Le cordonnier de Bab el Oued
89 pages
Français

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Le cordonnier de Bab el Oued , livre ebook

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Description

L’inspecteur de la PJ lyonnaise Victor Hugolin est détaché au commissariat d’Alger en janvier 1957, à la veille de ce qui sera pour l’histoire la bataille d’Alger. Pour le jeune inspecteur, une nouvelle vie commence, où la mort rôde à chaque coin de rue. Mêlé au sort d’une de ces familles de pieds-noirs, Victor en sortira-t-il indemne ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782381539584
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ma bataille d’Alger
Le cordonnier de Bab El Oued
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Raymond Pierre Communod
Ma bataille d’Alger
Le cordonnier de Bab El Oued
1957 – Une enquête de l’inspecteur Victor Hugolin

Avis aux lecteurs
Les termes employés dans ce roman pour désigner les Maghrébins ou tous autres acteurs des «   Évènements Algériens   » ne le sont pas avec une contenance raciste ou injurieuse. L’auteur a voulu s’imprégner du langage et de la réalité de l’époque, en utilisant des mots en pataouète, le parler des «   pieds-noirs   » d’Alger qui a laissé des traces dans le vocabulaire français alliant mots arabes, espagnols, etc. Merci d’avance pour votre compréhension, pour avoir employé des mots politiquement incorrects aujourd’hui, mais correspondants au lexique algérois en 1957.
Prière d’un vieux «   pied noir   » sur le bateau «   Ville d’Alger   » en partance pour Marseille en 1962.
Aujourd’hui, je te quitte beau pays qui m’a vu naître
Je me rends compte de l’erreur d’en avoir voulu être le maître
130 ans de colonisation se terminent nous déchirant le cœur comme un pieu
Pardon petit Algérois ! Pardon pour mes aïeux
Nous n’emportons rien de cette terre que nous avons tant aimée
Laisse-nous partir vers cette France qui nous a tant détestés
Surtout ne nous suis pas dans notre exode forcé
N’ajoute pas à notre ressentiment la honte de ne plus t’aimer
Reste chez toi, ton pays est le tien, prie pour plus de liberté
Pourquoi vouloir t’établir en France, tu n’y es pas invité
Tout du moins par le peuple, nous ne sommes pas des négriers
Rien à voir avec ces colons d’antan, si peu nombreux mais avides à te faire trimer
Adieu ancien ami maghrébin, adieu ciel bleu d’Algérie
Ne mets pas tes pas dans les miens, tu n’es plus vraiment notre ami
Je pars avec ma valise et les clefs de ma maison en souvenir
Tu m’offrais un cercueil si je restais près de toi, affreux avenir
Espoir que tes nouveaux maîtres soient indulgents avec toi
La France t’a laissé un si beau pays aie en soin, il est à toi
Garde le plus longtemps possible, cette liberté si chèrement arrachée
Méfie-toi de cette nouvelle élite, pour toutes ces richesses convoitées
Marcel Petitjean (4 e génération de «   pied noir   »)
Week-end du vendredi 1 er février au dimanche 3 février 1957 : Entre Alger-Lyon-Paris et retour à Alger.
Victor Hugolin, inspecteur de la police judiciaire lyonnaise, a été détaché en début d’année 1957 au commissariat rue Bruce à Alger. Son voyage vers la métropole n’a rien d’officiel, c’est avec ses deniers qu’il l’a avancé, sans savoir s’il lui sera remboursé un jour. Victor tient contre lui une serviette en cuir, contenant une pochette cartonnée où se trouve un dossier ultrasensible pour sa conscience. Soit fermer les yeux et laisser massacrer des milliers de personnes, soit trouver de l’aide et sauver la vie de ces mêmes personnes en les mettant à l’abri dans des camps pour la durée de la guerre civile qui sévit en Algérie. Voilà bien une heure que la Caravelle vient de décoller de Maison Blanche l’aéroport algérois en destination de Lyon-Bron où l’attend son ancien chef Helle devenu commissaire. Victor avait passé plus d’une heure au téléphone voilà deux jours pour le persuader de l’aider dans sa démarche de sauvetage, en court-circuitant sa hiérarchie et les autorités algéroises. Helle lui avait proposé un plan : voir des appuis à Paris proches de sa loge maçonnique. Des conseillers politiques du ministère de l’Intérieur, des Affaires algériennes et de la Justice, tous des «   frères   » dont l’idée d’indépendance était déjà acquise. Ce n’est pas cela qui l’intéresse vraiment, mais en aucun cas, il ne doit mêler les ministres et encore moins la tête du gouvernement à cette histoire. Tout devant se faire en catimini, dans l’ombre et pour un résultat limité, ce qui le rend conscient du drame que certains vont subir. Certains s’en sortiront mieux que d’autres, avec ceux qui paraissent indispensables à l’économie locale et surtout ayant un passé au-dessus de tout soupçon indépendantiste. Le nombre allait devenir une peau de chagrin que Hugolin regrette déjà. Il faut aller vite, pour sauver ce qui peut l’être, sans alerter les médias, mais cela dépend du bon vouloir d’hommes de bonne volonté.
