La mère « Peau de Lapin »
37 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La mère « Peau de Lapin » , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
37 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le commissaire Odilon QUENTIN est sur le pied de guerre. Un chiffon de papier a été déposé dans la boîte de la P.J. prétendant qu’on avait assassiné « La Mère Peau de Lapin ».


Après quelques investigations, le policier retrouve la trace, à Aubervilliers, de la tenancière d’un sordide troquet dont le surnom est « La Mère Peau de Lapin ». Bien que l’état de santé de la bistrotière ne soit pas un exemple d’hygiène, Odilon QUENTIN se convainc qu’il a été victime d’une mauvaise plaisanterie.


Le lendemain matin, son patron le convie à se rendre à Aubervilliers, dans un estaminet dans lequel un meurtre a été commis...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782373471953
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 20 *
LA MÈRE « PEAU DE LAPIN »
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
L'homme marchait vite, d'un pas pressé, comme pour fuir l'ombre massive qui le suivait depuis plus de trois heures, ostensiblem ent, sans se cacher. De temps en temps, il s'arrêtait pour reprendre haleine, et chaque fois il en profitait pour grommeler entre ses dents :
— Je n'ai rien fait, nom de Dieu !
Il disait ça pour se convaincre lui-même, pour se d onner du courage, du ton pleurard et grognon d'un gosse victime d'une injustice flagrante. Puis il repartait de plus belle, en haletant dans la nuit, car il était fourbu.
Il pleuvait depuis un bon moment déjà ; une petite pluie fine, drue, aux gouttelettes imperceptibles. Le poursuivant et le p oursuivi s'éclaboussaient l'un après l'autre, dans les mêmes flaques, ils pataugea ient dans la même boue grasse, car ils avaient quitté la ville pour arriver aux confins de la banlieue.
Ils étaient maintenant à Aubervilliers, ce cercle sordide de l'Enfer de Dante, où des masures en ruine servent de repaire à des troglodytes hirsutes et découragés. C'était hallucinant comme un drame, au Grand Guignol.
Une canne de Java accrochée à son bras gauche, le poursuivant avançait d'un pas d'automate. Il était trapu, engoncé dans un lourd pardessus d'hiver dont il avait relevé le col, le chapeau rejeté dans la nuque.
Quelle que fût l'allure de l'autre, il ne lui laissait jamais prendre plus de cinq ou six mètres d'avance, jouant son rôle en toute consc ience. Mais quel rôle ? Ange gardien, image du remords, garde du corps, instrument de la vengeance ?
Il ne le savait même pas ! Il faisait son boulot, voilà tout... Plus que son boulot, parce qu'un commissaire de la Police Judiciaire s'astreint rarement à des filatures de ce genre. C'est là un travail de débutant, une b esogne que l'on confie à de jeunes inspecteurs, des nouveaux venus ; et ils s'en tirent toujours fort bien.
Mais au fond, était-ce réellement une filature ? Pa s à proprement parler, puisque le gros Quentin ne prenait pas la peine de se dissimuler, de cacher sa silhouette puissante de marchand de vaches dans l'o bscurité à chaque pas plus épaisse.
C'était quelque chose d'autre, de plus complexe, ca r il s'y mêlait un élément psychologique indéfinissable : à chaque mètre de terrain parcouru, le commissaire sentait s'effriter la force de résistance de l'adversaire.
Le plus extraordinaire de toute l'histoire, c'est q ue le policier ne connaissait même pas le nom de l'inconnu qu'il traquait, il l'a vait rencontré dans un bistrot du boulevard de la Chapelle, et en apprenant que l'hom me habitait Aubervilliers, il lui
avait emboîté le pas.
Une intuition, rien de plus ! Et tout cela, parce q ue trois jours auparavant, on avait trouvé une lettre anonyme dans la boîte de la P.J. au Quai des Orfèvres. Encore n'était-ce pas une lettre, mais un innommabl e chiffon de papier, probablement retiré d'une poubelle, et sur lequel une main inexperte dans l'art de la calligraphie avait écrit, textuellement :
« On a assassiné la mêr peau de lapin a aubervilliers. »
Était-ce l'œuvre d'un mauvais plaisant, d'un fou ? On n'en savait rien, mais au Quai des Orfèvres la moindre indication est soumise à un contrôle rigoureux, c'est une tradition, et le papier en question avait échoué sur le bureau du commissaire Odilon Quentin, épinglé à deux apostilles.
La première portait simplement :
« Pour information complémentaire ».
La seconde consistait en un rapport du laboratoire, déjà !
« Le papier ci-joint a été fabriqué au moyen d'une pâte de bois de qualité médiocre, il est semblable à celui que l'on utilise dans les épiceries de faubourg, pour envelopper les marchandises bon marché.
« Le crayon dont s'est servi le scripteur est un crayon plat, à large mine, du genre de ceux qu'emploient les charpentiers. La pointe en est usée.
« L'examen microscopique a permis de relever des em preintes digitales nombreuses, mais elles ne présentent aucune utilité pratique, car les tracés sont brouillés ou confus. »
En résumé donc, des éléments essentiellement vagues : Aubervilliers – Épicerie de faubourg – Charpentier. Quant à la mère « Peau de Lapin », personne n'en avait jamais entendu parler, et les fiches con servaient à son égard un mutisme absolu.
N'empêche que Quentin était parti, très intéressé, après avoir glissé son embryon de dossier dans une farde chamois, sur laquelle il avait écrit, de sa large écriture de sergent-major :
« Ministère Public contre Inconnu.
Meurtre de la Mère Peau de Lapin ».
Au fond, l'affaire l'enchantait, parce qu'il était certain, au cours de son enquête, de ne rencontrer ni aristocrates ni noblions. Les comtes, les barons et le gratin de la haute bourgeoisie n'ont pas l'habitude de se loger dans des taudis !
En droite ligne, le commissaire s'était rendu à la « Grande Chope » du boulevard de la Chapelle, et là, après quelques cal vados bien tassés, à la suite d'un clin d'œil du patron qui était un indicateur, il était parti sur les talons d'une espèce de clochard qui le remorquait depuis, en mur murant tous les cinq cents mètres :
— Je n'ai rien fait, nom de Dieu.
Où cela le mènerait-il ? Probablement à rien ; en t ous cas, Quentin marchait toujours, obstiné et placide, offrant au vent et à la pluie le bloc puissant de sa carrure massive.
Soudain, l'homme s'arrêta devant une bicoque lézardée dont il poussa la porte d'un coup de pied, et pendant deux ou trois seconde s, juste le temps qu'il mit à entrer, un triangle de lumière jaunâtre éclaira quelques pavés inégaux qui tenaient lieu de trottoir.
Le policier n'était pas mécontent de cette halte ; il contempla la façade sordide, où une enseigne annonçait, en lettres tracées au goudron :
« Café du Beau Séjour »
Puis, à son tour, il pénétra dans le bistrot.
Deux tables, quatre chaises, une banquette le long du mur, et un comptoir contemporain de Mathusalem. C'était tout. Le clochard s'était installé, les jambes tendues en avant, pour reposer ses pieds fatigués, et il regardait le plafond avec une béatitude ironique, sans se soucier du courant d'air sournois qui traversait...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents