La maîtresse aux yeux pers
42 pages
Français

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La maîtresse aux yeux pers , livre ebook

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Description

Au château, Noble le Vieux, le richissime écossais Jeremy Farnham réunit plusieurs personnes de la haute Société pour leur présenter le Sirdar, un magnifique bijou qu’il s’apprête à acheter à un marquis italien.


L’hôte amateur de pierres profite de l’occasion pour organiser des parties de bridge pendant qu’un policier surveille le coffre renfermant le précieux joyau.


Mais alors qu’un joueur se lève pour servir à boire, il découvre une lettre annonçant à Farnham que le célèbre cambrioleur Théodore ROUMA va voler le Sirdar.


Il est déjà trop tard, le coffre est vide et son gardien est retrouvé mort empoisonné...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070031483
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA MAÎTRESSE AUX YEUX PERS

Par
Jean d’AUFFARGIS
CHAPITRE PREMIER
LE DIAMANT RETROUVÉ
 
La jeune femme, qui n'avait pu placer un mot, éclata enfin :
— Mais, monsieur, consentirez-vous à m'expliquer... Je me fiche de votre solitaire ! C'est à vous de le retrouver... Si l'on m'y reprend, par exemple !
Écarlate de confusion et de colère, elle exigea d'être fouillée sur-le-champ.
— Madame, je vous en prie... Nous pouvons discuter de cela dans mon bureau. Vous, Lucien, téléphonez tout de suite à la police...
Le joaillier – avec sa barbe en éventail, il ressemblait à un roi de jeu de cartes – le joaillier se tourna vers un élégant client qui avait suivi cette scène sans manifester d'impatience.
— Veuillez m'excuser, monsieur de Mormans. Vous comprenez mon émotion, n'est-ce pas ? Un solitaire de cinq cent mille francs ! L'audace de ces voleuses !... La police sera ici dans un instant. Nous aurons sans doute besoin de votre témoignage...
Le comte Richard de Mormans eut un geste de vague condescendance. Haut, l'allure distinguée dans un complet de coupe et de tissu anglais, la frappe énergique de son visage, il plaisait aux femmes, qui disaient de lui : « Il est vraiment bien, cet homme ! Ses yeux surtout ! »
— Faites donc, mon cher Moïssac, articula le comte d'une voix bien timbrée aux intonations chaudes et graves. D'ailleurs, j'ai tout mon temps et cette histoire m'amuse.
Le joaillier, bien qu'il n'en eût nulle envie, ne put s'empêcher de grimacer un sourire :
— Une histoire, dit-il, qui risque de me coûter cent cinquante mille francs...
L'intervention de la première vendeuse du joaillier vint à point nommé pour confirmer ce pessimisme.
— Monsieur Moïssac, nous avons fouillé minutieusement la dame : le bijou est introuvable.
— C'est trop fort !
Moïssac, ses vendeuses et ses commis se livrèrent à un nouvel examen des écrins, du comptoir de velours noir, du tapis. Que fallait-il penser de la disparition subite du solitaire ?
— Vous l'avez mal fouillée, conclut Moïssac pour qui l'affaire se résumait comme suit :
Une inconnue se fait montrer un choix superbe, discute, mais n'achète rien. Le vendeur qui regarnit à mesure ses écrins constate l'absence d'un diamant au prix respectable. Il alerte son patron. La femme, jolie, richement vêtue, est toujours là, penchée sur une vitrine. Moïssac intervient. La dame s'indigne, menace ; le diapason monte. Puis, c'est la fouille dans le petit bureau attenant...
Un officier des gardiens de la paix entra, suivi de deux ou trois agents, Moïssac, lui raconta le vol.
— Qui a téléphoné ? coupa le policier.
— Lucien, mon commis.
— Eh bien, il lui aurait fallu s'expliquer autrement. Pas de notre ressort... C'est la police judiciaire qu'il devait appeler. Enfin, où est-elle, votre voleuse ?
— C'est que, hésita Moïssac, je ne suis plus certain de rien. Vous comprenez, la fouille n'a rien donné.
— À la fin, vous savez ou vous ne savez pas ?
— Est-ce que je sais, moi ! C'est bien la première fois que pareille chose m'arrive.
L'officier de paix n'était pas de ceux qui aiment à perdre leur temps.
— La femme, enfin, votre voleuse ?
— Dans mon bureau, enfermée.
— Bien ! Je vais demander à la P. J. de vous envoyer deux inspecteurs. Où est votre téléphone ?
On l'entendit qui décrochait le combiné, puis ce fut une exclamation ; elle eut pour effet de fixer tous les regards de son côté.
— Dites-moi, monsieur Moïssac, avant de mobiliser la police à votre usage exclusif... Cette pierre, qu'est-ce donc ?
Ce disant, il agitait sous le nez du joaillier un diamant qu'il venait de ramasser près de l'appareil.
Moïssac se passa la main sur le front. Il avait l'air accablé, prêt à tout entendre, à tout subir.
— Le solitaire ! parvint-il seulement à soupirer. Il aura roulé et cependant, j'ai moi-même examiné le tapis à cet endroit...
— Ouais ! Eh bien, je vous conseille de délivrer votre cliente et de vous mettre en frais d'excuses. Accusation calomnieuse, fouille illégale, séquestration... Si elle porte plainte, hum ! Au revoir, monsieur, et bonne chance.
— Il n'y a rien à y comprendre, si ce n'est que je me suis conduit comme un idiot, se lamenta Moïssac, les agents partis. Et l'autre, comment vais-je lui dire...
Pour la première fois, le comte de Mormans consentit à sortir de sa réserve.
— Voulez-vous me laisser le soin d'arranger la chose ? proposa-t-il, une lueur amusée dans le regard...
 
