La treizième heure
49 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
49 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Minuit !


L’heure du crime ! Celui d’Arsène Courteau, un immonde maître chanteur, abattu d’une balle dans la tête par une personne à qui il avait ouvert les volets et la fenêtre de son bureau.


L’inspecteur MACHARD, chargé de l’enquête, n’ignore pas que les ennemis de ce genre d’individus sont nombreux... ce qui multiplie les suspects potentiels.


Pourtant, MACHARD va parvenir à démasquer le coupable en une journée !


Minuit, l’heure du crime, mais également celle de l’arrestation de l’assassin !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070035108
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MACHARD

LA TREIZIÈME HEURE
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
MINUIT

Le verrou, violemment poussé, fit « clac ». M. Arsène Courteau lança un dernier regard à la porte, comme pour s'assurer encore une fois de sa solidité. Elle tenait bon, faite de chêne épais, pourvue d'une serrure impressionnante et d'un verrou inattaquable. Non, rien à craindre de ce côté. Rien à craindre, non plus, du côté de l'entrée de service puisqu'elle était condamnée. Quant aux fenêtres, celles du premier étage comme celles du rez-de-chaussée, une armature de fer les rendait inviolables.
En somme, une forteresse en réduction !... Cette comparaison amena un sourire sur la face ronde et luisante de M. Courteau. Ses yeux minuscules semblèrent rire et il frotta, l'une contre l'autre, ses mains grasses, grasses et fluides, à l'image de toute sa déplaisante personne. L'homme n'était pas beau, certes, mais surtout, ce qui le rendait odieux, c'était sa fausse bonhomie, ce débordement de cordialité qui se traduisait par des expressions onctueuses et des tapes amicales. Alors que ses paupières, trop lourdes pour de si petits yeux, laissaient filtrer un regard faux et rusé.
Cette courte méditation l'ayant réconforté, M. Arsène Courteau prit le chemin de la cuisine, où s'affairait un grand garçon dégingandé dont la qualité dominante n'était point la finesse, mais qui rendait autant de services qu'une nombreuse domesticité.
Joseph, j'ai fait ma ronde et fermé portes et fenêtres. Je vais travailler dans mon bureau. Vous vous coucherez quand vous voudrez…
Bien, Monsieur, répondit le domestique, habitué à ce bref discours qui se répétait tous les soirs.
Dès que son maître fut parti, abandonnant la casserole qu'il nettoyait, il sortit d'un tiroir une épaisse brochure et s'installa dans un vieux fauteuil d'osier.
Son oreille attentive guettait les bruits familiers que ne couvrait pas le vent de décembre, des bruits qui lui permettaient de suivre en imagination le trajet de M. Courteau à travers sa maison : la porte du couloir, un frottement de pantoufles de feutre qui allait s'atténuant, encore une porte, celle du bureau, le cliquetis de la serrure, des coups sourds indiquant que l'on remuait un fauteuil, puis, le silence.
Joseph savait que son maître en avait pour trois à quatre heures à rester courbé sur sa table, écrivant, comptant, compulsant des documents. Alors, sûr de ne pas être dérangé, il se plongea dans les aventures de « Nick Carter » avec, à portée de la main, une bouteille de potion fleurant bon le calvados. Somme toute, la vie n'était pas si vilaine !
Or, au même instant, cette agréable constatation venait à l'esprit de M. Courteau. À lui, cependant, l'existence apparaissait beaucoup plus séduisante qu'à son domestique.
Il ouvrit un tiroir dans lequel ses doigts boudinés plongèrent. Son visage s'illumina à la vue des jolies choses qu'ils ramenaient : des bagues, des diamants, une liasse de billets, une cassette pleine à craquer, encore des billets, puis un magnifique collier d'émeraudes.
Pendant de longues minutes, il contempla ses richesses, caressa les bijoux, palpa les billets, pour en arriver à se livrer à un rapide calcul. Or, pierres précieuses, argent, éparpillés sur son buvard, jetant mille feux sous les rayons de la lampe, représentaient une somme de deux millions environ.
Tout à coup, M. Courteau blêmit. Une idée affreuse naissait en lui : cet argent, ces bijoux, c'était le fruit de combinaisons louches, de chantages, de prêts usuraires. Il lui avait fallu menacer, et agiter le spectre du déshonneur et de la ruine. Jamais les appels à la pitié qu'on lui lançait ne trouvaient d'échos.
Combien de drames avait-il provoqués ? Combien d'unions avait-il rompues ? En conséquence, combien d'ennemis s'était-il créés ?
