La Mère aux chats
59 pages
Français

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Description

Le détective GORDON PERIWINKLE alias OLD JEEP, est dépêché pour arrêter un gangster en provenance des États-Unis, après un braquage sanglant dans une bourse aux timbres.


Aidé de l’inspecteur Belfontaine, OLD JEEP file le truand jusqu’à un appartement insalubre dans lequel les deux hommes ont la surprise de trouver le cadavre d’une vieille femme entourée d’une tripotée de matous miaulant.


My mother ! (Ma mère !), souffle le bandit avant de profiter de l’étonnement de ses poursuivants pour se faire la malle.


Rapidement, l’enquête révèle plusieurs éléments troublants. Le logement attenant à celui de la défunte est habité par un négociant en timbres et le médecin refuse le permis d’inhumer de la « Mère aux chats », suspectant un empoisonnement.


La « Mère aux chats » est-elle réellement la maman du tueur américain ? Par qui et pourquoi a-t-elle été empoisonnée ? L’assassinat de la vieille et le vol de timbres sont-ils liés ? Les voisins ont-ils quelque chose à se reprocher ?


Ce sont des questions auxquelles OLD JEEP – à la poursuite du fuyard – et le commissaire MARCASSIN – chargé de résoudre le meurtre de la « Mère aux chats » – vont devoir répondre, chacun de leur côté...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 6
EAN13 9782373474329
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLDJEEP et MARCASSIN - 9 -
L A M ÈREAUX CHATS
De Marcel PRIOLLET
I
James Grover Wicksburg, le triste et sanglant héros de l'affaire duGeneral Stamp Exchangeepéré, puis— deux morts et trois blessés graves — avait été r « filé » dès sa descente du bateau. L'inspecteur Be lfontaine, spécialement chargé de cette délicate mission, ne l'avait plus q uitté. Et tous deux, l'un serrant l'autre de près, venaient de débarquer à la gare d' Austerlitz, par une matinée glacée de décembre.
Aussitôt après le portillon où s'étranglait la foul e des voyageurs, l'inspecteur fut abordé par un homme à la silhouette élégante, l arge d'épaules et mince de taille, au regard clair, à l'allure aisée et sportive.
Ils se comprirent à demi-mot.
— Réussite ?
— Complète.
— Il n'a aucun soupçon ?
— Aucun.
Well !Ne le lâchons pas...
James Grover Wicksburg — gigantesque, enveloppé d'u n pardessus grisâtre à col relevé, le chapeau rabattu sur les yeux — qui ttait la gare. Il n'avait pour tout bagage qu'une valise à coins de cuivre, de dim ension moyenne. Il gagna le métro.
Les deux autres, qui feignaient, maintenant, de ne pas se connaître, montèrent dans le même compartiment que lui. En mêm e temps que lui, ils changèrent, à« Bastille », puis descendirent à« Marbeuf ».
Le personnage à la valise n'alla pas bien loin. Il s'orienta, parcourut une centaine de mètres, puis s'engouffra sous le porche de l'immeuble qui fait l'angle de l'avenue des Champs-Élysées et de la rue Pierre-Charron.
À peine avait-il disparu que ses suiveurs, à nouvea u réunis, pénétraient à leur tour dans la maison. Et cela, juste au moment où une petite porte, sur le côté du vaste et luxueux vestibule, achevait de se refermer.
C'était la porte de l'escalier de service. C'était aussi le chemin pris par Wicksburg. Belfontaine et son compagnon franchirent donc cette porte...
Ici, sans transition, changement de décor. L'escali er de service, étroit et roide, montrait des marches ternes et usées, des mu rs à la peinture écaillée. Il y faisait assez sombre.
Les pas de James Grover Wicksburg résonnaient, grav issant les étages. Les deux hommes, immobilisés au rez-de-chaussée, vo yaient sa main courir sur la rampe. Ils pouvaient observer l'ascension. Ils c omptèrent : un... deux... trois étages. Au quatrième, la main abandonna la rampe. U ne porte grinça, sur la gauche. Et ce fut tout.
— On le tient ! proclama l'inspecteur.
Il s'assura, d'un geste rapide, que son cabriolet e t son revolver étaient bien dans sa poche, prêts à servir. Il questionna :
— On y va ?
Yes, on y va...
Ils y allèrent...
