Le Chacal
71 pages
Français

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Description

Michel VAUDREUIL, agent du Deuxième Bureau, au volant de sa voiture, roule une petite roue de campagne. Aux abords d’un bois, il est arrêté par un paysan lui demandant d’aller chercher les gendarmes, car il vient de trouver un corps non loin.


Avant de prévenir les autorités, Michel VAUDREUIL tient à vérifier si la victime est encore vivante.


Sur place, il découvre une automobile encastrée dans un arbre et à côté de la carcasse, un homme, probablement éjecté au moment de la collision.


Rapidement, il doute de l’aspect accidentel du décès.


Et, en fouillant autour du véhicule, il repère une bague avec un chaton d’onyx sur laquelle est gravée la tête d’un animal... un chacal.


Le bijou appartiendrait-il au tristement célèbre terroriste international surnommé « Le Chacal » ?


Michel VAUDREUIL en est persuadé...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mai 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782385011666
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MICHEL VAUDREUIL
- 7 -
LE CHACAL
Récit d'espionnage
Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
L'INCONNU DU BOIS NOTRE-DAME
 
Il n'était pas encore sept heures du matin. Une brume blanche, cotonneuse, s'effilochait lentement au-dessus de la campagne, par ces premiers jours d'octobre, mais l'on sentait que la journée allait être belle, dès que le soleil aurait triomphé du brouillard matinal.
Un paysan surgit, rouge, essoufflé d'avoir couru, et s'arrêta sur le bord de la route qui va d'Ozoir-la-Ferrière à Champigny-sur-Marne. Il venait de déboucher du Bois Notre-Dame et regardait à droite et à gauche. Le long ruban goudronné était désert.
L'homme s'essuya le front avec sa manche. Malgré la fraîcheur, des gouttes de transpiration coulaient de partout. Il souffla bruyamment et marmonna quelques mots confus, puis, brusquement, poussa une exclamation de soulagement.
Un bruit de moteur se faisant entendre, grandissant de seconde en seconde, et il vit l'auto qui venait de klaxonner à un croisement à La Queue-en-Brie, et reprenait de la vitesse. Elle se dirigeait vers Ozoir. C'était une puissante voiture sport, jaune canari, dont la capote levée abritait le conducteur.
Le paysan s'élança au milieu de la route, faisant des signaux répétés avec les bras. Manifestement, il voulait faire stopper le véhicule.
Freiner quand on est lancé à quatre-vingt-dix à l'heure n'est pas une mince affaire. L'homme au volant lâcha progressivement son accélérateur, débraya d'un pied pendant que, de l'autre, il agissait avec précision sur la pédale du frein.
Puis il amena à lui, d'une main ferme et douce à la fois, le frein à main. En cinquante mètres, il était parvenu à s'arrêter, non sans avoir dépassé quelque peu le paysan.
Penché à sa portière, il vit arriver l'homme qui avait pris ses sabots à la main pour courir plus vite.
— Monsieur – cria le paysan, d'une voix hachée, autant par son halètement que par l'émotion –, il faut prévenir les gendarmes !... Il y a un mort dans le bois.
— Hein ?... Un mort ?... Dans quel bois ?
— Par là... spécifia l'homme qui avait remis ses sabots.
L'automobiliste dévisagea son informateur. Il vit un visage taillé à coups de serpe, non rasé, accusant la quarantaine. Le campagnard était vêtu comme un tâcheron agricole. Il ouvrait et refermait mécaniquement la bouche et dans ses yeux se lisait, comme dans un livre ouvert, l'affolement causé par la macabre découverte.
L'hésitation fut de courte durée.
Le conducteur sauta à bas de sa voiture et s'empara d'une petite mallette contenant une trousse de pharmacie qu'il emportait toujours en cas d'accident.
— Menez-moi... dit-il brièvement.
— Vous êtes docteur ?... hasarda le paysan.
— Non... Mais je veux voir si cet homme peut recevoir des soins. J'ai tout de même quelques notions médicales.
L'homme approuva de la tête et se mit en marche. Ils entrèrent sous bois ensemble. Une humidité pénétrante les envahit et bientôt sabots et chaussures brillaient de rosée. Ils arrivèrent près d'un petit carrefour d'où partaient, en étoiles, huit routes étroites, et le paysan désigna une masse informe de loin.
— V'là l'auto, marmonna-t-il. Le corps de l'homme est à côté, par terre.
Silencieusement, le conducteur de la voiture sport s'approcha. Un accident, sans aucun doute... L'avant était complètement écrasé contre un arbre que le choc avait brisé, presqu'à la base. Une portière entrouverte – celle du côté du volant – indiquait ce qui avait dû se passer. Le malheureux conducteur s'était trouvé vidé de la voiture au moment de la collision.
Le paysan resta debout, les bras ballants, pendant que le nouveau venu s'agenouillait auprès du cadavre. Nul besoin d'être médecin pour constater que la mort avait été presque instantanée. Le corps était froid, presque rigide.
« Il est là depuis plusieurs heures », songea l'homme en se relevant.
Et tout haut, il demanda :
— Comment l'avez-vous découvert ?
— Ben, dit le paysan, je traverse le bois tous les malins – j'habite la Pompe et je travaille à Marolles... oui... Marolles-en-Brie, juste de l'autre côté – alors, ça me fait un fameux raccourci. Il commençait à faire clair... Et puis j'l'ai vu... Ça m'a donné un coup, vous pensez... Alors, j'ai cavalé jusqu'à la route. Fallait prévenir les gendarmes, pas vrai ?...
— Oui, dit l'homme, pensivement.
Il continuait à regarder le cadavre. Ses yeux se portèrent sur la voiture et il revint tourner autour. Il regarda à l'intérieur et un haut-le-corps instinctif le rejeta en arrière. Il avait vu, chose hideuse, des débris sanglants sur le système commandant l'ouverture et la fermeture du pare-brise, une sorte de grosse roulette en ébonite.
« C'est là-dessus qu'il s'est ouvert le crâne !... se disait-il. Bon Dieu !... Quelle secousse... Il devait rouler à... voyons le compteur ? »
Le compteur horokilométrique était bloqué à soixante. L'homme fronça le sourcil et revint sur la route, regarda devant, regarda derrière, hocha la tête, eut un léger haussement l'épaules.
— Alors, m'sieu... On y va à la gendarmerie ? risqua le paysan. Je vais être en retard pour mon travail...
— Oh, vous savez. Autant dire que votre matinée est perdue... Avec l'interrogatoire qu'il faudra subir et tout le reste...
— Ben, si j'avais su !... s'exclama le paysan.
Mais il n'ajouta rien, car l'autre lui avait lancé un regard rapide.
L'homme prit un air résigné et continua de regarder d'un œil vague celui qu'il avait appelé sur la route. Il supputait, sans doute, les heures de paie que cette affaire allait lui coûter.
Finalement, le conducteur de la voiture sport articula :
— Allons-y... Je vous emmène à la gendarmerie...
Le rural ne se le fit pas dire deux fois, et se mit en route.
— Sapristi, fit son compagnon, j'ai oublié une petite fiole de ma trousse, là-bas... Allez vous asseoir dans l'auto, je vous rejoins.
Il revint à pas pressés et s'immobilisa, l'oreille tendue. Le paysan continuait à se diriger vers la route, on l'entendait qui faisait craquer des menues branches sous ses sabots.
Rapidement, l'homme s'agenouilla et observa le cadavre de très près. Les yeux vitreux, grands ouverts, semblaient fixer un dernier regard sur lui. Apparemment, l'inconnu devait être cuirassé contre de telles émotions, car il n'hésita pas, d'une de ses mains qu'il avait regantées, à tirer sur la barbiche en pointe, à petites secousses.
Elle résista. Il la lâcha. Quelques poils, seulement, lui étaient restés dans le creux de la paume. Son regard eut une lueur soudaine et, très méticuleusement, il prit sa pochette de soie pour y déposer ces brins, puis remit le tout en poche.
Il déplaça son genou pour se relever, et sentit comme une meurtrissure légère. N'avait-il pas posé l'articulation sur un caillou ?
Cette fois, il retint une exclamation. L'objet découvert dans les herbes paraissait avoir une grande importance à ses yeux. Il le dissimula vivement et courut rejoindre le paysan, déjà assis dans l'auto, l'air toujours absent.
Dix minutes plus tard, ils étaient dans le bureau de la gendarmerie d'Ozoir-la-Ferrière, pour apprendre que le Bois Notre-Dame se trouvant dans le département de Seine-et-Oise, les autorités de Seine-et-Marne, dont Ozoir faisait partie, n'avaient pas à connaître ce qui s'y était passé.
— Prenez, tout au moins, notre déclaration, suggéra l'automobiliste en réprimant un mouvement d'humeur.
— Si vous voulez... Mais, vous n'en aurez pas moins à vous rendre à la gendarmerie de La Queue-en-Brie...
Si la matinée du paysan semblait perdue, celle du conducteur de la voiture sport n'allait être guère mieux partagée.
— Allons... En route pour La Queue-en-Brie. fit-il, en sortant du bureau.
Il consulta sa montre et fit une grimace.
— Huit heures passées... Enfin, tant pis...
Après une nouvelle débauche brève de vitesse, ils arrivèrent et, cette fois, furent écoutés sans commentaires. Le paysan parla le premier. Il expliqua ce qu'il avait déjà dit à son compagnon occasionnel et précisa :
— C'est passé le carrefour des Huit-Routes, en direction de la Grande-Patte-d'Oie...
Le brigadier inscrivait, non sans mouiller la pointe de son crayon à chaque reprise.
— Votre nom ? Votre âge ? Votre adresse ?
— Julien Lacrosne, ouvrier cultivateur, 42 ans, demeurant à La Pompe... articula le paysan.
— Et vous, Monsieur ? questionna l'homme en uniforme, se tournant vers le conducteur de l'auto jaune.
— Michel Vaudreuil, ingénieur, 27 ans, demeurant à Paris...
Vaudreuil spécifia son adresse, produisit au surplus son permis de conduire, et les questions se continuèrent, concernant l'accident mortel du Bois Notre-Dame.
Quand Michel Vaudreuil fut libre, il était près de dix heures du matin. Il avisa l'appareil téléphonique accroché au mur du bureau du brigadier :
— Puis-je vous demander un grand service ?... Je suis attendu au château de Carbette – c'est aux environs de Nancy – pour déjeuner. Et – il sourit –, je ne...

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