La Variable Aléatoire
21 pages
Français

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Description

Dillon Sharif est le plus grand détective au monde spécialisé dans les ensembles de données. D'ailleurs, c'est aussi le charmant petit-fils des milliardaires fondateurs de AllDat Corporation, propriétaires légaux de toutes les informations mondiales. Mais lorsqu'une nouvelle énigme lui est confiée et qu'il doit enquêter sur ces mystérieux signaux sonores qui se déclenchent régulièrement dans la nuit, Dillon va devoir faire appel à toute son ingéniosité, et compter sur l'aide précieuse de sa fidèle assistante. Après le bip est la première aventure de la série La Variable Aléatoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 juillet 2015
Nombre de lectures 4
EAN13 9782312029283
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Variable Al é atoire
Tom Lichtenberg
La Variable Al é atoire
Tome 1 : Apr è s le bip







LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2015 ISBN : 978-2-312-02928-3
Dillon Sharif avait beaucoup de temps. À vingt-neuf ans, petit-fils et unique héritier du milliardaire Wilkins Sharif, collecteur de données au niveau mondial, il n’avait guère d’affaires plus urgentes que l’entretien de sa fine moustache de vedette de cinéma et la contemplation de sa beauté anguleuse dans le miroir baroque en or de sa grand-mère. Pourtant, il ne s’ennuyait jamais. Depuis qu’il avait posté cette vidéo virale établissant des corrélations improbables entre les différents styles de chapeau, la virilité et les chiffres porte-bonheur pour les femmes, il croulait sous les requêtes envoyées du monde entier pour le supplier de résoudre tel ou tel cas étrange et insolite. Apparemment, tout le monde semblait croire que, si Dillon ne connaissait pas déjà la réponse, du moins disposait-il des informations et de l’intuition suffisantes pour la découvrir. Il appréciait ces petits jeux, qui s’avéraient parfois plus sérieux, voire plus dangereux, qu’il ne l’aurait cru.
Tous les matins, ou presque, il était impatient de trier les demandes qui lui parvenaient massivement, même si dernièrement le volume avait tendance à devenir encombrant. Il les passait systématiquement en revue dans le même ordre ; d’abord les messages matériels, à commencer par les cartes postales, puis les enveloppes internationales et le courrier national classique. Après quoi, il passait au numérique, consultant d’abord les messages instantanés reçus sur son téléphone, puis les emails à son adresse personnelle. Il terminait par les demandes envoyées à l’adresse qu’il réservait exclusivement à cet effet et qu’il avait pris soin de diffuser largement. Devant son jus de fruit du matin, il déplorait le pourcentage aberrant de messages qui contournaient délibérément la procédure indiquée, tout en les parcourant néanmoins avec la même attention. Telle était sa routine quotidienne, accompagnée de son verre de jus d’orange, sa tasse de semi-caféiné à la mousse de lait écrémé, son bagel aux raisins secs grillé et un petit panier d’osier rempli de myrtilles fraîchement cueillies. À quoi bon être milliardaire, se disait-il, si l’on ne pouvait pas avoir de myrtilles fraîchement cueillies tous les matins.
Un pourcentage encore plus ridiculement élevé de demandes trahissait, dès les premières phrases, une conscience aiguë de sa situation financière. Dillon marchait constamment sur un terrain miné jonché de croqueuses de diamants plus ou moins bien déguisées, qui se montraient souvent créatives dans leurs tentatives d’attirer son attention. Bien sûr, elles n’étaient pas sans savoir, comme tout un chacun, qu’il avait le plaisir de compter parmi l’un des nombreux amants célèbres de ce tourbillon volage qu’était l’actrice et provocatrice Karen Clyde. C’était une éternelle insatisfaite, ce qui ne posait aucun problème à Dillon. En ce qui le concernait, elle suffisait amplement à combler ses besoins et il préférait se vautrer dans des bourbiers de données plutôt que de s’adonner aux plaisirs de la vie nocturne ou d’infliger des excès à son physique scrupuleusement entretenu. Et Dieu savait qu’un seul homme ne serait jamais suffisant pour Karen, dont la collection était triée et organisée selon une classification toute personnelle. Si Dillon était son pôle Nord, alors son pôle Sud était Joey Mangiamo, mécanicien Fiat de premier ordre, prolétaire pur jus. L’Est était représenté par Jasper Coleridge, célèbre chef cuisinier à temps partiel et comptable hipster à temps plein. Enfin, l’Ouest était largement occupé, et « largement » est bien le mot, par le champion du monde en titre de lutte poids lourd, Vitaly Fleschko. Pourtant, des femmes et des filles, des hommes et des garçons du monde entier essayaient tous les jours de mettre le grappin sur Dillon Sharif et ses milliards.
Dillon vivait selon son rang, dans un appartement luxueux surplombant la grande capitale technologique de San Francisco. Il vivait seul, avec son gros chat gris Dolores et son aquarium tropical de crustacés exotiques. Il n’utilisait que de la moitié de son appartement ; le salon, la cuisine, la terrasse et une chambre principale. Les trois autres chambres et la pièce à vivre conçue par un décorateur demeuraient verrouillées en permanence, volets clos et complètement abandonnées. Il recevait rarement et n’invitait jamais personne à dormir. Son ascenseur privé était exclusivement réservé à son usage ; seul son bras droit en avait la clé, qu’il ne partageait avec personne d’autre. Depuis son enfance, la solitude était pour lui une valeur fondamentale. Fils unique de parents qu’il n’avait pas connus, il avait été élevé sur l’île de ses grands-parents.

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