La guerre d Algérie et ses fantômes
219 pages
Français

La guerre d'Algérie et ses fantômes , livre ebook

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219 pages
Français

Description

L'inspecteur Sanchez est appelé un matin de septembre 2004 : un corps est retrouvé sans vie. Aucun indice si ce n'est que l'homme est originaire d'Algérie. Peut-être à la recherche de souvenirs de son enfance de pied-noir, l'inspecteur s'aventure bien plus loin qu'il ne l'imaginait. Il oublie presque ce cadavre, à la recherche du lien qui l'unissait à une autre mort, celle d'un jeune officier tué en Algérie cinquante ans plus tôt, le lieutenant Jean-Pascal Compagnon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 257
EAN13 9782296399983
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La guerre d'Algérie et ses fantômesHistoire et Perspectives Méditerranéennes
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud
Dans le cadre de cette collection, créée en 1985, les éditions
L'Harmattan se proposent de publier un ensemble de travaux concernant le
monde méditerranéen des origines à nos jours.
Déjà parus
M. PONDEVIE ROUMANE, Fr. CLÉMENT, J. TOLAN (textes réunis
par), Culture arabe et culture européenne. L'inconnu au turban, 2005.
Louis Said KERGOA T, Frères contemplatifs en zone de combats.
Algérie 1954-1962,2005.
Jilali CHABIH, Les finances des collectivités locales au Maroc, 2005.
Yves SUDRY, Guerre d'Algérie: les prisonniers des djounoud, 2005.
Samya El MEC HAT, Les relations franco-tunisiennes. Histoire d'une
souveraineté arrachée. 1955-1964,2005.
M. FAIVRE, Conflits d'autorités durant la guerre d'Algérie, 2004.
A. BENDJELID, J.C. BRULE, J. FONTAINE, (sous la dir.),
Aménageurs et aménagés en Algérie: Héritages des années
Boumediene et Chadli, 2004.
Jean-Claude ALLAIN (Textes réunis par), Représentations du Maroc
et regards croisés franco-marocains, 2004.
Ali KAZANCIGIL (dir.), La Turquie au tournant du siècle, 2004.
Ibtissem BEN DRIDI, La norme virginale en Tunisie, 2004.
Clément STEUER, Susini et l'O.A.S., 2004.
Amel BOUBEKEUR, Le voile de la mariée. Jeunes musulmanes, voile
et projet matrimonial en France, 2004.
Mohamed SOUALI, L'institutionnalisation du système de l'enseignement
au Maroc. Evaluation d'une politique éducative, 2004.
Camille RISLER, La politique culturelle de la France en Algérie
(1830-1962),2004.
Maxime AIT KAKI, De la question berbère au dilemme kabyle.
Décompositions et recompositions identitaires en Afrique du Nord à
l'aube du XXIe siècle, 2004.
Mourad FAHER, Approche critique des représentations de l'Islam
contemporain, 2003.
Taoufik SOUAMI, Aménageurs de villes et territoires d'habitants: un
siècle dans le Sud algérien, 2003Jean-Pierre Cômes
La guerre d'Algérie et ses fantômes
récit
L'Harmattan HongrieL'Harmattan L'Harmattan Italia
Kossuth L. u. 14-16 Via Degli Artisti, 155-7,rue de
l'ÉcolePolytechnique 1053 Budapest 10124 Torino
75005 Paris HONGRIE ITALIE
FRANCEDu même auteur
chez le même éditeur
« Ma » guerre d'Algérie et la torture, J'étais lieutenant
dans les D.O.P., 2002.
La petite Noire, fille de la forêt, et le diplomate, en
collaboration avec Marie-José Evezo'o Mvônd'o,
2004.
cgL'Harmattan, 2005
ISBN: 2-7475-8476-3
EAN : 9782747584760A n1es "petits co" de la promotion
"Ceux de Dien Bien Phu".
"Heureux serez-vous, lorsque les hommes
vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous
outragera, et qu'on rejettera votre nom
. J£A ,
con1n1e lnjame ... . "
Saint Luc, verset 22.6.AVANT-PROPOS
Je venais d'achever ma première année de formation d'élève
officier à Saint-Cyr Coëtquidan. J'étais venu passer le mois de juillet
1954, le premier mois de mes permissions d'été, à Alger, la ville où
j'avais fait toutes mes études. Mon père avait accompli la majeure partie
de sa carrière en Algérie. En cet été 1954, il quittait cette "colonie", et
nous devions nous envoler avec lui vers la France au tout début du mois
d'août.
Avec ma sœur, J''avais passé la soirée du samedi précédant notre
départ à El Kétani. C'était un club réservé aux militaires et à leurs
familles qui disposait d'une plage de rochers agrémentée d'une petite
bande de graviers plus que de sable. Il était situé en pleine ville, à côté
des Bains Padovani, plus populaires que les plages recherchées, celles
qui étaient plus propres pour être situées à quelque distance de la ville.