Puis Victor ferme les yeux, il pense à ce qu’il a vécu depuis un mois à Alger, ville fascinante, secrète, multiculturelle et extrêmement dangereuse où subsistent quand même des havres de paix. Son esprit s’envole à travers le temps, lui remémorant l’histoire de sa première bataille d’Alger, celle qu’il a vécue réellement et celle qu’on lui a racontée ou que son esprit a imaginée…
Cette famille recomposée a-t-elle réellement existé ? Tout lui paraît si loin tout d’un coup…
Dernièrement, il est passé devant la propriété de Duchâtel pour une autre enquête et a été surpris de voir un panneau «   À vendre   », tout comme les mauvaises herbes qui avaient commencé d’envahir le jardin si bien entretenu auparavant. Puis avec le ronronnement des réacteurs, Hugolin s’endort, quitte à revivre dans ses rêves une deuxième fois ce qui l’a vécu…
Mercredi soir 12 décembre 1956 : Quartier de Télemy Alger.
Tout a commencé ce soir-là par une histoire qui n’a pas laissé de trace ou si peu dans la mémoire algéroise. La «   Cordonnerie Andalouse   » était située près de la place des trois horloges dans le quartier de Bab El Oued, quartier à majorité européenne, ouvrière, où la plupart de sa population menait une activité laborieuse. Ali n’avait pas choisi particulièrement ce quartier, c’était le hasard ou plutôt son ancien patron, monsieur Georges Farés qui s’était implanté là. Lui était parti en métropole juste avant les massacres du 1 er novembre 1954, il lui avait laissé le fonds de commerce. De cordonnier, savetier, son métier d’origine apprit dans la Casbah, Georges avait su desceller chez son commis Ali un artisan de valeur, et lui avait enseigné la bourrellerie ainsi que tous les travaux sur cuir. Enfin ce soir ce n’est pas cela qui l’animait pour fermer son échoppe plus tôt que prévu, mais une livraison qu’il devait effectuer dans un autre quartier de la capitale de l’Algérie. Après avoir descendu le rideau métallique dans un bruit qui avait pour conséquence de faire mal aux oreilles et de faire retourner les passants avec des réflexions peu amènes, le béret vissé sur la tête, le foulard tortillé autour du cou, et la musette contenant sa livraison dans le dos. Ali se dirigea vers l’arrêt du tramway de la ligne T qui l’emmena dans le quartier de Télemy le 3 e arrondissement d’Alger. Après sa livraison, ce sera un jeu d’enfant. Il redescendra place Maréchal Lyautey pour rejoindre à pied la rue Sadi Carnot, prendra la ligne 2 du trolleybus pour s’arrêter enfin rue de Lyon et rentrer chez lui dans le quartier de Belcourt, où l’attendent sa jeune femme et ses deux bambins. Cela ne déplaît pas au cordonnier de fermer boutique plus tôt pour marcher dans les rues, croiser toute une population cosmopolite. Ali est heureux de marcher sur un trottoir propre et sûr, et fier de voir toutes ces belles constructions, ces commerces qui font de l’Algérie un pays moderne, évolué… enfin par rapport aux autres pays de l’Afrique. Pourtant il a un ressentiment qu’il a du mal à cacher. Dans le gâteau des bienfaits de la vie que doit se partager l’ensemble des Algériens, lui a des miettes, enfin de grosses miettes comme la plupart des «   pieds noirs   » de Bab El Oued ou de Belcourt, tandis que ses frères du bled, de la montagne se contentent de petites miettes, voire de rien du tout.
Sur les hauteurs de Télemy, à l’intérieur d’une somptueuse propriété, est nichée une fabuleuse demeure aux décors mauresques, entourée d’une végétation exotique avec ses palmiers, yuccas, arbres à singe, plantes méditerranéennes, qui forment une oasis avec ses bassins, ses fontaines dans un lieu privilégié. Jacqueline, jeune étudiante, sort par la grande porte en bois sous un arc outrepassé couvert de mosaïques arabesques, elle vient de terminer les cours particuliers qu’elle donne au benjamin de la famille Duchâtel. À jeudi, petit Jérémie et révise bien tes tables de multiplication, tu n’es pas encore en vacances de Noël, il ne faut pas que tu te relâches, la prochaine fois je serai intraitable avec toi ! fait-elle avec un sourire moqueur qui lui fait ressortir deux petites fossettes sur ses joues. Jacqueline, tu as oublié de me faire mimi pour me dire au revoir. Allez viens-là sale garnement que je t’embrasse, tu es bien comme ton frère, une vraie famille de «   suce pomme   ». C’est de ta faute aussi, pourquoi tu es si belle ? On dirait une princesse des contes des mille et une nuits et moi je rêve d’être un prince. Tu promets ! Les filles ont intérêt à faire attention à tes boniments petit kaoued (malin).
Pendant que le soleil se couche derrière la colline du quartier Bouzaréah, lançant ses derniers rayons rouges flamboyants dans un ciel écarlate, la jeune fille descend la petite allée qui épouse l’inclinaison du terrain. Jacqueline, jeune fille de 19 ans, aux cheveux de jais a exceptionnellement de magnifiques yeux bleus, qui contrastent avec sa peau mate   ; héritage génétique d’une grand-mère alsacienne qu’un envahisseur prussien avait précipité sur une terre du Maghreb, elle-même colonisée, quand le sort change votre statut d’occupé en celui d’occupant. Pourtant malgré le sourire permanent qui s’affiche sur ses lèvres pulpeuses que les garçons rêvent de croquer

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