La croisière du Noordland
45 pages
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La croisière du Noordland , livre ebook

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Description

M. Zogrophos, dirigeant les productions cinématographiques « Francex » en est persuadé, le tournage de « Tragédie au large » doit se faire en conditions réelles, sur un véritable bateau, car les scènes en intérieur et dans un décor manquent cruellement d’authenticité.


Il loue le cargo « Noordland » pour y embarquer avec son équipe durant la traversée jusqu’en Hollande.


Dans le même temps, le professeur Merlier, en graissant la patte du capitaine du navire, parvient à monter à bord avec des caisses contenant du matériel médical...


Alors que le « Noordland » s’éloigne des côtes, l’atmosphère s’alourdit, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du caboteur...


Une tension évidente se crée entre Merlier et Zogrophos.


Le scientifique est étrangement sur ses gardes quant à son chargement.


Et puis le soutier embauché juste avant le départ se montre trop curieux pour être honnête...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385010683
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MACHARD

LA CROISIÈRE DU NOORDLAND
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
LES PRODUCTIONS FRANCEX
 
Le petit navire gémissait et tremblait, comme une bête qui tente d'échapper aux monstres marins déchaînés. La rafale soulevait de gigantesques paquets d'eau qui s'écrasaient de seconde en seconde sur le pont à moitié démoli, balayant tout en un bruit infernal.
On n'y voyait pas à deux pas et un brouillard collant, presque palpable, ajoutait au mystère de cette nuit hallucinante, complice de l'accomplissement d'un destin tragique.
La jeune femme, cramponnée à un bout de filin, voulut, en un ultime effort, faire un pas en direction de la dunette que l'un de ses compagnons abandonnait pour venir à son secours une nouvelle fois.
— Courage, Betty, me voici ! cria l'homme, sans penser que des milliers de démons hurlants couvraient sa voix de leurs clameurs de mort.
Mais une montagne liquide s'écroula sur lui et le jeta inanimé aux pieds de celle qu'il venait sauver et qui regardait ce corps inerte avec de grands yeux au fond desquels dansaient des lueurs de folie.
À ce moment, un autre personnage s'échappa de la dunette en levant les bras au ciel. C'était un gros homme que le tangage projetait de droite à gauche et de gauche à droite en une danse ridicule et qui, méprisant toute prudence, traversait en titubant lourdement le pont battu par les lames. On devinait qu'il hurlait, car ses mains placées en porte-voix protégeaient le son qu'il émettait à grand-peine.
Brusquement, le silence se fit. Plus de mer démontée, plus de vent, plus de houle. Le bateau sembla transporté sur un lac paisible. Une lumière éblouissante enveloppa choses et gens.
Le gros homme n'en continuait pas moins d'éructer : « Arrêtez ! Arrêtez ! Silence ! » sans s'apercevoir, tant il y mettait d'acharnement, qu'on n'entendait plus que lui. Betty, stupéfaite, lâcha son bout de câble, tandis que son sauveteur, non moins étonné, se relevait en s'ébrouant.
— Qu'y a-t-il, monsieur Zogrophos ? questionna une voix inquiète. Cela ne va pas ?
Le propriétaire de la voix apparut soudain aux côtés du gros homme. Il n'avait eu, pour ce faire, qu'à franchir la passerelle qui, enjambant les vingt centimètres d'eau sur lesquels flottait le navire en perdition, reliait ce dernier au bord du bassin.
— Ça ne va pas ? Vous osez me poser une pareille question ? Vous appelez ça une tempête, dites ?... Hein ?... Et ces vagues ? Et ce vent ? On croirait que je vous marchande l'eau et les ventilateurs !
— Mais, monsieur Zogrophos…
— Taisez-vous quand je parle !... Ce n'est pas un film d'aventures que vous tournez, c'est une entrée de clowns ; c'est cela : une entrée de clowns sur la piste d'un cirque pauvre… Combien de fois vous ai-je dit que je veux de la vie, du mouvement, de la vraisemblance ?
D'un geste, l'autre désigna la jeune femme et son compagnon, ruisselants d'eau sale, puis le décor ravagé par la tourmente issue de puissantes turbines.
— Pourtant, vous ne pouvez pas nier que les interprètes et les décorateurs…
Agrippé par les revers de son veston, il se tut pour subir une nouvelle tempête presque aussi bruyante que la première.
— Je suis le producteur, clamait monsieur Zogrophos, le producteur, vous entendez. Je paye et j'en veux pour mon argent… enfin, pour l'argent de mes commanditaires… Or, rien ne va dans cette Tragédie au large. D'abord, le scénario est idiot, il ne renferme pas le moindre rebondissement…
— Que veut-il, alors ? chuchota Betty à l'oreille de son camarade, il y a six meurtres, un naufrage, et des bagarres tous les cent mètres de pellicule. Quel vampire !
Mais, M. Zogrophos poursuivit :
— Les interprètes jouent faux. Je m'excuse, Lily Divine, je n'ai pas pour habitude de déguiser ma pensée. Votre visage ne reflétait pas assez d'effroi, tout à l'heure, vos appels ne portaient pas…
— Dame ! riposta la blonde vedette, les ventilateurs couvraient mes cris.
Le gros homme haussa les épaules et enchaîna :
— Quant à votre mise en scène, mon cher Rémond, elle ne vaut pas un clou. Le bateau sent le staff à dix pas et les vagues semblent fabriquées à coups d'arrosoir… Je vous rappelle que les films Francex sont les plus fameux, et que c'est à la réussite de leur mise en scène qu'ils doivent leur célébrité. Ce qui revient à dire qu'étant le producteur de Francex, le plus grand producteur français, par conséquent, il m'est impossible de tolérer la médiocrité. Compris ?
L'amusant était que le plus grand producteur français ne pouvait se défaire du zézaiement apporté de son Arménie natale et qu'il s'exprimait avec autant d'élégance qu'un quelconque marchand de tapis débarqué le matin même.
—  Jé souis lé plous grandé producteur française…
Il ne fallait pas rire, car les colères du bonhomme étaient terribles et il avait vite fait de rompre un contrat et de briser la carrière d'un artiste, à moins que l'artiste ne fût, comme lui, de nationalité mal définie et nanti du toupet propre à tous les métèques.
Aussi, dans le studio silencieux, pataugeant, éternuant, metteur en scène, acteurs, opérateurs, électriciens, machinistes, subissaient-ils sans protester...

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