La valise jaune clair
73 pages
Français

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Description

À la terrasse d’un café, Jack DESLY remarque une jeune et ravissante Anglaise en compagnie d’un homme bien plus âgé aux allures aristocratiques. Ce dernier tente d’expliquer au serveur qu’il n’a qu’un billet de cinq livres sterling pour régler la note.


Jack DESLY intervient et offre de payer à leur place puis de les suivre à leur hôtel afin de se faire rembourser.


Sa proposition est doublement intéressée : approcher la belle pour la séduire et dépouiller le vieux.


Mais celui-ci n’est pas aussi inoffensif qu’il y paraît...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791070034309
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 2 -

LA VALISE JAUNE CLAIR
Récit policier

Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
À LA TERRASSE D'UN CAFÉ

L'heure était exquise. La fin d'une belle journée de juin. Assis à la terrasse d'un grand café des Champs-Élysées, Jack Desly regardait défiler le flot des passants qui montaient et descendaient l'avenue. Les derniers rayons du soleil doraient l'asphalte sur laquelle couraient les automobiles dans de multiples ronronnements de moteur.
Il lui suffisait d'allonger le bras pour saisir le grand verre dans lequel une boisson confortablement glacée s'offrait à l'aide d'un chalumeau, et qu'il amenait à ses lèvres pour en tirer de petites gorgées nonchalantes.
Autour de lui, un bruissement continu de voix en toutes langues, parmi lesquelles dominaient l'anglais et l'allemand. Il se complut à chercher à quelle nationalité pouvait appartenir un grand vieillard à l'allure aristocratique et hautaine, assis à quelques tables plus loin en compagnie d'une ravissante jeune femme brune. À cette distance il ne pouvait percevoir leur conversation, que du reste, il n'aurait pas écoutée, car il possédait suffisamment d'éducation.
De temps à autre, l'homme se penchait vers sa voisine et disait quelque chose de bref, provoquant un sourire qui créait d'adorables fossettes ou un éclair des yeux appuyé d'un mouvement de tête.
Le regard de la jeune femme avait rencontré, déjà deux fois — hasard ou attirance ? — celui de Jack Desly et s'était attardé sur le visage fin et séduisant du jeune homme. Celui-ci éprouva brusquement l'envie de faire connaissance avec le couple.
Jack Desly offrait toutes les apparences d'un oisif fortuné, d'un fils de famille n'ayant pas à se soucier du lendemain. C'était vrai jusqu'à un certain point. Jack n'avait effectivement pas le souci du lendemain, mais il n'était ni fils de famille ni oisif.
Son activité, au contraire, était fort grande et c'était ce qui causait le souci permanent de son ennemi intime, l'inspecteur de la sûreté, Arthème Ladon. Seulement... avez-vous déjà essayé d'attraper un feu-follet ? Vous le voyez danser, il vous nargue, il semble à portée de la main et pfft ! disparu. Bien entendu, cinq minutes ou une demi-heure plus tard, vous l'apercevez à l'endroit opposé et si vous avez suffisamment d'esprit de suite pour vous précipiter à nouveau, vous en êtes finalement pour votre peine.
C'était, à peu près, ce qui se passait entre le policier et Jack Desly. Et le jeune homme vivait dans une parfaite quiétude sans offrir à son poursuivant l'ombre d'une preuve des exploits qu'il accomplissait au détriment du portefeuille ou du coffre-fort d'autrui.
Jack Desly était en train de réfléchir qu'en dehors de l'agrément qu'il éprouverait à flirter avec cette jolie brune, il pouvait peut-être mettre quelque chose d'intéressant en route, concernant le vieux monsieur. Il continua de les étudier sans en avoir l'air.
L'heure s'avançait et peu à peu la terrasse se vidait de ses clients. Il ne restait plus que quelques groupes épars, le couple qui suscitait l'attention de Jack Desly et le jeune homme. Dans l'avenue, les lampadaires électriques s'étaient allumés. La terrasse recevait maintenant le reflet des lumières intérieures du café.
Jack prit une cigarette, toujours plongé dans ses calculs, lorsqu'un petit incident lui offrit l'occasion qu'il cherchait. Le monsieur aux tempes argentées venait d'appeler le garçon et avait tiré un billet de banque de son portefeuille. Mais le serveur avait hoché négativement la tête. Alors, la jeune femme s'en était mêlée. L'homme au tablier blanc continuait à refuser.
Le vieillard prononça d'un ton mécontent et assez fort pour que cela parvînt aux oreilles de Jack Desly, une courte phrase en anglais. Sa compagne — Jack comprit qu'elle tentait de traduire — articula quelques mots hésitants dans notre langue, mais ils étaient dénaturés par l'accent — délicieux, du reste — et le garçon haussa les épaules en grommelant : « Comprends pas ! »
