La Reine des Ténèbres
56 pages
Français

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Description

Le journaliste Paul DUMVILLER, alias Doum, est contacté par Philippe Granger qui sollicite son jugement à propos de la disparition, dans d’étranges circonstances, de Jacques Renoux, le fiancé de sa jeune sœur Aline.


Un soir, Philippe et Jacques, attirés par des bruits provenant du parc d’une propriété voisine censée être inhabitée, ont surpris une mystérieuse cérémonie d’hindous présidée par une magnifique créature vêtue en danseuse orientale.


Repérés, les deux intrus se sont enfuis séparément, mais, depuis, Jacques n’a plus donné signe de vie.


Sentant qu’il tient là un bon papier, Paul DUMVILLER décide de s’intéresser de près à l’affaire.


Très vite, il parvient à faire un rapprochement entre les curieux « locataires » qui ont subitement disparu, et un énigmatique entrefilet paraissant régulièrement dans divers journaux.


Paul DUMVILLER va alors de répondre à l’annonce sans se douter qu’il s’apprête à se jeter dans la gueule d’une meute de loups...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070037645
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DOUM REPORTER


LA REINE
DES
TÉNÈBRES

Par
NEVERS-SÉVERIN
CHAPITRE PREMIER
UN NOUVEAU CONTE DES MILLE ET UNE NUITS
 
— Ces personnes insistent pour vous voir, monsieur Doum ! dit le garçon de bureau. Elles disent qu'il s'agit d'une affaire grave et qui ne peut manquer de vous intéresser.
Paul Dumviller, agacé, repoussa la feuille qu'il venait de noircir de sa fine écriture. Après avoir sué sang et eau pour tirer un article intéressant d'une banale affaire d'escroquerie, il eût aimé pouvoir se détendre devant quelque bon cocktail. En cette fin de matinée, tous ses collègues de Paris-Monde avaient déjà quitté la salle de rédaction. Et aucun d'eux n'avait manqué de dire, en passant devant le travailleur attardé :
— Eh bien, Doum ! C'est l'heure du poker dice.
— Oui, oui, je viens ! s'était borné à répondre l'interpellé. Plus qu'une dizaine de lignes !
Mais, comme il venait de mettre le point final à son « papier », Doum avait vu surgir le préposé à la salle d'attente, porteur d'une fiche rosâtre sur laquelle deux noms de visiteurs tardifs étaient hâtivement tracés au crayon.
— Philippe et Aline Granger ? Connais pas ! grommela le journaliste, déçu dans ses espoirs de « farniente ». Comment sont ces gens-là ?
— Tout jeunes et ils paraissent très émus...
— Hum ! quelque drame d'amour ! Il y a des raseurs qui éprouvent le besoin de s'épancher coûte que coûte et qui croient leurs petites histoires tout à fait dignes d'être imprimées.
— C'est la rançon du succès, monsieur Doum ! reprit avec familiarité le garçon de bureau. Vous avez débrouillé les affaires les plus difficiles, si bien que l'on finit par vous prendre pour un détective.
— Et l'on vient m'embêter dix fois par jour !
— Enfin, m'sieur Doum, pour ceux-ci ?
Le garçon pointait un index interrogateur vers la fiche rose.
— Introduisez-les ! Il faut tout entendre ! répondit le reporter avec un haussement d'épaules résigné.
Philippe et Aline Granger firent leur entrée avec timidité ; c'étaient manifestement le frère et la sœur, unis par une étroite ressemblance de traits : tous deux blonds, pâles, avec de vastes yeux d'un bleu limpide, tous deux minces et de hautes tailles. La politesse de leurs manières et la coupe de leurs vêtements indiquaient des personnes de la bonne société. Doum, tout en les invitant à s'asseoir, estimait leur âge : « Aucun d'eux n'a vingt ans ! ».
Philippe Granger prit la parole.
— Nous nous sommes permis de vous déranger, monsieur Dumviller, parce qu'il s'agit d'un cas extraordinaire et qui retiendra sans doute votre attention. Le fiancé de ma sœur, Jacques Renoux, vient de disparaître dans des circonstances tout à fait surprenantes.
— S'il y a disparition, j'espère que vous vous êtes tout d'abord adressés à la police ! fit remarquer Doum.
— Oui et... non ! répondit énigmatiquement le jeune homme. Nous éprouvons un vif embarras et nous aurions le plus grand besoin d'un conseil.
Doum contint un geste de dépit : décidément, c'étaient bien là les raseurs types, ceux qui prennent leurs journalistes favoris pour des confidents ou des directeurs de conscience, mais au point où il en était, il devait faire preuve de patience jusqu'au bout.
— À quand remonte la disparition ?
— À cette nuit même !
Doum sourit.
— Vous vous affolez bien vite, ce me semble ! Ce monsieur peut se trouver retardé par quelque incident très mince... (il n'osait dire, devant la jeune fille : par quelque fredaine).