Et si l'un d'eux, un jour, décidait de se venger ?
M. Courteau passa son mouchoir sur son front mouillé de sueur. Il n'avait pas envisagé pareille éventualité.
En un tournemain, il rangea bijoux et billets de banque dans le tiroir qu'il referma à clé. D'un autre tiroir, il sortit un revolver dont il vérifia le chargeur. Il enfouit l'arme dans la poche droite de son veston et se leva.
« Non, monologua-t-il, je ne vais pas recommencer à m'affoler… Ces gens-là savent que je garde mes documents et que, s'il m'arrivait malheur, on saurait de quel côté il conviendrait de diriger les recherches… Ah ! ces bons dossiers !... Non seulement ils me font gagner de l'argent, beaucoup d'argent, mais encore ils me servent de gardes du corps ! Voyez-vous la police fourrant son nez dans ce ramassis de scandales ! Le remède serait pire que le mal ! Et puis, diable, mes clients appartiennent-ils à un milieu où l'on se bat, où l'on joue du pistolet ailleurs que dans les affaires d'amour ? J'ai affaire à des gens du monde, moi !... De plus, le goût de la vengeance se perd avec le temps et, quand il faut mettre à exécution certains projets, le cran fait souvent défaut… »
Une fois de plus, M. Courteau sentit ses forces lui revenir, et il alla même jusqu'à rire de ses appréhensions. Il se rassit devant sa table et ouvrit un dossier bourré de chiffres.
Pendant ce temps, Joseph, qui ignorait les frayeurs de son maître, poursuivait dans sa cuisine sa passionnante lecture.
Une heure passa sans que le moindre bruit troublât la quiétude du pavillon. On n'entendait que le gémissement des grands arbres de la forêt et, toutes les trente minutes, le sourd tintement du gong de la haute horloge normande meublant un angle du couloir.
Ce fut la voix de cette horloge qui ramena le domestique aux contingences de ce monde. Au premier coup de gong, il releva la tête et, à regret, ferma son livre ; 11 heures ou minuit ?
… Trois, quatre, cinq, six…
Joseph comptait avec application, en marquant chaque coup d'un léger mouvement de tête…
Sept, huit, neuf…
Il était l'heure de se coucher. Si M. Courteau se doutait de la consommation de lumière que faisait son serviteur, adieu les longues veillées près du fourneau…
… Dix, onze, douze…
Minuit. Joseph voulut quitter son fauteuil. La stupeur le cloua sur place.
… Treize…
L'horloge avait sonné treize fois !
Le domestique n'eut pas le loisir de méditer sur cet étrange événement. Un cri suivit, d'une ou deux secondes le « treizième des douze coups de minuit », un cri d'agonie et non d'appel à l'aide, un peu comme le râle d'un homme que ses forces abandonnent brusquement.
Livide, Joseph tenta à nouveau de se lever, mais ses jambes flageolantes refusaient de le porter. Ses mains pressées sur sa poitrine ne parvenaient pas à réprimer les battements fous de son cœur… Cela venait du bureau, sans aucun doute. M. Courteau réclamait du secours. De sa venue à lui, Joseph, dépendait peut-être la vie d'un homme, et cet homme, c'était son patron… Il fallait agir sans perdre un instant.
Le malheureux réussit à discipliner ses nerfs. Avec un courage dont il ne se serait pas cru capable, il s'empara d'un tisonnier et ouvrit la porte. Une fois dans le couloir, il se précipita sur le commutateur. Rien d'anormal.
En passant devant l'imposante horloge, il lui jeta un regard lourd de rancune. Jusqu'à sa façon d'égrener son tic-tac qu'il trouvait bizarre !
Une fois devant la porte du bureau, Joseph frappa deux coups timides. Pas de réponse. Il tambourina avec violence sans plus de résultat, manœuvra la poignée et se rendit compte que M. Courteau s'était enfermé. Sans hésiter, il recula de quelques pas, prit son élan. D'un coup d'épaule solide, il enfonça le vantail.
Alors, à son tour, il cria, glacé de terreur. Au pied de sa table, près de son fauteuil, sur un coquet tapis gris, M. Courteau gisait, étendu sur le dos, les bras en croix. D'un petit trou à la tempe gauche s'échappait un long filet de sang que buvait la laine du tapis. Le serviteur frissonna de peur et de froid, car la fenêtre était ouverte et les contrevents entrebâillés laissaient pénétrer l'air glacial de la nuit.
Il n'eut pas besoin de se pencher sur son maître pour comprendre qu'il était mort, mort assassiné.

* * *

Comment se comportait-on en pareil cas ? Joseph, fervent lecteur de romans policiers, s'efforça de rassembler ses souvenirs littéraires. Il importait d'abord de ne rien déranger : ensuite, il fallait prévenir la police. Or, le pavillon ne possédait pas le

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents