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Description
El Hijo del Hierofante est un jeune catcheur masqué qui marche dans les pas de son père. Témoin d’un crime, il ne peut s’empêcher de foncer dans le tas !
C’est le début d’une descente aux enfers qui va le mener face à un cartel aux expérimentations maudites. Le luchador aura fort à faire pour se tirer des griffes de ses ennemis, humains comme surnaturels.
Mais après tout, un Huracarana vaut bien un pieu dans le cœur !
Sujets
Informations
Publié par | les-moutons-electriques13170 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782490972241 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Le Cartel de sang
Agence Arkham
Julien Heylbroeck
© 2019 Les Saisons de l'étrange
Couverture par Melchior Ascaride
L’étrange histoire
Monter sur le ring avec El Hijo Del hierofante !
Découvrez l’envers de Mexico, ses zombies, ses vampires, ses cartels occultes aux expérimentations maudites. Heureusement, votre luchadores préféré n’a pas besoin de filet pour bodyslammer les diableros à travers la scène.
Un gutbuster vaut bien un pieu dans le cœur !
Ils en parlent
Ce match de catch a vampirisé toute mon attention
(Le Maître de l’étrange)
Je lui réserve la meilleure table de mon bar. Mais je ne suis pas sûre qu’il apprécie la carte...
(Santanico Pandemonium)
Je garde un œil sur lui depuis Mictlan, ce gosse a une sacrée carrière devant lui.
(Santo)
Alors quoi ? On n’est plus en sécurité nulle part désormais ?
(Comte D., Prince des Ténèbres en cavale)
***
À la mémoire de Maggie, ma petite muse ; avec qui j’ai fait connaissance devant un show télévisé du CMLL.
« Sur le Ring et au fond même de leur ignominie volontaire, les catcheurs restent des dieux, parce qu’ils sont, pour quelques instants, la clef qui ouvre la Nature, le geste pur qui sépare le Bien du Mal et d é voile la figure d’une Justice enfin intelligible. »
Robert Barthes – Mythologies
Hate me! Bite me! No love lost!
Hate me! Bite me bitch!
All I need now is your hate
Hate, Hate, Hate, Hate, Hate, Hate
Hocico – Bite Me!
Prologue
P ar ici, Professeur, suivez-moi… Attention à votre tête.
La voix n’est pas très assurée. Les faisceaux de la lampe accrochent les grains de poussière en suspension. La torche de l’universitaire jette sur son vieux guide quelques brefs éclats qui illuminent un visage ridé, le teint mat, des tempes cendrées et une peau piquetée d’une barbe naissante. Ses yeux, profondément enfoncés, brillent de peur.
L’air, frais, mais sec, mord les poumons. Solis n’a vraiment pas envie d’être là, à crapahuter dans cet étroit couloir plein de merdes de rats et de toiles d’araignées. Ce bonhomme ventru au crâne dégarni et à la grosse moustache grise n’est pas un aventurier. À vrai dire, il déteste le terrain et en est resté éloigné autant que possible, et ce depuis ses études. Il envoie toujours des stagiaires et des thésards à sa place pour farfouiller la terre et la boue des heures durant afin de récupérer deux feuilles et une racine. Lui préfère publier, écrire, arpenter les longues allées carrelées des laboratoires privés qui paient comme personne. Mais ce soir-là, quand on lui a proposé de se rendre sur un site de fouilles, impossible de refuser. Le Roi des chiens n’est pas quelqu’un à qui l’on dit non. Et voilà le résultat : il patauge depuis plusieurs minutes dans un réduit minuscule, ses beaux souliers déjà recouverts d’une couche de terre acide couleur de rouille.
Tout occupé à regretter son lit duquel l’a tiré le coup de téléphone, il n’écoute pas son guide et heurte de plein fouet l’arête tranchante d’une pierre crevant le plafond voûté. Il vacille sous l’impact et ses yeux s’emplissent d’un voile cotonneux bientôt désagrégé en une multitude de papillons noirs.
– Panocha hedionda !
– Je vous avais prévenu, Professeur.
– Ferme-la, cabrón , et avance, je ne compte pas passer la nuit dans ce caveau puant !
Ils reprennent la marche en silence. Le couloir s’enfonce encore davantage.
– Qu’est-ce que vous construisez, au-dessus ? demande le biologiste.
– Un supermarché de luxe, avec parking souterrain. Et puis, on a trouvé ce trou alors qu’on creusait pour les fondations. Alors el Rey nous a dit d’aller voir. Alors on est descendus... Et puis quand on a raconté ce qu’on a vu, el Rey a dit qu’il s’occupait d’envoyer quelqu’un. Aïe, aïe, Sainte Mère de Dieu, j’espère que cet endroit n’est pas maudit ! lâche l’ouvrier, tremblant.
– Pourquoi tu voudrais qu’il soit maudit ? On est à Mexico, ici ! Tu creuses pour planter un agave et tu as une chance sur deux de trouver une saloperie de vestige aztèque. Ça ne veut pas dire que c’est un lieu maudit pour autant, sinon c’est tout le sous-sol de cette putain de capitale qui est maudit.
– C’est un temple, Professeur, un sanctuaire ! Dédié aux puissances des ténèbres !
– Je t’en foutrais, des puissances des ténèbres… Pfff… avance donc, culero , le morigène Solis en le poussant entre les omoplates tandis que le vieux se signe.
Ils descendent un long escalier aux marches hautes et usées. Un instant, la lampe du guide passe sur des bas-reliefs qui semblent reprendre vie grâce à la lueur jaune.
– Attends un peu, ordonne Solis en éclairant lui-même les gravures.
Des hommes, des dieux, des serpents, une cohorte de créatures monstrueuses, emplumées et dentues qui dévorent de larges morceaux des corps de suppliciés…
Solis examine une minute les représentations. Devant, le vieux s’est retourné et se tord les mains, nerveusement.
– Alors ?
– Alors quoi ? Je suis biologiste, j’y connais rien à ces saloperies de sculptures !
– Désolé, bafouille l’ouvrier.
– Avance donc, ça pue ici !
Ils reprennent leur descente jusqu’à un palier. Le guide se tourne vers le scientifique :
– C’est là… C’est pour ça que je pense que l’endroit est maudit, Professeur… El Rey ou pas… je… je ne vais pas plus loin.
L’homme se signe à nouveau puis bouscule Solis pour se frayer un passage. Le biologiste l’entend réciter une prière alors qu’il remonte et peu à peu, le bruit de ses pas s’atténue jusqu’à disparaître totalement.
« Enfin tranquille », marmonne-t-il.
Et l’odeur de sueur du vieux s’estompe également. C’est déjà ça. L’air circule toujours aussi aisément, à cette profondeur, c’est comme si on avait installé un circuit d’aération. L’épaisse couche de poussière atteste que personne n’a pénétré en ces lieux depuis bien longtemps. Il sort son téléphone et prend quatre photos des bas-reliefs. Savoir à quelle divinité était dédiée ce temple peut éventuellement l’aider à identifier ensuite les restes de végétaux présents sur place, puisque c’est ce que veut el Rey.
Peu à peu, sa respiration s’alourdit. Non pas par manque d’oxygène, mais parce quelque chose, quelque chose dans l’air lui broie les côtes. Une poigne invisible, mais bien réelle, le prend également à la gorge et la serre lentement. Son cœur se met à battre plus rapidement et bientôt, une fine couche de sueur recouvre sa peau. Il n’a plus du tout envie de continuer. Et cette fois, ce n’est pas une question de fainéantise. Il stoppe son avancée, l’écho de ses pas résonne un instant comme s’il poursuivait sa marche. La température, jusqu’ici agréablement fraîche après la fournaise extérieure, a chuté et il frissonne. Il fait demi-tour… Le Roi peut aller se faire foutre ! Puis, songeant à lui justement, Solis pivote à nouveau. Essuyant son front, il tente d’inspirer pour gonfler son torse d’un courage bien fragile. « Allez, encore quelques pas, je serai bientôt arrivé. Je récupère deux trois échantillons du machin et ça me suffira à consigner un blabla quelconque. Il sera content et me foutra la paix ! » songe-t-il.
Solis fait taire son instinct qui lui dicte de rebrousser chemin et reprend son exploration. Il agite sa lampe un peu partout, espérant que le faisceau se multiplie et inonde les alentours d’une clarté rassurante. Mais ça ne fonctionne pas et les ténèbres recouvrent vite les murs. Bientôt, à la réverbération de ses pas, il se doute qu’il a pénétré dans une pièce plus vaste que l’étroit corridor qu’il empruntait jusqu’ici. Il lève sa torche et laisse échapper un bref sifflement de stupeur.
La salle, si immense et haute de plafond qu’il n’en voit pas le fond, contient en son centre un autel rehaussé par une volée de marches, flanqué de deux colonnes dont une partiellement effondrée. Le sol au large dallage toujours recouvert de poussière porte la trace des piétinements des ouvriers juste à l’entrée. En relevant sa lampe, les doigts crispés sur le manche et le dos tordu par le stress, Solis éclaire tout un tas de bosses. Comme des sacs de jute pleins de choses de formes diverses. Parfois, une esquille jaunâtre perce de la toile. Il y en a des dizaines et des dizaines, peut-être une centaine, peut-être davantage. Sûrement davantage même, vu que les amas sont disposés partout à l’intérieur, jusque sur les marches. Autour de ces formes, de larges souillures séchées et croûteuses renforcent les ombres que crée le faisceau lumineux. En repérant un petit crâne, Solis n’a plus aucun doute : c’est un charnier, gigantesque ! Des centaines de corps laissés à pourrir dans les ténèbres ! Il y a de toute part des ossements, des morceaux indéfinissables couleur ivoire et des rangées de côtes explosées.
Solis se sent envahi de vertiges. Son champ de vision noircit et les piliers autour de lui se mettent à tourner. Il s’effondre, écrasant une dépouille sous son poids. Les os craquent comme du bois sec et soulèvent un nuage âcre de poussière qui empeste la végétation morte. Il respire ces minuscules fragments de cadavre et veut hurler, mais n’en a pas la force.
Il se relève précipitamment. Une fois sur pied, il se décide à progresser le plus vite possible. Ses instructions étant d’aller jusqu’au bout de cette foutue salle, il bouscule sans ménagement les squelettes sur son passage en se concentrant juste sur le rayon lumineux créé par sa lampe qui pointe sur le mur du fond.
Il l’atteint enfin. Celui-ci est, comme pour le reste de cet étrange temple, fait d’un gros appareil et les pierres, titanesques, sont assemblées avec précision. Cependant, une fresque démesurée décore ce pan-ci. La lueur de la torche de Solis ne s’élève pas jusqu’au sommet et c’est à peine si elle en lèche les côtés. Mais surtout, des interstices entre les roches taillées, suinte une curieuse matière, poisseuse, huileuse et nauséabonde. De par