— Pardon ! Cette disparition est liée à un fait précis et dramatique auquel je me suis trouvé mêlé. Je désire vous rapporter les événements en détail.
Doum, vaincu, fit signe qu'il était prêt à écouter ; mais, après quelques minutes, à son attitude morne succéda l'attention la plus soutenue ; jamais, au cours d'une carrière pourtant mouvementée, il n'avait rencontré une affaire aussi étrange.
Voici ce que lui conta le jeune Philippe :
— Chaque été, nous avons coutume, Aline et moi, de passer nos vacances dans la villa de nos amis Renoux, sise dans la grande banlieue de Paris, entre Poissy et Saint-Germain. Nos deux familles sont liées de longue date et Jacques Renoux, bien que seulement âgé de dix-neuf ans, est officieusement considéré comme le fiancé d'Aline.
« À quelque distance de l'habitation des Renoux se trouve une autre propriété dénommée La Fougeraie, qui est ceinte de hauts murs et que, de tout temps, j'avais connue inhabitée. Son propriétaire est un M. Leroy-Boursier, qui réside au Pecq et qui tenta vainement de louer le domaine, situé trop à l'écart de toute agglomération, en bordure de forêt.
« Alors que nous étions encore des gamins, nous avions souvent pénétré, Jacques et moi, dans ce parc à l'abandon, par une brèche qui s'ouvrait dans un mur écroulé. Avec l'imagination propre aux enfants, nous avions décrété que nous serions là dans « notre royaume » ; à défaut de la grande maison qui dormait entre les arbres et que protégeaient les volets clos, nous disposions de kiosques délabrés que nous nommions nos « châteaux » et nous y vécûmes de belles heures pleines de rêves au milieu de fêtes, de plaisirs, de splendeurs que forgeaient nos cerveaux ingénieux. Mais un jour, M. Leroy-Boursier fit reconstruire son mur et l'accès de la propriété nous fut ainsi interdit.
« L'autre jour, je me promenais seul, et le hasard porta mes pas vers La Fougeraie. À un moment donné, la tentation me prit de revoir les lieux où j'avais connu de si agréables jeux. Je me trouvais en un endroit où un arbre, en bordure du chemin forestier, frôle la muraille, ses basses branches permettant une facile escalade : en trois enjambées, je pouvais atteindre le faîte du mur, et plonger du regard à l'intérieur de la propriété. Je pensais ne pas commettre un bien grand crime, et je cédai à mon impulsion...
« Un spectacle inattendu s'offrit à mes yeux.
« Je reconnus l'ordonnancement du parc, sa grande pelouse encadrée de statues et de balustrades. Mais ce décor, autrefois désert, était peuplé de la manière la plus étonnante. Mon rêve de naguère se réalisait...
« Plusieurs jeunes femmes, toutes brunes et fort belles, se promenaient dans les allées. Ces créatures paraissaient sortir d'un conte de fées, car elles étaient vêtues de tuniques aux couleurs tendres, brodées d'argent et d'or. Les lignes harmonieuses, les plis classiques de ces vêtements faisaient songer aux belles chlamydes de l'antiquité grecque, et les promeneuses, dont quelques-unes portaient un pan de cette tunique ramené en capuchon sur la chevelure, évoquaient les merveilleuses danseuses de Tanagra.
« Absolument fasciné et certain que les feuillages de l'arbre me rendraient invisible aux regards de ces femmes, je demeurai longtemps en observation. Sans doute ma conduite était-elle fort indiscrète, mais la singularité du tableau me fournissait quelque excuse !
« L'une des femmes, vêtue de mauve, semblait être l'objet de toutes les attentions de ses compagnes. Elle présentait un visage merveilleusement dessiné, aux lignes aristocratiques et altières, et sa démarche était d'une distinction royale. Cette femme ayant manifesté l'intention de s'asseoir, les autres déployèrent des tapis et disposèrent des coussins, puis se rangèrent à ses côtés avec déférence, ainsi que des dames d'honneur autour d'une souveraine.
« Je fus soudain alerté par le lointain roulement d'une voiture qui s'engageait dans le chemin forestier. Soucieux de ne pas me laisser surprendre en train d'épier, je me précipitai sur le talus herbeux. Quand l'importun véhicule fut passé, j'aperçus des promeneurs qui, venant en sens inverse, se rapprochaient lentement. Renonçant à reprendre ma faction, je m'éloignai tout songeur.
« De retour chez les Renoux, je m'enquis des destinées de La Fougeraie. Jacques, que je questionnai, me dit que le domaine appartenait toujours à M. Leroy-Boursier. Je lui contai alors ce que j'avais découvert. Mon ami ouvrit de grands yeux, puis se mit à rire, me disant que j'étais un esprit romanesque et, qu'en admettant que je n'eusse pas été victime d'une hallucination pure et...

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