Comme eux, il ne bénéficiait que des odeurs nauséabondes et des
écoulements des égouts de la ville, et il pouvait arriver qu'un nageur
doive écarter de la main quelques tomates pourries ou, parfois même, le
cadavre gonflé-d'un rat crevé.
En ce dernier samedi de juillet, se déroulait en ce club l'une de
ces soirées où une jeunesse insouciante découvrait les premiers flirts, les
premiers amours. Nous étions heureux et ceux qui avaient la chance de
rester à Alger, étaient persuadés que cette vie, plus plaisante que celle
d'une quelconque préfecture de Métropole, n'aurait jamais defin.
Avec ma sœur et mes parenfs, nous partions en pensant dire adieu
à cette terre que nous avions tant aimée. Il nous était impossible
d'imaginer son tout proche futur. En effet, trois mois plus tard, c'était la
Toussaint Sanglante, événement qu'aucune autorité civile aussi bien que
militaire ne semblait avoir prévu. Moins d'un an plus tard, en avril 1955,
2ème DIM]du généralmon père y revenait à la tête d'un régiment de la
Beaufre, abandonnant sa garnison de Sarrebourg.
1
"DIM", Division d'Infanterie Mécanisée.
9En ce même printemps 1955, Paris Match publiait une photo me
représentant dansant avec Isabelle Pia. Cette J"eune actrice débutante
venait de se faire connaître avec le film "Marianne de ma jeunesse ",
avant de disparaître tragiquement quelques années plus tard. Cette photo
avait pour titre "Saint-Cyr ouvre le bal au bras de Marianne". La
légende qui l'accompagnait. indiquait que ce saint-cyrien allait bientôt
partir combattre en Algérie avec les autres élèves officiers de la
promotion "Ceux de Dien Bien Phu". Effectivement, nous y étions
envoyés dès le printemps de l'année suivante, après que notre formation
en. école d'application ait été écourtée. J'allais consacrer à cette guerre
quatre années de ma vie, celles qui m'ont le plus marqué. Elles m'ont fait
connaître la griserie telle qu'on peut l'éprouver lorsqu'on risque sa vie,
mais aussi le dégoût, celui que tout être humain devrait ressentir lorsqu'il
approche la torture.
Elle est bien loin, cette soirée d'El Kétani, et mes souvenirs aussi,
même si certains continuent à me tourmenter durant les nuits où le
sommeil me fuit. Et cette Toussaint sanglante est bien loin aussi, oubliée
des jeunes générations. Il y a cinquante ans que débutait ce qui n'était
d'abord que les événements d'Algérie, pour se prolonger durant plus de
sept années" Pour les Algériens qui avaient pris le maquis, ces combats
furent la guerre de libération d'un peuple luttant pour son indépendance.
Pour ceux qui, en France, se considéraient comme les maîtres à penser
d'une nation prise par le vertige du doute, ce n'était qu'une guerre
injuste, livrée contre un peuple se battant pour sa liberté.
En ayant peur d'être traités d'infâmes colonisateurs prétendant
défendre une soldatesque méprisable et grossière, il ne faudrait pas
oublier tous les Français qui se battirent dans ce qu'ils ressentirent
comme une guerre oubliée" Ils y perdirent une partie de leur jeunesse, et
leurs illusions parfois. Alors qu'il leur avait été dit qu'ils allaient
défendre les intérêts de leur pays, ils se sentirent reJ"etéspar ceux qui se
disaient les guides moraux de la France, et par la masse des moutons qui
les suivaient sans être capables de penser par eux-mêmes.
Certains de ces nobles personnages les considéraient comme des
tortionnaires comparables aux S.S., aussi méprisables qu'eux et aussi
condamnables. Cinquante ans plus tard, dans une Nation qui veut faire
repentance de tout, collectivement pour que chacun de ses citoyens puisse
se sentir responsable personnellement de rien, sans surtout exiger une
repentance similaire de la part de ses ennemis d'alors, ceux qui ont pris
part à ces combats, peuvent se sentir coupables de tous les crimes. Ils
peuvent même s'accuser de crimes qu'ils n'ont pas commis, de peur
10d'être encore condamnés et toul.ours rel.etés. Pour se faire pardonner à
tout prix, ils pourraient avouer une culpabilité qui n'est pas la leur, allant
jusqu'à s'imaginer qu'il leur serait doux de recevoir enfin l'absolution
pour un passé qui les tourmente toujours.
Parmi les Français qui ont participé aux combats d'Algérie,
certains ont pratiqué la

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