C'était par un message câblé, émanant de la directi on de la Police Fédérale, que Gordon Periwinkle avait été informé de la proch aine arrivée en France du trop célèbre James Grover Wicksburg.
On savait, aux États-Unis, que l'illustre détective séjournait à Paris depuis plusieurs mois, s'initiant aux méthodes policières françaises. À cette occasion, il avait été mêlé déjà à plusieurs affaires dont le re tentissement était parvenu jusqu'aux oreilles de ses compatriotes. On le fêter ait à son retour — un retour dont il n'était pas encore question. Une fois de pl us, dans les journaux, en lettres énormes, figurerait son nom, ou plutôt son populair e surnom d'Old Jeep, familier et affectueux.
Par câble donc, Old Jeep avait appris que James Gro ver Wicksburg, faussant compagnie à la meute des G-men lancés sur ses traces, avait trouvé le moyen de s'embarquer à bord d'unLiberty Shipdestination du port de à Bordeaux. Le bâtiment avait levé l'ancre avant qu'o n sût la chose. C'est seulement sur la terre française qu'on pourrait met tre la main au collet du drôle. Gordon Periwinkle, ainsi renseigné, n'avait eu qu'à prendre les dispositions nécessaires.
Qui était au juste ce James Grover Wicksburg ?
C'était le type accompli, traditionnel et très ciné matographique du gangster. Après divers exploits qui l'eussent mené tout droit à la chaise électrique s'il avait eu la maladresse de se faire pincer, Wicksburg s'ét ait tenu tranquille pendant près de deux années. Puis, tout récemment, il avait fait une magistrale réapparition.
Cela s'était passé dans la dernière semaine d'octob re, un matin, alors que les bureaux duGeneral Stamp ExchangeChicago venaient d'ouvrir leurs de portes.
Dans cette sorte de Bourse aux Timbres, dont on tro uve des succursales dans les principales villes de la Confédération, le s clients étaient rares, à cette heure. Il n'y avait guère là que les employés. Ils étaient sans méfiance.
Soudain, surgit un solide gaillard. Il étreint un p arabellum. Il lance le classique« hands up ». Quelques-uns des employés s'exécutent. Les autres essaient de résister. Mal leur en prend. Le parabel lum crache ses balles. Des corps s'affaissent ; le sang coule. Le désarroi est général. Le gangster, bien renseigné — il a mûrement préparé son coup — visite les classeurs et rafle les enveloppes où sont enfermés les timbres les plus pr écieux, ceux que les philatélistes se disputent à prix d'or. Puis il rep asse la porte, toujours sous la protection de son arme. Il saute dans la voiture qu i l'a amené et file. La scène n'a pas duré deux minutes.
L'inventaire auquel on procéda par la suite fit res sortir que l'affaire avait été fructueuse pour son auteur. Celui-ci, au nombre des timbres volés, avait fait main basse sur une série fameuse entre toutes :« Hawaï 1851-53, avec chiffre et vignette », dont le 2 cents bleu est pratiquement introuvable .
On déplorait aussi cinq victimes : un employé tué s ur le coup, un autre qui devait mourir pendant son transfert à l'hôpital et trois blessés dont les jours étaient en danger.
L'enquête révéla enfin le nom du coupable : James G rover Wicksburg. Sur ce point, tous les témoignages concordèrent. Ce fut alors, des jours durant, une chasse épique. Dix fois, les policiers crurent qu'i ls tenaient le malfaiteur. Dix fois, il sut leur échapper, et cela jusqu'au jour où l'on acquit la certitude qu'il était parvenu à prendre place sur leLiberty Ship.
Le premier soin de Gordon Periwinkle, mis au couran t des faits, avait été d'agir en liaison avec la Police Judiciaire. Rien n e lui était plus facile. Ne comptait-il pas déjà de solides amitiés au quai des Orfèvres et notamment celle du commissaire Marcassin, l'un des « as » de la bri gade criminelle ? C'est ainsi que l'inspecteur Belfontaine avait été mis à la dis position du détective.
Ce dernier, redoutant d'être reconnu de James Grove r Wicksburg — comme lui citoyen américain — avait décidé de demeurer à Paris, tandis que Belfontaine irait attendre, à Bordeaux, l'arrivée duLiberty Ship.
Hier soir, un coup de téléphone de l'inspecteur ava it été comme le premier coup de cloche du succès.
