La chambre au clair de lune

Claude Ascain

Description

Sur la route allant à La Baule, Robert LACELLES, le gentleman-cambrioleur au grand cœur, est bloqué, pour le week-end, dans un petit village, à la suite d’une panne de voiture.

Dans l’auberge où il a trouvé refuge, il fait la connaissance d’un père et de sa fille avec qui il lie rapidement amitié.

Alors qu’il commence à s’intéresser à un château inhabité proche de l’hôtellerie et susceptible d’abriter des objets précieux, Robert LACELLES est intrigué par le comportement étrange de ses nouveaux amis...

Sujets

• Vol
• Clair de lune
• Chambre
• Gentleman
• Cambriolage
• Invisible

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 8
• EAN13: 9782373474961
• Langue: Français

Extrait

Robert LACELLES,

Gentleman-Cambrioleur

LA CHAMBRE AU CLAIR DE LUNE

Roman policier

par Claude ASCAIN

CHAPITRE PREMIER

À « LA TANCHE ROYALE »

C'est sur la Nationale n° 23, dix mètres après la b orne indiquant la démarcation entre le département de la Sarthe et ce lui du Maine-et-Loire, que stoppa Robert Lacelles.

Il sauta sur le sol, haussa les épaules, et s'en fu t soulever le capot. Du premier coup d'œil, il vit ce que c'était.

— Encore la pompe à essence qui fait des siennes...

Tout avait très bien marché de Paris au Mans. Duran t la traversée de cette dernière ville, première alerte. Bafouillages du mo teur. Il s'était adressé à un garagiste qui avait décrété que le tuyau d'arrivée d'essence au carburateur était à remplacer.

Bon. On avait fait le nécessaire. Au fond, Lacelles pensait qu'il s'agissait de la pompe à essence elle-même, mais, n'est-ce pas, l e mécano savait sans doute mieux...

Entre Le Mans et La Flèche, il avait rampé sous le soleil. Bigre, qu'il faisait chaud. Le moteur donnait mal. À La Flèche, nouvel e xamen du mécanisme. Il semble que les objets aient leur malice, car dans l e garage, ça tournait rond. Admirablement.

Et maintenant, la panne définitive. Rien à faire. Ç a toussait, ça crachait, mais c'était tout ce qu'on pouvait obtenir.

Robert s'essuya le front et, du regard, inspecta la route. Joli paysage, avec le Loir qui coulait capricieusement sur la gauche, mais pas un seul être humain en vue.

Un poteau indicateur révélait Durtal à trois kilomè tres à peu près. Lacelles s'essuya de nouveau le visage et soupira.

— Ça ne me dit rien du tout de « m'envoyer » le tra jet à pied... Une demi- heure au moins par cette température sénégalienne...

Il alluma une cigarette, espérant le passage d'une autre voiture qui, allant dans la même direction, pourrait avertir un dépanne ur.

Sa cigarette achevée, il murmura :

— Je ne vois que la route qui goudronne, et que le soleil qui darde... Pas une âme à l'horizon. C'est gai !...

Cinq heures de l'après-midi. Il se rendait à La Bau le. Parti à midi de la

capitale, il avait calculé qu'il serait arrivé pour dîner. D'après l'allure durant les deux cents premiers kilomètres – jusqu'au Mans, pou r préciser – tout indiquait qu'il pourrait, même, prendre l'apéritif au casino...

Mais l'homme propose, et un moteur d'auto dispose...

Lacelles allait se résigner à « s'envoyer » les tro is kilomètres quand apparut un jeune paysan juché sur un vélo préhistorique. Po ur l'automobiliste en panne, cette vision fut céleste.

— Hep ! petit... Veux-tu gagner cent francs ? Bon. Tu vas faire demi-tour et rentrer à Durtal. Tu préviendras un garagiste. Il y en a, au moins, là-bas ?

— Ben sûr... Le père Matifon... Juste à l'entrée du pays...

— Parfait. Dis-lui qu'il vienne avec une dépanneuse . J'attendrai ici... Et tiens, ton billet. Je compte sur toi.

Le gosse parti, Lacelles respira plus librement. Il s'installa dans l'auto et dépliant ses cartes, se mit à calculer ce que lui v audrait ce retard.

— On va toujours me rafistoler ce qui cloche, et je pourrai aller, sans doute, jusqu'à Angers... C'est là-bas que je coucherai, en fin de compte... Bah ! personne ne m'attend...

C'était exact. Le gentleman-cambrioleur s'en allait passer un mois à la mer. On était en pleine saison estivale. La Baule regorg eait de monde. Les palaces étaient pleins. Bonnes occasions en perspective pou r celui qui offrait toutes les apparences d'un élégant jeune homme nanti de rentes solides...

Le dépanneur arriva. Il n'était guère plus âgé que le cycliste qui l'avait ramené, mais peu importait. Il savait conduire sa g uimbarde, c'était le principal.

Il y avait déjà une nuée de gosses à l'entrée de Du rtal, et aussi quelques curieux qui parurent déçus. On s'attendait sans dou te à voir apparaître une auto en capilotade ?

Le garagiste examina l'intérieur du capot et se red ressa.

— C'est la pompe à essence... décréta-t-il.

Robert Lacelles en conçut une immédiate estime pour le père Matifon. Il sourit, mais cette expression de son visage se tran sforma quand il entendit la suite :

— Elle est claquée, c'te pompe... Faut la remplacer... Et j'en ai pas ici, de ce modèle-là...

— Alors ? hasarda Lacelles, l'air marri.

— Alors ? bougonna le bonhomme. Ben, faut aller en chercher une à Angers... L'est bientôt six heures... Vous pensez q ue le temps de faire les

quarante kilomètres, on trouvera les magasins fermé s... Y bouclent là-bas, à six heures et demie...

— Je... heu... j'espère qu'on ira demain matin à la première heure !

Le père Matifon laissa tomber comme un coup d'assom moir :

— Demain ? C'est samedi... Fermé là-bas...

— Et... et dimanche aussi, évidemment !... Alors, j e suis cloué ici jusqu'à lundi matin !...

— Permettez... Jusqu'à lundi dans l'après-midi, par ce qu'y faudra encore le temps de démonter et remonter... Et puis faire un e ssai, hein !

Le père Matifon faillit éclater de rire devant la m ine piteuse de son client.

— Ben quoi ! fit-il, c'est moins tragique que si ça vous était arrivé dans la Camargue... Ou dans les Landes... loin de tout. Le pays est hospitalier. Spécialité d'anguilles et de tanches du Loir. Sans compter les poulardes...

Lacelles finit par prendre ce contretemps avec phil osophie.

— Vous pouvez m'indiquer un hôtel convenable ?

— Sûr... Un endroit très bien.

Le garagiste interpella le petit mécano.

— Eh ! Joseph !... Conduis monsieur à...