La femme au loup d or
72 pages
Français

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Description

Alain Delval aurait dû écouter l’inspecteur GIRARD.


Le policier l’avait pourtant mis en garde contre cette femme mystérieuse et charmante portant un loup d’or, rencontrée dans un cabaret.


Mais l’attirance était trop forte. Et quand le serveur lui apporte un message de l’inconnue le priant, s’il veut la revoir, de se rendre jusqu’à une voiture proche et d’obéir à son chauffeur, Alain Delval n’hésite pas une seconde.


Cependant, quand le conducteur lui noue une écharpe sur les yeux puis lui lie les pieds et les mains, Alain Delval commence à regretter sa décision sans savoir encore dans quel guêpier il est venu se fourrer.

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Informations

Publié par
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EAN13 9782385010904
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR GIRARD
LA FEMME AU LOUP D'OR
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
LE DANCING-BAR DU « HARENG MYOPE »
 
Il n'y avait pas un quart d'heure qu'Alain Delval s'était mêlé aux couples s'ébattant dans le dancing-bar du Hareng Myope, établissement interlope de Whitechapel, qu'il se sentit frapper à l'épaule ; il se retourna brusquement et s'exclama :
— Ah ! vous, insp...
— Chut ! l'interrompit l'homme en l'entraînant vers l'angle du cabaret où le jazz faisait rage.
— Mais, nous n'allons pas nous entendre dans ce vacarme ?
— Mais si, en nous parlant à l'oreille, et ici, je suis certain que personne ne pourra happer une seule de nos paroles.
— Je reconnais bien là votre astuce.
— Le métier, cher Monsieur. Et maintenant, excusez-moi d'être importun et peut-être indiscret, mais savez-vous bien où vous êtes ?
— Dans un des lieux mal famés de Londres, pardi ! S'il me plaît, à moi, pour cette nuit, de m'encanailler ?
Ces mots prononcés en souriant leur enlevaient tout caractère de contrariété. Alain Delval reprit :
— Quel crime vous amène à Londres, ô fin limier ? J'étais loin de m'attendre à cette rencontre.
— J'éprouve le même sentiment que vous.
— Eh bien, je vais satisfaire votre curiosité : Je suis en mission spéciale auprès de l'ambassade de France.
— Je m'en doutais. Quant à moi, je suis en service. Je recherche avec Scotland-Yard un ingénieux voleur international, un type extraordinaire qui s'est spécialisé dans la rafle des colliers de perles. Il s'introduit dans les chambres des palaces fréquentés par de riches voyageuses dont il a remarqué les bijoux ; il fait confectionner en toc des joyaux semblables à ceux qu'il convoite et, la nuit, les substitue aux pièces originales. Le travail est tel que les victimes mettent parfois plusieurs jours avant de s'apercevoir du troc, ce qui permet à notre malfaiteur de gagner le large.
— Ces escrocs ne sont vraiment pas bêtes ! Et vous croyez que votre homme est venu se distraire dans ce dancing ?
— Je n'en ai aucune certitude ; en ce moment, je mène mes recherches au hasard de l'inspiration. L'individu qui vient d'opérer à Paris est signalé à Londres ; je viens m'informer d'ordre de la Police Judiciaire.
— Merci de vos explications, mon cher inspecteur.
Durant cette conversation entre le jeune diplomate Alain Delval et l'inspecteur Girard, la fête nocturne battait son plein dans le dancing-bar et les couples se trémoussaient aux accords frénétiques de l'orchestre nègre. Le jeune attaché d'ambassade raconta :
— Je vous devine curieux de savoir comment j'ai été attiré dans ce lieu suspect ?... Allons, ne me dites pas le contraire. C'est très simple ; avant le dîner, j'ai trouvé une carte d'invitation glissée discrètement sous la porte de ma chambre.
— Je reconnais bien là l'habileté publicitaire du tenancier de cette boîte, un Fils du Ciel roublard, le nommé Fou-Wen-Li, tenez, ce petit homme jaune et ventripotent qui passe entre les tables.
Il désigna le Chinois qui saluait avec obséquiosité ses clients ; personnage étrange, en vérité, gnome de couleur dont le front se bosselait d'une verrue énorme.
— D'ailleurs, ce lieu est bien bizarre. Le patron a voulu probablement satisfaire sa clientèle cosmopolite : le barman est Hongrois ; les trois garçons sont Français, Italien et Suédois ; le plongeur a vu le jour en Yougoslavie ; la dame du lavatory est Brésilienne et le danseur mondain est le seul Anglais de l'établissement.
— Vous êtes bien documenté.
— Un de mes collègues britanniques m'a tuyauté.