— Notre gaillard est arrivé. Il a retenu une place dans le rapide de nuit. Je ne le quitte plus. Nous serons à Paris demain matin , lui et moi. Rendez-vous à la gare, si vous le jugez bon...
Old Jeep — on le sait — avait été exact à ce rendez -vous. Il avait pu se rendre compte que Belfontaine venait de faire du bo n travail.
Il ne restait donc plus qu'à procéder à l'arrestati on. Le tout était de choisir le moment le plus favorable, et peut-être, du même cou p, découvrirait-on que le drôle rejoignait ici quelque complice...
Le dénouement était proche et la minute, pour deux policiers également épris de leur métier, avait une saveur particulière . Il s'agissait de garder la tête froide et les muscles prêts à tout réflexe qu'impos eraient les circonstances.
Sans bruit, sans échanger un seul mot, ils achevaie nt de gravir les quatre étages.
Ils avaient déjà remarqué que, dans cette maison où ils s'aventuraient pour la première fois, chaque palier de l'escalier de se rvice présentait deux portes.
L'une de ces portes, selon toute vraisemblance, dev ait desservir la cuisine ou l'office de l'appartement auquel on accédait par l'escalier principal. L'autre porte, le plus souvent sans paillasson ni sonnette, laissait évoquer un logis humble, voire même pauvre.
L'escalier de service apparaissait donc comme les c oulisses du bel immeuble, l'envers du décor, le domaine d'une class e sociale peu privilégiée. Il y flottait une odeur d'évier, de poussière et de graillon.
Ce dont Old Jeep et l'inspecteur Belfontaine restai ent convaincus, c'est que leur gibier, une fois atteint le palier du quatrièm e étage, avait emprunté la porte de gauche. Le bruit d'une clef craquant dans la ser rure les avait fixés sur ce point.
Or, à présent qu'ils touchaient au but, les policie rs constataient avec satisfaction que cette clef était demeurée en place . Nouvelle preuve du peu de méfiance qu'éprouvait James Grover Wicksburg...
Un long moment, ils se tinrent immobiles, l'oreille tendue. Rien...
Puis, d'un regard, ils se consultèrent, se comprire nt.
Belfontaine se chargea d'ouvrir la porte ; mais on peut dire qu'ils firent irruption, dans la pièce, tous deux en même temps. Et prêts à tout...
James Grover Wicksburg était bien là. Il avait posé sa valise à terre et retiré son chapeau. Les nouveaux venus, en un tournemain, eussent pu s'assurer de sa personne.
S'ils ne le firent pas, ce fut d'une part parce que le gangster, à leur apparition, n'ébaucha aucun geste de défense ou de fuite. Ce fut, d'autre part et surtout, parce qu'ils découvrirent un spectacle auq uel ils étaient loin de s'attendre.
Gordon Periwinkle et l'inspecteur Belfontaine se tr ouvaient dans une chambre misérable, à la tapisserie fanée, au parque t rongé, aux vitres brouillées de crasse. L'ameublement, sordide, se composait de quelques sièges, de
quelques planches faisant office d'armoire et d'un grabat d'angle qui était le lit.
Or, sur cette couche, une vieille femme gisait, rec ouverte jusqu'au menton de couvertures ravaudées et d'un drap sans fraîcheu r. Elle avait des traits fortement accusés, des creux dans les joues, des tr ous d'ombre à la place des orbites et un front cireux, balayé de mèches blanch es que retenait mal une sorte de marmotte faite d'un vieux foulard rougeâtre.
Sur la table de nuit, brûlait une bougie. Auprès de cette bougie, il y avait une assiette remplie d'eau où baignait un rameau de bui s...
N'était-ce pas là une chambre mortuaire ?
Une morte ! Une morte devant qui James Grover Wicks burg, tête nue et impassible, se recueillait...
Mais le plus étrange, le plus bizarre, le plus sais issant complément du spectacle consistait dans la présence, autour du ca davre, de plusieurs chats...
On pouvait en dénombrer quatre : l'un sur la table de chevet, le second sur le montant du lit, les deux derniers, d'un noir d'é bène, accroupis sur le drap funèbre.
Il y en avait certainement d'autres, de ces chats, dans le taudis. On les entendait gratter, miauler, fureter. L'odeur qu'ils répandaient était...
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