* * *
 
La voiture du comte s'arrêta devant le restaurant du Bois. Il aida la jeune femme à descendre, puis tous deux, précédés du maître d'hôtel, gagnèrent une pergola lourde de verdure.
— Nous serons bien ici, déclara-t-elle, tout à la fois méfiante et inquiète, car elle n'avait trouvé aucune réponse satisfaisante aux questions qui l'assaillaient.
— Oui, fit-il, sans autre commentaire.
Et, négligeant de la consulter, il établit le menu avec le maître d'hôtel.
— Et pour les vins, monsieur le comte ?
— Champagne brut, Gaston.
Afin de se donner une contenance, elle ouvrit son poudrier.
Incontestablement, c'était une créature magnifique à la peau laiteuse. Vêtue d'une robe en crêpe de Chine imprimé, simple, mais dont la coupe trahissait le grand faiseur, une grande auréole de feutre gris sur une chevelure cuivrée, dont des boucles légères retombaient sur le front et les côtés, elle paraissait maintenant très préoccupée d'un raccord difficile. Les mains étaient longues et belles, le buste ferme aux seins haut placés, le visage allongé, romantique. Mais ce qui captait le regard, c'étaient de magnifiques yeux pers, des yeux de sirène changeants comme l'eau de la mer.
La jeune femme, de Mormans lui donna trente ans à peine, commençait à reprendre de l'assurance. L'examen détaillé auquel se livrait son compagnon ne lui échappait pas. Sûre de sa beauté, elle ne doutait pas qu'il lui était éminemment favorable. Cependant, comme le comte ne paraissait pas autrement pressé de rompre la glace, elle résolut de le faire pour lui.
— Vous me voulez décoiffée, sans doute ? Eh bien, voilà.
D'un geste prompt, elle enleva son feutre et, secouant la tête, elle éparpilla l'abondance de sa chevelure éclatante... sur la langouste que présentait le maître d'hôtel.
Ils partirent tous deux d'un même éclat de rire, frais et jeune, à voir la mine déconfite de Gaston.
— Pour ce seul geste, il vous sera tout pardonné, dit de Mormans, mi-rieur, mi-sérieux.
— Tout pardonné... répéta-t-elle, indécise et déjà vaguement reprise par son inquiétude.
— J'ai dit : tout. C'est-à-dire tout ce qui s'est passé... avant le coup du diamant. Pas mal monté, votre petit truc. Malheureusement, j'étais là et votre complice n'a pas osé se montrer. Homme ou femme, je déduis de cette carence qu'il manque de cran... Vol en deux temps, hein ? On colle le diamant sous la bordure du comptoir avec une boulette de mastic dissimulée dans son gant... On se laisse accuser, fouiller... Profitant du désarroi, l'autre entre en scène, n'a que le mal de passer sa main au bon endroit et de repartir comme il est venu. Seulement, belle enfant, ce sont mes doigts qui ont fait le travail du complice défaillant et qui ont lancé le diamant là où le policier l'a repêché. Un...

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