— Cet endroit est-il donc si mal fréquenté que les deux plus grandes polices du monde aient les yeux fixés sur lui ? Allons, c'est tout simplement un lieu où l'on s'amuse ou plutôt où l'on essaie de s'amuser et les quelques mauvais boys que l'on coudoie sont des figurants de cinéma au cachet et dont le rôle, avec leur mine patibulaire trop accusée, est de communiquer, s'ils le peuvent, un petit frisson aux belles ladies en quête de sensations, mais je ne coupe pas dans cette mise en scène et vous ne parviendrez pas à me faire peur !
Il rit franchement. L'inspecteur Girard n'entreprit pas de convaincre le jeune diplomate et le quitta :
— Métier oblige, monsieur l'attaché, je vous quitte et amusez-vous bien !
— On fera son possible.
Il serra la main au policier dont il avait su apprécier les hautes qualités professionnelles trois ans auparavant dans une affaire très compliquée de détournement de documents au ministère des Affaires étrangères : une valise diplomatique subtilisée en cours de route.
Pendant que l'inspecteur Girard disparaissait dans une autre salle, Alain Delval s'attablait à un petit guéridon et commandait un whisky. Devant lui se déroulait le spectacle d'une rumba endiablée et il y prenait un plaisir visible. Le dancing-bar à l'enseigne française du Hareng Myope était réputé pour ses réjouissances pittoresques : deux nuits par semaine, il y avait bal masqué, mais l'ordonnance en était assez originale. La première nuit, les femmes seules étaient masquées ; la seconde nuit, c'était au tour des hommes de dissimuler le haut de leur visage ; il en résultait des scènes d'un imprévu fort divertissant, un des partenaires menant le jeu à visage couvert tandis que l'autre évoluait sans mystère. Cette nuit-là, toutes les femmes étaient masquées.
Alain Delval goûtait le charme piquant de cette attraction que, à la table voisine, une femme qui portait un loup d'or vint s'asseoir en riant de toutes ses dents éclatantes de blancheur entre les lèvres pourpres, bien dessinées. Son cavalier, qui avait en vain tenté de percer son incognito, s'était retiré, chassé par ce rire moqueur, s'éclipsant parmi les groupes de danseurs. Le garçon s'empressa.
— Du champagne, commanda-t-elle.
Le jeune diplomate la considéra : elle était jolie autant que pouvait le laisser soupçonner le bas de son visage ; en tout cas, créature racée, très brune, élancée, le corps souple moulé dans un fourreau de velours grenat, très décolleté dans le dos. Le loup d'or tranchait comme un rayon de soleil sur ce teint mat et sur ces cheveux noirs. Le garçon apporta la bouteille au bouchon cuirassé d'or. Comme il disposait sur la table le seau à glace et la coupe, Alain Delval fixa avec plus d'attention sa voisine qui ne fut pas longue à s'apercevoir de son manège et dirigea sur lui un sourire dont le charme opéra.
— Madame ou Mademoiselle, se décida-t-il, voudriez-vous me permettre de vous offrir ce vin de France ?
Elle accentua son sourire en signe d'assentiment ; il demanda encore :
— Puis-je me rapprocher un peu de vous ?
— Si cela vous fait plaisir...
Elle s'exprimait en français, mais avec un fort accent slave qui donnait un charme particulier à ses phrases. La conversation prit aussitôt un tour enjoué et un langoureux tango acheva de dissiper entre eux la première gêne de cette rencontre. Un attrait mystérieux retenait le jeune homme auprès de l'inconnue. Il était deux heures du matin ; il s'était promis de ne pas s'attarder dans ce cabaret de nuit et, à présent, il ne pensait plus à partir.
Ce fut elle qui, la dernière coupe de champagne bue, se déroba :
— Voilà bien longtemps que nous causons, Monsieur, et on nous a peut-être remarqués.
— Qu'importe ! fit-il.
— Pour vous, peut-être ! mais, je ne puis montrer la même insouciance. Vous ne savez rien de moi...
— Je ne demande qu'à m'instruire.
— Vous n'ignorez pas les conventions tacites de ces sortes de rencontres ? objecta-t-elle.
Il s'enhardit à lui prendre la main ; elle la lui laissa quelques secondes et se dégagea en riant de ce même rire mutin qui avait attiré tout à l'heure son attention.
— Tout de même, dit-elle, vous n'allez pas me jouer la scène du coup de foudre ? Je ne suis plus une enfant et vous n'êtes pas un collégien.
Ces mots ne contribuèrent qu'à attiser davantage le désir du jeune homme.
— Il y a des sentiments qui ne se commandent pas, répondit-il en se rapprochant de la femme au loup d'or, le temps n'ajoute rien à l'amour.
— L'amour, voilà le grand mot lâché ! s'exclama-t-elle. C'est dommage ; si nous nous étions quittés il y a une minute, j'aurais gardé un si joli souvenir de vous.
— Parler déjà de souvenir, c'est mettre au passé notre aventure et je n'envisage pas pour ma part une pareille solution.
...

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