C'était le moment d'entrer en scène. Jack s'avança, s'inclina et, avec un sourire, il prononça avec aisance dans la langue de Shakespeare qu'il possédait à fond :
— Permettez-moi, monsieur, de vous offrir mes services s'ils peuvent vous être de quelque utilité...
La jeune femme tourna vivement la tête de son côté et le visage animé, devança son compagnon :
— Vous êtes trop aimable, monsieur... Nous sommes assez embarrassés... Mon mari vient de s'apercevoir qu'il ne lui reste plus assez de monnaie française pour régler les consommations. Il a offert au garçon un billet de cinq livres sterling, sur la Banque de Londres... Cela représente, comme vous le savez, sans nul doute, cinq mille francs, à l'heure actuelle...
Jack s'adressa au garçon qui gardait son air fermé.
— Pourquoi n'acceptez-vous pas ce billet ? Il y a assez d'étrangers qui vous le reprendront ce soir ou demain...
— Je ne suis pas un bureau de change... grogna le porteur de veste noire. Y n'auraient qu'à en faire tous autant, et je serais rempli de livres sterling, de marks, de lires, de zlotys, et quoi encore ? On est en France, bon sang !
Cette conversation avait eu lieu à mi-voix et trop rapidement pour que le couple y pût comprendre quelque chose : Jack se garda de rapporter la remarque — au fond assez logique — du garçon et s'adressa au vieillard qui attendait avec flegme :
— Il n'a pas assez de monnaie lui-même, affirma-t-il. Mais la difficulté sera aisément tournée. Voulez-vous accepter que je vous avance moi-même le montant de ce qui est dû ?... Si... Si... ajouta-t-il avec vivacité, j'en serais extrêmement heureux. Vous me rembourserez tout à l'heure... À votre hôtel, par exemple...
L'Anglais parut hésiter un court instant, tenant toujours entre ses doigts le billet de cinq livres. Sa compagne lui posa la main sur l'avant-bras avec douceur et murmura :
— Ce monsieur est un vrai gentleman, Edward.
Jack reprit, toujours aussi aimable :
— Ou, si vous le préférez, je vais vous changer immédiatement votre banknote pour de l'argent français...
— Non, dit la jeune femme avec netteté, ce serait vous obliger ensuite à courir à la banque, à perdre votre temps...
Elle pressa de nouveau le bras de son compagnon, lui subtilisa d'un geste mutin le billet qu'elle enfouit dans son sac à main et fit un signe à Jack.
Une demi-heure plus tard, ils étaient assis tous trois dans un coin du hall d'un palace des environs de l'Étoile et bavardaient avec entrain. Jack songeait qu'il venait de gagner brillamment la partie en obligeant le vieillard à accepter sa présence. Il avait l'impression que son plaisir, par ailleurs, était partagé par la jeune femme.
Échange de cartes de visite, promesses de se revoir. L'homme était un riche négociant de Londres en voyage de noces sur le continent, avec son épouse. Il connaissait fort bien la capitale, mais ne parlait pas un mot de français. Quant à elle, Mrs Singford, tel était son nom, ayant trop présumé de ses connaissances qu'elle croyait avoir acquises, ainsi qu'elle le dit en rougissant, c'était avec joie qu'elle acceptait la présence de cet élégant Parisien qui lui offrait de la piloter, en compagnie de son mari.
Mr Singford, par contre, semblait assez réservé. Il faisait preuve d'une courtoisie parfaite, mais ne se départissait pas de son flegme, souriait peu et la conversation se poursuivait surtout entre la jeune femme et Jack Desly.
— Jalousie, peut-être ? se dit le cicérone bénévole, durant les jours qui suivirent.
L'hypothèse était plausible. Le couple marquait au moins une différence d'âge que Jack estima à quelque chose comme trente-cinq ans. Mr Singford semblait naviguer entre cinquante-cinq à soixante ans. Sa femme devait avoir vingt-cinq ans, au grand maximum. Au premier abord, Jack avait cru qu'il s'agissait du père et de la fille, mais il n'avait pas été extrêmement étonné en apprenant la situation réelle, car ce genre d'unions est moins rare qu'on ne le suppose.
Cependant, ce n'était pas de la jalousie. Le mari l'avait laissé passer une après-midi entière avec Mrs Singford, ayant un rendez-vous imprévu, alors que Jack était venu chercher les deux Anglais pour les emmener visiter Versailles.
— Votre mari est-il toujours aussi froid ?... se risqua-t-il à demander.
— Mais oui, répondit-elle en riant. Mais c'est un excellent homme, vous savez...
Il coula un regard séducteur vers elle.

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