant bleuté encastré au-dessus de la porte massive libéra les deux ecclésiastiques. Ils quittèrent avec un ensemble parfait leur siège peu confortable et rectifièrent leur vêtement pourtant impeccable. La porte s’ouvrit sur un mètre quatre-vingt dix d’élégance. Avec des cheveux noirs légèrement frisés coupés aux mèches à mèche, une gueule d’aristocrate parvenu et une démarche de mannequin sportif, Alberto Aquaverde aurait fait les beaux jours d’un dessinateur de mode. Tiré à quatre épingles dans un costume de flanelle grise, il aurait pu incarner l’image du playboy rital typique si une microscopique croix n’était épinglée au revers de son veston. Mais sous cette physionomie altruiste, ce look agréable, se cachait un personnage implacable rompu à toutes les aversions imaginables pour protéger l’intégralité de l’Eglise. A la tête d’une équipe forte d’une centaine d’hommes de toutes races disséminés sur les cinq continents, fanatisés et prêts à agir à n’importe quelle injonction, Aquaverde incarnait avec son équipe et plusieurs siècles de retard l’horreur des croisades et des colonisations. Les salutations furent froides et rapides. Les trois hommes s’estimaient mais ne s’aimaient guère. Aquaverde trouvait les prélats révérencieux et mous. Quand à eux, conscients qu’ils ne travaillaient pas toujours dans l’amour du Christ, condamnaient les méthodes trop expéditives de la barbouze consacrée même si celles-ci se révélaient d’une extrême efficacité. A des années lumière des dix commandements. Sans s’excuser de son retard, le numéro un des Ombres du Vatican s’assit sur la seule chaise à l’extrémité de la table rectangulaire et désigna posément les tabourets aux prélats. Les deux hommes obtempérèrent sans rechigner. « Pinoblair », pour se donner une
contenance chaussa les petites lunettes rondes qui avaient traversé avec lui vingt ans de loyaux services.
*
Les mains parfaitement manucurées de la barbouze s’emparèrent d’autorité du dossier pourpre. Il parcourut la première page rapportant les préludes de l’étrange histoire qui plongeait les services secrets du Vatican depuis plusieurs années dans un imbroglio clair-obscur. Une intrigue commencée comme une affaire banale mais qui au fur et à mesures des investigations hypothéquait une nouvelle guerre de religions ! Il connaissait parfaitement le dossier mais prit néanmoins un temps de réflexion. Enfin, allumant une cigarette, il fixa ses interlocuteurs. – Messieurs, nous avons retrouvé Mike Barretto del Valle ! – Grand Dieu, murmura Vittorio Mauro en louchant sur son voisin sans voix, visiblement confondu par la nouvelle. Aquaverde se gargarisa. Un sourire discret apparut sur son faciès de seigneur en constatant le saisissement des pontifes. Il marquait un point. Ne lui avait-on pas imputé quelques semaines auparavant d’avoir perdu la trace de Barretto del Valle en Thaïlande ? – Félicitations mon cher. Notre homme est donc de retour au Cachemire ? – Ce que nous supputions tous ! Et bien non Messieurs, nous nous sommes trompés. A son habitude, il a été retors. Il est actuellement incarcéré dans une prison du nord de la France ! Plus précisément à la maison d’arrêt de Nancy ! – Plutôt surprenant…, pas franchement dans sa tonalité. – Absolument d’accord avec vous. Mais je flaire là une diversion. Ce n’est pas la première fois qu’il essaie de se faire oublier pour brouiller les pistes. Rassurez-vous, l’équipe d’Enzo est sur place. Nous en saurons d’avantage dans moins d’une heure. J’attends d’un moment à l’autre plus d’informations. Partagés entre l’excitation de l’excellente nouvelle et les futures préoccupations qui en résulteraient, les deux religieux évaluèrent posément la nouvelle situation. Collaborant en triumvirat depuis plus de dix ans, ils savaient qu’Alberto Aquaverde ne dévoilait pas toujours ses prérogatives. C’était sa manière de travailler. Mais l’instant n’était plus aux cachoteries, fussent-elles de bon aloi. En accointance convenue avec son confrère, « Pinoblair » le jaugea franchement. – Mon cher Alberto, nous avons toujours respecté vos façons d’enquêter tout en appréciant les indéniables résultats. Aujourd’hui nous vous demandons plus de transparence. Cette affaire semble s’emballer trop vite. Vous vous en doutez, nous sommes convaincus que vous avez déjà établi un stratagème avec vos équipes. Nous vous prions en conséquence de nous associer de plus près à vos investigations. Trop heureux de la main tendue, le numéro un des Ombres du Vatican triompha intérieurement. Jamais il n’aurait espéré une ouverture si directe. Libéré avec soupçons, il ne se fit pas prier. – Votre analyse me réjouis et vous honore, psalmodia Aquaverde. Effectivement, nos ultimes informations recoupées par le service action sont évidentes, transparentes. Barretto del Valle est sur le point de parachever ses interminables enquêtes. Messieurs, nous n’avons plus d’autres alternatives que d’engager la procédure d’urgence. Les proches conseillers du Saint Père ne se consultèrent même pas du regard. Ils estimaient le professionnalisme de leur numéro un. Aucun insuccès notoire en plus d’une décennie de collaboration. En intelligence ils lui firent signe de poursuivre. – Je vous remercie et bénis votre loyauté, éleva-t-il respectueusement en extrayant du
dossier quelques feuillets marqués. Pour débuter, laissez-moi compléter son curriculum vitae avec ce que vous savez déjà. Citoyen Suisse, il quitte son pays d’origine dans les années soixante-dix, probablement à cause du poids du conformisme Helvétique. Il s’installe à Malte où il est soupçonné de trafic de cigarettes avec Tirana. Suivent de nombreux séjours en Afghanistan, en Inde, au Népal. Il se promène au Cachemire lors de la guerre avec le Pakistan. Puis on le retrouve en Ouganda sous la dictature d’Amin Dada, en République Centre Afrique avec Bokassa, au Congo devenu Zaïre. Cinq ans plus tard il vadrouille en Colombie, puis au Brésil. Là encore on ne sait véritablement pas ce qu’il fabrique, mais il acquiert la nationalité Colombienne. Comme vous le constatez Messieurs, captivante tranche de vie mais rien de notoire à ces époques en rapport avec les évènements de Srinagar qui nous ont alertés et sérieusement alarmés. – Si ce n’est le personnage, intervint Mauro. Caractère singulier, agissement inattendu, désintéressement insolite. Bref, des comportements inhabituels dans des pays pas vraiment accueillants. Ce qui dénote un tempérament particulier à ne pas négliger dans vos considérations à venir ! La barbouze tiqua mais ne releva pas. Il avait l’habitude de ce genre de remarque qu’il avait bien entendu déjà examinée. Sans même relever la tête il poursuivit. – Printemps deux mille douze il quitte l’Amérique du Sud et refait surface au Cachemire. Avec une de ses vieilles connaissances, Bashir Shoda, il entreprend la construction d’un house boat sur le lac Dal. Il renoue de nombreuses amitiés, passe une grande partie de son temps avec des dignitaires musulmans et Hindou. Automne de la même année, Srinagar est secoué par des querelles intestines entre les différents groupes religieux. Barretto del Valle est arrêté puis relaxé inexplicablement après quelques heures seulement de détention. Nos renseignements de l’époque sont ambigüs, néanmoins ils attestent qu’il est le détonateur-déclencheur des querelles. Les milieux concernés sont formels. Barretto del Valle est le détenteur d’un secret combinant un tombeau deux fois millénaire, un christ musulman et d’obscurs documents transmis de générations en générations jusqu’à aujourd’hui. Nos services alertés ne portent qu’une attention limitée infuse au folklore local. Toutefois, par acquis de conscience, un de nos agents du service de documentation extérieure est envoyé sur place. Après une semaine d’enquête, indubitablement perturbé, il nous prévient en urgence qu’il prend un vol pour Rome le jour même en exigeant de me remettre en mains propres ses expertises qualifiées d’alarmantes. Le destin fait qu’il ne montera jamais dans l’avion. Son corps est retrouvé par un pécheur, flottant sur le lac Dal. L’autopsie ne révèle aucune trace d’eau dans les poumons mais curieusement atteste d’un minuscule trou au niveau de la deuxième vertèbre cervicale. – Technique pratiquée par les Haschischins, flagorna Mauro, nombriliste de sa culture. Ces tueurs légendaires utilisent une fine lame de métal aiguisée pour la glisser dans le cœur ou dans la colonne vertébrale de leur victime. Sans un examen médical approprié la mort passe pour naturelle. – Merci pour votre éclairage, reprit Aquaverde avant de poursuivre. – Nos renseignements de cette période sont limités. Impossible de connaitre l’identité de l’assassin mais plus grave encore, pourquoi cette mort déguisée ? Toutefois, les analyses de nos spécialistes de l’Asie convoqués en urgence sont unanimes. La quintessence perturbatrice des troubles est Barretto del Valle, le meurtre travesti de notre agent en rapport avec son secret autour du supposé « Tombeau ». D’où la nécessité de le mettre illico sous surveillance resserrée. Notre antenne Asiatique établit aussitôt une filature sophistiquée. Les résultats ne se font guère attendre.
Barretto del Valle reste planqué sur son house boat où il reçoit à intervalle régulier un notable Musulman, le Marabout de la Mosquée d’Hazratbal. Probablement à la suite de leurs entrevues et à cause de l’atmosphère électrique à Srinagar, il quitte le Cachemire pour la Thaïlande. Il s’installe sur l’île de Samui d’où il voyage régulièrement à Bangkok. Durant des mois, il cherche à entrer en relation avec l’autorité Bouddhique pour enfin y parvenir à force d’opiniâtreté. Il obtient un premier rendez-vous avec Saï Muong, doyen respecté et révéré de sa communauté. A partir de ce jour, les deux hommes se rencontrent assidument et semblent même se lier d’amitié. Les renseignements de notre agent sur place sont maigres. Il n’arrive pas à établir une corrélation entre les deux personnages et se désespère à obtenir des indices de leurs conversations. En resserrant sa vigilance, il s’aperçoit fortuitement que Barretto del Valle est épié par un individu à l’allure moyen-orientale. Il n’a aucune difficulté à lui tirer le portrait et nous fait parvenir une série de clichés. Stupéfaction de notre Service « Asie du sud-est ». Le quidam identifié est Nazim Hamid, individu inclassable. Il est catalogué comme sunnite mais étrangement collabore avec les chiites, les palestiniens, voire Tsahal. Un vrai caméléon casse-cou malaisé à cerner. Nous enquêtons toujours avec difficultés sur son mouvement terroriste qui est certainement à l’origine de la mort de notre agent à Srinagar.
*
Une inopinée sonnerie musicale fit tourner la tête des trois hommes. Aquaverde s’arracha de sa chaise pour décrocher un des téléphones mural. Il resta suspendu à l’appareil une brève minute avant d’esquisser un sourire satisfait. – Je vous remercie, magnifique travail. – Excellente nouvelle, Messieurs. Comme je vous l’expliquais au début de notre entretien, je craignais une nouvelle entourloupe de Barretto del Valle. Notre antenne en France confirme mes suspicions. Il a été interpellé sur une place connue de Nancy et incarcéré à la maison d’arrêt Charles Trois pour voies de faits. Un bémol cependant, croustillant mais évocateur. Une de nos sources officielles dans le milieu concerné est formelle. L’arrestation est trop huilée pour être intègre. Néanmoins il va en prendre pour trois mois. – L’homme est cocasse, souffla Vittorio Mauro visiblement fatigué des frasques de ce Barretto del Malheur comme il aimait à l’appeler. Mon cher Alberto, vos conclusions après ces derniers rebondissements ? – En synthétisant nos ultimes renseignements, je ne suis guère surpris. Manifestement à Bangkok il s’est rendu compte de notre filature. Superposée aux événements de Srinagar, il a dû réagir précipitamment. Trop chaud en Asie. Sa situation devenait inconfortable. Il devait se faire oublier. D’où sa disparition de la Thaïlande. Il sème notre collègue et se perd dans la nature. Nos services le perdent de vue plusieurs semaines avant de le repérer en Meurthe et Moselle grâce à une maladresse de sa part. Un coup de fil avec Bashir Shoda. Il lui demande de « tout préparer » pour son retour à la fin de l’été. Quelques instants après sa conversation avec son partenaire au Cachemire, il se fait embastiller ! Maintenant pourquoi dans le Nord de la France, pourquoi cette emprisonnement volontaire, que s’est-il passé à Bangkok avec Saï Muong, je n’en sais pas plus que vous ! Voilà où nous en sommes. Beaucoup de points noirs à éclaircir, trop de questions sans réponses. Les aspects positifs : nous savons où il se terre et pour combien de temps, nous connaissons ses desseins pour la fin de l’été. Pour toutes ces raisons, Messieurs, je ne vois qu’un achèvement. Le contacter ! Notre logistique à Nancy est en place. Nous avons le temps pour manœuvrer.
– Et pour Nazim Hamid et ses sbires, se soucia Pinoblair. – Ils veulent à n’importe quel prix s’approprier le secret du « Tombeau de Srinagar ». Leur mouvement est un dangereux remake d’Al Qaida en plus compartimenté. A nous de les « contrôler ».
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